Info

Nouvelle adresse Seriatim
@seriatimfr
jeanvin22@gmail.com



vendredi 8 novembre 2024

Ukraine : les roueries de Trump N°5709 18e année

 Crise allemande officialisée, la minute « after » de Macron sur les herbivores et les carnivores, propos comique de Hollande sur le « couple franco-allemand », le premier ministre hongrois faisant face à la fronde de certains européens à Budapest…bref une Europe claironnante en débandade avant même d’enfourcher un canasson quand Donald Trump a laissé filer quelques idées pour clore le conflit en Ukraine.

L’irénisme du 47e POTUS s’arrête là où commence les intérêts américains, des intérêts autant géo-économiques que géopolitiques. Les USA et leurs fonds d’investissement ont prêté de l’argent à l’Ukraine en s’assurant de solides garanties à la manière des européens quand ils avançaient des finances à l’empire ottoman (je te prête 100 et je garde, en garantie, les recettes des douanes…etc), ont fourni des armes en échange de contrats et le tout à l’avenant. Pas plus demain qu’hier, il n’est question d’un éloignement américain du champ ukrainien. La maxime de Trump serait de maintenir un antagonisme ou méfiance russe vis-à-vis des européens et vice-versa, de trouver avec Poutine des accommodements pour se l’attacher comptant sur la méfiance moscovite vis-à-vis de Pékin. Le 47e POTUS change les mots pas le texte fondateur.

Quand Donald Trump propose l’adhésion immédiate de l’Ukraine à l’Union européenne: il s’agira d’appâter Bruxelles satisfaite de son extension tout en la mettant face à la Russie, l’Ukraine serait de facto séparée en deux à l’instar de la Corée ayant sur son sol « un corridor de sécurité » ou zone tampon à la charge militaire et financière des européens. La promesse de non-adhésion à l’OTAN pendant 20 ans est une habileté de langage tellement les contrats de fournitures d’armement impliqueront des foules de conseillers militaires s’ajoutant à des accords périphériques. Ce serait une façon pour Trump de peser sur la Russie, d’envelopper les européens. Les deux soucis de Trump sont donc de maintenir les européens en lisière, de ramener un tant soit peu la Russie vers lui mais sans faciliter un rapprochement de celle-ci avec l’Union européenne. Quant à l’Ukraine, elle serait réduite à peu de chose mais ne subirait plus la guerre.

Si les européens avaient une once d’intelligence et surtout cessaient de porter des lunettes américaines sur le nez, ils travailleraient à une Ukraine neutre comme le firent leurs ancêtres au Congrès de Vienne en établissant celle de la Suisse (1815). Pour l’heure les européens se focalisent sur la défaite russe regardant les ukrainiens comme ils voyaient les grecs face aux ottomans dans les années 1820. L’Union européenne joue contre elle-même et sans avoir aucune garantie d’être associée aux négociations par les américains lesquels préféreront être les seuls maitres du stylo entre Moscou et Kiev.

A suivre

Jean Vinatier

Seriatim2024

jeudi 7 novembre 2024

Habemus POTUS…..N°5805 18e année

 L’Union européenne était-elle la seule à ne pas considérer la possibilité d’une victoire de Donald Trump ? Le matraquage anti-trump a fonctionné en France de manière aussi éhonté que pour le référendum de 2005. Il était décidé que Kamela Harris était la désirée quand Donald Trump était le honni…Il fallait voir les tronches des présentateurs, des spécialistes et autres personnages qui nous vendent une Amérique imaginaire à l’instar de la mairie de Paris qui impose sa vision Potemkine de notre capitale ! Mais le pire tient dans ceci : aucun de ces propagandistes ne disparaitra des écrans, tous retomberont sur leurs pattes, continuant à reprendre d’une façon ou d’une autre l’endoctrinement…A cet égard la précipitation d’Emmanuel Macron à s’animer devant Donald Trump était pathétique, cela a suffi pour qu’aussitôt cette petite cour médiatique lui dresse un portrait de pourfendeur et de chef de la ligue européenne…Il y aura une tentative européenne de revendiquer une autonomie , les pro-fédéralistes pro-américains fourbissant leurs armes pour défier le 47e POTUS, tout se terminera en opéra-bouffe, pas plus Trump que Harris ne voulant d’une Europe libre, l’Europe ne devant être qu’un espace de transit…les USA nous reprochant deux guerres mondiales : ont-ils tort ?

Autre chose : les Français suspendus au résultat de l’élection présidentielle américaine comme si nous étions une colonie ou une possession à statut singulier. Mais quelque part, ne sommes-nous pas une part contrainte aux USA ? Il suffit de regarder dans les rues de Paris comment l’américain s’impose, d’ici dix ans la mairie de Paris ne communiquera plus que dans cet idiome….

Pour revenir à l’élection américaine, nous pouvons dire que quelque part, il y a la revanche sur les événements de janvier 2020 lors de la prise du Capitole…Donald Trump par son élection confortable légitime tout ce qu’il a dit à la fin de la campagne de 2019 et de ce qu’il a affirmé ensuite, preuve s’il en était qu’il a convaincu les classes populaires et les grands électeurs. Du côté démocrate, on paie le prix fort de l’abstention de l’électorat de Bernie Sanders et du double langage durant les événements abominables à Gaza : menacer le premier ministre israélien tout en lui fournissant armes et finance…Les campus américains véritables rampes de lancement des démocrates ont été d’un grand silence. Il n’y a que les européens et les français qui croient que la prise de position d’une vedette hollywoodienne et d’un intellectuel new-yorkais est acclamée. L’Amérique profonde déteste cela !

Donald Trump n’aura qu’un seul souci, les Américains, de bons accords commerciaux et maintenir l’unité nationale hors de toute dilution dans un mondialisme vanté par ses adversaires. Rien de fondamental en bougera hors la réaffirmation de la prééminence messianique de l’identité américaine préservée du reste du monde de toute corruption. L’élément religieux constamment négligé doit être rappelé tellement il est un moteur. Pour le reste, si Donald Trump fait cesser le massacre entre russes et ukrainiens tout comme celui des palestiniens, qui le lui reprochera ? Personne.

Tant que le monde continuera à garantir aux USA le refinancement permanent de leur dette abyssale, le dette croitra appuyée par des flottes et des bases partout dans le monde pour le cas où certains ne comprendraient pas le monde clos. Les BRICS sont loin encore de peser, il faudra beaucoup de temps avant de se structurer géopolitiquement et que leurs membres cessassent de se rivaliser, la fabrication d’une prise de conscience commune intercontinentale s’appuyant sur une charte n’a rien de l’évidence.

L’élection pour un second mandat de Donald Trump retarde ou cache les grandes disparités et sécessions sociologiques à l’intérieur des États-Unis, le 47e POTUS aura donc devant lui un travail titanesque. La victoire d’une Kamela Harris (candidate, rappelons-le parce que celle de Michelle Obama n’a pu se faire) favorisant une très partielle dilution identitaire américaine dans le mondialisme aurait secoué par des accélérations et un bellicisme extérieur. Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche fait penser au parachutiste (je le fus) sautant dans le vide ayant la sensation pendant un moment de planer avant que le sol ne lui arrive en pleine gueule….Quoi que l’on pense de Donald Trump sa victoire rappelle que l’identité nationale n’est pas une construction vaine et ce vent d’Amérique abordera le continent européen…

 

Jean Vinatier

Seriatim2024

 

vendredi 4 octobre 2024

Les multiples imaginaires de la nation américaine : Entretien avec Rachel St.John N°5804 18e année

 

« Rachel St. John explore les divers projets de construction nationale qui se sont disputé la légitimité et les territoires à travers le continent américain au cours du XIXe siècle, mettant en lumière la diversité de l’histoire politique et le caractère contingent de l’idée de nation.

Rachel St. John est historienne de l’Amérique du Nord et des États-Unis au XIXe siècle. Originaire de Californie, elle a obtenu sa licence et son doctorat à l’université de Stanford. Elle a enseigné à l’université de Harvard et à l’université de New York avant de retourner en Californie pour devenir professeur associé d’histoire à l’université de Californie, à Davis, en 2016. Son premier livre, Line in the Sand : A History of the Western US-Mexico Border, a été publié par Princeton University Press en 2011. Elle termine actuellement son deuxième ouvrage, The Imagined States of America : An Unmanifest History. Ce récit de l’Amérique du Nord au XIXe siècle explore la diversité des projets de construction nationale qui ont concouru pour obtenir la légitimité et les terres à travers le continent pendant cette période critique de transformation politique. En mettant en lumière la diversité de l’histoire politique nord-américaine et le caractère contingent de l’évolution de la nation et de sa définition, ce livre remet en question les récits qui considèrent l’essor et la domination des États-Unis comme allant de soi.

La Vie des idées : Quelle est l’importance de la vision de la nation américaine en tant qu’entité cohérente et unifiée, tant dans le monde universitaire que dans les récits destinés au grand public ? Quelles formes prend-elle ?

Rachel St.John : Les Américains, que ce soit dans les universités, dans les manuels scolaires ou dans la culture populaire, ont tendance à considérer le XIXe siècle comme le moment où les États-Unis sont devenus adultes. Il s’agit donc d’une histoire centrée sur la croissance de la nation, sur l’idée que les États-Unis sont nés en 1776 et que le XIXe siècle est le moment où ils deviennent autonomes.

Et cela a beaucoup à voir avec l’expansion. Elle est également confrontée à la crise de la guerre civile américaine. À ce moment-là, on a l’impression que soit la nation va mourir, soit elle va continuer, mais elle survit. C’est ainsi que les États-Unis acquièrent leur maturité en tant que nation. Ce que l’on peut voir à la fois dans les ouvrages universitaires et dans la façon dont nous célébrons le 4 juillet aux États-Unis.

Cela donne l’impression que les États-Unis ont toujours été une seule et même chose. C’était presque comme une personne : elle pouvait grandir ou mourir, mais elle restait toujours la même. Et cette croissance est naturelle. Je pense que c’est un élément fondamental de la manière dont nous envisageons l’histoire des États-Unis au XIXe siècle. Or, je ne pense pas que ce soit tout à fait exact.

Au lieu de cette histoire unique, je me suis intéressée à la grande variété d’idées sur les types de nations qui ont pu être maintenues ou créées dans l’Amérique du Nord du XIXe siècle. Il s’avère que ce fut un espace qui a inspiré toutes sortes d’idées sur les différents types de formations politiques nationales. Nous avons ainsi des nations indigènes indépendantes.

Il y en a beaucoup qui existent avant la naissance des États-Unis, et qui évoluent et persistent tout au long du XIXe siècle. Mais il y a aussi toutes sortes de personnes du monde entier qui viennent en Amérique du Nord et qui projettent leur propre idée de l’Amérique du Nord en tant qu’espace où ils peuvent créer des nations. Certaines de ces personnes viennent de l’intérieur des États-Unis : des groupes comme les mormons, les membres de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, qui ne se sentent pas pleinement intégrés aux États-Unis. Imaginez la création d’une théo-démocratie. Les Afro-Américains réduits en esclavage et privés de droits envisagent de former eux-mêmes des nations noires aux États-Unis. Il y a donc toutes sortes de personnes différentes qui sont capables d’imaginer des nations alternatives en Amérique du Nord. Et plus je regarde l’Amérique du Nord du XIXe siècle, plus je vois que c’est véritablement cela l’expérience normative, et non la création de ces énormes nations hétérogènes qui s’étendent sur tout le continent. Personne n’aurait imaginé cela au tout début du XIXe siècle.

Dans le livre que j’écris en ce moment, intitulé The Imagined States of America : The Unmanifest History of Nineteenth-Century North America , je cherche à remettre en question ces récits globaux de l’histoire américaine pour mettre l’accent sur la contingence dans les diverses créations d’une nation, en examinant ces différents groupes de personnes qui ont été impliqués dans les projets de création d’une nation en Amérique du Nord au XIXe siècle.

La Vie des idées : Vous proposez une histoire de la construction de la nation américaine qui se concentre sur l’intersection de divers projets, plutôt que sur l’idée classique d’un projet américain téléologique unique. Quels autres imaginaires non manifestes se sont hybridés et ont contribué à façonner les États-Unis ? »

La suite ci-dessous :

https://laviedesidees.fr/Les-multiples-imaginaires-de-la-nation-americaine

 

Jean Vinatier

Seriatim2024

mardi 1 octobre 2024

La violence de l’extrême centre: le Macronisme est une vieille recette ! par Pierre Serna N°5803 18e année

« Pierre Serna est professeur d'histoire de la Révolution française à l'Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre de l'Institut d'histoire de la Révolution française et de l'IHMC. Théoricien de l'extrême centre, il raconte comment depuis la révolution, cette conception du pouvoir s'est développée, pour aboutir à sa forme chimiquement pure aujourd’hui avec le macronisme. Loin d'être une position neutre et raisonnable, cet extrême centre se distingue par son girouettisme chronique et sa brutalité dans l'exercice du pouvoir, tout en se réfugiant derrière une dénonciation bien hypocrite des "extrêmes" de gauche et de droite. »

https://www.babelio.com/livres/Serna-Lextreme-centre-ou-le-poison-francais-1794-2019/1150252

Jean Vinatier 

Seriatim2024

lundi 8 juillet 2024

La gauche sauve la gauche N°5802 18e année

 

Le front républicain est rodé, la diabolisation du RN fonctionne très bien …Emmanuel Macron, qui a compris qu’il offrait sa tête sur un plateau par sa dissolution soudaine, a su détourner l’attention publique contre le RN  !

Quoi que battu une seconde fois en un mois, il se flattera de l’échec du RN. A partir de là, il combinera comme il pourra avec les femmes et les hommes éblouis par les gyrophares ministériels.

La lecture originale des institutions de la Ve République voudrait qu’Emmanuel Macron se retirât. Or, depuis 1986, date à laquelle François Mitterrand, battu aux législatives, refusa de se démettre, , il ouvrait la voie au détricotage jamais démenti depuis 38 ans, ses successeurs se gardant bien d’y remédier.

La gauche sauve la gauche ? Oui, car Emmanuel Macron, Gabriel Attal et tant d’autres viennent des rangs de la gauche, une bonne partie des élus macronistes le sont également. L’activation du front républicain se trouvait d’autant plus aisé que leurs acteurs étaient de la même maison sans être du même étage…A ce front s’ajoutèrent la peur et une mise en scène médiatique couronnée par la pose de grilles géantes devant des magasins emblématiques, dans des lieux connus. A cela n’oublions pas les instituts sondagiers dont l’erreur pose réellement question. On le peut sans devenir complotiste. Se tromper avec cette ampleur, s’il est le fait de l’incompétence, les licenciements collectifs s’imposeraient, si tel n’était pas le cas, nous serions dans une vaste manipulation de l’opinion publique entachant l’exercice noble de la démocratie. Fascinant ce moment où la forte participation équivalente des deux tours a vu le basculement de l’électorat preuve s’il en était de l’efficacité du conditionnement émotionnel déjà bien établi lors du COVID…

Ce front républicain réussit car le RN pose aussi question : sur sa capacité à trouver des candidats crédibles (certains ne figuraient même pas sur les affiches) , à tenir son programme (il le détricota au quotidien entre les deux tours), son erreur à passer par les médias. Il est étrange que ce parti n’étudie pas la tactique et la stratégie de Donald Trump qui l’emporta en 2020 en passant par-dessus les groupes médiatiques….

Maintenant : un tel barouf pour arriver à cette bouillie de chat ! Aucun groupe n’obtenant la majorité absolue, trois blocs presque égaux…Trois blocs dont nombre d’élus l’ont été avec des voix de leurs opposants directs. Ainsi Ruffin passé de « Merci patron à merci Macron » !!!, Elisabeth Borne avec le report de ses pires ennemis, Hollande élu grâce à la droite…etc.

Ce jour, la gauche a sauvé la gauche comme en 2017 et en 2022, la droite par le maintien plus qu’honorable des Républicains mais aussi par la résistance de centristes de droite pro-Macron (UDI, Horizons, MODEM) qui se tiennent les uns les autres empêchant l’émergence d’une nouvelle droite, de facto se bloque ou se neutralise, le RN se laissant toujours caractériser sur les plateaux de parti d’extrême-droite.

La Ve République reste ce qu’elle est avec désormais des tactiques  de la IVe République. Si Emmanuel Macron battu deux fois en un mois avait de la hauteur, il démissionnerait. Quand bien même le voudrait-il, celles et ceux qui le mirent en place craignant la venue d’un néo-Mélenchon, ils le décourageraient. Cette semaine, il sera aux USA pour l’OTAN où on lui dira les bons rails (sans jeu de mots) !!!

S’ouvre une année de fragilité générale, les JO étant la parenthèse ludique d’un bas-empire…avec un nouveau gouvernement au sens large, bric et broc, bouc et bique donnant des gages  à l’intérieur comme à l’extérieur…La France entrant dans les basses eaux quand l’eau monte !!!

Jean Vinatier

Seriatim2024