Aucun candidat n’est fédérateur
chacun est clivant.
Selon les médias, les municipales
parisiennes ne passionneraient pas beaucoup. A la décharge des Parisiens,
convenons que les candidats dans leur immense majorité se ressemblent les uns
des autres. Ainsi par exemple, Anne Hidalgo, Benjamin Griveaux, Cédric Villani,
Gaspard Gantzer viennent du PS, sauf le mathématicien qui présida le comité de
soutien de la future maire de Paris en 2014. Les Verts divisés entre pro et
anti-hidalgo, le Parti de Gauche/LFI (Danielle Simonnet) et le parti communiste
gravitent autour.
Du côté de l’opposition,
aujourd’hui, faute d’avoir su bâtir une ligne alternative, elle est dans un
grand désordre et sans audibilité. Ni Rachida Dati, ni Pierre-Yves Bournazel ne
se distinguent véritablement de l’actuelle équipe municipale. Le RN, n’osant
pas faire campagne, s’entend avec Serge Federbusch pour l’appuyer discrètement faisant
de lui le seul candidat hors système, Marcel Campion roulant vraisemblablement pour
l’Elysée.
Pour résumer, nous nous trouvons
devant des candidats à la fois clivants et, pour la majorité, compatibles entre
eux, c’est là le paradoxe. A l’exception de Danielle Simonnet et de Serge
Federbusch, leurs concurrents sont ou macron-compatibles ou hidalgo-compatibles
ou les deux.
Anne Hidalgo donne le change en
reculant le plus tard possible son entrée sur la scène, s’occupant, fort
logiquement à séduire untel et untel quand ses adversaires étalent leurs
divisions et laissent à penser qu’ils n’auront d’équipes constituées qu’après
avoir démoli celle de l’autre.
Au regard de ce théâtre
politicien, les Parisiens se rappellent très exactement qu’on leur refusa, la majorité
comme l’opposition, le référendum sur les JO de 2024, qu’on leur imposa la
succession infernale des travaux aujourd’hui en retrait mais prêt à recommencer
dès mars 2020 avec sans doute une intensification en prévision de 2024, que les
camps de migrants qui désolèrent des arrondissements de Paris ont été, bien
évidemment, évacués avant la campagne municipale, que la verdure, les petits
oiseaux et autres douceurs champêtres loin d’apaiser la ville font leurs
habitants plus irritables et même plus s’ensauvagés mettant en avant l’insécurité,
le bruit et la saleté des rues.
La similitude entre les candidats
n’est-elle, pas le reflet de l’évolution sociologique parisienne : des
Parisiens aux bobos sur trottinettes imperméables aux précarités françaises et plus
que perméables aux flux mondialisés ? Paris ville des opulents ? Sous
Jacques Chirac, présenté comme un homme de droite ce qu’il n’était pas, la
ville comptait encore des classes, populaires, moyennes, ses successeurs à la
mairie depuis 2001 les mirent hors la ville, gaspillant aussi le trésor laissé
pour dépenser sans compter et faire une dette considérable qu’on nous présente
comme bonne. Depuis 20 ans, l’idée est bien de transformer Paris capitale en
une simple ville mondialiste, touristique, ludique débarrassée à jamais de
toute son histoire politique dans laquelle plus personne ne respecte rien des
feux rouges aux sens interdits en passant par les trottoirs quand le palais de
l’Elysée, les ministères et les chambres se réduisent. Les enlaidissements architecturaux
(Tour triangle et autres similaires qui bardent la cité, un palais de justice
ou gibet de Montfaucon en 3D…etc.), et le désintérêt pour l’entretien des
édifices, religieux, historiques vont de pair avec le détricotage de Paris. Tout
est divisé à escient. Ces chantiers faramineux n’ont pas de lien avec ceux de
Napoléon III et du baron Haussmann qui
ouvrirent Paris, sans perte identitaire, la société de la capitale restait parisienne
et tout étranger ou visiteur tenait plus que tout à parler le Français. En 2019
Paris Babel ! Paris ne fait plus l’Histoire, Paris subit le monde.
L’état de Paris ne se sépare pas
non plus de ce qui se produit dans les villes métropolitaines (Lyon, Lille,
Bordeaux…etc.) où sous couvert d’une communication habile, perverse, on
distrait l’habitant tout en métamorphosant son lieu de vie. Les embarras de
Paris chers à La Bruyère gardaient quelque chose de profondément parisien par
son caractère, parfois truculent et un franc-parler sans correspondance avec
les embouteillages de 2019.
Sans boule de cristal, il est
malaisé de prévoir le résultat d’une élection où vainqueur et vaincu s’entremêleront
sociologiquement. Demain sera une fuite en avant presque hystérique qu’une
seule communication travestira en charge heureuse….
A bien des égards, Paris brûla
autant que Notre-Dame, sa nef étant atteinte.
Jean Vinatier
Seriatim 2019