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vendredi 23 février 2024

Harald Kujat : la guerre en Ukraine et le changement géopolitique N°5741 18e année

22 février 2024

« Peu avant le début de la Conférence de sécurité de Munich (MSC), l'ancien Inspecteur général de la Bundeswehr et président du Comité militaire de l'OTAN, Harald Kujat, a donné une conférence très suivie sur le thème : "La guerre en Ukraine, la rivalité des grandes puissances et l'affirmation de soi de l'Europe". L'invitation avait été lancée par le think tank "Eurasien Gesellschaft", qui se consacre, selon sa propre présentation, à une "coexistence pacifique et à des relations coopératives entre les pays de l'Eurasie". Les NachDenkSeiten étaient présents et ont filmé la conférence. Kujat, dans son discours, en plus d'une analyse complète de la situation militaire actuelle dans la guerre en Ukraine, a abordé des approches possibles de solutions, a regardé au-delà du cadre occidental-transatlantique et a également analysé le changement actuel vers un ordre mondial multipolaire ainsi que l'incapacité actuelle des élites européennes à s'adapter à ce changement. » 

Jean Vinatier 

Seriatim2024

dimanche 12 mars 2023

France : puissance indo-pacifique par Paco Milhiet N°5650 17e année

 

« La stratégie promue par la France place de facto les collectivités françaises de l’Indo-Pacifique à la confluence de projets géopolitiques concurrents. Pourquoi ? Cette passionnante conférence l’explique clairement, avec une carte fort utile. Dr. Paco Milhiet s’exprime en son nom propre. Il est enseignant-chercheur au Centre de recherche de l’École de l’air (CREA, école de l’air et de l’espace, Salon-de-Provence). Auteur de "Géopolitique de l’Indo-Pacifique", préface de Christian Lechervy, éd. Le Cavalier Bleu. » 

Jean Vinatier 

Seriatim 2023

lundi 6 février 2023

Ukraine: Pékin ballon et conflictualité mondiale N°5624 17e année

 

La semaine dernière la Chine a envoyé deux messages en direction des États-Unis. D’abord par la voix du ministère des Affaires Étrangères rendant responsable de la guerre en Ukraine la présidence Biden, d’autre part par l’envoi du fameux ballon, forcément destiné à être détruit qui indique que nul ciel aérien n’est sécurisé en totalité. Dans toute action chinoise, il a y  une correspondance taïwanaise.

Si nous ne sommes pas dans une « troisième guerre mondiale » comme le dit Emmanuel Todd, aucune déclaration de guerre n’étant intervenue, cependant, nous nous enfonçons dans la conflictualité mondiale. Il en va de la guerre en Ukraine comme de l’état des « marchés » où jusqu’à présent tout le monde est d’accord pour que rien ne se fracasse, aucune puissance ne voulant pas assumer les dommages collatéraux et peut-être ne sachant pas mesurer précisément les ondes de choc.

A la vérité chacune recule la ligne rouge, chacune fait preuve d’une résilience mais jusqu’à quand ? L’Union européenne vient de décider un dixième paquet de sanctions, les neufs précédents ayant eu peu de succès, un peu comme si l’on versait dans un tonneau des Danaïdes de l’Ukraine, elle-même, secouée par deux vagues anti-corruption qui chacune se rapproche de son dirigeant et de son entourage. Les Ukrainiens attendent les chars à la façon du film Le désert des Tartares car l’on sait bien que l’acheminement des engins blindés, Léopard, Leclerc, Abraham, suppose des formations, des logistiques et des approvisionnements spécifiques. Nous sommes donc dans une phase de communication avec en toile de fond, « l’offensive du printemps » où aurait lieu une grande bataille de chars, Berlin rêvant, qui sait, de venger Koursk ? Le congrès américain vient à peine de débuter sa législature, le Pentagone affiche son scepticisme sur la fuite en avant armée. Les événements intérieurs américains seront à surveiller de près.

Dans un monde globalisé et interdépendant, se développent des alternatives qui souhaiteraient être à la fois protectionnistes et « mondialisantes ». Ainsi avec, les BRICS qui forment une ligne intercontinental (Asie, Afrique, Amérique du Sud) avec à la clés une monnaie et un espace mercantile parallèlement au dollar, de son côté l’Organisation de Shanghai voudrait être structure harmonieuse asiatique où la Chine jouerait un rôle stabilisant. On remarquera que l’Asie ne songe pas encore à définir une alliance militaire commune, seuls les États-Unis veulent étendre leur Otan.

Hier, je regardais le sommet de l’APEC, tenu récemment en Thaïlande. L’Asie n’est vraiment pas l’aire Atlantique et quand arrivent un canadien, un australien ou un américain, on se dit « cherchez l’intrus ? » n’empêchant pas un Emmanuel Macron de dire à l’Asie indopacifique qu’il n’y aura qu’un ordre mondial, pas deux !  

La fin de l’histoire si chère à Fukuyama a sa vérité pour l’aire Atlantique, l’Europe se glissant dans le lit nord-américain, son Union ne voulant pas de souveraineté  et s’installe dans un avenir tibétain quand l’Asie semble, au contraire, se met sur orbite, à sa manière et avec des codes et des histoires qui sont les leurs…. Quand j’entends dire qu’en Ukraine nous nous battons pour nos valeurs dans le cadre d’une obéissance absolue aux États-Unis prédestinés à être le monde, en réalité nous reprenons nos certitudes coloniales puisqu’alors, nous allions y répandre nos valeurs. Dans ce conflit en Ukraine, il y a comme un parfum d’ancien régime du côté Atlantique, une sorte de charge de cavalerie face « aux armements nouveaux ».

L’Ukraine prenant pratiquement le chemin de la Pologne du XVIIIe siècle, se voit dans un conflit local, avec un défi régional européen mais sous tempo américain qui chercherait la bonne partition pour avaler la Chine puis l’Inde. La Russie étant eurasiatique, elle combat localement pour ne pas perdre sa puissance régionale en ayant clairement conscience du vrai champ de bataille : qui l’emportera demain de l’Asie ou des USA, quel modèle économique s’imposera, celui d’Asie, celui de l’aire Atlantique…etc…etc.

Parfois on regrette que nous vivions dans un monde clos sans perspective, aujourd’hui, d’aller vers de nouvelles terres/planètes « galaxiales » qui dégonfleraient les conflictualités. Pour l’heure, la Chine et les États-Unis se mettent face à face…. Atlantique contre Pacifique, raz-de-marée contre tsunami ?

 

Jean Vinatier

Seriatim 2023

dimanche 5 février 2023

L’Indo-Pacifique français en 2022, retour sur une année charnière par Paco Milhiet N°5623 17e année

 « Stratégie nationale et réalités locales ne se superposent pas systématiquement dans l’Indo-Pacifique français. Si les collectivités françaises de l’Indo-Pacifique sont amenées à devenir une composante importante des relations internationales françaises, celles-ci doivent être considérés dans leurs spécificités, pas seulement pour leur intérêt géostratégique. Les organismes, institutions et think tanks français doivent en conséquence se spécialiser sur ces problématiques par un travail de formation et de sensibilisation indispensable, mais aussi en valorisant les compétences existantes notamment dans chaque collectivité d’outre-mer. Un tableau inédit par Paco Milhiet, auteur de « Géopolitique de l’Indo-Pacifique. Enjeuxinternationaux, perspectives françaises », préface de Christian Lechervy,éditions Le Cavalier bleu. »

« VASTE REGION géopolitique englobant les deux océans éponymes, l’Indo-Pacifique est surtout un concept des relations internationales développé depuis le début du XXIème siècle par plusieurs chancelleries (Japon, Australie, Etats-Unis, Inde, ASEAN etc.) dont le but, plus ou moins affirmé, est de répondre au développement thalassopolitique de la République Populaire de Chine.

Depuis 2018, Emmanuel Macron a formalisé une stratégie de l’Indo-Pacifique français pour légitimer et crédibiliser le statut de la France en tant que puissance régionale. Une opportunité pour la diplomatie française de valoriser ses attributs de puissance diplomatiques, culturels, économiques et militaires dans cette vaste région.

Néanmoins, en 2021, le narratif français semblait fragilisé. Au niveau international, la rupture stratégique franco-australienne, conséquence directe du renoncement australien d’acquérir 12 sous-marins auprès de Naval Group, constitua un véritable camouflet pour la diplomatie française et provoqua une crise diplomatique sans précédent avec les gouvernements australien et américain, deux partenaires majeurs dans la zone. À l’échelle locale, le troisième référendum d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie fut massivement boycotté par les populations kanak, prémices d’une séquence de crise politique qui n’en finit plus sur le « Caillou », territoire hautement stratégique et pierre angulaire de la stratégie française dans la zone. Dans les autres collectivités françaises de l’Indo-Pacifique (CFIP), la crise sanitaire liée au Covid 19 accentuait une situation sociale déjà précaire et suscitait un mécontentement populaire de mauvais augure pour la majorité présidentielle.

L’année 2022 était donc celle de tous les dangers pour la stratégie indo-pacifique française. Elle fut riche en événements : réconciliation post-AUKUS, diplomatie française proactive, projections militaires, élections présidentielles en demi-teinte dans la zone pour le Président, crise sociale et migratoire à Mayotte, incertitudes statutaires et juridiques en Nouvelle-Calédonie…

Si la France a enregistré plusieurs succès diplomatiques indéniables, donnant du crédit à son statut de puissance riveraine de la zone (I), des crises endémiques dans les CFIP viennent parfois mettre à mal un récit géopolitique largement initié depuis Paris, souvent en décalage avec le contexte local (II).

I. 2022, une diplomatie française proactive en Indo-Pacifique »

La suite ci-dessous :

https://www.diploweb.com/L-Indo-Pacifique-francais-en-2022-retour-sur-une-annee-charniere.html

 

 

Jean Vinatier

Seriatim 2023

samedi 17 septembre 2022

Samarcande : sans Poutine ? N°5894 16e année

 

L’Organisation économique de Shanghai est comme son nom l’indique une structure basée sur le développement des coopérations économiques entre des Etats asiatiques : elle n’est ni une Union européenne ni un OTAN. Cela n’empêche absolument pas les différents commentateurs de dirent d’une seule voix, que Vladimir Poutine en gênerait les membres et serait en manque de soutien.

La très active et redoutable campagne contre Vladimir Poutine monte en degré avec les déclarations de Mme Von der Leyen réclamant la livraison du Président russe et la mise en place d’un tribunal type Nuremberg…Il n’est donc guère surprenant de lire et de retrouver sur les plateaux des chaines d’information, un déballage continu allant dans ce sens. Ayant la maitrise du récit, de la narration et du séquençage, les États-Unis imposent un Netflix géopolitique. Ces lignes ne dédouanent pas Vladimir Poutine de l’invasion de l’Ukraine, j’observe, néanmoins, que lorsque Washington passa outre le vote onusien et après avoir affamé le peuple irakien pendant près de dix ans, cette capitale passa à l’offensive. Nul ne saisit les biens de particuliers américains, ni ne dénonçât presque pas les tortures et moins encore suggéra un quelconque tribunal : les États-Unis se déclarant unilatéralement hors de portée juridictionnelle…Mais voilà les États-Unis sont dans le camp vainqueur et c’est le vainqueur qui fait l’Histoire et sa présentation.

Dans le cas de la réunion à Samarcande, leurs dirigeants sont présentés comme des hommes non élus démocratiquement, le Premier ministre indien inclus : ls sont les tyrans. On dévoie sciemment un sommet décrit comme anti-occidental tout simplement parce que certains des gouvernements d’Asie chercheraient à se développer en dépendant le moins possible des euro-américains. On retrouve là quelques arguments qui motivaient au XIXe siècle les expéditions coloniales européennes (et américaines). Si l’Union européenne n’est plus motrice, les États-Unis ont pris son relais et sa population étant majoritairement européenne, est-il si extraordinaire que ressurgissent des anathèmes contre des Etats, des organisations qui estiment pouvoir tracer un chemin sans nous ?

Il est instructif de noter que pour essayer de réduire le développement de l’Organisation économique de Shanghai, Washington accepte de donner plus de voilure au Japon sur le plan militaire comme avec l’Allemagne en Europe.

Et Vladimir Poutine ? Le vote onusien a bien montré que l’unanimité n’y était pas. L’Asie commerce sans problème avec la Russie, Washington n’ayant pas réussi à fermer cette arrière-cour asiatique à la Russie, se met en place l’axe indopacifique en escomptant via une extension de l’Otan établir un containment autant chinois qu’asiatique.

Quoi qu’il en soit, chaque jour est démontré que l’invasion de l’Ukraine rempli d’aise ceux-là mêmes qui la dénoncent, que sur le terrain les forces ukrainiennes sont complétement entourées et guidées par des forces étrangères (des ukrainiens noirs !!!) qui ne se cachent presque plus. C’est de plus en plus une guerre entre la Russie et l’Otan, l’Ukraine n’étant qu’un terrain de match sanglant…Et Vladimir Poutine est poussé tant par l’Otan que par les plus extrêmes russes vers une confrontation totale. Jusqu’à présent, la Russie n’a pas décrété la mobilisation générale à l’inverse de l’Ukraine, si elle se faisait, serait franchie une ligne rouge…

A Samarcande, les dirigeants asiatiques ont conscience de ne pas pouvoir rivaliser économique, financièrement, militairement contre les USA. Ils ont en tête que s’ils n’acceptaient pas l’idée de coopération économique avancée par la Chine, ils deviendraient ou redeviendraient de simples succursales. A la différence des européens alignés sur les Américains, les pays-membres de « Shanghai » ne le sont pas ni vis-à-vis de la Chine, ni entre eux mais ils savent leur poids démographique et ils estiment que les flux économiques sont davantage en Asie que dans l’aire Atlantique.

Sur ce point-là si Vladimir Poutine n’est point isolé, il ne suscite pas  une alliance…. Mais peut-être qu’à l’instar des euro-américains qui entrent en guerre  contre la Russie sans la lui  déclarer, certains asiatiques soutiendront la Russie tout en le niant…A Samarcande, la route de la soie n’est pas à son terminus

Jean Vinatier

Seriatim 2022