Le discours de politique générale du successeur d’Edouard
Philippe a notamment mis l’accent sur la nécessaire souveraineté industrielle
de la France à quelques jours de la résurrection du commissariat au Plan où œuvrerait
François Bayrou.
Depuis quelques temps sonne une musique de
souveraineté ici et là au fur et à mesure que s’installe la présidence
allemande qui se donne également pour horizon de caler aussi la souveraineté c’est-à-dire
se garantir une puissance quoi qu’il advienne, le manteau européen étant une
cuirasse tout à fait germanisée. Si Berlin a conservé tous les instruments de l’industrie,
la France arrive, elle, en ordre beaucoup plus dispersé à l’image de l’entretien
présidentiel du 14 juillet où Emmanuel Macron oublia jusqu’à la souveraineté
dont il se targuait de brandir l’étendard en rappelant que la France disposait
du plus vaste espace maritime au monde et qu’il venait de recréer un ministère
de la Mer qui apparait déjà un navire en cale sèche !
La France et la mer sont une longue histoire faite d’inconstance
et d’impatience. Les Anglais n’eurent jamais besoin d’un ministère de la Mer :
la Navy et la constance politique suffirent à les lancer très longtemps sur les
flots et gardent encore par Commonwealth interposé une grande habitude du planisphère…La preuve encore avec Hong-Kong où Boris Johnson promet des visas sans limite,
la preuve également avec la future indépendance de la Nouvelle-Calédonie que la
France pousse comme elle peut à coup de referenda…une terre française située
justement en Pacifique, un océan qu’Emmanuel Macron plaçait au centre sa
nouvelle réflexion ! Et bien Londres via Canberra et Auckland, se frotte
les mains d’y poser ses jalons…
Si l’on comprend bien de quelle souveraineté parle
Berlin, celle lancée à travers les salons élyséens est plus proche d’un puzzle
que d’une architecture. Emmanuel Macron se gargarise de souveraineté : c’est
précisément qu’il croit le manteau allemand suffisamment vaste pour s’y glisser
entre deux hermines et qu’ayant une presse complaisante il en abrutisse les
Français.
La carte souveraineté n’est-elle pas la seule encore entre
ses mains ? De la coupe aux lèvres, il y a un long chemin….que le
Président cherchera tel un nouveau Soubise avec une lanterne car d’ici 2022 les
secousses géopolitiques seront puissantes et certaines pourquoi pas inédites….
A l’Elysée mesure-t-on bien les enjeux, nous ne sommes
pas au Puy du Fou… ? Il ne suffit pas de regarder 2022 et son heureux écueil
Le Pen pour que d’un coup s’évanouissent les ambitions autour de nous :
Washington, Moscou, Pékin, Ankara, Berlin, Londres…
Jean Vinatier
Seriatim 2020