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mercredi 26 octobre 2022

Le capitalisme peut-il verdir ? par Guillaume Delafosse N°5906 16e année

 Pour La vie des idées, Hélène Tordjman, La croissance verte contre la nature. Critique del’écologie marchande, La Découverte

“Peut-on sauver la planète en restant capitaliste ? Hélène Tordjman soutient que ce n’est pas possible, et que pour préserver la nature, il faut sortir du capitalisme - une tâche difficile !

En mai dernier, lors de leur remise de diplômes et en lumière du désastre environnemental qui menace, des élèves d’AgroParisTech ont appelé à « déserter ». Déserter, c’est-à-dire refuser de participer au monde qui leur est promis – celui des entreprises de l’agro-industrie – quand bien même le « défi de la transition écologique » et les outils pour le « relever » ont été abordés dans leur formation. Dans cet extrait amplement commenté dans la presse et sur les plateaux télés, ces jeunes ingénieurs estiment que ces solutions qu’on leur a enseignées n’en sont tout simplement pas, et ne font que permettre au système qui détruit la planète de perdurer, dans un mode business as usual. Alors qu’une fois de plus le GIEC tire la sonnette d’alarme, la nouvelle génération souhaite des changements radicaux. Pensant que partout « l’agro-industrie mène une guerre contre le vivant » et que les « évolutions technologiques ne sauveront rien d’autre que le capitalisme », ces diplômés estiment ne pouvoir mener ce combat qu’en quittant le système.

C’est cette même critique qu’Hélène Tordjman étaye dans son livre La croissance verte contre la nature. Critique de l’écologie marchande, portant sur l’impasse des solutions techniques et marchandes pour la préservation de l’environnement. Elle y analyse les politiques environnementales (climat, biodiversité), les principes qui les fondent et les réglementations qui les appliquent. Son travail se place sous la double tutelle de la critique de la technique et du capitalisme, chaque chapitre pouvant se lire comme l’application d’un concept hérité de ces traditions. D’une plume acerbe et ironique, l’autrice ne cesse de poser cette question, pour elle toute rhétorique : le capitalisme technique étant la cause de la crise environnementale, comment pourrait-il en être la solution ?

Impérialisme vert, stade ultime du capitalisme »

La suite ci-dessous :

https://laviedesidees.fr/Le-capitalisme-peut-il-verdir.html

Jean Vinatier

Seriatim 2022

 

mardi 25 octobre 2022

éMotions gouvernementales N°5905 16e année

C’est un joli coup que Marine Le Pen a opéré hier à l’assemblée nationale en décidant avec son groupe de voter la motion de censure proposée par la NUPES. Évidemment Les Républicains se sont abstenus et non même pas rédigé leur propre motion …Le vote RN a ôté leur voile. A gauche, le choix de Marine Le Pen a surpris, déconcerté et gêné : Alexis Corbière a rappelé le violent discours de Jean Marie Le Pen contre Pierre Mendés-France…En fait la gauche est toute contrite par cette manœuvre qu’observe bien l’Élysée qui pourrait lui permettre de repêcher « des fronts républicains ». Marine Le Pen en disant « chiche » à une dissolution a jeté également sa pierre dans le jardin d’Emmanuel Macron qui en faisait son bilboquet politique. Le fond de l’air est protestataire et c’est Marine Le Pen qui le porte le mieux (à tort ou à raison) mais avec ses 89 députés, le RN a cessé d’être lilliputien même si l’abstention de la dernière consultation électorale a été forte, il est clair que son succès lui ouvre les portes de la crédibilité et de la légitimité nationale. A ces remarques intérieures jouent aussi les événements extérieurs, Suède, Italie, demain sans doute l’Espagne. Une dissolution entrainerait une cohabitation avec cette nouveauté que le locataire de l’Élysée ne pourrait pas solliciter un troisième mandat, ce qui n’était pas le cas en 1986, 1993, 1997.

Emmanuel Macron est le garant d’un ordre garantit par les abondances monétaires : « les marchés » ont été tétanisés par les Gilets jaunes et sont prêts à déverser des flots d’écus pour acheter tous les conflits sociaux. Tout ne tient qu’à cette fausse corne d’abondance qui fait fi de la remontée des taux, qui fait fi d’ailleurs d’à peu près tout . Les nombreuses manifestations au Royaume-Uni sont un autre brûlot que l’arrivée de Rashi Sunak, l’homme plus riche que le Roi Charles III, devra éteindre mais fait gagner à Londres du temps : tout ne tient que par la magie de l’argent, autrefois expression souveraine des États, aujourd’hui arme massive de la domination des marchés sur les États via l’encouragement aux endettements généraux (les Templiers, les vénitiens, les lombards, les florentins sont vengés)

Le En même temps aboutit au goulot d’étranglement institutionnel du fait même qu’Emmanuel Macron ne démissionnerait pas en cas de désaveu : n’est pas de Gaulle qui veut et François Mitterrand avait tracé la voie des chemins fangeux où nous nous trouvons. Plus de majorité nulle part, que des minorités caquetteuses de nature à coaliser souvent pour de courtes périodes dans un régime parlementaire mais pas dans un régime présidentiel qui s’est défait, en plus, de ce qui faisait sa majesté. Disons-le clairement, nous pataugeons dans une tourbière : si l’on se meut, on s’enfonce, si l’on s’immobilise, on se fige !

Les éMotions gouvernementales se répéteront avec cette nouveauté introduite par le RN, opiner à la proposition d’un parti de gauche sans doute incapable, lui, de copier Marine Le Pen : et l’on tournera en rond faisant des Républicains devenus des riens des paons et étonnant le parti macronien d’être encore là et non en fuite, sur les routes, vers les aéroports…

Jean Vinatier

 

lundi 24 octobre 2022

Crise financière : la descente aux enfers? Gaël Giraud, Raphaël Rossello & Gilles Raveaud N°5904 16e année

Jean Vinatier

Seriatim 2022

 

Macron perd les deux A : Allemagne, Afrique ? N°5903 16e année

 Depuis un long moment Seriatim alertait sur les signes envoyés depuis Berlin contre la France et notamment son offensive envers nos entreprises d’armement. Mais bien au-delà des coups contre le secteur de l’armement, il faut se rappeler le long discours d’Olaf Scholz à Prague siège de la capitale du Saint Empire germanique sous Charles IV, un souverain que le chancelier allemand cita et se référa. Il aurait pu évoquer Charles V (Charles Quint) mais ce monarque était davantage « sudiste », il fallait un personnage historique qui symbolisait l’entrée de l’Europe du nord avec l’Allemagne ce qui était le cas pour Charles IV à la fois Luxembourg et héritier des Prémyslides (Bohème, Pologne, Moravie, Silésie). La méconnaissance abyssale de l’histoire en France et davantage encore dans les sphères du pouvoir de gauche comme de droite fait que le long discours de Prague, traduit par le Grand continent, est passé inaperçu.

L’Allemagne ne donne pas le coup de pied de l’âne à la France, c’est la France qui a continué un discours envers l’Allemagne qui tenait de moins en moins compte de la réalité économique et géopolitique. Emmanuel Macron a foncé tête baissée vers Berlin, écartant d’un revers de la main l’indifférence de la chancelière Merkel à la suite de son discours en Sorbonne. Berlin a laissé discourir Paris et l’Élysée n’avait plus pour être en Europe une puissance de premier plan que de ratiociner sur le « couple franco-allemand ». Il y a eu des années 50 à 80 (jusqu’à la réunification) une rencontre véritable entre la France et l’Allemagne même si échouait le partenariat militaire en 1963 qui effaça, par contre-coup, malheureusement, le bilinguisme franco-allemand (voir le traité de l’Élysée). Le décrochage économique, c’est-à-dire la délocalisation à outrance, a été le premier déséquilibre avec l’Allemagne qui gardait au contraire le maximum de son outil industriel ; ensuite, la réunification lui a redonné la place centrale et elle n’eut aucun mal à « délocaliser » régionalement dans les pays de l’Est, à  se retourner vers le Nord (la Russie, l’Ukraine) et à  l’Est, la Turquie, reprenant à la fois la politique orientale des Habsbourg (Charles VI)  et des Hohenzollern (Guillaume II)

Cependant l’Allemagne optant pour une nouvelle route le fait alors que la démographie est défaillante, rendant assez hypothétique une puissance militaire véritable à moins d’y adjoindre des turcs, eux-mêmes confrontés à une basse natalité à l’inverse de celle des kurdes. Mais pour l’heure, la décision de voter un budget militaire conséquent avec l’aval des États-Unis, qui font de même pour le Japon, participe à l’illusion de sa renaissance « impériale ». Berlin est au centre de convergences géographiques (Pékin, Moscou, Kiev, Londres, Washington) avec l’espoir que la fin de la guerre en Ukraine et le blocage politique aux États-Unis rouvriraient un couloir énergétique avec la Russie toujours regardée comme un partenaire eurasien de premier plan.

La question double qui se pose avec la modification de navigation allemande : quid de l’Euro et de l’Union européenne ? On sait que les deutschemarks sont prêts, idem pour le florin néerlandais, mais prendre le risque de tuer l’euro et par conséquent l’Union européenne serait un moment wagnérien qui plongerait le continent dans une crise inouïe : il faudrait qu’en amont, l’Allemagne et les pays du Nord et de l’Est convinssent d’une union germano-nordique où entreraient le Bénélux et l’Italie. Qu’en penserait Washington ? Qu’en penserait Londres ? Les Etats-Unis assurés de l’aplatissement européen devraient-ils susciter l’émergence d’un nouvel ensemble ? Peut-être si les groupes industriels allemands y déplaçaient la presque totalité de leurs avoirs, assurant à Washington un moyen de pression.

Devant de tels enjeux la France est déshabillée alors même quelle dispose d’atouts mais faute de souveraineté et d’indépendance d’esprit, elle est une puissance nucléaire ficelée, atomisée (sans jeu de mots) Paris ne pourrait pas fédérer avec elle le sud, ibérique et lusitanien, le premier historiquement assez attiré par l’Allemagne, le second allié depuis 800 ans au Royaume-Uni.

Si le Nord est un souci pour Paris, le sud, l’Afrique, en est un second. La fin de Barkhane ébranle les derniers bastions français en Afrique, les dernières manifestations à N’Djamena sont un avant-goût de ce qui nous attend et perdre le Tchad, c’est perdre le pivot. Le régime tient encore mais cela fait près de 80 ans que la France essaie désespérément de tenir en Afrique, l’échec de la création d’un État sahélien dessiné par la IVe République, repris par le Général de Gaulle qui échoua à le distinguer de l’Algérie lors des négociations avec les indépendantistes. La France et l’Afrique ont été aussi longtemps l’Afrique et l’Europe (j’en parlerai plus longuement venant de terminer le livre Eurafrique de Peo Hansen et Stefan Jonsson), ce qui n’est plus le cas de nos jours avec les principales entrées des États-Unis, de la Chine, de l’Inde, des États arabiques, du Brésil, le Royaume-Uni via le Commonwealth y gardant une influence de même le Portugal.

Emmanuel Macron est comptable de facto des politiques de ses prédécesseurs sans en être le coupable exclusif. La France en regagnant le commandement intégré de l’Otan s’est privé du mince chemin « libre » qui lui restait et l’autorisait à manœuvrer sans décevoir les uns, sans courroucer les autres. Aujourd’hui, la souveraineté laisse la place à la seule communication qui a avalé l’acte politique, les postures, les émotions, les galipettes avec des influenceurs ne sont de que tristes danses. Notre endettement estompe également toute projection et prospective économique par l’assurance, croit-on, d’un déversement continuel d’argent imprimé….

A l’annonce du plan de soutien allemand à son industrie (200 milliards d’euros), Emmanuel Macron a fustigé ce comportement « national » oubliant que le chancelier est d’abord allemand avant d’être européen ce qu’oublie manifestement notre Président qui nous zappe…

Au-delà de ce virage berlinois, c’est une manifestation supplémentaire de la fragilité qui s’affiche avec ce danger qu’est l’illusion, désormais partie prenante en politique. Je crois autant dangereux le choix allemand que la faiblesse française et je terminerai ce propos comme mon écrit d’hier en rappelant le risque d’être happé….

 

Jean Vinatier

Seriatim 2022