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jeudi 30 septembre 2010

Sarkozy, Chirac, Delanoë : les comptes d’entre nous ! N°755 4e année

Le dernier rapport de la cour régionale des comptes remis au maire de Paris fin juin mais porté à la connaissances des élus et des médias qu’en septembre, n’a pas enclenché une vraie fronde contre cette équipe municipale dispendieuse des sous des parisiens (les impôts locaux iront crescendo) notamment en ce qui concerne les nouveaux emplois et fonctions que Bertrand Delanoë a réservé à une coterie : on relèvera au passage un étrange délégué général au design ainsi que des rémunérations annuelles autour de 240 000 euros !
Au début de cette semaine, le conseil de Paris devait approuver sans difficulté l’accord intervenu entre la mairie de Paris et Jacques Chirac pour clore le chapitre des emplois fictifs tout en évitant que celui des emplois inutiles de cette actuelle mandature ne s’ouvre. Cet accord arrangé sous l’égide de Nicolas Sarkozy, a placé en porte-à-faux les conseillers municipaux de droite obligés d’un côté de fulminer pour envoyer un signe à leurs électeurs mais contraints, de l’autre côté, de se limiter à un baroud d’honneur surveillés par l’œil élyséen. Mais, oui, Sarkozy et Delanoë s’entendent et se complètent fort bien, presque un couple ! Le Président se satisfait, ô! combien, d’un maire qui métamorphose la ville en Homo festivus city et n’a guère de moyens pour contrer la hausse insensée des prix des appartements qui renvoie au-delà de la capitale les couches populaires, les classes moyennes au profit des touristes fortunés, des parvenus des cinq continents, des milliardaires (certains maffieux), des riches retraités français : avec ces nouveaux propriétaires, pas de danger d’un soulèvement ou d’une révolte, ni même d’une grogne : Paris, ville des Sargasses !
Et Jacques Chirac ? C’est le grand gagnant de cette histoire et l'on amuse le public au sujet de son « emprunt de 500 000 euros » : qui peut gober une telle baliverne ? Nicolas Sarkozy a besoin de sa bienveillance pour éviter toute autre candidature de droite pour 2012 tandis que Bertrand Delanoë s’engouffre presto, presto pour jouer le grand seigneur, s’offrant même le luxe, de dire devant le conseil municipal qu’en 2011 il limiterait les plus hautes rémunérations. Voilà, braves gens, passez muscade. Tout le monde trouve son compte : Nicolas Sarkozy achéte un peu de tranquillité, Jacques Chirac retrouve une virginité que le tribunal ne lui enlévera pas dans les prochains jours et Bertrand Delanoë respire, voyant s’éloigner les ennuis bien content que la cour des comptes ne dispose pas d’un pouvoir judiciaire. Il avait bien tort de s’alarmer : la presse le chouchoute et lui pardonne tout, la droite parisienne n’a ni personnalités fortes, ni manœuvres d’action, ses seuls problèmes sont à gauche tel Jean-Marie Le Guen.
Ce tableau qui n’est en rien élogieux pour aucun des protagonistes indiffère tout le monde, voilà le plus navrant

Jean Vinatier
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Pierre Manent : « L’islam un empire sans empereur » N°754 4e année

Pierre Manent, directeur d'études à l’EHESS et ancien assistant de Raymond Aron, a publié,, en 2006, un an après le « Non » des Français – et des Hollandais - au référendum, un passionnant ouvrage d’une centaine de pages, intitulé, La raison des nations –Réflexions sur la démocratie en Europe. Divisé en trois chapitres, la démocratie, la nation, la religion, tous attractifs et riches en réflexions parce que cet historien sait frapper au cœur de la cible, c’est à la lecture du troisième chapitre que j’ai trouvé ces pages (voir ci-dessous) consacrées à l’islam et que je propose à votre lecture :

« Si nous ne sommes pas en guerre avec l’islam, s’il importe en effet d’éviter de parler de « guerre des civilisations », c’est d’abord parce que les civilisations ne se font pas la guerre. Ce triste privilège est réservé aux corps politiques. Or, précisément, le problème politique de l’islam, c’est qu’il n’a pas trouvé sa forme politique. Je n’entends ici proposer aucune thèse sur l’islam, n’ayant aucun titre pour le faire, seulement rappeler un certain nombre de grands faits.
Nombre d’Européens, ou d’Occidentaux partant d’une bonne intention, adressent à l’islam le conseil pressant de se réformer, plus précisément d’accomplir les réformes religieuses, sociales et politiques qui permettront aux musulmans de participer enfin pleinement au monde commun et à l’humanité réunie qui se dessinent. Ce conseil nous vient d’autant plus naturellement que l’Europe a une expérience particulièrement longue et riche de ces changements profonds dans lesquels l’association humaine qui change préserve néanmoins sa continuité subjective. J’ai déjà relevé que c’était là une vertu toute spéciale du « temps national ». En particulier, la « nationalisation » du christianisme par la Réforme a abrité sa « subjectivation ». Ainsi que l’écrivait Hegel : « Luther n’aurait pas accompli sa Réforme s’il n’avait pas traduit la Bible en allemand. » L’aptitude à accueillir le changement et le désir d’appropriation subjective des contenus de vie, y compris ou spécialement des contenus religieux, dépendent l’un de l’autre. Ce désir prend en effet appui sur la confiance que nous avons dans notre capacité à perdurer dans notre identité personnelle à travers tous les changements de vie. Ce trait est-il propre à « l’Europe chrétienne » ?
Dans l’interprétation qu’il donne de lui-même, l’islam clôt les révélations monothéistes par une parole définitive, reçue et transmise tout entière par Mahomet. La loi divine est immédiatement positive et évidemment rationnelle. Sa mise en œuvre institue l’umma, « la meilleure communauté qui soit », une communauté d’égaux dans laquelle il n’y a pas de « pouvoir spirituel ». Il y a seulement des imams pour diriger la prière et des docteurs de la Loi pour interpréter celle-ci, mais ces derniers sont bien plus des juristes que des théologiens. On pourrait ajouter : l’islam ignore la distinction propre au monde chrétien entre l’Eglise visible et l’Eglise invisible, et donc la tension entre le pôle institutionnel et le pôle spirituel. Il est pour ainsi dire tout entier dans ses marques extérieures et objectives. C’est évidemment un grand principe de force que cette absence de divisions intérieures – entre temporel et spirituel, visible et invisible. Autre principe de force et d’objectivité, le rapport de l’islam au territoire : toute terre conquise où s’applique la Loi devient musulmane, vient faire partie de la « région de l’islam », « région » qui comporte normalement la continuité géographique. Hors de cette région, il y a la « région de la guerre », région où le djihad est légitime, et même requis, en tenant compte bien sûr des circonstances.
Ces rappels très sommaires suffisent à mon propos. Si nous cherchons à caractériser l’islam comme association humaine, je préfère dire, plus précisément, comme forme politique, nous dirons qu’il s’agit d’un empire, ou qu’il appartient à l’espèce des empires. Cette conclusion, fort importante en dépit de sa simplicité, ne suffit pas pour déterminer complètement la nature politique de l’islam. Mais celle-ci peut-elle être déterminée complètement ? Si on peut reconnaître la forme, ou l’empreinte, de l’empire, on ne peut dire qu’il y ait un régime politique caractéristique de l’islam. Ce qui s’en rapproche dans l’islam sunnite, majoritaire, c’est ce qu’on appelle l’utopie de Médine, soit l’ordre l’ordre politique parfait réalisé à Médine de 622 à 632, lorsque le Prophète devient législateur, chef de cité et chef de guerre. Mais, c’est là un modèle hors d’atteinte, même s’il peut bien sûr solliciter les imaginations. En pratique, le pouvoir revient au calife, qui est un personnage civil appartenant en principe à la tribu du Prophète, et qui doit préserver le fondement religieux de l’ordre social, à savoir la charia. Il recourt normalement à la consultation qui vise à l’unanimité. Le califat est une formule politique – le terme de « régime » ne conviendrait pas – si indéterminée que la vie politique musulmane connaît une division particulièrement marquée entre la légitimité et la nécessité. En attendant une impossible application du modèle parfait, on s’accommode d’une vie politique très éloignée de la Loi. Il est permis de voir là une des grandes causes de la difficulté de l’islam à pratiquer effectivement la démocratie : d’un côté la Loi indiscutable exclut ou limite sévèrement beaucoup de libertés personnelles que réclame la démocratie ; de l’autre, l’énorme latitude de conduite des princes, ou des chefs, est incompatible avec le respect des lois démocratiques. Il y a là un chiasme débilitant dont l’islam a beaucoup de peine à se dégager.
La forme politique de l’islam, c’est donc l’empire, dont la dernière concrétisation fut l’Empire ottoman. Jusqu’en 1924, les musulmans pensaient qu’il y avait des successeurs du Prophète. Mais, le 3 mars 1924, Mustafa Kemal abolit le califat. Depuis lors, l’islam est un empire sans empereur.
L’empire est une forme typique de la politique ancienne. On pourrait dire que « devenir moderne », en termes politiques, c’est trouver une alternative à l’empire. Ce qui caractérise le développement politique des Européens, c’est leurs efforts pour se gouverner eux-mêmes et, d’abord ou en même temps, prendre conscience d’eux-mêmes, à partir d’une matrice impériale double – l’Empire romain et l’Eglise chrétienne, « romaine » parce qu’elle épousa d’abord la forme impériale. Au terme de ce processus, des nations chrétiennes : la forme politique avait changé de définition – d’empire elle était devenue nation -, et la forme religieuse, de substance, ou substantif, était devenue attribut, ou adjectif. Il dépasserait tout à fait mon propos d’explorer plus en avant le sens, ou d’évaluer les mérites, de cette immense transformation, ou une transformation analogue. D’où l’infécondité politique des tardifs mouvements nationaux, ou nationalistes, en terre d’islam ; d’où le recours à l’idée de « nation arabe », qui désigne précisément ce qui manque. Nous sommes ainsi en présence d’un immense empire, ou plutôt d’une immense empreinte impériale sans empereur, d’une immense surface sensible – combien sensible !- sans articulation intérieure cohérente, et qui est donc traversée de vagues de mobilisation tantôt « nationaliste », tantôt « fondamentaliste », qui sont autant d’appels enfiévrés lancés vers la forme qui manque ou ne parvient pas à s’actualiser, vers la nation ou l’empire. L’ensemble musulman présente ainsi à la fois une force énorme due au nombre et à l’étendue, due aussi à la stabilité et à l’objectivité de la marque religieuse, et une immense faiblesse due à l’absence, jusqu’ici insurmontable, d’une forme politique effective qui permette de prolonger dans des appropriations nouvelles – transformantes et fidèles – les enseignements du Prophète.
Objectivité abrupte de l’islam, pente subjective de l’Occident. Des deux côtés, on est à la recherche de ce qui manque, à la recherche de son contraire ou de son complément. Là où l’islam cherche, jusqu’ici en vain, les voies d’une appropriation subjective qui puisse en faire la religion de libres sujets, les nations européennes cherchent, en vain jusqu’ici aussi, une définition objective d’elles-mêmes qui ne cesse de leur échapper. Voudraient-elles ne former qu’une rencontre aléatoire et flottante de libres sujets, elles se heurtent désormais à l’objectivité de l’islam. L’islam les oblige à s’interroger sur leur être. S’il est notre ennemi, alors c’est au sens où, comme le dit Theodor Däubler¹ dans un impressionnant poème, « l’ennemi est la figure de notre propre question ».





Pierre Manent note justement les manques de nation et d’une tête politique (calife ou empereur). Rappelons que les Anglais réussirent financèrent et d’encouragèrent la révolte arabe sous la conduite d’un prince Hachémite (éphémère roi à Damas avant de l’être en Irak) contre l’empire ottoman avant de l’arrêter brutalement avec le concours des Français (1919-1921). Londres et Paris brisèrent en deux ans l’espoir d’une nation arabe à la tête de laquelle un calife aurait retrouvé toute sa place. Ainsi, les puissances européennes acquises (contraintes) aux principes wilsoniens, agirent pour qu’ils ne se réalisent pas dans les pays arabes. Londres et Paris pensaient, en toute logique, à la pérennité de leurs empires coloniaux.



La maison Hachémite a gouverné les lieux saints (Médine et La Mecque) pendant des centaines d’années avant d’en être chassée par Ibn Saoud, premier roi d’Arabie saoudite.

Jean Vinatier


SERIATIM 2010

Note :
1- Poéte et essayiste de langue allemande né à Trieste en 1876, mort en Autriche en 1934. Pierre Manent fait, peut-être, allusion à son poème L’Aurore (1910)

Source :

Manent (Pierre) : La raison des nations –Réflexions sur la démocratie en Europe, Paris, Gallimard, 2006, pp.71-76 (Prix :11 euros)

Dernier ouvrage paru :
La métamorphose de la cité, Paris, Flammarion, 2010


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mercredi 29 septembre 2010

Nicolas Voisin, OWNI : « Le média, seul, n’a pas de pertinence économique » N°753 4e année


Nicolas Voisin, PDG de 22mars et directeur de la publication de Owni.fr from Philippe Couve on Vimeo.

Jean Vinatier

SERIATIM 2010


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Sur le chemin de l’après démocratie ? N°752 4e année

L’élection d’Ed Miliband à la tête du Labour n’a pas tellement retenu les commentateurs autrement que pour noter la concurrence singulière entre lui et son frère aîné, David, tous les deux forts brillants. Cependant, que seuls deux frères puissent prétendre à la direction d’un parti aussi ancien et respectable que le Labour sans qu’aucune autre personnalité n’émerge, n’est-ce pas le signe d’un dérèglement de la vie des partis politiques ?
Ed Miliband, nouveau chef de l’opposition à Sa Majesté, par ses paroles intriguent de prime abord ; bien qu’il se déclare plus à gauche que son frère, son élection ne signifierait pas un virage à gauche du Labour alors  qu’il prentendrait reconquérir l’électorat ouvrier.
La New Left lancée dans les années 50  eut pour talentueux orateur un certain Tony Blair qui transforma de fond en comble le Labour au point de le vider de toute substance idéologique et de le mettre sur l’orbite du libéralisme avec les conséquences que l’on sait. En fait, aujourd’hui, l’actuelle coalition au pouvoir et le Labour ne sont en véritable opposition, se rejoignent sur après tout, de l’économie aux « special relationships ». L’aveu d’Ed Miliband sur ledémenti d’un virage à gauche est patent, de même que l’idée de rassembler le monde ouvrier qui n’existe plus à moins qu’il n’assimile le pauvre au travailleur. Nous sommes dans un moment de théâtre politique et de basculement de la démocratie. Le Royaume-Uni, jusqu’à présent, le symbole historique du parlementarism,  du bipartisme et d’usages inscrits dans le marbre déraillerait-il?
L’exemple anglais nous rappelle que  la fin des idéologies a placé en porte-à-faux aussi bien les partis socialistes que les partis de droite : les premiers pour prendre le train en marche passèrent du socialisme pseudo marxiste à la sociale-démocratie pour se ranger, maintenant, sous l’étendard du social-libéralisme ; les seconds, dans l’ensemble avocats d’un captitalisme  industriel ont été happés par le néo-libéralisme et ne jurent, désormais, que par le capitalisme financier.
 En apparence, les grandes représentations politiques demeurent, continuant à nous servir la pâtée à chaque élection mais, en réalité, petit à petit, les peuples se voient daignés tout rôle affaiblissant in fine la viabilité de la nation. Les exemples des referanda de France, des Pays-Bas et d’Irlande sont tout à fait parlant : les trois furent bafoués ! Idem pour l’évolution étatique, les pays européens où l’Etat centralisé était le plus fort (France, Royaume-Uni) le voient s’effilocher dans tous les domaines et se défaire de sa providence : santé, éducation, sécurité (police, armée) et même justice (voir les propos du ministre Brice Hortefeux)…etc.
Peuple, Nation, Etat ainsi bousculés les partis politiques historiques (et derrière eux les partenaires sociaux) ne contestant pas véritablement ces chamboulements ne gardent plus d’eux-mêmes qu’une façade. Une démocratie peut-elle fonctionner sans Peuple, sans Nation ?

Les citoyens cessant de l’être et n’étant, alors, que des individus au tissu social réduit au strict minimum tomberont dans l’escarcelle des communautarismes, ethniques, religieux, écologique…etc. Les représentations politiques soit disparaîtront, soit prendront d’autres formes en n’ayant plus pour base ni le Peuple, ni la Nation.

L’élection d’un des deux frères Miliband à la tête du Labour accélère-t-il ce que certains auteurs appellent l’après démocratie ?

 

Jean Vinatier

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vendredi 24 septembre 2010

Mehdi Taje : « Les vulnaribilités et les facteurs d’insécurité au Sahel » N°751 4e année

Les enlèvements de nos compatriotes au Niger et au large du Nigeria rappellent à notre souvenir l’importance cruciale du Sahel où la France dispose d’intérêts considérables et des vues importantes.
Voici en lien un long et complet article sur le Sahel vu par un géopolitien tunisien :

 Un article de 2009 sur le même sujet et par le même auteur :

La vidéo :

In Seriatim Niger:


Jean Vinatier

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jeudi 23 septembre 2010

Mid-term : la roche Tarpéienne du Président Obama ? N°750 4e année

Des conseillers de Barack Obama claquent la porte de la Maison Blanche sur fond d’une campagne électorale des mid-term qui s’annonce ou pleine de surprise ou pleine d’enseignement. Le Tea Party, d’abord regardé avec une condescendance feinte de mépris des deux rives de l’Atlantique, a su capitaliser autour de lui bien des mécontents contre l’establishment qui regroupe pêle-mêle : le Congrès, la Maison Blanche, les banques, les lobbies, les agences nationales….etc. La présence de Sarah Palin, ex-gouverneur de l’Alaska, a accrédité l’idée, assez juste, que ce Tea party n’était qu’une création du parti républicain. Mais au fur et à mesure de l’accroissement de son audience et, surtout, des premières primaires, on s’aperçoit que ce qui devait être un splendide missile contre Barack Obama et les démocrates, l’était également pour les Républicains. Du coup, dans l’entourage d’Obama, on se prend à rêver que le Tea party pourrait empêcher les Républicains d’avoir la majorité dans les deux chambres. Mais cette espérance pour le parti démocrate pourrait fort bien devenir un soleil de janvier. Un récent sondage Gallup indiquait que les Américains souhaiteraient la création d’un troisième parti. Si les électeurs de novembre optaient pour renvoyer dos à dos Républicains et Démocrates (Congrès, postes de gouverneurs et d’attorney généraux ) nous serions devant un bouleversement de l’échiquier politique nord-américain sans précédent depuis la Guerre de Sécession voir la naissance des Etats-Unis.
Malgré le peu de publicité que les médias nationaux accordent à l’évolution intérieure américaine préférant nous dire le spacieux appartement de 15 millions de dollars acquis par le footballeur Thierry Henry, les informations captées ont de quoi assombrir les esprits. Un chômage en progression, une pauvreté grandissante, une reprise économique atone, une situation immobilière catastrophique : des quartiers entiers sont vides d’habitants, des maisons et des appartements sont proposés à 1 dollar, une classe moyenne, à son tour, happée par l’angoisse du lendemain. Dans ce contexte, la chute vertigineuse de la popularité du Président Obama, si l’on en croit les sondages, le ferait-il approcher de la roche Tarpéienne ?
En deux ans de mandat, le formidable espoir suscité par l’élection d’un Président de couleur et les idées novatrices sensées le suivre ont depuis disparu en totalité hormis la réforme de la santé. S’il s’affaiblit à l’intérieur, sa politique extérieure ne paraît plus être entre ses seules mains, d’autres plus agressives entretiennent tous les objectifs que s’étaient promis de réaliser non seulement les Républicains sous Bush mais également l’aile la plus autoritaire des démocrates pendant le mandat de Bill Clinton. Une trappe se refermerait-elle sur Barack Obama?
Il est assez singulier qu’un Président américain perde en un temps aussi court toutes les mannettes : n’aurait-il  plus que la déclamation ?

Jean Vinatier

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mercredi 22 septembre 2010

Edito : Pierrot et le loup N°749 4e année

Tandis que le Président Sarkozy, accompagné de sa femme et de son fils Louis dans l’enceinte des Nations Unies, se débrouillait comme il le pouvait pour montrer l’excellente humeur avec la chancelière au pas bien pressé, le plan vigipirate aurait passé à l’ultime échelon, écarlate bien que la place Beauveau ne le démente…mollement !
Voilà prés de huit jours, que la France serait à la veille de connaître un ou plusieurs attentats, qu’une mystérieuse kamikaze se préparerait à officier. Les patrouilles armées à blanc sont multipliées dans le métro et les gares mais, étrangement le bon peuple soupçonne à tort ou à raison, ce gouvernement de monter en épingle un risque afin de gommer de nos esprits toutes les turpitudes de ce même pouvoir.
Le gouvernement devrait se rappeler la fable de Pierrot et le loup !
Néanmoins, l’enlèvement de nos compatriotes au Niger ébranle l’exécutif : après l’exécution du Français en Mauritanie, l’Elysée recevrait un coup puissant en cas d’une autre fin tragique. Quoi qu’il en soit, il se pourrait bien que la victime collatérale de cette affaire soit la Présidente d’AREVA, Anne Lauvergeon. Son rival, Henri Proglio, ami du Président de la République, ajoutera-t-il à EDF cette société ?
Plan vigipirate écarlate ou pas, otages français plus règlements de compte dans les hautes sphères françaises, cela fait beaucoup : craignons que tout ne s’emmêle alors que des vies sont en jeu……

Jean Vinatier
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mardi 21 septembre 2010

Edito : Vent d’extrême en Europe N°748 4e année

L’extrême droite suédoise entre au parlement. Partout en Europe, les extrêmes surtout de droite cheminent : Marine Le Pen fleurterait avec 20 à 22% des intentions de vote. Quel que soit le pays du continent européen, les partis installés, pour certains historiques, sont dans une grande incapacité à se hisser à la hauteur de leur tâche d’intérêt général : sont-ils happés par d’autres forces, de redoutables puissances, appartiennent-ils à l’odre ancien ? Ils apparaissent aux yeux des citoyens comme des consciencieux élèves appliqués à mettre en place un nouveau catéchisme qui promet des jours austères aux masses et la vie dorée aux gens du voyage des paradis fiscaux.
Les idéologies ne sont plus, les Etats eux-mêmes vacillent sur leurs bases. Les citoyens des nations européennes s’inquiètent de l’effacement de tous les cadres collectifs, sociaux. Les relais syndicaux, intellectuels sont moribonds ou dans le coma. Sur fond de crise sociale aggravée, la prospérité des grandes entreprises et la morgue des banquiers accentuent le malaise : entre eux et les citoyens, plus rien ! En France, la haute fonction publique aurait-elle abandonné le navire pour les conseils d’administration ? Le peuple croit que les clercs vident l’Etat de toute sa substance.
Si aucun homme d’Etat ou de gouvernement n’a pris le pouvoir ou ne l’a conservé par un coup de force, quelque chose d’insidieux est en train de se mettre en place sur fond d’identité nationale, de revendication régionaliste, d’insécurité, de méfiance religieuse, de tenue vestimentaire, du nomadisme à roulotte fustigé…etc, c’est le populisme. La lente déliquescence des partis traditionnels accoucherait-elle d’un populisme en guise d’adieu à la scène ?

Jean Vinatier
Copyright©SERIATIM 2010


Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Arabie Saoudite, Argentine, Arménie, Australie, Bahamas, Biélorussie, Bénin, Bolivie, Bosnie Herzégovine, Brésil, Burkina Faso, Cambodge, Cameroun, Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa, Corée du Sud, Costa-Rica, Côte d’Ivoire, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30 Etats & Puerto Rico), Gabon, Gambie,Géorgie, Guatemala, Guinée, Guinée, Haïti, Honduras, Inde, Indonésie, Irak, Iran, Islande, Israël, Jamaïque, Jordanie, Kenya, Liban, Libye, Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Malawi, Mali, Maurice, Maroc, Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Népal, Niger, Nigeria, Norvège, Nouvelle Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Qatar, République Centrafricaine, République Dominicaine, Russie, Rwanda, San Salvador, Saint-Marin, Sénégal, Serbie, Singapour, Slovénie, Somalie, Suisse, Taiwan, Thaïlande, Togo, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont France + DOM-TOM, Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Saint-Pierre–Et-Miquelon), Ukraine, Uruguay, Venezuela, Vietnam, Yémen

dimanche 19 septembre 2010

Philippe Jullian : « Ce n’est plus des oliviers de Palestine… » N°747 4e année

Philippe Jullian (1919-1977) petit-fils de Camille Jullian le fameux historien de la Gaule, est l’auteur de biographies célèbres d’Oscar Wilde, de Delacroix, de Montesquiou, de plusieurs recueils de nouvelles (Gilberte retrouvée), d’essais dont le Dictionnaire du snobisme ou Esthètes et magiciens réédité par les Editions Bartillat en 2006. Il écrivit, également, de nombreux articles littéraires (Revue des Deux Mondes) et d’autres portant sur l’art des XVIIe et XVIIIe siècles (Achitectural Digest, Connaissance des Arts)
Son biographe, Ghislain de Diesbach a eu l’heureuse idée de préfacer, d’annoter son Journal qui couvre la période 1940-1950. On y apprend une foule de choses sur les vies mondaines et artistiques à travers l’Europe. Homme d’un esprit redoutable, d’une culture générale étendue, écrivant fort bien, il nous livre, aussi, aux détours de pages des réflexions historiques nullement négligeables. Journal d’un honnête homme, curieux en tout, fébrile et impatient, cynique et naïf.
Son
Journal mérite le détour.
Ci-dessous un extrait :

« Mercredi 29 janvier 1941
Il semble que le foyer de la civilisation la plus avancée se déplace dans la direction générale de l’Est vers l’Ouest. D’abord les Assyriens et les Egyptiens dans la partie la plus orientale de la Méditerranée, puis la Grèce et Rome. Au Moyen-Âge, l’esprit européen, et non plus méditerranée, remonte vers le Nord et se fortifie dans les esprits. Byzance, son bastion en face de l’Asie, succombe et, se détournant de la Méditerranée, toutes les forces de la civilisation regardent vers l’Atlantique. La France triomphe, puis l’angleterre. L’Allemagne, toujours hésitante entre Méditerranée et Océan. Maintenant, et peut-être depuis la guerre de 14, cet esprit de plus haute civilisation a déjà franchi l’Atlantique. Il a quitté l’Europe.
De même qu’à la fin des temps antiques les domaines les plus anciennement cultivés, ceux de l’Est méditerranéen, furent les premiers à se décomposer et à tomber, à devenir déserts, de même les côtes occidentales de l’Atlantique sentiront peu à peu que l’intérêt du monde n’est plus en elles. L’or qui est drainé tout entier vers les Etats-Unis consacre la fin du règne de l’Européen de l’Est, du moins dans la civilisation que nous avons jusqu’ici connue et trop continuée en France. Si l’Angleterre l’emporte, la France fera partie encore pour un temps des peuples de culture atlantique, sinon elle devrait se rejeter vers l’Orient, y chercher de nouveaux dieux, l’ancien ayant lui aussi franchi la mer avec les Rothschild et les tableaux du Louvre. Peut-être retrouverons-nous une civilisation méditerranéenne belle comme l’était celle qui nous a quittés dans sa jeunesse, mais je n’y crois guère ; nous n’avons plus besoin d’un climat, d’un sol, pour notre culture et d’ailleurs la même mer baigne la Grèce de Périclès et celle de Venizélos.
Ce n’est plus des oliviers de Palestine que notre idéal viendra, mais d’un Orient immense et froid, sibérien. Nous oublierons d’aimer et avant d’avoir cet esprit de conquérant, de Dieu, il nous faudra passer par d’épouvantables peurs. Les Allemands ont appris à avoir confiance en eux et en leurs frères qui leur sont si exactement semblables, mais ils ont perdu l’espérance. C’est pourtant ce qu’il y a de plus précieux dans la condition humaine, mais enfin toujours les valeurs changent et [je n’] ai jamais regretté mon fatalisme. »¹


Jean Vinatier
Copyright©SERIATIM 2010


Source :
1-Philippe Jullian : Journal, 1940-1950, Paris, Grasset, 2009, pp.34-35

Note :
Ghislain de Diesbach, Un esthète aux enfers : Philippe Jullian, Paris, Plon, 1993

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vendredi 17 septembre 2010

Edito : Sarkozy « berlusconisé » : N°747 4e année

Hier, à Bruxelles Nicolas Sarkozy avait-il en tête le tube de Stéphanie de Monaco : « Comme un ouragan » ?
Ne reculant devant aucune imprudence de langage, il est monté à l’assaut des participants au sommet européen n’hésitant pas à faire dire à Angela Merkel ce qu’elle n’a jamais énoncé : le démantélement des camps de Roms.
Dans l’absolu, Nicolas Sarkozy se moque comme d’une guigne d’avoir choqué, heurté, l’essentiel étant qu’il puisse envoyer un message fort vers l’électorat de reconquête afin qu’il ne lui manque pas au printemps 2012. Le Président français s’est « berlusconisé ».
Il est assez piquant de voir un Président français entrer dans une colère noire contre la commission Barroso qu’il n’a eu de cesse de soutenir : ne fut-il pas l’avocat du traité de Lisbonne ? Que Nicolas Sarkozy veuille par-dessus tout rester au pouvoir jusqu’en 2017 ne l’autorise pas à passer outre aux institutions, aux règlements, au cadre moral qu’il a contribués à mettre en place !
Le Chef de l’Etat a voulu, dit-il, « répondre de l’insulte faite à la France » oubliant très précisément que notre pays étant la patrie des Droits de l’Homme et du Citoyen, elle devait plus qu’aucune autre nation se montrer irréprochable : Etait-ce le cas dans la première circulaire ?
Qu’il le veuille ou pas, un Chef d’Etat démocratique ne peut pas faire ce qu’il veut. S’il s’enferre de son propre chef dans un marigot, ne doit-il pas s’en prendre à lui-même ? A quelques semaines du remaniement ministériel, l’Elysée n’a de choix, semble-t-il, faute de prises à gauche hormis Jack Lang et Manuel Walls, qu’entre trois possibilités : soit, un gouvernement d’ultra droite au risque de laisser émerger un tandem Villepin/Bayrou et une personnalité centriste (Morin) soit, un ministère de droite auquel cas, il ouvrirait une voie à Marine Le Pen, soit, enfin, concilier les deux droites avec le danger de perdre des deux côtés. Cette troisième hypothèse était celle qui avait mené à la victoire en 2007 Nicolas Sarkozy: peut-elle, aujourd’hui, se reproduire ?
Cette tempête de quelques heures aura des conséquences lors du G20. Quelques mois plus tôt, le Président s’était déplacé à Pékin pour avoir le soutien chinois comme 1er animateur du G20 prévu en novembre prochain : Aujourd’hui qu’en pensent les Chinois et les autres leaders du monde émergent ?
Si Nicolas Sarkozy garde tout le soutien du Paris financier et de lobbies communautaires garde-t-il la confiance des Français ? L’institut de sondages, Opinionway répond oui à 56% !
Voilà, nous avons un Président « berlusconisé » happé par les surenchères populistes qui tiendront lieu de communication politique : nous sommes à des années lumières de la République irréprochable……

Jean Vinatier
Copyright©SERIATIM 2010




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jeudi 16 septembre 2010

France : la République en fin de route ? N°746 4e année

L’affaire Woerth-Bettencourt est une boîte de Pandore que le Président de la République tente par tous les moyens de refermer quitte, pour cela, à braquer les feux les plus puissants sur l’expulsion des Roms selon une circulaire (depuis réécrite) qui les nomme expressément. Faute de taire les mécontents, le dossier Rom franchit les frontières pour retenir l’Union européenne, l’ONU, le Pape et même les Etats-Unis ! Hier, la commissaire luxembourgeoise, Viviane Reding, assimilait (faussement) la politique française d’expulsion des Roms à celle de l’Allemagne nazie, déclenchant (ô aubaine) les foudres de Pierre Lellouche et le déplacement express du Premier ministre, François Fillon. Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy se rendra à Bruxelles, fort d’un unique soutien, celui de Silvio Berlusconi. Le Chef de l’Etat en redoutable camelot qu’il est, réussira-t-il à entourlouper les dirigeants européens comme il le fait avec les Français ?
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l'inquiétude est toujours à l’Elysée : elle ne faiblit pas bien plus par l’énervement du Chef de l’Etat que par cette affaire Bettencourt en elle-même. S’il y avait une once de vertu à l’Elysée, jamais nous n’aurions eu cette « chasse » aux Roms. Hélas, le vice siège au Palais.
Loin de ralentir, la machine infernale poursuit son évolution, grossissant, changeant de forme mais ne cessant jamais sa route. Chaque jour une nouvelle apparaît : du chèque de 210 millions d’euros de Bernard Tapie qui vient d’acquérir un yacht de 70 mètres de long via une société installée à Singapour (paradis fiscal) au cas du fils du directeur de la Police nationale, Frédéric Péchenard, ami d’enfance du Président, en passant par la plainte du quotidien Le Monde contre l’Elysée et l’exil de la « taupe » David Sénat, proche conseiller de la Garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie.
Quand bien même voudrait-on ne pas tenir compte de toutes ces « nouvelles », c’est la politique fiscale du gouvernement qui indignerait ! Ainsi le rabotage des niches fiscales n’aura aucune conséquence pour les bénéficiaires du bouclier fiscal, c’est-à-dire les plus riches familles de France. Le gouvernement ne rompt pas son pacte avec les plus fortunés : les classes moyennes et populaires paieront pour le luxe des « bandes » du Fouquet’s et du Bristol. Soumis à l’esclavage de l’économie, les Français travailleront plus longtemps sans gagner plus sauf à conforter une petite classe sociale moqueuse des services publics et de la Nation.
Nous sommes dans une phase désagréable de notre histoire. Cette élection présidentielle à venir sera, certainement, la plus nauséabonde qui soit.
Ce déballage instrumentalisé tant par le pouvoir que par des rivalités travaille autant au discrédit du Président Nicolas Sarkozy qu’à l’ensemble de la classe politique. Nous assistons à la politique du pire. In fine, sans y paraître, c’est tout le régime républicain qui vacille sur ses fondamentaux : le contrat social n’existe plus !
Dans un temps historique classique, nous serions à la veille d’une révolution. Mais, en 2010, c’est l’apathie qui prédomine. Jean-François Kahn s’en faisait dernièrement l’écho ne comprenant pas cette immobilité, cette apparente patience : les Français ne sont-ils pas les plus consommateurs d’antidépresseurs d’Europe ?
Ni révolte, ni révolution : nous devons sortir de l’impasse dans laquelle des dogmatiques nous enferment !


Jean Vinatier
SERIATIM 2010



Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Arabie Saoudite, Argentine, Arménie, Australie, Bahamas, Biélorussie, Bénin, Bolivie, Bosnie Herzégovine, Brésil, Burkina Faso, Cambodge, Cameroun, Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa, Corée du Sud, Costa-Rica, Côte d’Ivoire, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30 Etats & Puerto Rico), Gabon, Gambie,Géorgie, Guatemala, Guinée, Guinée, Haïti, Honduras, Inde, Indonésie, Irak, Iran, Islande, Israël, Jamaïque, Jordanie, Kenya, Liban, Libye, Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Malawi, Mali, Maurice, Maroc, Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Népal, Niger, Nigeria, Norvège, Nouvelle Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Qatar, République Centrafricaine, République Dominicaine, Russie, Rwanda, Saint-Marin, Sénégal, Serbie, Singapour, Slovénie, Somalie, Suisse, Taiwan, Thaïlande, Togo, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont France + DOM-TOM, Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Saint-Pierre–Et-Miquelon), Ukraine, Uruguay, Venezuela, Vietnam, Yémen

mercredi 15 septembre 2010

Problème technique

Depuis que j’ai changé de modèle de présentation, il est impossible d’imprimer les documents. Si quelqu’un peut m’aider à résoudre ce problème, je l’en remercie par avance

Jean Vinatier

« Océan Indien : ici se joue la grande bataille pour la domination mondiale » N°745 4e année

Seriatim relaie l’entretien accordé par Mohamed Hassan, ancien diplomate éthiopien au média belge Michelcollon.info/
Mohamed Hassan est considéré comme l’un des meilleurs connaisseurs contemporains du monde arabe et musulman.
Ci-dessous la conversation :


« Le sort du monde se joue-t-il aujourd’hui dans l’océan Indien ? Surmonté par l’arc de l’Islam (qui va de la Somalie à l’Indonésie en passant par les pays du Golfe et l’Asie centrale), la région est bien devenue le nouveau centre de gravité stratégique de la planète. Ce nouveau chapitre de notre série « Comprendre le monde musulman » nous y emmène en croisière. Mohamed Hassan nous explique comment le développement économique de la Chine bouleverse les rapports de force mondiaux et sort les pays du Sud de leur dépendance à l’Occident. Il nous dévoile aussi les stratégies mises en place par les Etats-Unis pour tenter de garder le leadership. Et pourquoi l’empire US est néanmoins voué à s’éteindre. Enfin, il nous prédit la fin de la mondialisation. Reste à savoir si ce hold-up planétaire se terminera sans heurts, ou si les braqueurs liquideront des otages dans l’aventure.
Série "Comprendre le monde musulman"
INTERVIEW : GREGOIRE LALIEU & MICHEL COLLON



De Madagascar à la Thaïlande en passant par la Somalie, le Pakistan ou la Birmanie, le bassin de l’océan Indien est particulièrement agité ! Comment expliquez-vous ces tensions ?
Les rapports de force à l’échelle mondiale sont en plein bouleversement. Et la région de l’océan Indien se trouve au cœur de cette tempête géopolitique.

De quelle région parle-t-on exactement ?

Elle va de la côte orientale de l’Afrique jusqu’au sud de l’Asie. Avec un lac (la mer Caspienne), et trois rivières : la mer du Golfe, la mer Rouge et la mer Méditerranée.
Pourquoi cette région est-elle si importante ? D’abord parce que 60% de la population mondiale est concentrée en Asie et se trouve connectée à l’océan Indien. A elles seules, la Chine et l’Inde représentent 40% de la population mondiale. En outre, l’émergence économique de ces deux puissancesa fait de l’océan Indien une zone particulièrement stratégique. Aujourd’hui, 70% du trafic pétrolier mondial passe par cet océan. Ce pourcentage devrait augmenter avec les besoins croissants des deux pays. Par ailleurs, 90% du commerce mondial se fait par bateaux containers et l’océan Indien accueille à lui seul la moitié de ce trafic.
Comme le prédit le journaliste américain Robert D. Kaplan, proche conseiller d’Obama et du Pentagone, l’océan Indien va devenir le centre de gravité stratégique mondial du 21ème siècle. Non seulement cet océan constitue un passage vital pour le commerce et les ressources énergétiques entre le Moyen-Orient et l’Asie de l’Est, mais il est aussi au cœur de l’axe économique qui se développe entre la Chine , d’une part, et l’Afrique et l’Amérique Latine, d’autre part.

L’essor de ces relations commerciales nouvelles signifie-t-il que le Sud est en train de se libérer de sa dépendance à l’Occident ?

En effet, certains chiffres donnent le vertige : le commerce Chine - Afrique a été multiplié par vingt depuis 1997. Celui avec l’Amérique Latine par quatorze en moins de dix ans ! L’Inde et le Brésil aussi collaborent plus étroitement avec le continent noir. Sous l’impulsion du développement chinois, les investissements Sud-Sud ont rapidement augmenté. Après avoir été pillé et saccagé durant des siècles, le Sud sort enfin de sa torpeur.

Pourquoi tant de pays d’Afrique et d’Amérique Latine se tournent-ils vers la Chine ?
Depuis des siècles, l’Occident s’est livré à un véritable pillage des ressources du Sud, empêchant ces pays de se développer, notamment à travers une dette odieuse. Mais la Chine propose de meilleurs prix pour les matières premières et elle investit dans les pays du Sud pour développer des infrastructures, des programmes sociaux ou des projets d’énergie non polluante. Elle a également supprimé les taxes à l’importation sur de nombreux produits africains, ce qui favorise grandement la production et le commerce de ce continent. Enfin, elle a également annulé la dette des pays africains les plus pauvres.
De plus, contrairement aux puissances occidentales, la Chine n’entend pas s’immiscer dans la politique intérieure de ses partenaires économiques. Lors d’une conférence ministérielle sino-africaine, le Premier ministre chinois Jiabao résumait ainsi la politique de son pays : « Notre collaboration économique et notre commerce s’appuient sur l’avantage réciproque. (…) Nous n’avons jamais posé de conditions politiques à l’Afrique et nous ne le ferons jamais non plus dans le futur. » Quelle différence avec les puissances occidentales qui n’ont eu de cesse de faire et défaire les gouvernements en Afrique ! Le Sud a soif d’indépendance : s’allier avec la Chine est une véritable opportunité pour étancher cette soif.
Enfin, les pays capitalistes occidentaux connaissent une grave crise économique, qui a des répercussions sur la Chine, mais ne l’empêche pas de maintenir une bonne croissance. Dans pareille situation, il est normal que les pays africains et latinos se tournent vers le partenaire économique le plus solide. Comme le soulignait le Financial Times, autrefois, le Brésil aurait été touché par la crise survenue aux Etats-Unis. Mais en 2009, son économie a continué de croître, et ce n’est pas un hasard si la Chine est devenue son principal partenaire économique.

Cet axe Sud-Sud défie l’hégémonie occidentale. Les Etats-Unis et l’Europe laisseront-ils la Chine empiéter sur leurs plates-bandes ?
Globalement, le développement de cet axe Sud-Sud présente deux menaces importantes pour les intérêts des puissances impérialistes, et particulièrement pour les Etats-Unis. Tout d’abord, il retire de la zone d’influence occidentale des pays riches en matières premières. Ensuite, il permet à la Chine de disposer de toutes les ressources nécessaires à la poursuite de son développement fulgurant. En pleine ascension, Pékin est en train de rattraper la première puissance économique : les Etats-Unis. Selon Albert Keidel, ancien économiste de la Banque Mondiale et membre de l’Atlantic Council, la Chine pourrait passer devant en 2035.
Aujourd’hui, Washington cherche donc à contenir l’émergence chinoise pour garder le leadership. Et le contrôle de l’océan Indien est au cœur de cette stratégie. La lutte contre la piraterie somalienne est d’ailleurs un prétexte invoqué pour positionner les forces de l’Otan dans l’océan Indien et préserver un contrôle des puissances occidentales sur ce bassin. Le Japon aussi a entamé la construction d’une base militaire à Djibouti pour lutter contre la piraterie.

On parle tantôt de pirates, tantôt de terroristes islamistes. Menace réelle ou prétexte ?

Je ne dis pas qu’il n’y a pas de menace. Simplement, les puissances occidentales l’instrumentalisent pour asseoir leurs intérêts stratégiques dans la région. Comment la piraterie s’est-elle développée en Somalie ? Depuis plus de vingt ans, il n’existe pas de gouvernement dans ce pays. Certaines compagnies européennes en ont profité pour venir piller les poissons au large des côtes, et d’autres pour déverser des déchets toxiques. Dans ces conditions, les pêcheurs somaliens, empêchés de travailler, se sont lancés dans la piraterie pour survivre. Bien sûr, le phénomène a pris une autre dimension depuis. Mais si vous voulez résoudre le problème de la piraterie, il faut l’attaquer à la racine et rétablir un ordre politique légitime en Somalie.

Ordre dont les Etats-Unis n’ont pas voulu jusqu’ici… (lien itw somalie)

Oui, et leur politique insensée pourrait créer des troubles beaucoup plus sérieux. En effet, il faut savoir que la Somalie est le centre historique de l’Islam en Afrique de l’Est. Autrefois, l’influence des chefs religieux somaliens était très importante. Ils avaient porté l’islam sunnite jusqu’au Mozambique. Aussi, lorsque les chiites omanis étendirent leur influence à l’Afrique orientale au cours du 18ème siècle, ils influencèrent énormément la culture de la région, mais ne parvinrent pas à convertir la population au chiisme.
Aujourd’hui, un mouvement islamique pourrait se développer à cause des erreurs commises par les Etats-Unis dans la Corne de l’Afrique. Et si les dirigeants de ce mouvement utilisent cette histoire commune pour rallier des membres dans toute l’Afrique orientale et défendre la Somalie en tant que centre historique de l’islam africain, alors la menace deviendra vraiment très sérieuse pour les Etats-Unis !

L’océan Indien est surmonté par « l’arc de l’Islam », qui s’étend de l’Afrique orientale à l’Indonésie en passant par les pays du Golfe et de l’Asie centrale. Comment cet océan, berceau de puissances musulmanes, est-il passé sous domination des puissances occidentales ?

Avant l’ouverture du Canal de Suez en 1869, quatre grandes puissances dominaient la région : l’empire turc ottoman, celui des Perses (Iran actuel), celui des Moghols (empire musulman qui se développa en Inde) et la Chine. A travers l’océan Indien, le commerce avait mis en contact les populations musulmanes avec d’autres peuples de la région et permis à l’Islam de s’étendre jusqu’en Chine et en Afrique orientale. C’est ainsi que l’arc de l’Islam s’est formé et que l’océan Indien fut en grande partie dominé par des puissances musulmanes.

Mais un événement majeur, survenu en Inde, va amorcer la domination européenne sur cette région : la révolte des Cipayes en 1857. Les Cipayes étaient des soldats indiens au service des compagnies anglaises. Les injustices infligées par leurs employeurs les amenèrent à une rébellion qui, très vite, déboucha sur un grand mouvement populaire. Ce fut une révolte très violente, les Cipayes massacrèrent beaucoup d’Anglais mais ceux-ci parvinrent finalement à réprimer le mouvement. En Grande-Bretagne, une grande campagne de propagande dénonça la barbarie des Cipayes. Karl Marx analysa cet événement et en tira d’autres conclusions : « Leurs méthodes sont barbares, mais nous devons nous demander qui les a amenés à faire preuve d’une telle brutalité : les colons britanniques installés en Inde. »
Aujourd’hui, nous vivons la même chose avec les attentats du 11 septembre. Toute l’opinion publique occidentale est amenée à s’indigner devant les méthodes barbares des terroristes islamistes. Mais ne posez surtout pas de questions sur les facteurs qui ont donné naissance à cette forme de terrorisme : cela nous renverrait à la politique étrangère des Etats-Unis au Moyen-Orient durant ces cinquante dernières années.
Finalement, la répression de la révolte des Cipayes eut deux conséquences importantes : tout d’abord, la colonie indienne, jusque là gérée par des compagnies privées, passa officiellement sous l’administration du gouvernement britannique. Ensuite, la Grande-Bretagne déposa le dernier leader musulman indien, l’empereur moghol Muhammad Bahâdur Shâh. Il fut envoyé en exil en Birmanie où il termina ses jours.

Onze ans après la révolte des Cipayes, s’ouvre le canal de Suez qui permet de relier la Méditerranée et l’océan Indien. Un fameux coup de pouce pour la domination européenne de cet océan ?
Tout à fait. La colonisation européenne dans le bassin de l’océan Indien s’accélère alors, la France prenant Djibouti et la Grande-Bretagne l’Egypte, puis Bahreïn afin de protéger l’Inde de l’expansion russe.
Ensuite, après de nombreux bouleversements entre les impérialismes à la fin du 19ème siècle, (unification de l’Allemagne et de l’Italie, partage de l’Afrique entre les puissances européennes), l’Empire du sultanat d’Oman était la dernière grande puissance arabe active dans l’océan Indien. Pour le renverser, les Européens montèrent une campagne de propagande sur le fait que les Omanis exploitaient des Africains comme esclaves. Sous prétexte de combattre l’esclavagisme, l’Europe mobilisa ses troupes dans l’océan Indien et renversa le sultanat d’Oman. Ainsi, la domination occidentale sur l’océan Indien devenait totale.

Mais aujourd’hui, cette domination est remise en cause par les puissances émergentes d’Asie et l’océan Indien pourrait devenir le théâtre d’une compétition sino-américaine. Les Etats-Unis étant en déclin et la Chine en ascension spectaculaire, comment Washington pourrait-elle bloquer son principal concurrent ?

Le Pentagone est bien implanté dans la région : énorme base militaire d’Okinawa (Japon), accords avec les Philippines sous prétexte de lutte contre le terrorisme, excellents rapports avec l’armée indonésienne qui fut formée par Washington pour massacrer un million de communistes et instaurer une dictature militaire dans les années 60…
En outre, les Etats-Unis peuvent compter sur leur base militaire de Diego Garcia. Cette île corallienne située au cœur de l’océan Indien ferait rêver plus d’un vacancier avec sa plage de sable blanc et ses palmiers. Cependant, l’histoire de cette île est nettement moins glamour : en 1965, Diego Garcia et le reste de l’archipel des Chagos ont été intégrés au territoire britannique de l’océan Indien ; en 1971, tous les habitants de l’île de Diego Garcia ont été déportés par les Etats-Unis qui y construisirent une base militaire : c’est depuis cet endroit stratégique que Washington a mené certaines opérations dans le cadre de la guerre froide, des guerres d’Irak et d’Afghanistan. Aujourd’hui, bien que des tribunaux britanniques leur aient donné raison, les habitants de Diego Garcia sont empêchés de retourner sur leur île par le gouvernement du Royaume-Uni.
Les Etats-Unis ont donc une bonne implantation militaire dans la région. De son côté, la Chine a deux talons d’Achille : les détroits d’Ormuz et de Malacca. Le premier (entre Oman et l’Iran)constitue l’unique entrée vers le Golfe Persique et il ne mesure que 26 kilomètres à son passage le plus étroit. Environ 20% du pétrole importé par la Chine passe par cet endroit. L’autre point faible, le détroit de Malacca (entre la Malaisie et l’île indonésienne de Sumatra), est très fréquenté et très dangereux ; or, c’est le principal point de passage pour les marchandises venant de l’océan Indien à destination de la Chine. Environ 80% des importations chinoises de pétrole passent par ce détroit. Les Etats-Unis étant très bien implantés dans cette zone, ils pourraient bloquer le détroit de Malacca si un conflit devait éclater avec la Chine. Et ce serait une catastrophe pour Pékin.


Cela explique pourquoi la Chine cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement en ressources énergétiques ?

Tout à fait. Face à ce problème majeur, la Chine a développé plusieurs stratégies. La première consiste à s’approvisionner en Asie Centrale. Un gazoduc relie maintenant le Turkménistan à la province chinoise du Xinjiang ; d’ici 2015, il devrait fournir quarante milliards de mètres cubes par an, soit près de la moitié de la consommation chinoise actuelle. Un gazoduc relie également la Chine au Kazakhstan, acheminant du pétrole de la mer Caspienne.
Il y a aussi le sud de l’Asie. Pékin a passé des accords avec le Bangladesh pour s’approvisionner en gaz et en pétrole. On a annoncé récemment la construction d’un oléoduc et d’un gazoduc qui fourniront respectivement, depuis le Myanmar (Birmanie), 22 millions de tonnes de pétrole et 12 milliards de mètres cube de gaz par an.
Enfin, la troisième stratégie chinoise, surnommée « collier de perles », consiste à construire des ports dans des pays amis le long de la côte nord de l’océan Indien. Objectif : disposer d’un trafic maritime autonome dans cette région. Dans cette stratégie, s’inscrit la construction au Pakistan du port en eaux profondes de Gwadar. Ce type de port est particulièrement adapté au trafic de bateaux containers et la Chine devrait en construire d’autres, notamment en Afrique. Il faut savoir que certains des bateaux containers acheminant des marchandises vers la Chine depuis l’Amérique latine sont trop gros pour rejoindre l’océan Pacifique via le canal de Panama. Ils passent donc par l’océan Atlantique, puis par l’océan Indien avant de rejoindre la Chine. Durant ce périple, ils ne devraient plus nécessairement transiter par l’Europe comme maintenant et rejoindre l’océan Indien à travers le canal de Suez. Dans le cadre de l’axe Sud - Sud, ces bateaux containers pourraient plutôt transiter par l’Afrique en reliant l’Amérique Latine et l’Asie.
Ceci aurait de grandes conséquences pour l’Afrique. Des pays comme le Mozambique, la Somalie, l’Afrique du Sud ou Madagascar pourraient rejoindre ce grand réseau de l’océan Indien. Si l’on y développe de nouveaux ports comme celui de Gwadar, cela provoquerait un boom économique considérable dans cette région d’Afrique. Parallèlement, les activités des grands ports européens comme Marseille ou Anvers déclineraient. Connecter l’Afrique au marché asiatique grâce à l’océan Indien serait une véritable aubaine pour le continent noir. Nelson Mandela, lorsqu’il était président de l’Afrique du Sud, souhaitait voir aboutir ce projet mais les Etats-Unis et l’Europe s’y opposèrent. Aujourd’hui, la Chine a les moyens de prendre les devants. Cet axe Sud-Sud se met en place : les pays du tiers monde échappent aux divisions instaurées entre eux et coopèrent de plus en plus. Le monde est en plein bouleversement !

Comment la Chine est-elle devenue une si grande puissance en si peu de temps ?
Jusqu’au 19ème siècle, la Chine était une grande puissance. Elle vendait des marchandises de bonne qualité et disposait de plus de devises étrangères, d’or et d’argent que les puissances européennes. Mais le pays n’était pas vraiment ouvert au commerce international. Il existait seulement quelques comptoirs sur les côtes, au grand dam de la Grande-Bretagne. Cette dernière, en pleine révolution industrielle, cherchait à écouler une importante quantité de ses produits dans l’ensemble de la Chine.
Aussi, lorsque le vice-roi Lin Zexu ordonna en 1838 la destruction de caisses d’opium que la Grande-Bretagneimportait illégalement sur le territoire chinois, les Britanniques y trouvèrent un prétexte de guerre. Lord Melbourne envoya une expédition sur Canton, ce fut la première guerre de l’opium. Elle prit fin quatre ans plus tard. Vaincus, les Chinois furent forcés d’ouvrir davantage leur pays au commerce international.
Mais les puissances impérialistes souhaitaient pénétrer plus encore vers l’intérieur de la Chine afin d’y écouler leurs marchandises. Et elles exigeaient la légalisation de la vente d’opium, malgré les ravages que celui-ci provoquait dans la population. Car ce commerce très lucratif leur permettait de se faire payer en lingots d’argent et d’avoir une balance commerciale avantageuse. Face au refus de l’Empire chinois, la Grande-Bretagne et la France déclenchèrent la « seconde guerre de l’opium » (1856 – 1860). A genoux, la Chine devint alors une semi-colonie des puissances occidentales. Finalement, la vente de l’opium fut légalisée et la Grande-Bretagne et les Etats-Unis s’y adonnèrent avec grand profit.

De tout ça, on ne parle jamais en Europe, où on semble finalement bien mal connaître l’histoire de la Chine…
Ailleurs aussi. Il est important de comprendre que ces guerres impérialistes et les destructions causées par les puissances coloniales ont provoqué la mort de plus de cent millions de Chinois. Certains furent emmenés comme esclaves dans des mines au Pérou dans d’épouvantables conditions de travail qui provoquèrent de nombreux suicides collectifs. D’autres furent exploités pour construire les chemins de fer aux Etats-Unis. Tandis que des milliers d’enfants chinois furent kidnappés pour creuser les premiers puits de pétrole de Shell à Brunei, alors que les techniques de forage mécanisées n’étaient pas encore au point. Ce fut une période terrible. Aucun peuple n’a autant souffert. Il faudra attendre 1949 et la révolution menée par Mao, pour voir la Chine redevenir un Etat indépendant et prospère.

Certains attribuent ce formidable essor chinois à Deng Xiaoping : ce n’est qu’en prenant ses distances avec le maoïsme et en ouvrant la Chine aux capitaux étrangers qu’il aurait permis au pays de se développer…
C’est oublier que la Chine sous Mao connaissait déjà une croissance continue oscillant entre les sept et dix pourcents ! Certes, Mao a commis des erreurs durant la révolution culturelle. Mais il a tout de même sorti un pays d’un milliard d’habitants de l’extrême pauvreté. Et il a permis à la Chine de redevenir un Etat indépendant après un siècle d’oppression. Il est donc faux d’attribuer uniquement le développement de la Chine à la politique d’ouverture de Deng Xiaoping. Parti de rien, ce pays n’a cessé de se développer depuis la révolution de 1949. Et cette tâche n’est pas terminée.
Bien évidemment, l’ouverture actuelle au capitalisme soulève beaucoup de questions sur l’avenir de la Chine. Il y aura très certainement des contradictions entre les différentes forces sociales avec ce renforcement d’une bourgeoisie locale. La Chine pourrait devenir un pays totalement capitaliste, mais pas dominé par l’impérialisme. Mais dans les deux cas, les Etats-Unis chercheront à empêcher que ce pays devienne une grande puissance ayant les moyens de leur tenir tête.


Justement, certains affirment que la Chine est elle-même devenue une puissance impérialiste, exportant ses capitaux aux quatre coins de la planète et prospectant partout dans le Sud pour s’approvisionner en matières premières ?

Il y a une confusion, même au sein de la gauche, sur la définition de l’impérialisme apportée par Lénine (qui a sans doute le mieux étudié ce phénomène). Certains ne retiennent qu’une seule composante de cette définition : l’exportation de capitaux vers des pays étrangers. Bien sûr, c’est un facteur essentiel. En effet, grâce à l’exportation de capitaux, les puissances capitalistes s’enrichissent plus vite et finissent par dominer l’économie des pays moins développés. Mais dans le cadre de l’impérialisme, cette domination économique est inséparable d’une domination politique qui transforme le pays en semi-colonie.
Autrement dit, si vous êtes un impérialiste, vous devez, dans les pays où vous exportez des capitaux, créer votre propre marionnette : un gouvernement servant vos intérêts.Vous pouvez aussi entraîner l’armée de votre semi-colonie pour organiser des putschs militaires lorsque la marionnette n’obéit pas. Cela s’est passé récemment au Honduras où le président Manuel Zelaya a été destitué par une armée dont les officiers ont été formés dans les académies militaires étasuniennes. Vous pouvez également infiltrer l’appareil politique avec des organisations comme la CIA pour vous créer des collaborateurs internes. Bref, l’impérialisme repose sur une double domination : économique et politique. L’une ne va pas sans l’autre.
Voilà qui fait une grande différence avec la Chine. Celle-ci ne s’ingère pas dans les affaires politiques des pays avec qui elle commerce. Et l’exportation de ses capitaux ne vise pas à étouffer et dominer l’économie des pays partenaires. Donc, la Chine non seulement n’est pas une puissance impérialiste, mais elle permet même aux pays victimes de l’impérialisme de se libérer en bouleversant les rapports de domination établis par l’Occident.

Les Etats-Unis peuvent-ils encore stopper leur concurrent chinois ? D’accord, le Pentagone est bien implanté dans la région, mais une confrontation militaire directe avec la Chine parait improbable : Washington semble toujours embourbé au Moyen-Orient et, d’après de nombreux experts, ne serait pas en mesure de remporter un conflit direct contre Pékin.
En effet, bombarder et envahir la Chine n’est pas une option envisageable. Les Etats-Unis ont donc élaboré d’autres stratégies. La première consiste à s’appuyer sur des Etats-vassaux en Afrique pour contrôler le continent et empêcher la Chine d’accéder aux matières premières. Cette stratégie n’est pas neuve, elle avait été mise au point après la Seconde Guerre mondiale pour contenir le développement du Japon.

Et quels sont aujourd’hui ces Etats-vassaux ?

En Afrique du Nord, vous avez l’Egypte. Pour l’Afrique de l’Est, c’est l’Ethiopie. Pour l’Afrique de l’Ouest, le Nigéria. Pour le Sud et le centre du continent, Washington misait sur l’Afrique du Sud. Mais cette stratégie est un échec. Comme nous l’avons vu, les Etats-Unis ne parviennent pas à empêcher les Etats africains de commercer avec la Chine et ils ont perdu beaucoup d’influence sur ce continent. En témoigne le camouflet essuyé par le Pentagone lorsqu’il a cherché, en vain, un pays pour accueillir le siège de son commandement régional Africom. Tous les Etats du continent ont refusé d’abriter cette base. Le ministre sud-africain de la Défense a expliqué que ce refus était « une décision africaine collective » et la Zambie avait même rétorqué au secrétaire d’Etat américain : « Aimeriez-vous avoir un éléphant dans votre living ? » Actuellement, le siège de ce commandement régional pour l’Afrique est basé à… Stuttgart ! C’est la honte pour Washington.
Une autre stratégie US pour contrôler l’océan Indien serait d’utiliser l’Inde contre la Chine en exacerbant les tensions entre ces deux pays. Cette technique avait déjà été utilisée pour l’Iran et l’Irak dans les années 80. Les Etats-Unis armaient les deux camps à la fois et Henry Kissinger avait déclaré : « Laissez-les s’entretuer ! » Appliquer cette théorie à l’Inde et à la Chine permettrait de faire d’une pierre deux coups en affaiblissant les deux grandes puissances émergentes d’Asie. D’ailleurs, dans les années 60, les Etats-Unis avaient déjà utilisé l’Inde dans un conflit contre la Chine. Mais l’Inde fut vaincue et aujourd’hui, je ne pense pas que ses dirigeants feraient la même erreur de partir en guerre contre leur voisin pour les intérêts d’une puissance étrangère. Il existe bien des contradictions entre Pékin et New Delhi, mais elles ne sont pas majeures. Ces deux nations émergeantes du Tiers-Monde ne devraient pas s’engager dans ce genre de conflit typiquement impérialiste.

Pas d’issue donc pour les USA en Inde ou en Afrique. Mais en Asie de l’Est, ils ont de nombreux alliés. Ne peuvent-ils compter sur eux pour contenir la Chine ?

Là aussi, Washington a échoué, à cause de sa cupidité. L’Asie du Sud-Est a connu une terrible crise économique en 1997, provoquée par une grosse « erreur » des Etats-Unis. Tout est parti d’une dévaluation de la monnaie thaïlandaise qui avait été attaquée par des spéculateurs. Du coup, les Bourses se sont affolées et beaucoup d’entreprises ont fait faillite. La Thaïlande espérait recevoir le soutien des Etats-Unis, dont elle était un fidèle allié. Mais la Maison Blanche ne bougea pas. Elle rejeta même l’idée de créer un Fonds monétaire asiatique pour venir en aide aux pays les plus touchés. En fait, les multinationales US ont profité de cette crise asiatique pour éliminer des concurrents asiatiques dont l’ascension les inquiétait.
Finalement, c’est la Chine qui sauva la région de la catastrophe en décidant de ne pas dévaluer sa monnaie. Une monnaie faible favorise les exportations, et si le yuan était descendu, l’augmentation des exportations chinoises aurait complètement achevé les économies des pays voisins déjà mal en point. Donc, en maintenant la valeur de sa monnaie, la Chine a permis aux pays de la région de relancer leurs exportations et de se relever. Alors que de nombreux gouvernements asiatiques gardaient une certaine rancœur contre Washington pour son rôle joué dans cette crise, le Premier ministre malaisien déclara : « La collaboration de la Chine et son haut sens des responsabilités ont préservé la région d’un scénario encore bien plus catastrophique ».
Depuis lors, les relations économiques entre la Chine et ses voisins n’ont cessé de se développer. En 2007, Pékin est même devenu le premier partenaire commercial du Japon, pourtant un des alliés les plus stratégiques des Etats-Unis en Asie.
De plus, la Chine n’a pas de prétention hégémonique dans la région. Les Etats-Unis pensaient que les pays de l’océan Indien seraient effrayés par la puissance chinoise et chercheraient à être protégés. Mais la Chine établit avec ses voisins des relations basés sur le principe d’égalité. De ce point de vue, les Etats-Unis ont donc aussi perdu la bataille en Asie de l’Est.

Les Etats-Unis n’ont donc aucun moyen d’empêcher la Chine de les concurrencer ?

Il semble que non. Pour se développer, la Chine a un besoin vital de ressources énergétiques. Les USA cherchent donc à contrôler ces ressources pour empêcher qu’elles atteignent la Chine.C’était un objectif essentiel des guerres d’Afghanistan et d’Irak, mais celles-ci ont tourné au fiasco. Les Etats-Unis ont détruit ces pays pour y placer des gouvernements qui leur seraient dociles, mais n’y sont pas parvenus. Cerise sur le gâteau : les nouveaux gouvernements irakien et afghan commercent avec la Chine ! Pékin n’a donc pas eu besoin de dépenser des milliards de dollars dans une guerre illégale pour faire main basse sur l’or noir irakien : les compagnies chinoises ont simplement remporté des concessions pétrolières dans une vente aux enchères tout à fait réglementaire.
On le voit, la stratégie de l’impérialisme américain est donc un échec sur toute la ligne. Il reste néanmoins une option aux Etats-Unis : maintenir le chaos pour éviter que la stabilité de ces pays stratégiques ne profite à la Chine. Cela suppose de poursuivre la guerre en Irak et en Afghanistan et de l’étendre à d’autres pays comme l’Iran, le Yémen ou la Somalie.
Cette vision à court terme pourrait s’avérer catastrophique car elle amènerait encore plus de peuples sur la ligne anti-américaine, anti-Otan et anti-Occident. Ceux qui voudraient continuer sur la voie militaire feraient mieux d’étudier l’histoire des Etats-Unis de ces soixante dernières années : Washington n’a gagné aucune guerre si ce n’est contre la minuscule île de Grenade (1983).

Comment s’est amorcé ce déclin de « l’Empire américain » ?

Après la Seconde Guerre mondiale, ce pays avait tiré le jackpot. Il était en effet intervenu très tard dans le conflit, après avoir longtemps financé (de manière très lucrative) les deux camps : Alliés et nazis. Finalement, Washington décida de venir au secours des Alliés. Lorsque le conflit prit fin, la Grande-Bretagne était minée par les dettes, la puissance allemande était détruite et l’Union Soviétique avait payé un lourd tribut (plus de vingt millions de morts) pour venir à bout de l’armée nazie. Par contre, les Etats-Unis, n’ayant fait pratiquement aucun sacrifice, en sortirent grands vainqueurs : ils avaient un vaste territoire, une industrie qui tournait à plein pot, de grosses capacités d’agriculture et leurs principaux concurrents européens étaient à genoux. Voilà comment les Etats-Unis sont devenus une superpuissance mondiale.
Mais par la suite, ils ont dépensé tout ce jackpot gagné durant la Seconde Guerre mondiale pour combattre le communisme. L’économie américaine a été militarisée et les guerres se sont enchaînées, de la Corée à l’Irak en passant par le Vietnam pour ne citer que celles-là. Aujourd’hui, pour chaque dollar débloqué par le budget du gouvernement américain, soixante cents vont à l’armée. Un désastre ! Les autres industries majeures du pays ont été détruites, les écoles et les hôpitaux publics sont dans un état déplorable.
Cinq ans après le passage de l’ouragan Katrina, des habitants de la Nouvelle Orléans vivent encore dans des camps. On peut comparer cette situation avec celle du Liban : ceux qui avaient perdu leur maison à cause des bombardements israéliens de 2006 ont retrouvé un toit grâce au Hezbollah. Ce qui a fait dire à un mollah vivant aux USA qu’il valait mieux être libanais que de vivre aux Etats-Unis car, au pays du cèdre, on a au moins un toit sur la tête.

Ce processus de militarisation a plongé les Etats-Unis dans l’endettement. Mais aujourd’hui, leur principal créancier n’est autre que… la Chine ! Curieusement, le destin de ces deux grands concurrents semble donc intimement lié.

Oui, l’économie est quelque chose de fou ! En fait, la Chine exporte beaucoup de produits vers les Etats-Unis, qui lui rapportent beaucoup de devises en dollars. L’accumulation de ces devises permet à la Chine de maintenir un taux de change stable entre le yuan et le billet vert, ce qui favorise ses exportations. Mais l’accumulation de ces dollars US conduit également Pékin à acheter des bons du Trésor américain qui financent la dette étasunienne. En finançant la dette des Etats-Unis, on peut donc dire que la Chine finance la guerre contre le terrorisme ! Or, le Pentagone mène cette guerre pour mieux contrôler les ressources énergétiques dans le monde et tenter de contenir l’émergence chinoise. Vous voyez : la situation est paradoxale ! Mais cette campagne des USA est un échec et leur économie est au bord de la faillite.
Il ne leur reste qu’une option : réduire leurs dépenses militaires et utiliser leur budget pour relancer l’économie. Mais l’impérialisme possède une logique dominée par le profit immédiat et la concurrence sans frein : du coup, il continue sur sa lancée jusqu’à ce qu’il meure. L’historien Paul Kennedy a étudié l’histoire des grands empires : à chaque fois que l’économie d’une grande puissance est en perte de vitesse, mais que ses dépenses militaires augmentent, alors cette grande puissance est amenée à disparaître.

C’est donc la fin de « l’Empire américain » ?
Qui peut le dire ? L’Histoire est faite de zigzags et je n’ai pas de boule de cristal pour prédire l’avenir. Mais tout porte à croire que l’hégémonie des Etats-Unis touche à sa fin. Il n’y aura plus de superpuissance mondiale et les USA vont probablement redevenir une puissance régionale importante. Nous allons assister au retour inévitable du protectionnisme et par conséquent, à la fin de la mondialisation. Des blocs économiques régionaux vont émerger et de ces blocs, l’Asie sera le plus fort. Aujourd’hui, les milliardaires sont de moins en moins du côté des Blancs occidentaux. Ils sont en Asie où se trouvent la richesse et les capacités de production.

Qu’adviendra-t-il de l’Europe ?

Elle possède des liens très forts avec les Etats-Unis. Notamment à travers l’Otan, une invention des USA, apparue après la Seconde Guerre mondiale pour contrôler le vieux continent. Cependant, je pense qu’il existe deux types de dirigeants en Europe : les pro-US et les vrais Européens. Les premiers restent dépendants de Washington. Les seconds privilégient les intérêts propres de l’Europe et se lient à la Russie. Avec la crise économique et le déclin des USA, l’intérêt logique de l’Europe est de se tourner vers l’Asie.

Dans son célèbre livre Le grand Echiquier, le politologue américain Zbigniew Brzezinski redoutait de voir apparaître pareille alliance entre l’Europe et l’Asie. Mais il disait que cette union ne verrait probablement jamais le jour en raison des différences culturelles.

Après la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis dominaient la scène économique, particulièrement en Europe, et ils ont pu exporter leur culture et leur mode de vie. L’économie génère en effet des liens culturels, mais la culture ne crée des liens que lorsque l’estomac est rempli. On ne mange pas de culture. Aussi, lorsque l’estomac est vide, la culture passe après l’économie.
C’est pourquoi aujourd’hui, alors que le monde capitaliste est en crise, l’Europe doit faire passer ses intérêts économiques avant les liens culturels l’unissant aux Etats-Unis. Il serait donc logique qu’elle se tourne vers l’Asie. D’autant que les liens culturels Europe – USA ont été forgés par Hollywood. Historiquement, on peut dire que les liens culturels sont plus forts entre, par exemple,l’Italie et la Lybie ou bien entre l’Espagne et le Maroc.

Henry Kissinger, lorsqu’il n’ordonnait pas de laisser les Iraniens et les Irakiens s’entretuer, disait que l’hégémonie des Etats-Unis était indispensable pour maintenir la paix et propager la démocratie dans le monde. De nombreux spécialistes comme Brzezinski ont soutenu la même idée. La fin de « l’Empire américain » ne risque-t-elle pas de provoquer des conflits majeurs ?

La démocratie dont ils parlent est celle des pays impérialistes occidentaux qui ne représentent que 12% de la population mondiale. De plus, on ne peut pas vraiment dire que l’hégémonie des USA ait apporté paix et stabilité dans le monde. Au contraire ! Pour rester l’unique superpuissance mondiale, ils ont enchaîné les guerres et fomenté des conflits aux quatre coins de la planète.
Aujourd’hui, beaucoup d’Européens, mêmes s’ils condamnent les excès des Etats-Unis, ne souhaiteraient pas voir tomber « l’Empire américain ». Cela fait plus de soixante ans en effet que Washington domine militairement le vieux continent, affirmant assurer sa sécurité. Beaucoup d’Européens sont donc effrayés à l’idée de faire une croix sur cette « protection » et d’assumer eux-mêmes leur sécurité.
Une armée européenne exigerait qu’une grosse partie de l’économie européenne soit investie dans l’armée. Mais celle-ci n’est pas un secteur productif et ce refinancement massif pourrait provoquer une nouvelle crise. De plus, si vous investissez dans l’armée, une question va se poser : qui va combattre ? En cas de guerre, l’Europe connaîtrait de sérieux problèmes démographiques.
Selon moi, cette situation permet de comprendre la volonté manifestée par certains dirigeants européens de se rapprocher de la Russie. C’est la seule alliance, pacifique et prospère, qui soit envisageable pour l’Europe. Mais cela suppose de laisser la Russie devenir une grande puissance dans laquelle les Européens pourraient investir leurs technologies. Or, les Etats-Unis se sont toujours opposés à l’intégration de la Russie à l’Europe. Si elle se produit quand même, il y aura en effet quelqu’un de trop et Washington devra quitter le vieux continent.

Les huit années de l’administration Bush, sa politique guerrière, ses dépenses militaires pharaoniques et ses échecs cuisants ont accéléré la chute des Etats-Unis. Pensez-vous que Barack Obama puisse y changer quelque chose ?

Son élection est historique. Les Afro-américains ont tellement souffert par le passé. Même s’ils ont contribué énormément au développement des Etats-Unis, leurs droits politiques ont été trahis. En effet, durant la guerre civile américaine, les Afro-Américains étaient victimes de l’esclavage dans le Sud. La bourgeoisie du Nord leur promit alors la liberté s’ils acceptaient de se battre pour elle. Les esclaves acceptèrent et leur participation au conflit permit au Nord de l’emporter. Entre 1860 et 1880, les Etats-Unis connurent une période prospère, sans racisme, qualifiée de reconstruction par le célèbre leader afro-américain William Edward Burghardt Du Bois. Mais très vite, l’élite US prit peur en voyant se rallier des gens de couleur, travailleurs et citoyens ordinaires : les propriétés de la minorité bourgeoise étaient menacées par la solidarité des couches populaires. La ségrégation fit donc son retour. Elle avait pour but de briser l’unité des classes populaires et de monter les simples citoyens les uns contre les autres afin de préserver l’élite de toute révolte.
Au regard de l’histoire des Etats-Unis, l’ascension d’un homme noir à la Maison Blanche est donc très importante. Mais si Barack Obama est un président progressiste de par sa couleur, cela ne suffit pas : le caractère réactionnaire de l’impérialisme US refait surface, on le voit de plus en plus. Par conséquent, je ne pense pas que Barack Obama pourra changer quoi que ce soit dans les mois ou les années à venir. L’impérialisme ne peut être changé ou adapté. Il doit être renversé.

Et quelle est la place du monde musulman dans ce grand affrontement USA – Chine ? Son rôle est-il réellement important ?

Très important. Comme nous l’avons indiqué au début de cet entretien, les Etats-Unis ont diabolisé le “péril islamiste” dans toute une série de pays qui bordent l’Océan Indien : Somalie, pays du Golfe, Asie centrale, Pakistan, Indonésie... L’objectif, lié aux intérêts des multinationales US, est de contrôler le pétrole et les ressources énergétiques ainsi que les passages stratégiques de la région. Mais au Moyen-Orient et dans l’ensemble du monde musulman s’est développé un courant anti-impérialiste qui résiste à la domination des Etats-Unis.
Il s’agit d’un facteur très positif. Tous les peuples du monde ont intérêt instaurer des relations basées sur le principe d’égalité et à mettre fin au plus vite à l’hégémonie occidentale qui a provoqué tant d’agressions et de crimes. Dans le passé, toutes sortes de personnalités et de courants politiques ont essayé de pousser le monde musulman dans les bras des Etats-Unis et leur grande alliance anticommuniste. Mais en réalité, l’intérêt des peuples de “l’arc de l’Islam”, l’intérêt des musulmans se trouve de l’autre côté. Si chacun comprend et soutient le rôle positif de la Chine dans le rééquilibrage des forces mondiales aujourd’hui, alors devient possible une grande alliance de tous les pays qui entendent se développer de façon autonome,
dans l’intérêt de leur population, donc en échappant au pillage et aux ingérencesdes puissances impérialistes.Chacun devrait informer autour de soi et faire prendre conscience de ces changements importants et positifs. Mettre fin à l’hégémonie des puissances impérialistes ouvrira de grandes perspectives pour la libération des peuples.

Mohamed Hassan recommande les lectures suivantes :
Robert D. Kaplan, Center Stage for the Twenty-first Century, in Foreign Affairs, March/April 2009
Robert D. Kaplan, The Geography of Chinese Power, in Foreign Affairs, May/June 2010
Chalmers Johnson, No longer the lone superpower – Coming to terms with China
Cristina Castello, “Diego Garcia”, pire que Guantanamo : L’embryon de la mort
Mike DAVIS, Génocides tropicaux. Catastrophes naturelles et famines coloniales. Aux origines du sous-développement, Paris, La Découverte, 2003, 479 pages
Peter Franssen,
Comment la Chine change le monde
Pepe Escobar, China plays Pipelineistan
Edward A. Alpers, East Africa and the Indian Ocean,
Patricia Risso, Merchants And Faith : Muslim Commerce And Culture In The Indian Ocean (New Perspectives on Asian History)
F. William Engdahl, A Century of War, Anglo-American oil politics and the new world order
Michel Collon, Media Lies and the Conquest of Kosovo (NATO’s Prototype for the Next wars of Globalization), traduction anglaise de Monopoly, Investig’Action “

Jean Vinatier
SERIATIM 2010

Source :

http://www.michelcollon.info/Ocean-Indien-ici-se-joue-la-grande.html


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