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vendredi 29 janvier 2021

Macron Marine l’ambiance…. N°5091 15e année

 Les premiers sondages sortent et bien évidemment tous nous conduisent au face à face Marine Le Pen/Emmanuel Macron avec des résultats variables (48/52) mais sans fin différente de celle de 2017.

C’est une façon de commencer à conditionner un corps électoral alors même que nous ne sommes pas sortis de la pandémie et que les conséquences sont, pour l’heure, évaluées dans les seuls couloirs des ministères et des services de renseignement. Nous, les citoyens, étant dans des incertitudes, on nous lance les premiers ballons….

Imaginons une fin de pandémie à l’été et une reprise contrôlée à la rentrée, les gens trop heureux de retrouver une vie normale voudront oublier les mois singuliers : est-il sûr qu’Emmanuel Macron n’en tirerait pas profit au printemps 2022?

Dans des scenarii différents, il est certain qu’une situation tendue allant jusqu’à l’instable et aux manifestations aussi soudaines que violentes, la donne changerait.

Actuellement, que remarque-t-on ? Des candidats essaient d’établir des arcs : Montebourg avec Jadot, Bertrand avec Montebourg, on le conseille aussi Marine Le Pen…Bref tout le monde essaie de reproduire ce qui s’est passé en 2017 avec LAREM. A cet égard, nous entrerions dans une configuration inédite avec des candidats bicéphales ou bien à des coalitions en mode programme commun. Le corps électoral est-il prêt à adhérer à ces hypothèses : double tête ou coalition qui augurerait de dissensions rapides ? Or, en sortie de crise, les Français voudront retrouver une tranquillité politique et non pas assister à des combats de coq au quotidien….

C’est bien différent de 2017 quand Emmanuel avait su réunir sur son seul nom des femmes et hommes issus de plusieurs partis et soutenus par des partis eux-mêmes. Actuellement ces arcs esquissés ont des carquois sans un grand nombre de flèches !

Tel que nous sommes ou bien le terme de cette pandémie formant une coalition de problèmes s’achevant sans trop de casse, Emmanuel Macron repartirait pour cinq ans ou bien trop faible il aurait une remplaçante du type Anne Hidalgo ou Christine Lagarde quand la droite essaierait de placer en orbite une personnalité.

Marine Le Pen ne me parait pas en mesure de l’emporter même lors d’une crise gravissime car dans ce cas l’appel à un général prédominerait. Le RN est, sans le sou, peine à recruter des candidats et à les accompagner sur le terrain. Marine Le Pen est un nom qui flotte dans les airs.

Il y a un facteur jamais évoqué par les sondeurs, c’est la participation et de son corollaire l’abstention. Si les colères sont immenses, les citoyens furieux rechignent à l’urne laissant un boulevard au corps électoral minoritaire le plus aisé, le plus âgé qui élit le candidat de leur « assurance-vie ».

Le plus intéressant serait de voir les Français réadhérer à la vie politique par le vote et plus seulement par la rue : les deux étant possibles !

Pour conclure, en ce janvier 2022, Emmanuel Macron ne sombre pas dans le discrédit mais apparait plus faible pour une campagne présidentielle. Et si cet état se confirmait, celles et ceux qui le firent roi lui ouvriraient une porte celle de la sortie, ces « 1% » étant encore dans le souvenir du mandat populiste de Donald Trump, du Brexit, l’ère Biden leur rouvrant un globalisme progressiste non contrarié.

 

Jean Vinatier

Seriatim 2021

 

mercredi 27 janvier 2021

66 millions de procureurs, 1 prévenu : Macron N°5090 15e année

 D’un mot, Emmanuel Macron a fait des français des magistrats du siège et par n’importe lesquels, des procureurs, ceux qui requièrent. C’est bien la première fois qu’un Chef de l’Etat se place d’entrée de jeu dans une position de prévenu présumé innocent alors même que l’inconscient collectif nous dirige tout droit vers cette exigence de compte-rendu se déclinant par une longue série de « qu’as-t-u fait … ».

Troisième confinement ou pas, le pouvoir arrive à un croisement ou bien il assume le fait de reconfiner sévèrement, totalement pour une durée déterminée avec les dommages collatéraux inhérents ou bien il laisse la vie normale reprendre son cours assumant le risque humain.

Les troubles qui explosent ici et là en Europe de l’Espagne au Danemark, les sondages dans lesquels les Français se prépareraient à désobéir en cas de reconfinement contrarient-ils les scenarii répressifs de l’exécutif ? Si les laboratoires avancent sur le marché une foule de vaccins contre un virus, aucun pouvoir n’a trouvé la pierre philosophale en mesure de se prémunir de la colère sauf…à nous contraindre aux anxiolytiques !

Autre souci pour le gouvernement, le grondement des gens d’en-bas trouve un écho chez les gens d’en-haut : actuellement, faute de ski et de New-York, ils doivent se contenter, comme l’acteur Pierre Niney, d’un ressourcement à Marrakech, d’errer à La Mamounia : la misère !!!!!

Plus sérieusement, le MEDEF s’inquiète de nouvelles contraintes qui mettraient un frein aux activités économiques : car les faillites en chaine des PME/PMI, souvent les sous-traitants de grands groupes, reviendraient à rendre sans jambes un corps économique… 

En mars 2020, Emmanuel Macron annonçait une guerre contre un virus dont les confinements et leurs accessoires de surveillance apparaissent comme des armes à la fois pas suffisamment dissuasives contre l’ennemi et terriblement lourdes pour le mouvement des hommes sans compter les couacs à répétition du gouvernement et de l’impéritie de l’Etat, font que nous avons, aujourd’hui, un cocktail au potentiel explosif.

Face à une situation pas facile, le Président de la République a été tenté de faire coup double aux résultats faux-semblants : montrer sa capacité à guerroyer mais aussi à mettre en place des mesures afin que plus jamais ne se reproduise une réapparition Gilets jaunes…

Assez imprudemment, le Chef de l’Etat s’est mis en ligne de mire d’une place de Grève où, autrefois, peuple et noblesse réunis assistaient à la sentence….. 

 

 

 

 

Jean Vinatier

Seriatim 2021

 

mardi 26 janvier 2021

Tunisie-Pays-Bas: une faille sismique anti-confinement N°5089 15e année

 La semaine dernière, les jeunes tunisiens qui protestaient contre le confinement et de nouvelles restrictions tinrent la rue pendant quatre jours, forçant l’armée d’intervenir. Ce mécontentement traverse, sans s’arrêter, une France, apparemment résignée, pour le Danemark, d’abord, puis surtout les Provinces-Unies, avant certainement la Belgique, qui connaissent des troubles dans de nombreuses villes, les plus grandes depuis 40 ans selon le Premier ministre démissionnaire Rutte. Avant d’aller plus loin, rappelons que ce sont les humeurs, hollandaises puis aux Pays-Bas contre des actes politiques despotiques qui, dès 1787/1788, annoncèrent les émeutes parisiennes puis provinciales d’avril-mai 1789.1

Comme dans le film Equilibrium2, notre « Père », Emmanuel Macron aurait dû diffuser « son homélie » ce mercredi et, sans doute, annoncer un troisième reconfinement. Les actualités et les notes blanches « incandescentes » qu’il lit chaque jour, l’oblige, pour l’instant, à retarder des annonces sévères. Mais pour le public, si la situation pandémique est réellement aussi alarmante, pourquoi retarder ? Si elle ne l’est pas, pourquoi ne pas l’assumer ? Une fois de plus, dans une atmosphère de moins évidente, de moins en moins claire, de moins en moins audible, le gouvernement continue ce qu’il fait depuis plus d’un an, louvoyer et agir « en même temps » tout en tournant en rond tel un chien cherchant à se mordre la queue….

Quelle sera l’année 2021 ? Les seuls qui sablent encore le champagne sont les salles de marchés et les banques qui se font des lignes de coke ou élixir de vie monétaire à toute heure délivrée via le bouton magique des banques centrales. L’année dernière la BCE a devancé la FED dans le débit : 1850 milliards contre 1500 milliards, des chiffres qui n’incluent pas les montants des plans de relance dont on doute que les lames nous atteignent car, entre temps, la masse imprimée aura été avalée par les banques « too big, too fail ! ». Pourquoi, cet « argent de dingue », s’arrête-t-il aux grandes banques ?

Deux pandémies virales nous frappent, celle monétaire citée plus haut qui alimente dangereusement une appétence pour l’endettement (et l’inflation) que l’on ne voudra pas faire peser sur les banques mais sur les populations….au nom de principes budgétaires !!!, l’autre, sur fond de marasme socio-économique, qui cloue les hommes dans leurs activités quotidiennes avec force de restrictions et de contraintes diverses quand une floppée de vaccins nés dans plusieurs pays, issus de plusieurs laboratoires ne rassurent pas les populations : après tout, n’y-a-t-il pas qu’un vaccin contre la grippe?

A ces deux pandémies, s’ajoutent, une envie de censure générale, de contrôle des "dires", des agitations géopolitiques, certaines plus apaisantes entre Israël et des puissances arabes, d’autres moins avec une Chine virulente contre Taïwan, l’Australie et l’Inde, signe qu’à l’intérieur de l’empire du Milieu la situation se dégrade réellement, d’autres incertaines avec les Etats-Unis où en dépit des louanges quotidiennes de la presse sur le moindre geste bidenien, la température intérieure reste très élevée ….

Pour l’heure les pandémies ou failles sismiques ne se rejoignent pas mais elles vont en parallèle et tout concourt à un grand fracas……

 

Notes :

1-    Les néerlandais ouvrirent le bal de la colère dès 1787/88 quand les parlements des provinces se heurtèrent aux prétentions du Stathouder, Guillaume IV d’Orange-Nassau. Ce dernier soutenu par le gouvernement anglais et son son beau-frère, Frédéric-Guillaume II de Prusse parvint à mater la révolte, car assuré de la non-intervention française : Louis XVI, qui venait de perdre Vergennes s’opposait, en 1787/88, aux notables lors de sa tentative de révolution royale et ne voulut pas ajouter un souci ce que Vergennes, s’il avait vécu et tout conservateur qu’il était, aurait combattu car il y aurait vu, très justement, l’intérêt britannique.

Les Pays-Bas, actuelle Belgique, étaient, depuis les traités d’Utrecht, sous l’autorité autrichienne. Joseph II tout réformateur éclairé qu’il était heurta les spécificités des populations d’abord en 1788 puis en 1789/90.

 

2-      Equilibrium (2002) : dans ce film tout ce qui rappelle l’histoire ce qui inclue les œuvres culturelles, est détruit par des brigades spéciales.

 

Jean Vinatier

Seriatim 2021

 

"Une élite parisienne" : les familles de la grande bourgeoisie juive (1870-1939) par Cyril Grange N°5088 15e année

Cyril Grange, Directeur de recherche au CNRS. Spécialiste de l'histoire sociale des élites françaises aux XIXe et XXe siècles, il a notamment publié « Les gens du Bottin Mondain, Y être c'est en être (1996) » Conférence de 2016 : Jean Vinatier 

Seriatim 2021

lundi 25 janvier 2021

L’exécution du roi par Jean-Clément Martin N°5087 15e année

Ce 21 janvier 2021 pour le souvenir de la mort de Louis XVI, une belle messe de requiem se tint en la cathédrale de Mirepoix, ville où réside l’actuel comte de Paris. A ce moment sortait le dernier ouvrage de Jean-Clément Martin (L’exécution du roi) qui revisite avec nuances et tempérances, la décennie révolutionnaire : biographie sur Robespierre, livres sur la Vendée, conférences autour de la « Terreur » et de la Révolution dans son ensemble.

Précisons d’emblée que L’exécution du roi raconte les circonstances dans lesquelles on y aboutit et non le procès en tant que tel du souverain déchu. Effectivement, Louis XVI n’y apparait pas en personnage central. Il est, si j’ose l’écrire, une boule de billard que les joueurs se renvoient jusqu’à la fin de partie. Les lecteurs de ce livre ne pourront y trouver de matière supplémentaire à connaître les détails du procès du Roi, ni le déroulé de son emprisonnement au Temple (Charles-Eloi Vial, La famille royale au Temple, Perrin, 2018), pas même les plaidoiries des avocats de Louis XVI ni celles des députés intervenants qui furent plus imprimées que lues pour accélérer le procès.

L’exécution du roi de Jean-Clément Martin pose sa trame sur celle avancée, sans le citer, par Emmanuel de Waresquiel (Sept jours, 17-23 juin 1789, la France entre en révolution, Taillandier, 2019) le choix tellurique pris par quelques hommes du Tiers-Etat de se déclarer assemblée nationale augurant d’un bouleversement colossal, à savoir la mise de côté, avant sa déchéance, du Roi. Un terme qui n’explose pas d’emblée à la face de la France mais qui y fait son lit (Alexandre Maral, Les derniers jours de Versailles, Perrin, 2018) dès juin, juillet, octobre 1789. Le retour contraint en octobre 1789 du Roi à Paris oblige l’assemblée nationale à le suivre en novembre. Ce déplacement de l’exécutif et du nouveau législatif, loin de débuter une stabilité fait entrer sur la scène un autre acteur majeur, la commune de Paris au sens large (la mairie, les assemblées municipales, les Sans-culottes, les gardes nationaux, la presse, l’opinion publique)

Le retour royal avec l’assemblée face à la commune seront trois entités où chacune d’entre elle ne présentera aucune unité mais où s’épanouiront dans chaque camp, les divisions, les oppositions, les adversités, les surprises.

Les députés mettront deux années pour écrire la première constitution celle du 3 septembre 1791, la seconde sera celle de l’An I (24 juin 1793) qui restera lettre morte, une troisième en l’an III (22 août 1795), la quatrième celle du 22 frimaire an VIII (13 décembre 1799) installera le Consulat prélude à l’Empire.

Ce rappel chronologique pour souligner le chaotique institutionnel français où le vide prédomine : d’abord entre juin 89 et septembre 91 puis ce moment inédit où l’assemblée abolit la royauté le 13 août 1792 avant de proclamer la République le 21 septembre 1792 puis de rester face à une Constitution de 1793 non effective…..

L’obsession de la Révolution, outre celui du complot, est la peur de l’émergence d’une tête. Du 17 juin 1789 à 1799 (coup d’Etat des 17-19 Brumaire an VIII), il est clair que les différents et nombreux acteurs de cette période historique vont se déchirer, s’entretuer autour, notamment, de cette hantise d’un retour du tyran, du despote. La situation explosive de la fin de l’été et de l’automne 92 fera que l’assemblée se défoulera contre Louis XVI en l’accablant de tous les noms, les furies orales masquant les méfiances réciproques entre girondins, entre jacobins (futurs montagnards) et les uns-vis-à-vis des autres sans oublier les sections sans-culottes, la commune de Paris tiraillée entre une mairie plutôt girondine et des assemblées plus radicales. Ainsi sur le papier, le Roi aurait-il pu tirer parti de ces effervescences multiples y compris lors de son procès mais comme pour la période allant de juin 89 au 10 août 92, plus personne n’avait prise sur rien. Louis XVI pouvait charger Radis de Sainte-Croix d’acheter certains acteurs ceux-ci n’étaient que des individus : aucun n’avait une clientèle à l’inverse de l’époque de la Fronde.

Le procès du Roi se déroulera dans une « position voisine de l’impeachment américain, puisque rien dans la Constitution de 1791n’avait été prévu pour le juger politiquement et qu’il fallait des preuves tangibles de sa mauvaise conduite pour engager une procédure légale -par exemple, se mettre à la tête d’armées étrangères. Le roi avait dû être réduit à une personne privée pour être justiciable, ce qui avait été l’objet de débats jusqu’aux premiers jours de décembre. Une fois le procès ouvert, la Convention se trouve dans un cas de figure échappant à la justice ordinaire. Il n’y a plus de légalité au sens strict, faute de Constitution, seule reste la légitimité née de l’insurrection du 10 août, c’est-à-dire la Révolution. »1Et c’était bien là le problème !

Révolution : pour certains il fallait donc exécuter Louis Capet au nom de l’insurrection, pour d’autres, il fallait y mettre les formes d’où le procès. Si la Gironde parvient à mettre en place le jugement du roi, c’est dans une assemblée de « 700 hommes en colère » que Jean-Clément Martin répartira en six groupes : « les légalistes, les progressistes, les républicains, les hésitants, les intransigeants, les tyrannicides »2 où le roi n’est plus que le catalyseur de tous les emportements et les ardeurs. C’est la seconde tragédie pour Louis XVI, un martyr qui explique sans doute pourquoi, il ne parut pas acteur de son procès.

« Le jugement du roi est bien la partie visible de la lutte entre groupes révolutionnaires pour déterminer le sens de la République à venir et délimiter les parts respectives des hommes du 10 août, des Jacobins et des Girondins. »3

Comment analyser les votes qui scellèrent le sort du roi qui devait disparaitre sans que soit levée « l’opposition entre le projet girondin, celui d’une république républicaine, et le projet jacobin, qui serait plutôt celui d’une révolution mystique et romantique […..]Les Girondins voulaient supprimer la fonction et le symbole monarchiques, sans toucher éventuellement le corps physique du roi […..], les Jacobins confondaient les deux corps du roi, la personne physique et la personne politique, ce qui rendait le sacrifice nécessaire»4

Cependant, si l’assemblée, toujours girondine, condamnera le roi, elle en laissera l’exécution à la commune de Paris : aucun député n’assistera place de la révolution au 21 janvier. C’est peu dire, le malaise, le je-ne-sais-quoi qui n’aurait pas dû conduire ces hommes et le roi à ce 10H22 du 21 janvier 1793.

Pensez que six mois plus tôt, au Champs de Mars, le 14 juillet 1792, Louis XVI, moins impopulaire après la journée du 20 juin, trônait pour la Fête de la Fédération !

Mystère de la psychologie des foules ? Longtemps, on crut que Varennes en juin 1791 avait détruit la royauté, mais sans doute pas. Les députés à l’instar de la France entière avaient le tournis débuté un 17 juin 1789.

Ce matin du 21 janvier ne réglera en rien les antagonismes politiques.

La chute de Robespierre le 27 juillet 1794, après celles des girondins, des hébertistes, des dantonistes, puis en 1795 la mise au pas des sans-culottes puis des babouvistes en 1796 (conjuration des égaux) marquent le début d’un Directoire réactionnaire qui règle ses comptes avec le peuple appelé aux armes en juillet 1789 et qui ne voulait plus les rendre. La révolution bourgeoise des 17-23 juin 1789 faillit périr corps et bien entre 1793 et 1794 avant de reprendre pas à pas les rênes quitte à, comme l’écrivent si bien Marc Belissa et Yannick Bosc dans leur ouvrage, à assumer un Directoire ou une « république sans la démocratie »5  pour remettre in fine les clés à un général Bonaparte, via un coup d’état financé par des banquiers franco-suisses6. La révolution bourgeoise se terminait, elle s’installait dans les palais des lys et ne les quitterait plus jusqu’à nos jours : tous les régimes qui se succédèrent furent entre leurs mains. La bourgeoisie, on l’oublie, est une classe sociale d’une violence extrême voire totale qui n’a rien à envier à des « rouges » ainsi les répressions, le 10 juin 1848, en mai 1871 contre la Commune.

Ce détour pour revenir à cette Exécution du roi que Jean-Clément Martin a exploré, décortiqué avec rigueur, se frottant à l’impartialité, rappelant le premier destin des grandes phrases qui, au départ, tombèrent à plat, avant que la postérité ne les relève et ne les place aux frontispices. Il reste sur une conclusion interrogative sur cet après républicain du 21 janvier : « l’urgence du moment, l’incapacité de penser autrement le lien social et les ambitions personnelles peuvent expliquer ce résultat ambigu dont nous avons hérité. » Mais est-ce la République qui en sort renforcée ou bien une classe sociale ?

Terminons en notant qu’entre 1792 et le début du Consulat, la France a vécu certes avec des gouvernements, des organes collectifs (Comité de Salut Public, Directoire, Consulat) mais sans un chef de l’Etat, un Président de la République : peut-être est-là que se situe le point culminant de cette Révolution : ni dieu, ni maître ? et qu’il fallait donc la tête d’un roi ?

 

 In Seriatim 4 décembre 2020:

http://www.seriatim.fr/2020/12/sept-jours-17-23-juin-1789-par-emmanuel.html

 

 Notes :

1-    In Martin (Jean-Clément) L’exécution du roi, Paris, Perrin, 2021, p. 255

2-    Ibid., chapitre 6

3-    Ibid., p. 223

4-    Ibid., pp. 317-318

5-    Belissa (Marc, Bosc (Yannick) : Le Directoire -La république sans la démocratie, Paris, La fabrique éditions, 2018 ;

6-    Sur le coup d’état de brumaire et son corollaire la création de la banque de France, banque privée jusqu’en 1936, on lira les mémoires du comte Mollien, ancien secrétaire du chancelier de Maupeou célèbre pour la réforme des parlements décidée par Louis XV.

Jean Vinatier

Seriatim 2021