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dimanche 5 février 2023

L’Indo-Pacifique français en 2022, retour sur une année charnière par Paco Milhiet N°5623 17e année

 « Stratégie nationale et réalités locales ne se superposent pas systématiquement dans l’Indo-Pacifique français. Si les collectivités françaises de l’Indo-Pacifique sont amenées à devenir une composante importante des relations internationales françaises, celles-ci doivent être considérés dans leurs spécificités, pas seulement pour leur intérêt géostratégique. Les organismes, institutions et think tanks français doivent en conséquence se spécialiser sur ces problématiques par un travail de formation et de sensibilisation indispensable, mais aussi en valorisant les compétences existantes notamment dans chaque collectivité d’outre-mer. Un tableau inédit par Paco Milhiet, auteur de « Géopolitique de l’Indo-Pacifique. Enjeuxinternationaux, perspectives françaises », préface de Christian Lechervy,éditions Le Cavalier bleu. »

« VASTE REGION géopolitique englobant les deux océans éponymes, l’Indo-Pacifique est surtout un concept des relations internationales développé depuis le début du XXIème siècle par plusieurs chancelleries (Japon, Australie, Etats-Unis, Inde, ASEAN etc.) dont le but, plus ou moins affirmé, est de répondre au développement thalassopolitique de la République Populaire de Chine.

Depuis 2018, Emmanuel Macron a formalisé une stratégie de l’Indo-Pacifique français pour légitimer et crédibiliser le statut de la France en tant que puissance régionale. Une opportunité pour la diplomatie française de valoriser ses attributs de puissance diplomatiques, culturels, économiques et militaires dans cette vaste région.

Néanmoins, en 2021, le narratif français semblait fragilisé. Au niveau international, la rupture stratégique franco-australienne, conséquence directe du renoncement australien d’acquérir 12 sous-marins auprès de Naval Group, constitua un véritable camouflet pour la diplomatie française et provoqua une crise diplomatique sans précédent avec les gouvernements australien et américain, deux partenaires majeurs dans la zone. À l’échelle locale, le troisième référendum d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie fut massivement boycotté par les populations kanak, prémices d’une séquence de crise politique qui n’en finit plus sur le « Caillou », territoire hautement stratégique et pierre angulaire de la stratégie française dans la zone. Dans les autres collectivités françaises de l’Indo-Pacifique (CFIP), la crise sanitaire liée au Covid 19 accentuait une situation sociale déjà précaire et suscitait un mécontentement populaire de mauvais augure pour la majorité présidentielle.

L’année 2022 était donc celle de tous les dangers pour la stratégie indo-pacifique française. Elle fut riche en événements : réconciliation post-AUKUS, diplomatie française proactive, projections militaires, élections présidentielles en demi-teinte dans la zone pour le Président, crise sociale et migratoire à Mayotte, incertitudes statutaires et juridiques en Nouvelle-Calédonie…

Si la France a enregistré plusieurs succès diplomatiques indéniables, donnant du crédit à son statut de puissance riveraine de la zone (I), des crises endémiques dans les CFIP viennent parfois mettre à mal un récit géopolitique largement initié depuis Paris, souvent en décalage avec le contexte local (II).

I. 2022, une diplomatie française proactive en Indo-Pacifique »

La suite ci-dessous :

https://www.diploweb.com/L-Indo-Pacifique-francais-en-2022-retour-sur-une-annee-charniere.html

 

 

Jean Vinatier

Seriatim 2023

mardi 31 janvier 2023

Dans le nord de la Syrie, les rivalités régionales réveillent l’organisation de l’État islamique par Ledegancke et Ali N°5618 17e année

 

« India Ledeganck, anthropologue, est retournée dans le nord et l’est de la Syrie après un premier séjour de presque deux ans. Cette fois-ci, elle s’est rendue à Tal Rifaat, dans le nord-ouest, un enclave toujours contrôlée par les Forces démocratiques syriennes (FDS), mais contrôlée au nord par les milices syriennes pro-turques et l’armée turque qui contrôle la province d’Afrin, dont la plupart des habitants kurdes se sont réfugiés notamment à Tal Rifaat. Pour accéder à Tal Rifaat par l’est, il faut passer par les checkpoints tenus par le régime syrien, ce que très peu de journalistes prennent le risque de faire. Elle l’a fait. Voici son récit, assez inédit dans une région toujours en guerre. »

« La famille qui nous a accueillis à Shehba, canton de Tal Rifaat, est originaire d’Afrin, région envahie par l’État turc en 2018. Comme 300 000 autres exilés, ses membres se sont enfuis après l’occupation de leur ville. Ils habitent actuellement dans une maison qui leur a été fournie par l’Administration autonome du nord-est de la Syrie (Aanes), qui coordonne sept régions autonomes. Selon une ONG de défense des droits humains basée à Shehba, 100 000 réfugiés d’Afrin sont répartis dans 5 camps, dont plus de 3 700 familles à Tal Rifaat. L’aide médicale est fournie pour l’instant par le Croissant-Rouge arabe syrien et le Croissant-Rouge kurde, l’aide internationale n’étant parvenue que de manière très limitée selon les autorités locales.

La région de Tal Rifaat, située au nord d’Alep, ainsi que le quartier de Sheikh Maqsoud à Alep majoritairement habité par des Kurdes subissent un blocus particulièrement dur de la part du régime de Bachar Al-Assad depuis août 2022. Les habitants de Sheikh Maqsoud et Tal Rifaat n’ont plus la capacité de subvenir à leurs besoins de base : ou les prix sont trop élevés, ou les produits manquent. Le blocage des médicaments, du lait en poudre et du mazout aux checkpoints a des conséquences désastreuses sur la population. Les malades chroniques ne disposent plus de leur traitement et plusieurs enfants sont morts d’hypothermie ces dernières semaines, tandis que le dernier hôpital de Tal Rifaat, soutenu par la Croix-Rouge kurde, risque de fermer ses portes par manque de matériel. Le quotidien est dorénavant régi par le rationnement et la peur constante du lendemain, d’autant plus que la livre syrienne subit une inflation sans précédent.

Reprendre le contrôle de la région »

La suite ci-dessous :

https://orientxxi.info/magazine/nord-ouest-syrien-les-rivalites-regionales-reveillent-l-organisation-de-l-etat,6177

Jean Vinatier

Seriatim 2023

 

lundi 22 juin 2020

Georges Floyd : un télescopage Atlantique ? N°4954 14e année



Les ondes de choc de l’affaire Georges Floyd ont bondi, notamment, en France en prenant les habits d’Amada Traoré s’accompagnant d’une campagne de déboulonnages, de souillures de statues, de propositions de changement des noms de rue au nom de notre histoire d’esclavagiste, de colonisateur, de blanc. Certains universitaires américains s’attaquent maintenant à la musique classique car elle serait le privilège des blancs et des asiatiques…..
Ces événements surviennent lors d’une campagne présidentielle américaine dont la virulence dépassera celle de 2016 : les démocrates (et quelques républicains) déjà opposés à Donald Trump savent qu’une réélection le 3 novembre sonneraient le glas d’une présidence américaine beaucoup plus mondialiste que celle en cours. Les enjeux financiers, économiques, sociaux, démocratiques sont considérables. Cette puissance d’opposition à Donald Trump s’appuie notamment sur un levier qu’est le racisme américain consubstantiel à la naissance des Etats-Unis. Ce levier pro-afro-américain n’est pas isolé puisque toutes les minorités qualifiées de victimes ou d’oppressées tendant à composer une armée hétéroclite mais mue par ce qu’elles prétendent être. Derrière toutes ces revendications, discours et actions, agissent des fondations, des personnes richissimes les seuls à financer et à assurer une publicité, médiatique, sur les réseaux sociaux.
Quand bien même Donald Trump obtiendrait-il un second mandat, les combats pour les diversités ne disparaitraient pas pour autant. En effet, la faute originelle américaine aurait été triple : avoir été des colons, avoir été des esclavagistes puis des ségrégationnistes, avoir mis dans des réserves les Indiens, populations d’origine. On remarquera que personne ne se choque du terme « réserve » qui est à bien des égards aussi pire que la ségrégation et que les Indiens restent en dehors des « Blacks lives matter ». On notera aussi que les afro-américains pourraient être vus par les Indiens comme des colons (contraints ou involontaires) au même titre que les Européens du Mayflower !
On soulignera aussi que décrochage de portraits de confédérés présents au Capitole  ne gênait aucun démocrate jusqu’à ce jour et que Barack Obama pendant ses deux mandats n’avait guère paru être sensible à une purification statuaire….Bref, cette campagne présidentielle américaine présente tous les aspects d’une offensive générale de grande ampleur englobant autant les Etats-Unis que l’Europe pour abolir, effacer, déconstruire tous les symboles des Histoires des susdits pays. Est-ce l’homme blanc qui est visé ? Serait-il question de préparer à un nouveau monde Atlantique dans lequel les nations, une et indivisibles, s’effaceraient au profit des communautarismes, des ethnies, des minorités toutes victimes et toutes bien séparées, divisées ? Il y a chez certains blancs américains le dédain de ce qu’ils sont. On pense à cette femme issue de la couche aisée qui a théorisé autour du « privilège blanc » dans une sorte de trame rédemptrice caractéristique de certaines sectes protestantes. On a depuis longtemps la théorie des genres qui sévit désormais jusqu’en Europe, de même l’implosion du modèle de couple homme/femme. Plus largement, certains esprits américains veulent recréer une autre histoire, d’autres mémoires via un bain purificateur. Les Etats-Unis sont vues comme une Terre promise mais est-elle si juste, si bonne, si pure ? Le terreau protestant, les courants messianiques que les différentes monarchies européennes avaient pris soin d’expédier par-delà les mers aux XVI et XVIIe siècles peinant déjà à émerger des guerres de religion qui durèrent, si l’on part des bogomiles (cathares) et des hussites jusqu’à l’édit de Fontainebleau de 1683 pas loin de trois siècles, ont sédimenté jusqu’à l’avènement à la moitié du XXe siècle des Etats-Unis au rang de première ou hyperpuissance puissance mondiale. Depuis 1945 les Etats-Unis ne cessèrent pas d’affronter des conflits intérieurs qui prennent aujourd’hui une expression offensive jusqu’en Europe et qui s’adhèrent à l’idée née au début du Xe siècle autour d’une unicité historique Atlantique. On assiste à la réunion explosive de questions identitaires américaines et d’une histoire  proposée comme quasi fusionnelle avec les Européens.
Sur ce point important, il faut bien se souvenir que la guerre d’Indépendance américaine puis la naissance des Etats-Unis ont été vus comme un événement par les puissances européennes d’alors comme partie intégrante de leur espace géographique ; que ces même puissances qui devinaient bien que les Etats-Unis voudraient aller jusqu’au Pacifique échafaudèrent des plans pour contenir tout développement territorial. En réalité, les cabinets politiques du XVIIIe siècle qui s’entendaient autour de l’équilibre de puissance voulaient l’appliquer au continent américain. La Révolution française a remisé ces projets. La chute de la Bastille a donc libéré également les Américains de tous les calculs européens.
Le mouvement Black Lives matter dans ce qu’il perpétue rencontre d’autres forces telluriques qui allient l’histoire et un projet sinon de nouvelle histoire d’une aire géographique lavée du pêché.
Ni l’Asie, ni l’Amérique latine, ni l’Afrique, ni l’Orient n’entrent dans cette aire, elle est bornée à l’Europe (surtout celle à façade Atlantique) et aux Etats-Unis. Un angle qui n’interpelle pas et qui, pourtant, éclaire bien que les assauts menés contre nos Histoires ramèneraient au titre de l’ouvrage de Huttington : Qui sommes-nous ?.
Les Européens et les Etats-Unis s’éloignent, ce décrochage aurait débuté en 1789, sur le plan culturel ou artistique les Américains s’émancipent du « vieux continent » au début du XXe siècle. 
Nous pourrions en reprendre conscience si les Etats européens arrivaient à s’autonomiser, à penser autrement que par le seul prisme des campus américains. Les Etats-Unis nous renvoient leurs propres maux quand l’Europe est très en peine de s’entendre sur ce qui l’unit, la fonde, la projette.
Avant même la question américaine, les féodalités surgies après l’empire romain n’étant, ni Etat, ni nation, crurent par les Croisades en Asie quelles appelèrent l’Orient définir  l’Occident.
Le Qui sommes-nous ou Qui devrions-nous être des deux côtés de l’Atlantique, est une question redoutable qu’un simple fait divers tragique démultiplié par les modernités technologiques revient en boomerang, mettant à nu bien des failles et des ambitions contraires.



Jean Vinatier
Seriatim 2020

lundi 20 avril 2020

Trump : quitte ou double… N°4887 14e année


Donald Trump fidèle à sa ligne de conduite, regarde le coronavirus comme un défi à relever quand l’Union européenne y voit d’abord une pandémie.
Face aux coalitions de gouverneurs démocrates1, la Maison Blanche laisse se développer les manifestations citoyennes demandant la reprise de la vie économique. Donald Trump entrouvre une porte populaire où des citoyens américains s’adresseraient directement à des élus démocrates forcément élitistes pour l’électorat trumpiste : des gouverneurs démocrates des côtes, Atlantique et Pacifique pratiquant l’ouverture radicale au monde et le dédain pour l’intérieur américain (les ploucs, les communautés religieuses). Les gouverneurs républicains de Floride, du Texas ont suivi le mot d’ordre du POTUS : plages et parcs bondés.
Pour l’heure, l’Europe reste l’épicentre de la pandémie bien que sur un plan virologique strict, les Etats-Unis le deviennent de jour en jour.  Sur un plan financier, la Fed et le Congrès ont plus qu’ouvert les vannes monétaires : un déferlement d’argent gratuit pour les marchés. Wall Street bondit au fur et à mesure que les Américains s’inscrivent au chômage : 20 millions en quinze jours ! Un paysage impressionnant, abyssal.
Se trouvent réunis aux Etats-Unis, au moins deux enjeux majeurs :
1-le premier électoral : si Donald Trump se moque de son adversaire démocrate, Joe Biden (Sleepy) il sait aussi que dans le cas où cet adversaire s’effondrerait totalement, surgirait ou le gouverneur de New York, Andrew Cuomo ou bien Michelle Obama : le premier est louangé pour son opposition au Président dans sa gestion du virus, la seconde jouirait de l’aura de son époux qui vient tout juste d’apporter son soutien à son ancien vice-président.
2-le second géopolitique où les tensions sont palpables. Ainsi, le limogeage du captain Crozier, pacha du porte-avions Roosevelt, est certainement en lien avec la crainte qu’aux yeux du monde, une défaillance militaire américaine ait trop visibilité. Pour Trump, un Américain passe l’obstacle, il n’y atermoie pas.
Ensuite, Donald Trump n’oublie pas un seul instant le redémarrage économique chinois. Pékin ne peut qu’approuver le choix de Washington qui irait dans le sens de la « nouvelle prospérité ». Etats-Unis et Chine ont signé, rappelons-le, une série d’accords pour réguler leurs flux économiques, se retrouveraient donc sur une ligne commune, leurs intérêts entremêlés lorsque l’Union européenne entre le marteau et l’enclume deviendrait un « champ sacrificiel » selon la fine remarque de Caroline Galactéros.
Démocrate ou républicain la brutalité de l’homme politique y est semblable, de même que l’acceptation par les Américains de la grande dureté du quotidien.
Même s’il joue gros, le quitte ou double de Donald Trump est dans une ligne somme toute classique popularisée, notamment, par Hollywood.


In seriatim :



Jean Vinatier
Seriatim 2020