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jeudi 28 avril 2022

Le cloître des ombres par Jean-Claude Schmitt N°5856 16e année

« Imaginez qu’une foule d’esprits malins vous cerne. Vous ne les voyez pas, ou à peine, mais vous les entendez débattre entre eux des pièges qu’ils s’apprêtent à vous tendre. Ils s’emparent de votre corps, vous font parler, tousser, grogner, vous gratter malgré vous, déplacent à leur guise votre main ou votre pied et font même se mouvoir les cadavres. Telle fut l’expérience de l’abbé Richalm et d’une poignée de moines cisterciens de Schöntal, en Allemagne du Sud, vers l’an 1200. La récente découverte de leur prodigieux dialogue sur les démons, le "Livre des révélations", jette une lumière totalement nouvelle sur les croyances et plus largement sur la culture et la société de l’époque médiévale, tout en nous faisant partager l’angoissant confinement de ces hommes et des démons dans l’espace exigu d’un monastère. Le cloître des ombres rend compte de ce cas stupéfiant, en combinant les approches de la microhistoire et de l’anthropologie sociale et culturelle, et, en offrant pour la première fois, une traduction dans une langue moderne d’un témoignage sans équivalent sur la puissance des démons. 

 Conférence de Jean-Claude Schmitt, Gisèle Besson, et discussion animée par Loïc Pierrot.

Sommaire :

 - 0:00 : L’expérience des démons de l’abbé Richalm

 - 24:14 : La traduction du "Livre des révélations"

- 37:27 : La trajectoire de l’œuvre de Jean-Claude Schmitt

- 43:02 : Antisémitisme au Moyen Âge ?

 - 48:24 : Le témoignage de Richalm a-t-il une portée morale ?

- 58:47 : Questions du public

En savoir plus : https://www.chartes.psl.eu/fr/cloitre...

Jean Vinatier

Seriatim 2022

 

lundi 25 avril 2022

Macron/Le Pen : 2022, 2027, 2032…etc N°5855 16e année

 Plus jamais ce duo ? L’engrenage parait bien huilé, chacune des parties trouverait son intérêt :  rente politique pour la famille Le Pen, assurance pour les soutiens macronistes. La démocratie française est désormais bloquée, évidée, déconstruite segment par segment avec le concours autant des électeurs de la droite que ceux de la gauche convaincus d’empêcher tous les cinq ans, la bête d’arriver à la charge d’Augustus alors même que ces derniers confortent celui qui les enserre chaque fois davantage.

En réalité Marine Le Pen et Emmanuel Macron ont une responsabilité égale dans ce cheminement dramatique. D’abord Marine Le Pen parce qu’elle ne montre jamais sa volonté de vaincre, se contentant d’opposer, de sourire. C’est quelque chose que les gens sentent ou devinent. Même pour un militant RN, douter que sa présidente ait envie d’entrer à l’Elysée a un effet négatif plus large qu’on ne le pense. Sa campagne de 2022 a été une presque non-campagne. Ensuite Emmanuel Macron, même si l’on fait fit de son arrogance, de son mépris, sa mécanique, cynique et vicieuse, lui permet d’installer un despotisme, qui pourrait aller jusqu’à la dictature (au sens romain du terme), sans rien toucher aux décors institutionnels et démocratiques : simplement les celles et ceux qui gèrent et géreront les scénographies sont/seront remplacées par d’autres, par exemple, les cabinets de conseil, les lobbies…etc

Sous couvert d’une béatitude européenne et d’une soumission aux vues anglo-américaines libérales globalistes, à laquelle une partie de la gauche adhère, Emmanuel Macron dépose et repose les pierres souveraines françaises mais creuses. Hier soir au Champ de Mars où se termina la liberté gauloise (défaite des Parisii face à Rome), il se fit naturellement le chantre de tas de choses plus inquiétantes les unes que les autres qui ne  perturbera son électorat  reposant sur deux piliers : les jeunes 18/24 ans (trottinettes)  et les retraités (déambulateurs) c’est-à-dire celles et ceux qui ne sont pas entrés dans la vie active et celles et ceux qui l’ont quittée, entre les deux une France active généralement hostile à Emmanuel Macron sauf une partie très urbaine, très connectée et volontairement acculturée politiquement choisissant réellement de ne voir que leur pognon et leur adhésion à un ordre mondial Atlantique, sous couvert d’amour pour les migrants, les animaux, les herbes folles, gage de leur sécurité financière.

On a donc ce paysage assez exceptionnel d’un Chef de l’État dont les piliers reposent majoritairement sur les Français hors vie active. C’est là un problème. Ce n’est pas normal. C’est vrai mais si l’on se place sous le seul angle de la possession étatique et gouvernementale pour imposer une idéologie, un programme, ces deux piliers là sont très pratiques avec la minorité active, de gauche comme de droite, jouant le rôle balancier au second tour contre « la bête », elle aussi bien domestique.

On voit bien de quelle façon les institutions et la vie démocratique se dévoient sous la férule d’acteurs qui obéissent à des objectifs précis, clairs qu’ils ne cachent pas au public sans que ce public citoyen ne regimbe et s’il le fait comme nous le vîmes en 2018/2019, les forces d’un ordre policier et judiciaire s’abat impitoyablement, les lois liberticides suivant la matraque. Ce quinquennat a pu aller très loin dans la prise de contrôle des citoyens par COVID interposé (passe vaccinal, passe sanitaire, demain passe social à l’échelle européenne). Sur ce point la France et l’Europe se sinisent parfaitement avec la bénédiction des 1% et des urbains trottinettes.

Au-delà des répressions se greffent l’utilisation des diversités françaises par l’actuel chef de l’Etat pour accélérer la segmentation nationale sous couvert d’un idéal européen que ni  les Allemands ni les américains ne veulent. Ces diversités (ethniques, religieuses, sociétales…etc) parmi elles LGBTQ+ jouent un rôle dynamique parfaite dans l’atomisation de l’individu sous couvert d’amour des autres, de respect. Elles sont la distraction et nourrissent l’émotionnel du quotidien qui balaie le national (le collectif) au profit de la personne. Question pourquoi Berlin et Washington laissent opérer le discours d’Emmanuel Macron ? Tout simplement parce que la dilution française y est vue positivement :  pour l’Allemagne, l’assurance de plus avoir de concurrence, pour les États-Unis la certitude de la fin de l’exception française (parenthèse gaulliste). Question : Emmanuel Macron est-il conscient de ce qu’il fait ? Oui mais il est lui-même sevré…

Ce paysage politique français désastreux l’est encore plus faute d’alternative. L’atout maitre des dirigeants présents étant de faire leur la phrase de Margaret Thatcher : « There is no alternative (TINA) ». La France est en même temps dans une situation de blocage démocratique et de déconstruction nationale méthodique et perverse. La construction nationale commencée autour du XIIe/XIIIe siècle sur deux piliers, liberté et indépendance que la Révolution voulut renouveler sous le coup d’idées nouvelles qui infusaient depuis la Réforme, est, présentement une ruine/désert que l’on visite comme le XVIIIe siècle su la mettre en scène (désert de Retz). (Lire l’Histoire universelle des ruines d’Alain Schnapp).

Ruine est le maitre mot sans que cela nous plonge dans un état d’abandon. Il faut au contraire dépasser la ruine, le désert et construire quelque chose de neuf, de plus fort. L’échec de la campagne d’Eric Zemmour refusant de proposer une nouvelle histoire nationale est symptomatique de l’impuissance des idées souverainistes qui n’ont plus dans la besace que la nostalgie, la mélancolie.

Pour clore très temporairement ce lendemain présidentiel tragique et face aux années immenses dans lesquelles nous entrons : marchons et bâtissons. Au début ce ne seront que des vagabonds (philosophes errants et non des mendiants), ensuite viendront le cortège qui prendra forme. Il faut faire en sorte que les ruines d’aujourd’hui deviennent les pavés (routes) de demain. Cette déconstruction française qui s’opère quand l’aire Atlantique (États-Unis/Europe) essaie de se réapproprier l’Asie, les prolégomènes sanglants étant la guerre en Ukraine doit débuter notre réappropriation mentale pour reprendre notre liberté qu’un système qui se dit démocratique sinon nous confisque, nous censure.

Jean Vinatier

 

 

 

Seriatim 2022