Les élections européennes de mai prochain auront donc bien des
surprises. Pour la première fois les élections pour le parlement européen
susciteront un intérêt général dans les 27 pays membres de l’Union. En France,
le mouvement quasi insurrectionnel des Gilets jaunes est passé de la seule
colère fiscale à la demande politique via le RIC (Référendum d’Initiative
Citoyenne). Florian Philippot a déposé la marque « Gilets jaunes » à
l’INPI et songe à établir une liste hybride, mi- gilets jaunes, mi- patriotes
pour les élections prochaines. Une aubaine pour un homme parti du Rassemblement
National (à l’époque encore FN) et qui, hormis d jouer le chauffeur de salle sur
les plateaux télé, ne voyait aucune éclaircie pour son ambition. Les Gilets
jaunes lui entrouvrent une porte. Quand bien même son score ne serait pas
élevé, il grignoterait des voix au RN, à Debout la France et à la France
insoumise. Des petits prélèvements qui pourraient servir Emmanuel Macron, au
plus bas dans les sondages, pour lequel la perspective d’être devancé par
Marine Le Pen hante ses nuits. Cependant, l’entrée en lice de Philippot se
heurterait à la concurrence d’une autre liste Gilets jaunes conduite par le
chanteur Francis Lalanne : irait-on, alors, vers un choc frontal qui les
autodétruirait ?
On est dans les hypothèses et les conjonctures car les semaines à venir
seront lourdes d’incertitudes tant en France qu’en Europe qu’à l’International
sur des plans, politiques, économiques, financiers, géopolitiques, migratoires
et environnementaux…etc.
Il est normal que les états-majors politiques élaborent des scenarii
qui demeurent pour ce qu’ils sont et qui dépendent de tout événement.
Pour en revenir aux les Gilets jaunes, il serait tout de même très difficile
de les enfermer dans une structure politique classique s’ils sont autant insurgés
qu’ils l’affirment : peuvent-ils adhérer à un parti qui ferait le jeu d’un
pouvoir qu’ils dénoncent ? Il faudrait également que les Gilets jaunes se
répandent dans un grand nombre de pays membres de l’Union européenne pour justifier
une liste auprès des électeurs français. En l’état, et à l’exception de la Belgique,
les Gilets jaunes ne connaissent pas de mouvements aussi similaires et
puissants. Enfin, si les Gilets jaunes sont logiques avec leurs débuts :
ni Dieu, ni maître, pourquoi se ranger sous une bannière qui les marquerait politiquement ?
Emmanuel Macron et Florian Philippot, deux hommes politiques largués se
retrouveraient ironiquement à se partager
une planche pour surfer sur l’écume d’une vague Gilets jaunes qui pourraient
tout autant les précipiter sur les récifs que de les amener vers des rivages
plus ou moins hospitaliers…
A voir….
Jean Vinatier
Seriatim 2018