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samedi 29 février 2020

« Bernis, l’ami de Voltaire et des papes par Gilles Montègre » N°4832 14e année

« Dans ses Promenades dans Rome, Stendhal constate que l’« on parle encore à Rome du cardinal de Bernis [car] ce souvenir est l’un des plus imposants qu’aient conservés les vieillards de ce pays ». Médisances ou louanges ? on est peut-être en droit de se le demander lorsque l’on lit la littérature consacrée à ce personnage du haut clergé. Poète pour servir ses projets politiques, (il est élu à l’Académie française en 1744), le cardinal de Bernis était avant tout un homme d’Etat et un fin diplomate. Il a joué un rôle majeur dans le renversement des alliances de 1756 qui enterra la rivalité entre la France et l’Autriche des Habsbourg, un conflit qui secouait l’Europe depuis Charles Quint. Puis il devient ambassadeur de la France à Rome. Qui était vraiment ce clérical à qui la littérature a prêté des relations plus ou moins suspectes avec Casanova ? Pouvait-on présager que cet ami des Lumières s’opposerait à la Constitution civile du clergé ? Quelle leçon de diplomatie le cardinal Bernis nous apprend-il en tant que responsable des relations entre le Vatican et la France ? Comment cet homme raffiné, sensible et intuitif à t-il compris ce changement de siècle, voire de civilisation ? Un collectif de grands historiens s’est réuni pour signer un ouvrage complet et fouillé sur le cardinal de Bernis et son rôle dans la diplomatie de la fin XVIIème siècle. Le cardinal de Bernis, le pouvoir de l’amitié est paru en octobre 2019 aux éditions Tallandier en partenariat avec l’École française de Rome. L’ouvrage est dirigé par Gilles Montègre ici interrogé par Mari-Gwenn Carichon. 
L’invité: historien, maître de conférences à l’université Grenoble-Alpes et spécialiste de la diplomatie à l’époque moderne. Il notamment signé un livre sur la Rome des Français au temps des Lumières en 2011 (Publication de l’École française de Rome) et Les circulations internationales en Europe. 1680-1780, avec Albane Cogné et Stéphane Blond (Atlande, 2011).
Dans son dernier ouvrage, il nous propose un tour dans l’Europe des Lumières à travers la figure du Cardinal de Bernis : Le cardinal de Bernis, le pouvoir de l’amitié (2019, Tallandier/Publications de l’École française de Rome, 864 pages, 32.9 €). »  
https://storiavoce.com/bernis-lami-des-papes-et-de-voltaire/ 
Jean Vinatier 
Seriatim 2020

49-3, un samedi en fin d’après-midi N°4831 14e année


Tactiquement le gouvernement a-t-il bien joué : opter pour le 49-3 un samedi après-midi pour faire passer la contre-réforme des retraites, quelques heures après avoir décidé pour lutter contre la propagation du coronavirus, d’interdire les rassemblements de plus de 5000 personnes et annuler des compétitions sportives, serait-il de nature à clouer le bec des opposants…. ?
On rappellera que le projet gouvernemental a été déconstruit par le Conseil d’Etat, que l’exécutif a choisi de le présenter tel quel devant le parlement. A l’Assemblée les presque vingt mille amendements laissaient entrevoir une très longue période parlementaire. Sans doute l’Elysée a estimé que la probable épidémie « grippale » chinoise établirait un contexte suffisamment inquiétant et démobilisateur pour oser le 49-3, et taire ainsi tous les débats autour de cette contre-réforme. La CGT appelle à des rassemblements la semaine prochaine alors même que le nombre de personnes contaminées augmenteront : pour des raisons de santé publique, le gouvernement interdira toute manifestation…..
Entre l’épidémie de mécontentement et l’épidémie coronavirus : quel fléau l’emportera-t-il ? A moins que les Français se saisissent eux-mêmes du fléau, cet instrument à battre….
Ce samedi les Gilets jaunes ont défilé à Paris….

Jean Vinatier
Seriatim 2020

Coronavirus : une hystérie planétaire dangereuse N°4830 14e année

Dans quelques décennies les historiens se pencheront sans doute avec circonscription sur le tournis qui s’empara des nations quand apparut, depuis la Chine le coronavirus                et qu’ils ne manqueront pas de le comparer avec des grandes épidémies (par exemple : peste noire au XIVe siècle, au XVIIIe siècle à Marseille, en 1919 la grippe espagnole (qui n’était ni une grippe mais le choléra, et ni espagnole mais américaine, surgit du Middle West) ) et des vrais drames humains : des villes entières succombant !
La Chine compte, je crois près de 2000 décès pour une population supérieure à 1 milliard : à ce jour, avons-nous des centaines de morts sur tous les continents ? Absolument pas. Et pourtant, le principe de précaution s’applique comme si les hommes tombaient comme des mouches. Entre établir des précautions, prendre des mesures et quasiment prescrire des quarantaines, la marge existe. A lire les médias, 1 coronavirus recensé et le titre devient : l’épidémie arrive ! La réouverture des léproseries : c’est pour quand ?
Emmanuel Macron se déplaçant à La Pitié Salpétrière, ôtant sa veste comme Obama, discourant entouré de médecins pour leur expliquer rien si ce n’est de les éblouir par sa logorrhée n’eut qu’en retour que le témoignage de l’épuisement, de lassitude du corps médical très remonté face à la contre-réforme des retraites et leurs conditions de travail. Le bruit courait même que les élections municipales seraient suspendues : que ne ferait pas cet exécutif déjà ridicule avec la circulaire Castaner retoquée par le Conseil d’Etat !
Quant aux places boursières toutes baissières, n’actent-elles pas la fragilité économique mondiale ? Que l’on s’aperçoive avec le coronavirus du danger à placer toutes ses chaînes de fabrication dans un seuil pays, la Chine, est une chose : mais avec cette hystérie ou dramatisation les bourses ne créent-elles pas le facteur déclenchant ?
En tout cas,  la navigation du coronavirus abonde les discours et les plaidoiries très hostiles au mondialisme et la politique menée par Donald Trump consistant à ramener des pans entiers de secteurs économiques sur le sol national se justifie plus encore. Que l’on se rassure, l’Union européenne, déjà très hostile à un contrôle de frontières dont elle ne veut pas, de même qu’à la constitution  de groupes européens, est hors sol, comprenant tout juste que les négociations avec le Royaume-Uni seront difficiles, le sans accord n’étant pas une lubie : le coronavirus ne suscite aucun attention de sa part et moins encore à une critique du mondialisme…Bruxelles est dans les choux.
Pour l’heure, le monde globalisé montre son infantilité, son incapacité à savoir raison garder.


Jean Vinatier
Seriatim 2020

dimanche 23 février 2020

« Le retour des frontières par Michel Foucher » N°4829 14e année

« Michel Foucher (géographe et diplomate) présente une réflexion éclairante sur le concept de frontières, à l’occasion d’une conférence organisée par Diploweb le 5 octobre 2016 en partenariat avec GEM. Signalons que Michel Foucher vient de publier un remarquable numéro de la Documentation photographique : "Les frontières", CNRS éditions 2020. C’est à cette occasion, et en soutien aux enseignants de spécialité #HGGSP que Diploweb.com met en ligne cette vidéo accompagnée d’un résumé. La nouvelle publication de Michel Foucher est présentée en pied de page. »  

Source : https://www.diploweb.com/Video-M-Foucher-Le-retour-des-frontieres.html 

Jean Vinatier 
Seriatim 2020

« Coronavirus : le grand scandale financier planétaire par Pierre-Yves Gauthier » N°4828 14e année

18 février 2020: Jean Vinatier 
Seriatim 2020

vendredi 21 février 2020

Saskia Sassen : « Expulsions » N°4827 14e année

Court entretien avec la sociologue américano-néerlandaise qui proposa la première la notion de « ville-mondiale » (global city).
 Son dernier ouvrage : Expulsions. Brutalité et complexité dans l'économie globale [« Expulsions: Brutality and Complexity in the Global Economy »], Paris, Éditions Gallimard, coll. « NRF Essais », 2016, 384 p. Jean Vinatier 
Seriatim 2020

« Comment Paris est-elle devenue Paris ? par Frédéric Munier » N°4826 14e année

Jean Vinatier
Seriatim 2020

Palais des Tuileries en 1870 N°4825 14e année

Le palais des Tuileries sera dynamité en mai 1871 pendant la Semaine sanglante qui terminera la Commune au profit de la République installée, alors, à Versailles. C’est Charles Garnier qui proposera l’arasement du palais, ce que les députés votèrent en 1882. C’est à la même époque que la IIIe République fit dessertir par Bapts tous les joyaux de la Couronne de France : il fallait « déroyaliser » la France. Jean Vinatier 
Seriatim 2020

mercredi 19 février 2020

Histoire du château de Choisy-le-Roi N°4824 14e année

Reconstitution en 3D du domaine royal. Les intérieurs du château de Choisy-le-Roi Jean Vinatier 
Seriatim 2020

Rachida Dati : la niaque ! N°4823 14e année


La maire du VIIe arrondissement est-elle en passe de créer la surprise lors des élections municipales à Paris ? Pour la première fois, elle devance de 2 points Anne Hidalgo quand les concurrents (Buzyn, Beillard, Simonnet) piétinent ou chutent comme Cédric Villani.
Rachida Dati mène une excellente campagne bien centrée (à tort, je n’y croyais pas) sur les valeurs de son camp avant d’entreprendre dans un second temps en direction des parties adverses. Réussira-t-elle à percer dans l’Est parisien et surtout à conjurer le coup de pied de l’âne de Philippe Goujon, maire du XVe arrondissement, l’arrondissement grand pourvoyeur de conseillers de Paris ?
Le bilan calamiteux d’Anne Hidalgo plaide pour les dires de Rachida Dati qui tâche d’en être l’opposée et cette dernière sait même tacler les Verts, présentés par beaucoup (dont moi) comme des faiseurs de rois : aujourd’hui ils ne le sont plus vraiment.
Gardons une prudence tout simplement parce que l’élection est d’arrondissement, que LREM se remet en ordre de bataille derrière Agnés B, qu’Anne Hidalgo, toute aussi volontaire que Rachida Dati, n’a pas dit son dernier mot et qu’elle dispose de tout l’appareil de l’Hôtel de Ville.
La clôture des listes étant le 27 février, n’excluons pas un coup de théâtre : Villani et Buzyn se réunissant ou bien Villani et les Verts ou Hidalgo et les Verts. Certains écriront que dans ces possibilités nulle alliance n’apparaît pour Rachida Dati : et si pour nombre d’électeurs parisiens ces combinaisons étaient suffisamment écœurantes et lassantes pour que sa dynamique s’en trouve mécaniquement renforcée ?
A suivre….

Jean Vinatier
Seriatim 2020

lundi 17 février 2020

Thierry Breton « La guerre des données industrielles débute maintenant et l'Europe sera son principal champ de bataille » N°4822 14e année


Entretien mené par Derek Perrotte (Correspondant à Bruxelle)  pour Les Echos :


« Vous présentez mercredi la stratégie européenne sur les données. Quel en est l'objectif ?

Nous présentons notre stratégie globale sur les données qui, en particulier, comprendra un livre blanc sur l'intelligence artificielle (IA). Il est certes essentiel de mieux encadrer les applications IA spécifiques qui touchent notamment aux personnes en préservant nos valeurs européennes. Mais, pour maîtriser l'ensemble de la chaîne, il est indispensable d'adjoindre à cette réflexion une véritable politique européenne des données.
Il s'agit d'un sujet majeur qui va bien au-delà de l'intelligence artificielle, laquelle, tout importante qu'elle soit, n'est qu'une application puissante de l'utilisation des données. En matière économique, les données qui vont continuer à transformer en profondeur nos sociétés et notre façon de produire, consommer et vivre, seront à la base de notre compétitivité et définiront notre politique industrielle future.

Jusqu'ici, la guerre des données a été dominée par les Etats-Unis…

Les grandes plateformes basées sur l'exploitation des données personnelles se sont développées aux Etats-Unis puis en Chine. Pourquoi ? Parce qu'elles y ont bénéficié d'un vaste marché intérieur des données, étendu par la suite aux données personnelles des Européens, parfois collectées de manière discutable. Nous avons fini par réagir via le règlement général sur la protection des données (RGPD). L'Europe, plus fragmentée, n'a pu bénéficier de cet effet d'échelle. Mais nous entrons dans une nouvelle phase, avec l'essor d'un nouveau type de données, non plus personnelles mais industrielles. Cette révolution va rebattre les cartes.
Avec l'Internet des objets (plus de 500 milliards d'objets connectés prévus pour 2030), c'est un nombre gigantesque d'informations industrielles qui va émerger. Les réseaux 5G, ainsi que les capacités à intervenir au plus près de la création des données (« edge computing »), vont révolutionner des pans entiers de notre capacité à produire, à consommer, à se mouvoir, à interagir. Le nombre de données émises par l'activité humaine va être multiplié par deux tous les dix-huit mois. Pour moi, l'Europe doit être le premier continent à tirer le plein bénéfice de cette vague. C'est l'un des enjeux les plus essentiels de la décennie qui vient.

Quels sont ses avantages dans cette nouvelle guerre des données qui se prépare ?

Contrairement aux discours fatalistes, je répète que nous ne sommes pas en retard, au contraire ! Cette guerre des données industrielles débute maintenant et l'Europe sera son principal champ de bataille. Nous sommes en effet la première base industrielle du monde, la plus moderne et la plus avancée en termes d'intégration et d'automatisation des données dans les processus de production. Avec la mondialisation, les Etats-Unis ont perdu de leur savoir-faire industriel en l'externalisant. La Chine progresse, certes.
Mais tous les regards se penchent désormais vers l'Union européenne pour capter ces nouveaux flux de données industrielles, à très forte valeur ajoutée. A nous de nous organiser pour qu'ils bénéficient en priorité aux entreprises et à l'industrie européennes. Une chose est sûre, les nouvelles plateformes à construire pour permettre l'exploitation de ces données au plus près de leur lieu de production sont d'une nature toute différente de celles sur lesquelles se sont appuyés les Gafam et autres BATX pour les données personnelles.
Les exigences de sécurité, de temps de latence, de robustesse sont sans aucune commune mesure. Et c'est là que l'industrie européenne a une avance compte tenu de sa prééminence technico-industrielle. Mon objectif est de capitaliser immédiatement sur cet avantage. Dans le domaine des grandes plateformes industrielles à venir, les gagnants d'hier ne seront pas forcément ceux de demain.

Comment s'en assurer ?

D'abord, en poursuivant et en accélérant les travaux déjà réalisés permettant la fluidité d'un marché intérieur des données, y compris industrielles. Cela peut se faire par la réglementation mais aussi par la gouvernance, j'y reviendrai. Il ne s'agit nullement d'une démarche protectionniste. L'Europe est un continent ouvert et le restera. Mais, comme nous l'avons fait pour la 5G, nous établirons des règles claires et strictes que chacun, s'il souhaite venir en Europe, devra respecter, en particulier en matière d'accès et de partage des données industrielles ou publiques.
Concernant l'émergence des plateformes industrielles, nous travaillons autour de « projets européens d'intérêt commun » associant grandes entreprises et PME pour bâtir les plateformes critiques de gestion des données. C'est sur elles que reposeront, filières par filières, les couches logicielles successives supportant in fine les applications d'intelligence artificielle sectorielles ou spécifiques. Par exemple dans la santé ou les transports connectés, les usines virtualisées, la ville intelligente, etc.

Faut-il obliger certains acteurs privés ou publics à partager leurs données au nom de l'intérêt général ?

A nous de donner aux acteurs privés le cadre, les outils et l'accompagnement pour qu'ils y trouvent un intérêt à le faire dans leur domaine. Les données publiques, elles, sont du ressort des Etats. Nous les inciterons à mieux et plus amplement partager ces données qui constituent un bien public - notamment vers le terreau d'innovation que constituent les petites entreprises ou les start-up.

L'Europe s'interroge sur la reconnaissance faciale de masse. Faut-il l'interdire ?

Il n'y a tout d'abord pas un vide juridique en la matière puisque la législation européenne, notamment le RGPD, s'applique d'ores et déjà. En d'autres termes, l'autorisation de ces technologies est dès à présent l'exception et non pas la règle. Faut-il agir au-delà du cadre actuel ?
La réponse ne peut pas être binaire. Dans certains cas, certains lieux et certaines situations, il est logique de l'interdire au nom de la vie privée. Dans d'autres cas, par exemple dans un aéroport, elle peut se justifier pour des raisons sécuritaires et constituer un réel progrès. L'Europe dispose d'un socle de valeur unique qui fait sa spécificité et sa force. Il faut transposer ce socle dans l'univers informationnel. Nous allons nous donner quelque mois pour bien étudier, anticiper et segmenter ce sujet et ses usages.

Vous recevez ce lundi Mark Zuckerberg, le patron de Facebook. Quel message allez-vous lui faire passer ?

Les grandes plateformes ne peuvent pas continuer à vivre en disant « nous sommes un simple réseau de télécommunications ». Ce monde-là a vécu. Chacun doit prendre ses responsabilités quant aux propos et contenus qui s'échangent en ligne. Cela s'est fait jusqu'à présent sur la base de codes de conduite et d'approches volontaires des grands acteurs.
Vu l'ampleur prise par certaines dérives et les risques pour la démocratie, il faut une approche plus contraignante et spécifique. Nous allons la bâtir sans acrimonie mais avec responsabilité. Cela fera l'objet du « Digital Services Act » que nous préparons pour la fin de l'année.»


Source :

Jean Vinatier
Seriatim 2020