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vendredi 22 juillet 2022

Equateur : « il se passe des choses étonnantes par Philippe Descola N°5885 16e année

 

Philippe Descola : « il faudrait « une demi-douzaine de vies » pour [en] faire l'ethnographie totale »

« Florian Louis pour le Grand continent : Quelles ont été les premières images, les premières lectures qui vous ont fait découvrir l’Équateur ? 

Mon père, Jean Descola, était un historien de l’Espagne et de l’Amérique Latine. J’étais donc familier de l’Amérique Latine depuis l’enfance à travers les livres. J’avais lu ceux écrits par mon père ainsi qu’une partie de l’importante documentation qu’il avait accumulée à la maison. L’histoire et la géographie de l’Amérique Latine ne m’étaient donc pas étrangères. C’est pourquoi lorsqu’il s’est agi, plus tard, de chercher un terrain, c’est vers l’Amérique Latine que je me suis tourné, d’autant que je parlais espagnol, ce qui était un bon point de départ. Il se trouve que mon père était également ami avec un diplomate équatorien, amoureux de la France, qui y avait fait ses études et qui s’était arrangé pour être nommé à Paris et y rester. Souvent, lorsqu’il dînait à la maison, j’écoutais les histoires qu’il racontait à propos de son pays. J’avais ainsi des échos de ce qu’était ce petit pays andin sur lequel on savait peu de choses car la presse n’en parlait jamais, si ce n’est pour annoncer les coups d’État qui s’y produisaient régulièrement.

J’en avais donc une idée assez romanesque qui s’associait également à la lecture d’ Ecuador, le journal de voyage qu’encore jeune homme, Henri Michaux avait rapporté de son séjour en Équateur avec un passage par l’Amazonie équatorienne et le rio Napo, puis l’Amazone, pour aller jusqu’à la côte Atlantique. Il parle très bien de l’Équateur dans cet immense périple. J’avais aussi été frappé par L’homme à cheval de Drieu La Rochelle dont l’action se situe dans une Bolivie un peu fantasmagorique dont j’avais fait une sorte de prototype des pays andins. J’avais ainsi des sortes de mythologies flottantes, fabriquées de bric et de broc. 

C’est donc assez naturellement que s’impose la décision, plus tard, d’aller faire votre terrain en Équateur ?

La décision d’aller faire du terrain en Équateur s’est prise en plusieurs temps. J’ai mené mon premier terrain au sud du Mexique dans les Chiapas, dans la région de la forêt Lacandone, parmi des colons Tzeltal. Le terrain, qui n’a duré que quelques mois, m’a un peu déprimé parce que c’étaient des gens qui avaient migré des hautes terres, poussés par les grands propriétaires terriens. La forêt qu’ils avaient colonisée était un milieu qu’ils connaissaient mal et où ils n’étaient pas très heureux. Ce malaise général, cette obstination à se faire une nouvelle vie dans un milieu très différent de celui auquel ils étaient habitués m’avaient un peu découragé. C’est toutefois là que j’ai découvert la forêt tropicale avec ravissement et qu’est née mon envie d’étudier des peuples qui seraient heureux dans la forêt, d’où le choix de l’Amazonie. 

Je ne connaissais pas encore l’Amérique du sud à ce moment, mais je voulais aller en Amazonie. Encore fallait-il y choisir une population. C’est par l’intermédiaire de ma collègue et amie Carmen Bernand, qui revenait d’un long terrain auprès d’une population andine d’Équateur, les Cañaris, que je me suis finalement tourné vers les Jivaros. Les Cañaris vivent dans la Cordillère orientale de l’Équateur et sont donc voisins des Jivaros qui résident plus bas en Amazonie. Elle m’a dit qu’il était tout à fait possible d’aller auprès des Jivaros. J’ai donc commencé à lire, moins sur l’Équateur que sur les Jivaros en général, pour savoir quel genre d’ethnographie on pouvait faire là-bas. 

Comment se déroule votre arrivée en Équateur ?

La suite ci-dessous :

https://legrandcontinent.eu/fr/2022/07/22/en-equateur-il-se-passe-constamment-des-choses-etonnantes-une-conversation-avec-philippe-descola/?mc_cid=871f1e76d5&mc_eid=9385cf1978

Jean Vinatier

Seriatim 2022

jeudi 15 avril 2021

Jadot veut mettre la gauche au Vert….N°5654 15e année

Yannick Jadot n’est pas insensible à l’idée de réunir tous les partis de gauche sauf Lutte ouvrière et le NPA afin de les convaincre du bien-fondé d’un programme commun…Le souvenir mitterrandien taraude donc beaucoup de ce côté de l’échiquier politique.

Cependant, tout le monde garde en mémoire que les grands vaincus du programme commun, une fois François Mitterrand à l’Élysée, furent les partenaires dudit programme, le parti communiste surtout, le parti radical de gauche et que seul émergea le parti socialiste avant que ses « éléphants » ne s’électrocutent avec les courants.

Sans dire que la France des années 70 est à des années lumières de celle de 2021, Yannick Jadot pourrait-il arriver à ses fins lui-même étant à la tête d’un parti aux multiples sensibilités selon que l’on est écolo des villes ou écolo des campagnes ?

Quel parti de gauche aurait intérêt à adhérer à un programme commun sinon de gouvernement ? Pour le parti socialiste se serait avouer sa faiblesse, au parti communiste qu’il n’est plus à même de vivre par lui-même, à la France insoumise sa parfaite contradiction. Certes, des coalitions existent comme à la mairie de Paris et dans telle ou telle liste pour les régionales. Mais l’incapacité d’Emmanuel Macron a se représenter suffirait-elle à créer l’engouement ? Pas du côté de Jean-Luc Mélenchon, un peu plus du côté d’Anne Hidalgo alors même qu’elle est typiquement une élue  métropolitaine très éloignée des écolos ruraux plutôt zadistes.

Il est certain que divisée la gauche n’a aucune chance de l’emporter, mais peut-elle s’unir ? Emmanuel Macron surgissant des écuries hollandaises et récupérant l’aile libérale socialiste avait regroupé au centre et jusque dans les rangs républicains. C’était donc sur une rampe de lancement libérale qu’il avait emporté la mise. Depuis les Verts (EELV) est-ce faisable ? Dans l’hypothèse ou le second tour opposerait Yannick Jadot à Marine Le Pen, la droite s’abstiendrait lourdement.

A un Emmanuel Macron venu de la gauche voir, à nouveau une gauche même verte après un quinquennat violemment répressif contre les Gilets jaunes, et une gestion de la pandémie au-delà du discutable : est-on certain dans les états-majors écolos que cela passerait ?

La gauche et la droite aussi sont en soins palliatifs : on ne voit pas davantage de différence entre un Yannick Jadot et un Xavier Bertrand ou une Anne Hidalgo et un leader républicain tellement ils font chambre commune sur tous les sujets ou presque ! Si la France veut modifier son aire politique ce n’est pas avec ceux qui permirent Emmanuel Macron qu’elle le fera ou pire elle préférera l’original à la copie bio.

La gauche et la droite sont coincées, l’Union européenne ne permettant pas d’alternative, ni politique, ni économique sauf aux marges et pour des questions sociétales à la condition que celles-ci ne contreviennent pas à la doxa du jour ! Les Verts ne se distinguent pas précisément par une alternative hormis celle de vouloir le pouvoir !  Le succès écologique aux dernières municipales ne doit pas masquer le fait qu’ils sont élus avec de très faibles pourcentages des suffrages exprimés : le maire de Bordeaux n’a recueilli (je crois) que 45 000 votes ! Rien n’indique qu’une mobilisation massive des Français les favoriserait.

D’une façon générale la France a bloqué son propre système politique qui survit du fait même du désintérêt, du dégoût des Français pour les politiques désormais interchangeables ce qui n’était pas le cas dans les années 1970 où les séparations idéologiques étaient nettes et où l’Europe n’avait pas fait main basse idéologiquement. Ce qui manque c’est bien l’alternative. Mais la France est-elle prête ? En Italie comme en Équateur, les banquiers reviennent aux affaires parce que les gens veulent tout autant sauver leur argent que leurs emplois, c’est peu dire la peau de chagrin du champ politique. Aussi, Emmanuel Macron peut-il réussir la sortie pandémique : Bruno Le Maire répétant partout que l’État éviterait au maximum les faillites quitte à s’endetter plus encore, à creuser les déficits. N’oublions pas que nous sommes dans une société, hédoniste, hyper-consumériste, âgée, applaudissant toutes les nouveautés sociétales par peur qu’une dispute vienne perturber le « petit café », le petit « quotidien » traversée par des peurs mais dont la hâte principale sera de refaire comme avant avec des errements semblables.

Jusqu’à présent, les écologistes qui ont le vent en poupe sont ceux des villes, ces villes qui aimeraient tellement ne plus dépendre de la campagne, avoir leur propre ferme urbaine, leur blé. Les architectes ne dessinent-ils pas des tours avec vaches et champs à tous les étages ? Quels liens avec les écologistes ruraux qui prônent une fédération zadiste ou de Zad ? Les écologistes ne sont pas unis et n’ont pas du tout la même vision. A partir de là, comment prétendre réunir autour d’un programme sinon commun au moins avec des idées consensuelles vagues et générales des partis de gauche aux histoires différentes. ? Une fois encore, rappelons que le programme commun ne tient pas une fois aux affaires : François Mitterrand l’illustra en son temps… !. Le pouvoir c’est un fauteuil pas un canapé.

Jean Vinatier

Seriatim 2021