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samedi 31 juillet 2010

L’UMP à l’extrême droite, le FN au centre ? N°736 3e année

Le secrétaire national de l'UMP en charge de la Sécurité, Eric Ciotti, a proposé deux ans de prison ferme pour les parents des mineurs délinquants qui ne feront pas respecter les obligations auxquelles seront soumis leurs enfants condamnés
Si le gouvernement conserve cette vitesse en matière de répression, Nicolas Sarkozy s’appuiera bientôt sur un parti de l’extrême droite, l’UMP tandis que Marine Le Pen positionnera le FN au centre de l’échiquier politique voisinant alors avec François Bayrou et Hervé Morin… à droite, c’est toupie ?
Nicolas Sarkozy, faute de conduire les événements, opte pour des réactions à chaud oubliant un peu trop vite que partir trop tôt dans une campagne présidentielle n’est jamais un gage de réussite. Actuellement, il reprend mot pour mot tout son discours de candidat pour la campagne présidentielle de 2007, omettant de se rappeler que chaque mot qu’il prononce, que chaque geste qu’il fait émane du Président de la République. Loin de se rendre plus audible auprès de son électorat, ne court-il pas le risque d’ajouter au trouble, à la confusion ?
L’UMP n’est pas d’un seul bloc : Tous les militants et tous les élus ne sont pas naturellement des adeptes des discours sécuritaires à répétition. La proposition d’Eric Ciotti, semble sous-entendre, que la délinquance serait le seul fait des individus des cités, de couleurs et de confession musulmane : le député Ciotti ne chercherait-il pas à rendre légale la ségrégation ?
Si bien des Français opinent pour que la responsabilité des parents des délinquants soit plus soulignée, veulent-ils pour autant que la société nationale fasse l’objet d’un rabotage au gré des faits divers, des événements, des convenances politiciennes ?
Marine Le Pen se frotte les deux mains et ose, le sourire aux lèvres, dire que Nicolas Sarkozy va au-delà des propositions du FN lequel a toujours promu l’unité nationale et un idéal patriotique.
Nous arrivons à une situation singulière : Dans les faits, bien évidemment le Président Sarkozy recopie soigneusement les idées frontistes mais faute de les mettre en pratique, il se retrouve à faire le grand écart et risque d’apparaître comme un velléitaire.
Et pourquoi ne va-t-il pas jusqu’au bout ? Craindrait-il le surgissement en plusieurs points du territoire des révoltes qui pourraient avoir des causes différentes ?
Pourquoi autant de discours si durs ? N’a-t-il plus rien dans sa besace de bonimenteur ? Qu’il se trouve à Saint-Nazaire ou à Grenoble, la démarche répond toujours au même objectif : Raconter une histoire, faire patienter et ainsi de suite.
La tentative du parti présidentiel de supplanter l’extrême droite alors qu’en 2007 celui-ci avait su attirer des fidèles de Jean-Marie Le Pen, n’est-elle pas un aveu de faiblesse ?
Pour l’Elysée, la relance du thème de la sécurité est, une fois encore, plus un effet de manche qu’une volonté d’action à court et moyen terme. Les Français pourraient très bien tout prendre au pied de la lettre, exiger des résultats et encourager par conséquent la politique du pire.





Jean Vinatier
Copyright©SERIATIM 2010


Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Arabie Saoudite, Argentine, Arménie, Australie, Bahamas, Biélorussie, Bénin, Bolivie, Bosnie Herzégovine, Brésil, Burkina Faso, Cambodge, Cameroun, Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa, Corée du Sud, Côte d’Ivoire, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30 Etats & Puerto Rico), Gabon, Gambie,Géorgie, Guatemala, Guinée, Guinée, Haïti, Honduras, Inde, Indonésie, Irak, Iran, Islande, Israël, Jamaïque, Jordanie, Kenya, Liban, Libye, Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Malawi, Mali, Maurice, Maroc, Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Népal, Niger, Nigeria, Norvège, Nouvelle Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Qatar, République Centrafricaine, République Dominicaine, Russie, Rwanda, Sénégal, Serbie, Singapour, Slovénie, Somalie, Suisse, Taiwan, Thaïlande, Togo, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont France + DOM-TOM, Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Saint-Pierre–Et-Miquelon), Ukraine, Uruguay, Venezuela, Vietnam, Yémen

vendredi 30 juillet 2010

Vive les Sages! N°735 3e année

Le Président de la République regrette-t-il d’avoir permis la saisine du Conseil constitutionnel par les justiciables, en l’occurrence dix avocats dont Me David Rajjou ?
Tandis que Nicolas Sarkoy installait en grande pompe un policier préfet de l’Isère sur fond de grands discours répressifs, les Sages du Palais-Royal jetaient un pavé dans la mare en déclarant inconstitutionnelles les gardes à vue de droit commun ! Les juges donnent jusqu’au 1er juillet 2011 pour que le gouvernement présente un projet de loi. Est-ce à dire que toutes les gardes à vue qui auront lieu entre ce jour et le moment où l’exécutif finalisera sa réforme seront nulles et non avenues ? Comment vont réagir les magistrats du parquet, les policiers ?
Les Sages donnent aussi une claque assez magistrale à tous les gouvernements de droite comme de gauche qui se sont succédés depuis 1958 sans oublier les majorités parlementaires.
Cette bombe du 30 juillet survient quand le pouvoir sarkozien s’attèle à l’élection présidentielle de 2012 en misant une fois de plus sur la thématique de la sécurité. Soulignons que depuis 2002, l’insécurité ne cesse pas de grandir au fur et à mesure des interventions presque martiales de Nicolas Sarkozy.
Hier, nous avions une déclaration de guerre contre les Roms aujourd’hui, certains criminels d’origine étrangère seraient menacés de déchéance nationale. Le quidam aura bien du mal à s’y retrouver dans toutes ces déclarations qui sont avant tout, des effets de com’ et rien d’autre. Rappelez-vous Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, a naturalisé à tour de bras de l’aveu même des journalistes de France-culture ce qui ne l’a pas empêché de stigmatiser celles et ceux qui voulaient plus de souplesse en matière de migration !
D’un côté nous avons les Sages du Palais-Royal qui engagent le gouvernement à équilibrer entre les droits de la défense et de l’accusation afin de suivre les attendus de la Cour européenne des droits de l’Homme, de l’autre, nous avons des gesticulations, des fanfaronnades qui sont le prélude, hélas, à bien d’autres sinistres pantomimes d’ici 2012.
En tout cas, ce soir, les citoyens peuvent dire un grand merci aux neuf Sages qui annoncent
« la reconnaissance à venir du droit, pour toute personne gardée à vue, à la présence d'un avocat à ses côtés pendant toute la durée de l'interrogatoire et l'accès de son conseil au dossier. Ce qui était jusqu'à présent impossible. »¹


Jean Vinatier
Copyright©SERIATIM 2010

Note :

1-
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/07/30/garde-a-vue-cette-decision-est-une-veritable-revolution_1394198_3224.html#ens_id=1389987


Source:

Décision du Conseil Consitutionnel :
http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/les-decisions/acces-par-date/decisions-depuis-1959/2010/2010-14/22-qpc/decision-n-2010-14-22-qpc-du-30-juillet-2010.48931.html


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jeudi 29 juillet 2010

Afghanistan : les soldats français meurent pour le roi de Prusse N°734 3e année

Les premiers milliers de documents relatifs à la guerre en Afghanistan mis en ligne par le site australien Wikileaks ont défrayé la chronique le temps de 24 heures en France alors que dans le monde anglo-saxon les ondes de choc seront plus importantes et plus profondes.
Julian Assange via un informateur met plus cette boîte de Pandore à la disposition des historiens,des archivistes-paléographes qu’aux journalistes : imagine-t-on le temps qu’il faudra pour examiner, comparer, évaluer ces premiers 92 000 documents classés
« secret » et non « top secret »? Pendant la mandature de Nixon, les « Pentagon Papers » avaient secoué d’une manière similaire les médias de l’époque sans que la politique américaine ne change d’un iota au Vietnam ! Sans dénier l’importance de l’édition de ces milliers de sources, il faut bien convenir que les conséquences seront à la fois moins importantes et plus inattendues que ce que quelques-uns souhaitent.
La guerre en Afghanistan est revenue le temps d’une annonce à la une des médias français qui s’alignent sur l’état-major français lequel pratique une véritable omerta. Le rappel à la fin des JT de la détention de deux journalistes de FR3 suffit, semble-t-il, à la curiosité des rédacteurs de journaux. En fait les médias sont logiques avec eux-mêmes. Ainsi le voyons-nous avec le dossier Bettencourt-Woerth-Sarkozy : leur maxime est la passivité attendant ce que décide l’exécutif point barre !
Des soldats français se plaignent de l’indifférence à leur égard : prendraient-ils des risques pour rien dans cette étrange partie d’Asie ? 45 d’entre eux sont tombés sans parler du nombre de blessés qui lui est classé secret défense. Le général Vincent Desportes a été sanctionné par Hervé Morin, l’un des ministres de la Défense les plus bornés, pour avoir seulement critiqué la stratégie américaine.
Comme pour l’Indochine, cette guerre afghane est menée par des professionnels, des engagés sur un théâtre situé loin des plages et des stations de sport d’hiver et non par des appelés du contingent comme ce fut le cas en Algérie.
Pourquoi les troupes françaises se battent-elles ? Tout simplement pour le roi de Prusse, ici, le Président américain qu’il se nomme Obama ou Bush ou Clinton. Certains généraux US avouent, eux-mêmes, ne pas saisir les tenants et les aboutissants de cette guerre : le général McChrystal benoîtement croyait dur comme fer qu’il fallait écraser les talibans. Négatif lui a répondu la Maison Blanche, avant de le limoger, les talibans doivent rester des forces sinon l’objectif de la présence de la bannière étoilée en Asie centrale serait remis en cause. Les talibans et Al Quaeda sont des prétextes pour s’approcher au plus prés de la Chine et des routes énergétiques. Les Américains ne cessent pas de susciter des résurgences de l’islamisme le plus rétrograde quitte à faire fi de la réalité sur le terrain. Ainsi au Kirghizistan, Washington déclare sans honte que les troubles intervenus dans ce pays et en Ouzbékistan sont le fait d’islamistes alors que les deux populations sont sunnites !!!!
Les soldats français à l’exception de ceux qui croient revivre une énième croisade avec en ligne de mire une prise de « Jérusalem » et l’extermination des infidèles, ne sont que des supplétifs placés là par le choix personnel de Nicolas Sarkozy qui voit dans les Etats-Unis la puissance impériale dans laquelle la France doit se placer, un choix qui annule tout ce pour quoi la France s’est battue depuis les Capétiens : La liberté souveraine !
A la différence de l’Indochine, où combattre le communisme pouvait être un thème tout à fait valable d’autant plus qu’il servait de ralliement aux résistants Vietnamiens désireux de se libérer de l’occupation française, l’Afghanistan est le champ de bataille de nulle part. Là aussi contrairement au Vietnam ex-empire d’Annam qui avait un passé historique et d’état, l’Afghanistan étatiquement parlant n’a que très peu existé. Les féodaux de 1838 qui défirent l’armée anglaise n’ont jamais cessé de garder la première place jusqu’à aujourd’hui : toutes les tentatives pour l’édification d’un état au sens occidental du terme ont échoué !
Les soldats français ne risquent pas leur vie pour la France mais pour une tierce puissance elle-même bien emmêlée dans toutes les combinaisons qu’elle établit sans mesurer l’effet domino qu’elle peut engendrer.
Le drame pour les soldats français, nos compatriotes, est entier.

Jean Vinatier

Copyright©SERIATIM 2010

Source :

http://wikileaks.org/


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mardi 27 juillet 2010

Jean-Paul Baquiast : « La dangereuse tentation de la montée aux extrêmes » N°733 3e année

Ci-dessous une analyse panoramique très fine de Jean-Paul Baquiast (ENA 1960-1962), fondateur du site web Admiroutes, membre de l’Association Pan-Europe-France. Son texte publié ce jour sur DeDefensa.org , je vous le propose à votre analyse :


« Plusieurs chroniqueurs s'interrogent aujourd'hui sur les raisons du manque de réaction manifesté par l'administration américaine, par Barack Obama et plus généralement par le milieu politique américain tout entier, démocrates et républicains confondus, face à la déliquescence progressive de l'Etat mexicain sous les coups des narco-trafiquants. La société du crime et de la terreur qui s'est instaurée dans les villes mexicaines jouxtant la frontière américano-mexicaine, dont Ciudad Juares est la plus souvent citée, menace dorénavant de plus en plus les Etats américains voisins, Texas, Nouveau Mexique et Arizona notamment. Mais à partir de là les barons de la drogue étendent leur influence souterraine dans la plupart des banlieues des grandes villes, notamment évidemment parmi les populations déshéritées latino-américaines.

Pour ce qui concerne le Mexique, l'écrivain Leonidas Alfaro Bedolla, auteur de narconovelas et historien natif de Culiacan, dans l'Etat de Sinaloa, le berceau du narcotrafic, estime dans l'Express du 23 juillet que la situation est, non seulement très grave, mais apparemment sans issue, car la violence augmente de jour en jour, face à un gouvernement Calderon de plus en plus impuissant (
lien). Le 22 juillet, la police mexicaine a exhumé au moins 51 corps d'une fosse commune découverte près de Monterrey, capitale économique du nord du pays. Il s'agirait d'assassinats en série remontant à deux semaines, victimes d'une guerre entre cartels.

Les services de renseignements américains avaient, il y a deux ans, indiqué dans un rapport sur l'évaluation des risques que le danger majeur menaçant le pays venait de la culture de la violence et de la drogue s'étant emparé du Mexique et des Etats d'Amérique centrale. La menace était pour eux bien pire que celle d'Al Quaida. De grandes décisions avaient alors été prises, visant notamment à sécuriser la frontière avec des barrières de haute technologie et une mobilisation exceptionnelle de la garde nationale et de volontaires civils. Mais depuis, il semble que l'alerte soit retombée. La frontière est toujours aussi poreuse et personne, sauf les populations pauvres en contact direct avec les hommes de main des trafiquants infiltrés, ne s'en inquiète.

On sait que l'Arizona a proposé récemment une loi destinée à contrôler l'immigration clandestine à ses propres frontières, que Washington dans son ensemble a déclaré “raciste”, sans prendre la peine de répondre concrètement aux menaces qu'une immigration sauvage prise en mains par des gangs et cartels de la drogue font peser sur la sécurité de l'état. Que se passerait-il pourtant si l'Arizona levait ses propres milices et qu'un certain nombre d'autres Etats suivaient son exemple, s'estimant trahis par l'administration fédérale.

Paradoxalement, dans le même temps, alors que Barack Obama et les démocrates semblent abandonner le sud du pays aux retombées de la guerre de 4e génération qui semble en train de s'installer au Mexique, comme le confirme la voiture piégée sur le mode irakien ou afghan qui vient d'exploser à Ciudad Juares (voir à cet égard un http://www.reuters.com/article), l'Administration et l'ensemble des parlementaires, démocrates et républicains unis, soutiennent non seulement les campagnes militaires lointaines et sans issues au Moyen Orient, mais n'hésitent pas à en envisager d'autres, dans des zones dont le moins que l'on puisse dire est qu'elles devraient laisser les citoyens américains indifférents. C'est ainsi que des forces navales considérables, incluant un PA nucléaire, sont en cours de manœuvre conjointement avec la marine sud-coréenne en mer du Japon, prétendument pour décourager une agression nord coréenne à l'égard de sa voisine du sud – le tout d'ailleurs au grand mécontentement de la Chine dont personne à Washington ne semble s'inquiéter. Il est vrai que les dépenses militaires rapportent des centaines de milliards de dollars aux lobbies militaro-industriels, ce qui ne serait pas le cas d'un contrôle de l'immigration clandestine, contrôle dont les employeurs américains du secteur agricole et fruitier seraient les premiers à se plaindre.

Notre confrère et ami Philippe Grasset s'interroge sur cet apparent non-sens de la politique américaine. Il y voit une nouvelle preuve de la désorganisation de l'Etat fédéral et de l'incapacité de l'Administration à impulser des mesures claires de redressement. Ainsi, selon son expression, se révèlerait une nouvelle fois le « ventre mou d'un colosse en décomposition » (
http://www.dedefensa.org/article_toc_toc_la_crise_frappe_a_la_porte_24_07_2010.html). C'est sans doute le cas, mais ne faudrait-il pas ajouter une autre hypothèse. Même si les dirigeants de la corporatocratie américaine font parfois montre d'aveuglement, l'expérience montre cependant qu'en général ils ont toujours su ce qu'ils faisaient. Tous les moyens leur ont toujours été bons pour conforter leur pouvoir, y compris la mort d'innocents américains, militaires ou civils (nous pensons évidemment ici au 11 septembre). Dans le cas de l'insécurité qui monte sous l'influence des narco-trafiquants dans les Etats du Sud, et de l'indifférence apparente avec laquelle celle-ci est accueillie à Washington, ne s'agit-il pas plutôt d'une volonté délibérée de “montée aux extrêmes” encouragée par des décideurs cyniques représentant le “sommet de la classe dirigeante bourgeoise américaine”, pour reprendre le vocabulaire trotskyste attardé toujours en usage chez le World Socialiste Web Site. Le terme de montée aux extrêmes a été souvent utilisé par Philippe Grasset. Il mérite d'être un peu approfondi.

La montée aux extrêmes

Le concept de montée aux extrêmes, qui dans une certaine mesure correspond à celui de politique du pire, désigne, appliquée à la vie politique, le phénomène faisant que des forces en conflit, au plan national ou international, poussent à la radicalisation de ces conflits plutôt qu'à leur apaisement. Elles y voient la façon de mieux faire prévaloir leurs objectifs. Le jeu est dangereux. Il l'est d'abord pour la paix qui s'en trouve menacée. Mais il l'est aussi pour l'un des deux partenaires tout au moins, car le succès de l'un entraîne nécessairement la disparition de l'autre. C'est ce qui s'était passé sous la République de Weimar en Allemagne. Les révolutionnaires de l'époque avaient poussé à la radicalisation des affrontements avec l'extrême-droite militaire et impériale. Ce fut le triomphe du nazisme qui en résulta, avec la déportation des premiers.

On peut penser, sans preuves évidemment, qu'une droite musclée américaine verrait très bien aujourd'hui se développer l'insécurité dans les villes et les Etats du Sud pauvres. Si ces derniers tombaient aux mains de gangs ou, tout au moins, faisaient sécession, les Etats riches du nord, disposant en fait de l'essentiel des ressources, pourraient s'ériger progressivement en bunkers militarisés attirant à eux toutes les forces économiques et les sources de richesse mondialisées. Les Latinos et les Afro-américains dont les classes dirigeantes, dite WASP, de ces Etats riches continuent à se méfier, pourraient ainsi être contenus off limits, sans que les défenseurs des droits de l'homme puissent y trouver à redire. Les pauvres se seraient mis dans leur tort en tombant dans la criminalité.

Qu'en est-il en Europe?

La montée aux extrêmes n'est certainement pas une tentation limitée aux seules classes dirigeantes américaines. Elle semble déjà à l'oeuvre en Europe et plus particulièrement en France. Quand l'on voit avec quelle persévérance la majorité de droite démantèle les services publics industriels et sociaux, afin de les privatiser, on peut supposer que l'objectif non-avoué est de priver les classes sociales moyennes et pauvres des ressources de l'ancien système français de l'Etat régulateur et Providence. Cela ne peut que les pousser dans la misère et, plus particulièrement au sein des banlieues en difficulté, dans la drogue et bientôt peut-être la guerre civile larvée. Les privilégiés, retranchés dans leurs bunkers “favorisés” seront alors près à les recevoir dignement. L'appel aux militaires ne tardera pas. Un général Videla se prépare peut-être quelque part sans que nous le sachions.

Il en est sans doute de même en Allemagne. Selon le Spiegel, la réforme du haut commandement militaire mise en place en avril 2010 par le ministre de la défense Karl-Theodor zu Guttenberg (CSU) est destinée à renforcer et unifier les forces armées et leur commandement. Dans quel objectif? Certainement pas pour faire face à des menaces extérieures. Pour l'ancien secrétaire à la défense Willy Wimmer (CDU), s'exprimant dans Freitag, il s'agit d'un “cold military putsch”. Le terme n'a pas besoin de traduction. Contre qui se défendre? Nul ne le dit mais beaucoup y pensent, Contre les menaces de l'intérieur. Un jour, il apparaîtra peut-être utile aux forces conservatrices d'attiser un peu ces menaces, sur le modèle de l'incendie du Reichstag.

On peut à cet égard s’étonner de la courte vue des classes moyennes supérieures françaises, qui continuent à applaudir les prétendues réformes de la majorité UMP alors que celles-ci sont en train de supprimer toutes les structures qui permettaient à ces classes moyennes supérieures de conserver un certain niveau de vie et de se distinguer des classes pauvres: les administrations qui les protégeaient, les services sociaux qui leur permettaient de ne pas se retrouver au niveau des populations assistées, les médias qui les informaient de façon (à peu près) indépendante. On leur promet que les entreprises commerciales (sociétés de sécurité, cliniques, assurances privées) qui prendront le relais leur assureront des prestations bien meilleures. C'est évidemment faux. Seuls les plus riches pourront y accéder. La bourgeoisie moyenne encore favorisée, dont la plupart des fonctionnaires et professions libérales, se retrouvera au niveau des plus démunis. Dans le cadre de la politique de montée aux extrêmes, les dominants s'en réjouiront. Ce seront autant d'intellectuels râleurs qui seront marginalisés et perdront leur pouvoir de contestation.
Ne mériteront-ils pas ce sort, puisqu'ils se montrent sans cervelle, continuant à soutenir sans failles les “réformes” qui les perdront.

Jean-Paul Baquiast »

Jean Vinatier

Source :

http://www.dedefensa.org/article-la_dangereuse_tentation_de_la_montee_aux_extremes_27_07_2010.html

Site de Jean-Paul Baquiast :
http://www.jean-paul-baquiast.fr/


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vendredi 23 juillet 2010

Démosthène : «et toi, Peuple, te voilà surnuméraire et valet » N°732 3e année

Démosthène (384 AVJC-322 AVJC) dans son discours sur les réformes publiques passe en revue tous les vices du gouvernement, notamment la mauvaise gestion du Trésor et l’emploi de troupes mercenaires. L’auteur des quatre « philippiques » (contre Philippe II de Macédoine, père d’Alexandre le Grand) laisse à notre lecture, un texte exemplaire et en bien des points très contemporain…….


« En délibérant aujourd'hui sur vos finances et sur les autres objets qui vous rassemblent, ô Athéniens, je ne trouve difficile ni de condamner les distributions gratuites des deniers publics, et de se faire par là un mérite auprès des citoyens qui les jugent nuisibles à l'Etat; ni de les appuyer de ses conseils, et de plaire ainsi aux indigents qui les reçoivent. Car ce n'est pas un examen attentif des intérêts d'Athènes qui décide ici de la louange ou du blâme, c'est la pauvreté ou l'aisance de l'orateur. Pour moi, je ne veux être ni le partisan ni l'adversaire de ces largesses; réfléchissez seulement, vous dirai-je, que, si l'argent, sur lequel vous délibérez, est peu de chose, la manière de le distribuer est importante. Si vous placez près de ces dons un devoir à remplir, loin de vous faire tort, vous procurerez le plus grand bien à la république, à vous-mêmes ; mais si, pour les recevoir, il suffit d'une fête ou du moindre prétexte; si, d'un autre côté, vous refusez les services dont ils doivent être le prix, prenez-y garde, dans la conduite que vous approuvez maintenant, vous verrez un jour une étrange aberration.


Il faut donc (que vos clameurs n'interrompent pas ce que je vais dire; écoutez avant de juger) il faut indiquer une assemblée pour coordonner, pour régler les préparatifs militaires, comme nous en avons indiqué une pour les gratifications. Que chacun se montre non seulement disposé à écouter, mais résolu à agir, afin que vous placiez en vous-mêmes, ô Athéniens! l'espoir du succès, sans demander : « Que fait celui-ci, ou celui-là? Parlons d'abord de la masse des revenus publics, impôt des alliés, contributions civiques prodiguées aujourd'hui sans fruit: que chaque citoyen en reçoive une part égale; les jeunes, comme soldats; ceux qui ont passé l'âge, comme contrôleurs ou fonctionnaires civils en général. De plus, servez vous-mêmes, ne remettez vos armes à personne. Formez une armée citoyenne, qui ne compte que des Athéniens dans ses rangs. Par là, vous aurez à la fois aisance acquise, et devoir rempli. Donnez à cette armée un bon général, pour prévenir le retour des abus actuels. Vous faites le procès à vos généraux; puis, que vous reste-t-il de toutes vos entreprises? cette seule formule : « Un tel, fils d'un tel, a dénoncé un tel comme criminel d'état. »


Que gagnerez-vous à suivre mes conseils? D'abord, vos alliés fraterniseront avec vous, non grâce à vos garnisons, mais par la conformité d'intérêts. Ensuite, vos généraux, à la tête de soldats étrangers, ne les pilleront plus sans daigner même regarder l'ennemi : tactique dont ils recueillent tous les profits, mais qui soulève contre la république tant de haines et d'accusations. Loin de là, suivis de nos citoyens, ils feront aux ennemis le mal qu'ils font maintenant aux alliés. D'ailleurs, la plupart des expéditions réclament votre présence; et, s'il est utile d'employer, dans les guerres d'Athènes, des troupes athéniennes, cela est nécessaire pour vider les débats étrangers. Oh! si vous pouviez vous résigner au rôle de tranquilles spectateurs des querelles de la Grèce, ce serait bien différent; mais vous prétendez à la prééminence, vous voulez régler les droits des autres peuples : et l'armée conservatrice qui veillera sur ces droits vous ne l'avez pas levée, vous ne la levez point ! Aussi, pendant votre long et paisible repos, la démocratie disparaît de Mitylène; vous dormez, et le peuple rhodien est asservi. Rhodes est notre ennemie, dira-t-on : mais, dans tous les cas possibles, citoyens d'Athènes, vous devez haïr par principe un état oligarchique plus qu'une démocratie. Je reviens à mon objet et je dis : Mettez de l'ordre parmi vous, à chaque gratification attachez un devoir à remplir.


Je vous ai déjà entretenus sur ces matières. J'ai détaillé un mode de classement pour vous tous, hoplites, cavaliers, dispensés du service; j'ai présenté les moyens de répandre sur vous une aisance générale. Ce qui m'a le plus découragé, le voici, je ne le dissimule pas. J'ai proposé alors plusieurs nobles et grandes résolutions; tout le monde les a oubliées, personne n'oublie les deux oboles. Toutefois, deux oboles seront toujours bien peu de chose, tandis que les trésors du Roi peuvent être balancés par les conseils que j'ajoutais sur la composition et l'équipement de l'armée d'une république qui a tant de ressources pour la grosse infanterie, la cavalerie, la marine, les revenus.


Pourquoi donc aujourd'hui ce langage? direz-vous. Le voici. Plusieurs citoyens s'irritent des distributions générales, mais tous reconnaissent l'utilité d'un règlement et d'une levée : eh bien! commencez par là, et donnez toute liberté de s'expliquer à ce sujet. Si l'on vous persuade, dès aujourd'hui, que le moment de ces préparatifs est venu, vous les aurez sous la main dès qu'il faudra les appliquer; mais, si vous les négligez comme prématurés, vous serez réduits à vous préparer alors qu'il faudrait agir.


Un Athénien disait un jour (celui-là n'était pas du peuple, c'était un de ces hommes dont l'orgueil serait brisé si vous suiviez mes conseils : « Quel bien nous revient-il des harangues de Démosthène? Il monte à la tribune au gré de son bon plaisir, nous remplit les oreilles de vaines paroles, calomnie le présent, exalte nos ancêtres ; et quand il a soufflé sur nous ce vent et cette fumée, il descend!t » Je lui réponds, moi, que, si je pouvais seulement vous faire adopter une partie de mes propositions, je procurerais à la république des avantages si grands dans ma pensée qu'essayer de les présenter maintenant, ce serait faire bien des incrédules, et franchir en apparence les limites du possible. D'ailleurs, ce n'est pas vous servir faiblement que de vous accoutumer à de salutaires conseils. Le premier devoir du patriotisme, ô Athéniens ! est de guérir vos oreilles, tant elles sont corrompues par l'habitude de ces mensonges, de ces flatteries qui ont pris la place de la vérité. Par exemple.... (Que nul ne me trouble avant que j'aie tout dit) quelques hommes ont dernièrement forcé le Trésor: C'en est fait de notre démocratie! il n'y a plus de lois! dirent alors tous les orateurs. Toutefois, ô mes concitoyens! vous paraîtrai-je un imposteur quand je dirai: Cet attentat méritait la mort, mais il n'a pas tué la démocratie? On a volé nos avirons : Les verges! la torture! criait-on de toutes parts, la république est perdue! Et moi, quel est mon langage? La mort doit expier le second crime comme le premier : mais les libertés populaires subsistent encore. Que faudrait-il donc pour les étouffer? personne n'ose le dire; je le dirai, moi. Il faudrait que vous, peuple d'Athènes, mal gouverné, sans finances, sans armes, sans classement régulier, sans accord d'opinions, vous ne vissiez ni général, ni citoyen tenir compte de vos décrets; il faudrait que nul ne voulût exposer, corriger, faire cesser de pareils désordres : or, voilà précisément ce qui arrive!


Mais, par Jupiter! on vous inonde encore, Athéniens, de maximes fausses et pernicieuses; on dit : Votre salut est dans les tribunaux; c'est par la rigueur de vos sentences qu'il faut maintenir le gouvernement. Dans ma conviction, les tribunaux règlent seulement les droits réciproques des citoyens, mais c'est avec les armes qu'on triomphe des ennemis; sur les armes repose la sûreté de l'État. Des sentences ne pousseront pas vos soldats à la victoire, mais les succès obtenus par l'épée vous donneront le libre loisir de rendre des arrêts, d'accomplir toutes vos volontés. Soyez redoutables dans les combats; dans les tribunaux soyez humains. Si ce langage semble plus élevé qu'il ne me convient, j'oserai m'en applaudir. Oui, toute harangue faite pour une illustre république et pour de si hauts intérêts, doit toujours paraître au-dessus de l'orateur, et se mesurer, non au crédit d'un seul citoyen, mais sur la majesté d'Athènes.


Pourquoi donc aucun des hommes que vous honorez ne parle-t-il ainsi? je vais vous l'expliquer. Ceux qui ambitionnent les charges et un rang distingué, rampent autour de vous, esclaves de la faveur d'une élection. Chacun d'eux, avide du titre de stratége, ne l'est nullement de faire acte de vaillance. S'en trouve-t-il un qui soit capable de mettre la main à l'oeuvre? Il se flatte que, muni du glorieux renom d'Athènes, il n'aura qu'à recueillir les fruits de la retraite de ses adversaires, et qu'en vous alléchant par des espérances bien creuses, il héritera seul, et le fait est réel, de vos avantages; tandis que, si vous exécutiez tout par vous-mêmes, il partagerait également avec les autres et les expéditions, et leurs résultats. Les politiques, laissant là les sages conseils qu'ils vous doivent, ont passé de leur côté. Autrefois, Athéniens, vous contribuiez par classes; aujourd'hui, c'est par classes que vous gouvernez : chaque parti a pour chef un orateur, aux ordres duquel est un général avec les Trois-Cents et leurs vociférations; vous autres, on vous distribue sous chacun de ces deux drapeaux. De là que vous revient-il? On dresse à celui-ci une statue; celui-là est opulent; un ou deux citoyens s'élèvent au-dessus de la république; tandis que les autres, impassibles témoins de leur prospérité, payent chaque jour cette insouciante mollesse de l'abandon de la fortune et des riches ressources de la patrie.


Toutefois, jetez les yeux sur la conduite de nos ancêtres : car, sans recourir à des modèles étrangers, les souvenirs d'Athènes nous tracent notre devoir. Thémistocle avait remporté la victoire navale de Salamine, Miltiade commandait à Marathon, beaucoup d'autres avaient rendu des services bien supérieurs à ceux des capitaines de nos jours : mais, par Jupiter! pour eux il n'y avait point de statues, point d'idolâtrie, point de ces hommages réservés à des êtres d'une nature supérieure. Non, Athéniens, nos ancêtres ne se dépouillaient pas d'un seul de leurs exploits. Salamine n'était pas le triomphe de Thémistocle, mais de la république; Athènes, et non Miltiade, avait vaincu à Marathon. On dit aujourd'hui: Timothée a pris Corcyre; Iphicrate a taillé en pièces une partie de l'armée lacédémonienne; Chabrias a battu la flotte ennemie près de Naxos : hauts faits que vous semblez leur céder, tant les honneurs dont vous avez rémunéré chacun d'eux passent toute mesure! Vos ancêtres récompensaient donc les citoyens avec bien plus de jugement et de dignité que vous. Passons aux étrangers. Ménon de Pharsale, à l'attaque d'Eïon, près d'Amphipolis, nous avait aidés d'une somme de douze talents, et d'un renfort de trois cents cavaliers, ses propres esclaves : nos ancêtres lui accordèrent, non le titre d'Athénien, mais de simples immunités. Même récompense avait déjà été décernée à Perdiccas, qui régnait en Macédoine lors de l'invasion des Perses, et qui, par l'extermination des Barbares échappés à la défaite de Platée, avait complété le désastre de leur souverain. C'est que, aux yeux de nos pères, le droit de cité était important, respectable, et d'un prix qui l'élevait au-dessus de tout service. Aujourd'hui, Athéniens, vous le vendez, comme vile denrée, à des misérables; vous faites citoyens des esclaves fils d'esclaves! Si cette façon d'agir s'est emparée de vous, ce n'est pas que vous valiez moins que vos ancêtres; c'est qu'il y avait dans leurs coeurs un haut sentiment d'eux-mêmes, qu'on a éteint dans les vôtres. Or, jamais une mâle fierté n'anima des hommes asservis à d'ignobles actions, comme jamais on ne pense avec bassesse quand on agit avec grandeur : car la vie est nécessairement l'image de l'âme.


Opposez, dans leurs traits principaux, votre conduite et celle de vos pères : ce parallèle vous élèvera peut-être au-dessus de vous-mêmes. Ils commandèrent quarante-cinq ans à la Grèce librement soumise; ils déposèrent au delà de dix mille talents dans l'Acropolis; vainqueurs sur terre et sur mer, ils érigèrent de nombreux trophées qui font encore notre orgueil : monuments élevés, croyez-moi, pour exciter en nous, non une admiration stérile, mais le désir d'imiter les vertus de leurs consécrateurs. Voilà quels étaient ces hommes. Et nous, qui ne sommes plus entourés de rivaux, voyons si nous leur ressemblons. N'avons-nous pas dissipé sans fruit plus de quinze cents talents à soudoyer les plus indignes des Hellènes? Fortunes privées, trésor public, villes des alliés, n'avons-nous pas tout épuisé? Ces compagnons d'armes, que la guerre nous avait donnés, la paix ne nous les a-t-elle pas ravis?— Mais, par Jupiter ! ce sont là les seuls avantages du passé sur le présent; le reste allait plus mal qu'aujourd'hui. — Oh ! qu'il s'en faut ! Examinons tel objet qu'il vous plaira. Les édifices qui ornent la ville, les temples, les ports et leurs dépendances, nombreux et magnifiques ouvrages, n'ont rien laissé à surpasser à la postérité. Ces Propylées, ce Parthénon, ces arsenaux maritimes, ces portiques, et tant d'autres chefs-d'oeuvre de nos pères, voilà les embellissements dont nous leur sommes redevables. Quant aux maisons des premiers citoyens, elles étaient si modestes, si conformes aux mœurs républicaines, que celui de vous qui connaîtrait les demeures de Thémistocle, de Cimon, d'Aristide, de Miltiade, ou de leurs illustres contemporains, les trouverait aussi simples que la maison voisine. Aujourd'hui, les travaux publics se bornent à des chemins réparés, à des fontaines, à des murs reblanchis, à des riens. Mon blâme tombe, non sur ceux qui ont conseillé ces ouvrages (ils sont loin de ma pensée), mais sur vous-mêmes, ô Athéniens ! si vous croyez devoir vous renfermer dans cette mesquine administration. Et voyez les particuliers montés au pouvoir! Ceux-ci se sont bâti de somptueux palais, qui insultent aux édifices de l'État; ceux-là ont acquis et cultivent des terrains plus vastes que leur avidité n'en rêva jamais.


La raison de ces contrastes, c'est qu'autrefois le peuple était maître, souverain; c'est qu'il était cher à tout citoyen de recevoir du peuple honneurs, magistratures, bienfaits. Que les temps sont changés! Les grâces sont dans les mains des gouvernants; rien ne se fait que par eux : et toi, Peuple, te voilà surnuméraire et valet; trop heureux de recevoir la part qu'ils vont peut-être te jeter!


De là, l'étrange situation de la république : qu'on lise vos décrets, qu'on parcoure vos actes, on ne croira point que les uns et les autres émanent de la même nation. Par exemple, vous avez décrété contre les exécrables Mégariens qui avaient empiété sur un terrain sacré, une expédition et la répression de leur crime; en faveur des Phliasiens bannis dernièrement, des secours qui les arracheraient aux massacres, et un appel à la bonne volonté du Péloponèse : résolutions nobles, justes, dignes d'Athènes; mais l'exécution, où est-elle? Vous lancez des manifestes de guerre; et, pour agir, vous êtes frappés d'impuissance. Vos décrets répondent à la majesté de la république, mais votre faiblesse dément vos décrets. Pour moi, sans vouloir irriter personne, je vous demanderais ou des sentiments moins élevés et le soin exclusif de vos propres affaires, ou des forces plus imposantes. Si je parlais à des Siphniens, à des Cythniens , ou à gens de cette espèce, je dirais, Rabattez de vos prétentions. Mais, à des Athéniens, je conseille d'augmenter leurs forces. Oui, hommes d'Athènes! honte à vous, honte ineffaçable, si vous descendiez de ce noble rang où vous ont élevés vos pères ! D'ailleurs, vous ne pouvez plus, quand vous le voudriez, vous détacher de la Grèce, après avoir tant fait pour elle dans tous les temps. Délaisser vos amis serait un déshonneur; vous fier à vos ennemis et les laisser grandir, n'est pas admissible. Vos gouvernants ne peuvent renoncer, dès qu'ils le veulent, à l'administration: eh bien! même nécessité vous enveloppe, vous qui gouvernez les Hellènes.

Terminons par l'observation la plus importante. Jamais vos orateurs ne vous rendront ni meilleurs, ni pires; c'est vous qui leur imposerez les sentiments que vous voudrez. Car leur volonté n'est pas votre but, tandis qu'ils n'en ont d'autre que vos désirs présumés. Commencez donc par vouloir le bien, et tout réussira. Vous n'aurez plus un seul conseiller pour le mal; ou, s'il en est encore un, son ambition échouera devant des auditeurs incrédules.


Démosthène »

Jean Vinatier

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jeudi 22 juillet 2010

Dagong : une arrogance chinoise ? N°731 3e année

Il y a une dizaine de jours, le rédacteur en chef du quotidien La Tribune, Erik Izraelewicz, s’est fendu d’un édito singulièrement hostile à l’égard de la Chine et notamment pour la création de son agence de notation, le Dagong Global Credit Rating. D’après ce journaliste, d’habitude plus inspiré, Pékin ferait preuve d’une arrogance insupportable en contestant le monopole des agences de notation « de l’Ouest» Moody’s, Fitch Ratings, Standart & Poor’s. Ferait-on du racisme ?
La Chine est logique avec elle-même en créant cette agence de notation. Elle est un outil indispensable et il est certain que d’ici quelques temps l’Inde instituera la sienne tout comme le Brésil et même certains Etats du Golfe.
Il n’y a rien d’arrogant dans cette mesure bien au contraire : il est sain que les nouvelles forces en constitution ou en devenir se dote des outils indispensables à l’instar de ce qu’ont fait les Anglo-saxons ! D’ailleurs, l’Union européenne pourrait très bien avoir la sienne : après tout n’est-elle pas la première force économique planétaire ?
Cet éditorial virulent indique bien l’arrogance « occidentale » qui se croit toujours à l’époque des empires coloniaux et pense très fortement que délocaliser les entreprises dans les pays du moindre coût aboutirait in fine à des concessions ce qui exclurait toute prétention pour ces derniers d’ambitionner un rang parmi les « nations civilisées » ! Nous sommes vraiment au début de la mondialisation…et les chocs seront à la hauteur de ce chambardement unique dans l’histoire.
On retrouve cette dénonciation de l’arrogance « jaune » par les discours bellicistes qui éclosent et grandissent dans des cercles euro-américains où l’on se persuade que la prochaine guerre sera contre la Chine avec en hors d’œuvre l’attaque contre l’Iran.
La politique américaine d’Obama, ne présente guère d’aspect irénique du Honduras à l’Asie centrale. Elle tranche totalement avec tous les lauriers d’amabilité que l’on supposait chez ce Président au point qu’il obtint le Prix Nobel de la Paix !
Washington au Kirghizistan a imposé l’envoi d’une force européenne militaire qui est déjà présenté d’abord comme une défaite sino-russe et, ensuite, comme un pas décisif dans l’encerclement de la Chine avec en prime le contrôle des routes énergétiques. Le hic est que la Russie et la Chine ont opté depuis le début des troubles pour une grande prudence, refusant d’accepter l’idée que des islamistes via des conflits interethniques, auraient alimenté les violences entre les Ouzbeks et les Kirghizes : pourquoi les sunnites se battraient-ils entre eux ? Ecartant les luttes d’influence entre bandes mafieuses tout le long d’une frontière poreuse et dans la vallée du Ferghana, la politique américaine vise surtout à recréer un scénario semblable à celui qui les a conduit en Afghanistan. L’islamisme est vu comme un élément de déstructuration et de désordre qui sied parfaitement à leur politique agressive, entraînant derrière les Euro-otaniens.
C’est cette idée d’arrogance qui me fait réagir et m’inquiète parce qu’avec de telles prétentions on chemine toujours plus prés du ravin que de la vallée fertile. Présupposer chez le voisin sa propre politique est un orgueil qui peut coûter cher. Les œillères sont néfastes en toute chose. Il ne devrait pas y avoir un monde « l’Ouest » qui entrerait en collision avec celui de « l’Est » mais un rapprochement des matières grises qui préluderait à l’ébauche d’une conscience mondiale : n’est-elle pas l’idée fondamentale du XXIe siècle ?


Jean Vinatier

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France bateau ivre…… N°730 3e année

Dans la torpeur de cet été 2010, décidément bien singulier, le dossier Bettencourt continue à dévaler la pente en grossissant à chaque rebond, échappant de plus en plus à la raison, le gouvernement prêtant le flanc à toutes les suspicions et que plus personne ne croit à l’impartialité du procureur de Nanterre. Les Français, déjà, écœurés, par le comportement de certains élus restent muets quand les élus de la majorité essaient d’entamer un dialogue sur les marchés : l’UMP, à juste titre, s’inquiéte de cette nouvelle attitude !
Le malheur veut que chaque jour sorte une affaire politique : Ainsi Laurent Vauquiez avouant tranquillement qu’il avait profité d’un déplacement officiel au Royaume-Uni pour lever des fonds pour son micro-parti. En temps ordinaire, ce ministre serait coupable de forfaiture mais voilà qu’on vous rétorque tout de go que les politiques de gauche comme de droite vont en Afrique francophone remplir les valises de billets depuis des décennies. Voilà la démocratie française tombée très bas, la République avec.
Les habitants de Grenoble et de Saint-Aignan sur Cher écarquillent les yeux quand l’Etat peine à faire respecter l’ordre public et à assurer la protection des citoyens dont celle des gendarmes de cette ville du Loir-et-Cher. Nicolas Sarkozy, en réponse, à toutes les violences, limoge le préfet de l’Isère, fort peu coupable, pour mettre à sa place l’ancien directeur de la Sécurité publique à Paris. Un policier de plus après la nomination d’un premier à la tête du 93. A celles et ceux qui pourraient s’étonner de voir la police ainsi promue à la place des préfets, rappelons que le tandem Sarkozy-Guéant, pense très sérieusement que la police ne doit cesser de prendre en importance et dans le même temps s’attache à en réduire les effectifs : où est la logique ?
Le pouvoir croit-il très sérieusement que la punition infligée au préfet de l’Isère ramènera vers lui un électorat quelque peu lassé des grandes incantations depuis 2002 de Nicolas Sarkozy ministre de l’Intérieur puis Président de la République ? En fait l’Elysée fait de la com’ tel un acteur se satisfaisant d’un effet de manche ! Tout est com’ répète-t-on dans les couloirs du palais présidentiel, le réel n’existe donc pas.
Les Français s’irritent véritablement du pillage de magasins à Saint-Aignan, de la violcence de tel ou tel chef de bande d’un quartier de Grenoble. Quel que soit le jeu élyséen, il arrive un moment où il faut cesser de se montrer plus byzantin que le basileus et agir en état régalien : veiller à la tranquillité des citoyens !
Quelle que soit la vue que l’on porte sur la vie politique française, toute personne sensée remarque la longue désintégration de la nation, la croissance de l’insécurité, du désordre. La disparition de la police de proximité a été un acte malheureux : Si elle ne pouvait empêcher les caïds de se constituer des « territoires » elle était visible pour le simple citoyen toujours tranquillisé par la vue régulière d’un uniforme. Les événements grenoblois ne sous-entendent-ils pas que toutes les villes métropolitaines et même des villes moins étendues pourraient connaître de pareils faits ? Assistons-nous à l’émergence de nouveaux Bagaudes ?
L’atmosphère en train de se grandir est dangereuse.
Un Chef de l’Etat défendant bec et ongle le bouclier fiscal pour le bien-être de treize mille foyers fiscaux quand le Premier ministre établit un programme d’austérité qui touchera de plein fouet les trois-quarts des Français, le tout sur fond de panne de croissance, n’y-a-t-il pas un risque d’explosion sociale et même plus une révolte patriotique ?



Jean Vinatier
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mardi 20 juillet 2010

Etat général N°729 3e année

Je ne parvenais plus à écrire depuis une huitaine de jours devant une actualité de plus en plus affligeante et désordonnée tant en France que dans le monde. Dans ce climat nauséabond, il est bien difficile de faire des chroniques au risque de donner la faveur à la seule mauvaise humeur ou au seul dépit. Ce n’est donc point le découragement qui a entraîné cet arrêt brutal de Seriatim.
Pour l’heure je me replonge dans les auteurs grecs (Démosthène, Plutarque, Aristote, Platon, Thucydide) et dans les écrits du soufisme. Ce besoin de souffle philosophique, de réflexion personnelle s’impose comme une défense et comme une ressource indispensable afin de poursuivre le chemin devant le délitement général de la France et de l’augmentation continue du désordre mondial.
Je voulais seulement vous dire en quelques lignes l’état d’esprit dans lequel je suis.
Seriatim s’arrêtera au mois d’août pour reprendre en septembre. D’ici là, j’espère de tout cœur écrire quelques chroniques.

Jean Vinatier
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lundi 12 juillet 2010

Jacqueline de Romilly : la moralité de Périclès à aujourd’hui N°728 3e année

Voici un extrait du chapitre 3 "La moralité", du bel et sans doute dernier ouvrage de Jacqueline de Romilly, La grandeur de l’homme au siècle de Périclès, Ed de Fallois, Paris 2010, pp.46-49.
Le passage cité permet de faire lien avec notre époque et d’observer que le labeur reste grand
:

« De Périclès il (Thucydide) dit en effet qu’il était supérieur à tous les autres, non seulement par la pénétration de sa pensée et la puissance de sa parole, mais aussi parce qu’il était parfaitement honnête, incorruptible, et disait toujours la vérité au peuple, alors que ses successeurs, en tout cas, prirent l’habitude de parler au peuple en sollicitant ses faveurs et en cherchant à lui plaire plutôt qu’à le diriger vers le bien commun de tous. Autrement dit, la lucidité n’est rien sans le secours d’une rigoureuse morale, d’une honnêteté parfaite pour guider les choix politiques ; et dès que ces deux qualités viennent à manquer, les conseils des hommes politiques (disons : des démagogues) perdent toute valeur, toute intelligence, toute prudence, puisqu’ils sont au service des caprices du peuple. De là toutes les fautes qui suivent l’arrivée des démagogues au pouvoir. La conclusion s’impose : si notre chapitre précédent a exalté le rôle de l’intelligence dans le choix politique, on découvre maintenant que cette intelligence ne sert plus à rien quand les qualités morales ne sont pas là pour l’étayer. Tout dépend de l’honnêteté, de la fermeté, de la lucidité, qui se trouvent mises au service du bien.
Et pourquoi flatter le peuple se révèle-t-il si dangereux ? Parce que cela s’écarte du bon droit et du jugement, bien sûr ! Mais aussi parce que le peuple n’est pas par lui-même apte à bien choisir : les passions qui constituent le fond de la « nature humaine » sont les plus répandues encore chez les gens simples que chez les chefs politiques qui ont réfléchi ; et aux ambitions, aux plaisirs, aux rancunes que l’on trouve chez tous, se joint chez le peuple, selon Thucydide, une espèce de légèreté qui fait que les citoyens s’enthousiasment tout d’un coup pour un chef qui leur plaît, une mesure qui les tente ; on le voit bien dans la description de l’assemblée, où se décide l’envoi de Cléon à Pylos ; tous les auteurs contemporains, tragiques ou comiques, l’ont moquée, et l’on trouve chez Aristophane une scène révélatrice où l’assemblée elle-même est interrompue, lorsqu’on annonce qu’il vient d’arriver du poisson frais et bon marché : tout le monde se précipite pour accueillir cette heureuse nouvelle sans plus se soucier de la guerre. La légèreté du peuple, son manque de culture sont des données dont il faut tenir compte ! Périclès avait su en tenir compte, ses successeurs ne le surent pas. La morale est donc essentielle, et du côté du peuple et du côté des chefs, et toutes les erreurs politiques viennent en fait de l’égoïsme avec lequel chacun intervient sans souci du bien commun.
En ce sens, on pourrait dire, raisonnablement, que toute la politique, que toute la réussite, que toutes les formes d’action opportune dans le domaine public, sont directement rattachées au souci du bien commun, à la droiture –bref, à la moralité. Fondée sur une analyse cohérente et systématique, la morale retrouve ici une place aussi importante que chez Sophocle.
N’est-ce pas là une vérité qui vaut pour tous les temps ? N’est-ce pas ce qu’il faudrait rappeler et aux hommes politiques et aux citoyens et à toutes les assemblées, réunions et associations qui tentent de peser sur la vie d’un pays ?

Jacqueline de Romilly »



Jean Vinatier
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jeudi 8 juillet 2010

Bettencourt et ainsi de suite N°727 3e année

Bettencourt est le soap opera de l’été 2010 avec des nouveautés chaque matin : un jour Sarkozy reçoit une gifle morale comme celle qu’il a reçu la Présidente de l’Argentine au G20, le lendemain il monte à l’assaut. Un jour Mediapart est loué par la presse, le lendemain, la majeure partie de ses confrères lui tourne le dos quitte à revirer de bord dans deux jours.
Concernant les rétractions de l’ancienne comptable Claire T. ou bien
Mediapart a tronqué les réponses de cette dame et le média devra en tirer les conséquences déontologiques ou bien c’est la pression du procureur de la République, Philippe Courroye, un ami du Président de la République, qui a abouti à son changement d’attitude, alors preuve sera faite de la partialité du magistrat et de la brigade financière, pourtant réputée indépendante de caractère.
L’offensive de communication menée par l’Elysée fera-t-elle illusion ? Elle obéit à la précipitation, et mise sur l’amas de contradictions pour que cessent toutes les attaques contre le Président de la République. Mais qu’en restera-t-il à terme ? Des doutes et des fureurs. La France de 2010 est dans le même climat délétère qu’à la fin du second septennat de François Mitterrand et même, pourrait-on ajouter dans les coups tordus permanents entre Chirac et Balladur en 1995 : il est un secret pour personne que le ministre Sarkozy, proche de l’Ami de 30 ans, fournissait bien des informations à des médias comme par exemple,
Le Monde, dirigé par un certain Edwy Plenel. 1993, 1995, 2010 : nous retrouvons les mêmes personnages mais à des places différentes. D’ailleurs un point réuni Plenel et Sarkozy, ils veulent personifier La Morale.
On aurait tort de séparer les multiples transformations de l’affaire Bettencourt en Woerthgate puis en Sarkogate de tous les autres dossiers sortis contre un grand nombre de ministres du gouvernement Fillon. On le suppute, la « chiraquie » est, certainement, derrière toute cette offensive visant à décrédibiliser Nicolas Sarkozy : A qui profite le crime ? Ne trouve-ton pas étrange le silence de Dominique de Villepin ? Que dire de la posture de François Baroin ? Et Copé qui revêt les habits du cardinal de Retz…. Dans ce moment, il est pittoresque de voir les députés socialistes entrer dans le jeu des réseaux de l’ancien Chef d’Etat.
En ce jour l’Elysée a emporté une manche en instillant via la com des interrogations mais nous savons que le dossier Sarkozy n’est en aucun cas clos : le Karachigate est juste derrière.
La presse étrangère dresse un portrait de Nicolas Sarkozy terrible que se gardent bien de rapporter les journaux français sauf l’Express.
Même si Nicolas Sarkozy parvenait à sortir de cette impasse, il serait si abîmé et si affaibli que les deux dernières années de son mandat seraient pratiquement sans légitimité.
Dernier détail la presse américaine n’accorde aucun intérêt à cette affaire, une humiliation pour un homme qui s’identifie tellement à des idées américaines ou plus exactement à l’idée qu’il se fait des Etats-Unis



Jean Vinatier
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P.S: un commentaire Anonyme (pas courtois) me dit que Villepin sera à France Info demain et qu'il a donné un interview dans Libération: dont acte!


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mardi 6 juillet 2010

Nicolas le Bref ? N°726 3e année

Elections présidentielles en septembre ?
La publication par
Mediapart des confessions d’une ancienne comptable du couple Bettencourt dépasse en puissance de nuisance les enregistrements effectués par un ex-maître d’hôtel : cette fois-ci le nom de Nicolas Sarkozy est prononcé à plusieurs reprises. L’Elysée est dépassé par les conséquences de la dispute familiale entre les Bettencourt. On est vraiment dans quelque chose d’incroyable. La presse étrangère nous assassine chaque matin ; pour elle le Président de la République est le « roi est nu » (Serge Michel dans Le Temps), il est « carbonisé »…etc
A 8 jours du 14 juillet qui accueillera les puissances africaines francophones (une belle brochette de prévaricateurs), les Français ne sont pas dans les rues mais dans les gares, les aéroports, sur les routes : l’affaire Bettencourt avec toutes ses enveloppes kraft qui seraient passées entre les mains des ledaers de la droite dont Sarkozy et Woerth ne déclenche pas de mouvement populaire. Pas de révolution donc ! Pourtant on aurait pu imaginer le scénario estival suivant avec Paris-Plage à l’arrière plan : en juillet les futurs aoûtiens prenaient l’Elysée-Bastille puis en août, lors de la nuit du 4 au 5 les ex-juillettistes abolissaient tous les privilèges républicains…ensuite mise en place d’une constituante et ainsi de suite….
La République irréprochable, slogan de campagne de l’UMP est à terre même si, à ce jour, les propos de l’ancienne comptable ne sont étayés par aucune preuve matérielle puisque tout se faisait de la main à l’enveloppe dans une atmosphère à la Feydeau : le couple Bettencourt atteint de surdité, il hurlait, communiquant ainsi à tout le personnel de maison des informations qui eussent dû éviter la moindre publicité.
Que peut faire le Président ?
Le Président doit-il parler ? Mais pour dire quoi ? Rien surtout si une information judiciaire est en route. Dissoudre l’Assemblée nationale avec pour conséquence la victoire du parti socialiste ? La démission du gouvernement Fillon ? Elle est, à première vue une solution provisoire bien qu’on imagine sans peine les « chiraquiens » agissant, à l’instar du clan Copé, pour imposer un grand nombre de leurs fidèles, laissant aux sarkoziens les portefeuilles les plus explosifs socialement.
Si d’autres révélations devaient intervenir et qu’elles impliquent de nouveau le Chef de l’Etat celui-ci devrait soit approuver une commission d’enquête parlementaire indépendante, soit remettre son mandat en jeu, soit purement et simplement se retirer de la vie publique tel Nixon.
Laisser pourrir la situation ? L'unique planche de salut? Elle s’apparente à la politique du pire et elle est singulièrement dangereuse. Eric Woerth et Nicolas Sarkozy peuvent répéter à tout va qu’ils n’ont pas pris un centime d’euro pour eux : comment le prouver puisque toutes les sommes étaient liquides ? D’ailleurs ces sommes ont-elles figuré dans les comptes de campagne de 2007 ?
Leurs paroles d’honneur ?Les Français considèrent depuis les septennats de François Mitterrand ternis par une foule d’affaires (sang contaminé, Urba, Mazarine, argent saoudien, frégates de Taiwan …etc) que les politiques comme les journalistes ne méritent ni leur confiance, ni leur estime. Nicolas Sarkozy n’a pas vu qu’en mettant autant l’accent sur l’aspect moral pendant sa campagne électorale et qu’il a fait voler en éclat dés son entrée à l’Elysée (augmentation de 170%, yacht de Bolloré…etc) il ouvrait une boîte de Pandore sur fond de dégradation économique.
Il est intéressant de relever qu’une affaire privée fasse vaciller la présidence sarkozienne avec des dommages collatéraux pour tous les autres partis : Marine Le Pen et Jean-Luc Melenchon, habilement silencieux, comptent les points. L’appel au calme lancé par Simone Veil et Michel Rocard dans Le Monde n’atteint que le milieu qu’ils fréquentent celui de la haute bourgeoisie, des fonctionnaires internationaux, des dirigeants de sociétés et absolument pas la nation.
Les cadeaux faits par Mme Bettencourt à François-Marie Banier mettent à nu tout le milieu parisien( ne parlons pas d’une cour qui implique hiérarchie, protocole et éclat) en dévoilant tous les rouages d’une « société de lobbying » où se côtoient des hauts fonctionnaires, des politiques, des « aristos républicains » », des dirigeants et leurs conseillers (Minc, Bolloré, Arnault, Dassault, Desseigne, Courbit…etc) avec leur bouclier fiscal qui reste, pour la majorité des Français le symbole de l’iniquité fiscale. Rappelons quand même que la devise nationale est Liberté, Egalité, Fraternité !
Que doit penser une Angela Merkel dont le pays peut gagner le Mundial, d’un partenaire français sur lequel repose autant de doutes : comment faire approuver des mesures sociales pénibles si les chefs d’Etat et de gouvernement ne sont pas irréprochables !

Jean Vinatier
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France/14 juillet : « Le Défilé de la Honte » N°725 3e année

Seriatim reproduit l’article de Patrick Eric Mampouya, à la tête d’opposants au régime du général Denis Sassou Nguesso, Président du Congo-Brazzaville de 1979 à 1992 puis de 1997 à aujourd’hui. Omar Bongo (Gabon) était son beau-père :

« A l’occasion de la fête nationale du 14 juillet 2010, le président Nicolas SARKOZY vient de sortir de sa boite à idées, un projet dans la droite ligne de la présidence médiatique dont il est le symbole assumé : s’entourer des chefs d’Etats africains dont des unités militaires devraient défiler sur les champs Elysées aux côtés des troupes françaises, dans une communion mêlant cinquantenaire des "indépendances" des "ex" colonies françaises d’Afrique noire et 14 juillet.
Le mariage incestueux entre ces deux figures irréductibles (prise de la Bastille, symbole de la fin de la monarchie absolue et pas de l’oie d’armées de répression au service de monarchies avérées), véritable insulte pour l’esprit, n’est pourtant pas un obstacle pour le show man Sarkozy décidé avant tout de se mettre en valeur. De l’évocation de Jean JAURÈS à Guy MOQUET en passant par le discours de Dakar, Nicolas SARKOZY a montré jusqu’à plus soif, un penchant indiscutable à la mise en scène controversée des symboles.
Le 14 juillet prochain, il sera sous les feux de la rampe. Médias de l’hexagone et de l’espace francophone seront braqués sur lui. Ca vaut bien ce dévoiement de symboles. Les satrapes africains consolideront le décor.
Il ne s’en trouve bien entendu aucun pour s’interroger sur le sens du rapprochement de ces deux moments d’histoire. Sans risque de se tromper, on peut même affirmer leur ignorance du premier. Ils le sauraient que ça ne changerait en rien leur désir quasi-compulsif d’être présents. Leur symbole à eux est d’être là, en invités du grand chef blanc. Une reconnaissance qui sanctionne leur appartenance à la famille, celle de la françafrique. Voilà qui est important.
Au niveau local, les préparatifs vont bon train. Un peu partout en Afrique francophone, des comités de préparation du cinquantenaire des indépendances ont vu le jour. On se dispute les places au sein de ces comités regardés comme source de revenus potentiels. Les militaires piaffent d’impatience de fouler de leurs bottes couvertes du sang de leurs concitoyens, l’asphalte des champs Elysées. Il y va du Congo Brazzaville comme du Cameroun, du Tchad ou de la Centrafrique.
Petit rappel historique : Ce 14 juillet 1789, les parisiens qui prennent d’assaut la Bastille, affrontent les soldats de Louis XVI qui défendent la célèbre citadelle, symbole du despotisme royal. Leur reddition sonnera le glas de l’ancien régime et annoncera la révolution, les temps nouveaux.
A deux cent ans de distance, les revoilà, ces soldats, venant d’Afrique, prêts à chauffer le macadam des champs Elysées, sous les applaudissements nourris de parisiens ignorant tout de la nature de ces armées dont les médias exalteront à n’en pas douter, l’application et l’exotisme des pas. Inutile également de s’attendre à l’évocation de combats qu’elles auraient livrés pour défendre les frontières nationales, leur ennemi dédié et permanent étant intérieur. Et puis, on ne froisse pas les hôtes de marque, les invités du roi. Ça fait mauvais genre. L’armée congolaise en est un exemple parfait.
Armée ? Elle n’a d’armée que le nom ! Sa mission avérée est la défense d’un homme qui l’a façonnée et d’un système qui est son placenta. L’homme (SASSOU NGUESSO) et le système (Klepto-dictature-familiale) étant rejetés par la population, son ennemi est intérieur. Contre cet ennemi, s’exerce toute la puissance d’un appareil répressif implacable.
Près de 30 000 hommes s’y attèlent pour un budget de 108 milliards de FCFA (164 644 938.62 €), supérieur à celui de la santé (106 milliards) et talonnant de près celui de l’enseignement (146 milliards). Deux domaines à la dérive. Les hôpitaux sont des mouroirs. Le plus grand hôpital du pays ne dispose ni de médicaments (à la charge des patients), ni d’ascenseurs (il comporte 5 étages dont on gravi les marches à dos d’hommes à raison de 1000 FCFA l’étage soit 1,52€ !), ni même de toilettes, les patients étant contraints de faire leurs besoins dans des seaux que les familles vident dans la cour attenante en creusant des trous vite rebouchés.
L’enseignement n’échappe guère au désastre. A "l’Université" (la seule dont dispose le pays), faute de places, les étudiants retardataires suivent les cours dehors, debout, à travers les fenêtres des amphis. Dans les collèges, lycées et écoles primaires, 100 élèves par classe est une bonne moyenne. Un reportage diffusé sur télé Congo a même récemment montré un collège de 600 élèves avec…. un professeur ! Multicartes sans doute.
Après 26 ans de pouvoir sans partage, de régime SASSOU NGUESSO, c’est le grand bond en arrière. Sauf pour lui et sa famille dont une enquête de la police financière engagée en mars 2007 sur une plainte des associations SHERPA, Survie et la Fédération des Congolais de la Diaspora, pour recel de détournement de fonds publics, a révélé le fabuleux patrimoine (24 biens immobiliers de luxe et 112 comptes bancaires répertoriés en France).
Rappelons qu’au Congo Brazzaville, 70% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, que ni l’électricité ni l’eau potable n’y sont pleinement assurés et que ce pays traversé par le deuxième fleuve (le Congo) le plus grand du monde après l’Amazonie et irrigué par d’innombrables cours d’eaux, est le 4ème producteur d’or noir en Afrique.
Dans un tel contexte de désastre généralisé, "l’armée", véritable pilier du régime, fait figure d’enfant gâtée. Du moins, en ce qui concerne la caste des généraux lesquels n’hésitent guère à étaler leur "réussite".
DRTV, la plus grande des chaînes de télévision privée, est détenue par le général Norbert DABIRA, Inspecteur général des armées de son état. D’autres s’adonnent aux joies bien connues de l’élevage, du transport de matériaux ou de personnes lorsqu’ils ne sont pas à la tête de sociétés de gardiennage.
Pour plus de sécurité, de son noyau central ont été expurgés tous les allogènes. En clair, tous ceux, non issus de la famille du chef ou non cooptés par lui.
Fortement clanisée, son ossature est formée d’anciens miliciens qui se sont illustrés par des actes de barbarie sans égal lors des guerres de reconquête du pouvoir par SASSOU NGUESSO en 1997, et de répression-consolidation du pouvoir de 1998 à 2002, mettant à feu et à sang des régions entières jugées non SASSOU NGUESSO compatibles. On dénombre alors de 200000 à 300000 morts et disparus (chiffres Cimade).
Génocidaires Hutus rwandais en fuite, pilleurs invétérés, auteurs de viols massifs, repris de justice, criminels de guerre écument cette "armée". Nombre de ses généraux sont actuellement poursuivis par la justice française pour crimes contre l’humanité dans la terrible affaire des "disparus du Beach".
On se souvient qu’entre avril et juin 1999, des Congolais (du Congo-Brazzaville) réfugiés du fait de la guerre civile en République démocratique du Congo, décident de rentrer au pays. Ils répondent à l’appel à la réconciliation nationale lancé par le Général dictateur. A leur arrivée au port fluvial de Brazzaville ("le Beach"), 353 d’entre-deux seront enlevés par les sbires de Sassou Nguesso et discrètement massacrés.
Les familles des disparus vivant en France et des ONG portent alors plainte contre plusieurs hauts responsables congolais, dont le président SASSOU NGUESSO. En raison de la domiciliation en France d'un des protagonistes présumés de l'affaire, le général Norbert DABIRA (qui sera entendu avant de disparaître dans la nature), la plainte est déposée devant le tribunal de Meaux. L’affaire des "disparus du Beach" est lancée.
Neuf ans après, la procédure initiée en décembre 2001 piétine étrangement et demeure au stade de l’instruction, notamment, en l’absence de prévenus. Or, s’essuyant la semelle des rangers sur le mandat d’arrêt international délivré à leur encontre par la justice française, ces généraux, assurés de l’impunité que leur garantissent les autorités françaises, paradent sans état d’âme dans les grands hôtels de Paris. Une loi en cours d’adoption au Parlement français leur garantit même l’immunité totale et l’assurance qu’ils ne seront plus jamais inquiétés en territoire français. Une humiliation pour la justice française et le peuple français. Une gifle pour les familles des victimes renvoyées à leurs classiques de realpolitik.
En effet, 5 ans plus tôt (le 17 août 2005), un jugement de la Cour criminelle de Brazzaville rendu à l’issue d’un procès organisé par les autorités congolaises dans le but de court-circuiter la procédure judiciaire engagée en France, concluait à l’innocence des 18 militaires dont 4 généraux, tout en reconnaissant la disparition de plus de 85 personnes lors des événements de 1999. Depuis lors, les autorités congolaises arguant de l’autorité de la chose jugée, ne se lassent pas de réclamer l’abandon des poursuites engagées en France contre ces officiers méritants. On y est presque.
En effet, pour ménager et sanctuariser les intérêts français et de la françafrique, Nicolas SARKOZY vient de décider que la France doit être un paradis pour les dictateurs africains et les criminels contre l’humanité qui les ont fidèlement servis. Il n’y a pas lieu de contrarier d’avantage un homme (SASSOU NGUESSO) qui a toujours manifesté de bonnes dispositions à l’égard de la France.
Lui et son armée sont les garants de la mainmise française sur les richesses du Congo Brazzaville. Les chinois (nouvel épouvantail occidental) ne piqueront pas les rentes de situations traditionnelles de la France au-delà de marchés qui peuvent être importants, certes, mais ne remettent pas en cause la position monopolistique des entreprises françaises.
Total Elf conserve sa position dominante dans l’exploitation du pétrole congolais (plus de 80% du budget de l’Etat). L’ami BOLLORÉ vient d’obtenir la concession du terminal à conteneurs de Pointe-Noire, unique port en eau profonde en Afrique centrale et véritable poumon économique de la sous-région. Vincent BOLLORÉ contrôle également la seule voie ferrée (CFCO) reliant la ville du pétrole (Pointe-Noire), à la capitale, soit, 510 Kms. Un axe capital d’autant que la Centrafrique, pays enclavé, lui même ouvrant sur le Tchad également enclavé, est desservie par cette voie. La vocation du CFCO (construit par la
Société de Construction des Batignolles entre 1920 et 1934) selon ses concepteurs français, était et demeure de couvrir à partir du Congo Brazzaville, la sous-région. Il serait surprenant que cet intérêt stratégique ait échappé aux stratèges de Bolloré. Veolia étend ses tentacules sans véritablement rencontrer de concurrence.
L’URSS où les 3/4 des officiers ont été formés n’étant plus que l’ombre d’elle-même, l’industrie militaire française est devenue la principale pourvoyeuse d’armes de "l’armée" congolaise. Le prix du baril de pétrole ayant atteint des sommets inégalés, les commandes affluent avec les surfacturations habituelles qui remplissent les poches des différents intermédiaires au niveau de "l’armée".
Les relations armée française/armée congolaise sont si bonnes qu’une école à vocation régionale (ENVR) vient d’y être implantée. Au-delà du métier des armes, on y apprendrait les métiers du génie.
Malgré la proclamation d’une république populaire avec drapeau rouge, le Congo Brazzaville n’avait jamais dénoncé les accords monétaires et de défense avec la France. Les aides militaires et les soutiens politiques n’ont jamais fait défaut à SASSOU NGUESSO.
La longévité exceptionnelle au pouvoir de cet homme sans charisme aucun et plutôt calculateur que visionnaire, qui aura survécu à trois régimes dont le moins que l’on puisse dire est leur nature violente, en dit long sur la confiance que lui accorde la françafrique, et le degré de corruption de l’intéressé. La françafrique a misé sur lui, et il le lui rend au centuple. Un bon cheval, le jackpot.
Peu importe à cet homme le soutien de ses concitoyens. Il n’a pas besoin d’être aimé par eux et s’en est toujours passé. En revanche, il a besoin d’être craint. C’est à cela que servent cette "armée", la gendarmerie toute récente et la police, toutes tenues par des proches.
Ses opposants l’accusent régulièrement d’entretenir une milice fortement armée dans son fief natal (Tsambitcho). Et ils n’auraient pas tort de se méfier. Le 26 février dernier, l’Afrique du Sud informait le Conseil de sécurité des Nations unies qu’elle avait intercepté une cargaison d’armes en provenance de Corée du Nord et à destination du Congo Brazzaville en violation de la résolution 1874 des Nations unies qui interdit à la Corée d’exporter des armes. Le ministre de la défense ne semblait pas être au courant de cette commande secrète révélée malencontreusement.
Le 31 mai dernier, les habitants du quartier Talangaï, quartier populaire au nord de Brazzaville, se sont réveillés au rythme de violentes explosions au domicile du général ADOUA. Proche de SASSOU NGUESSO, ce chef redouté de la garde présidentielle, poursuivi dans l’affaire des disparus du Beach, détenait un formidable arsenal militaire à son domicile pour des raisons que nul ne s’aviserait à lui demander.
Ce 14 juillet donc, les naïfs spectateurs français s’apprêtent à applaudir ce qu’il faut bien appeler des milices d’Etat (en tout cas au moins pour le Congo Brazzaville) sous couvert d’armées nationales. Prudent, le gouvernement français a pris grand soin d’éviter que les organes de presse "hostiles" rencontrent les membres des détachements militaires invités. Il y aurait-il des choses à cacher ?
Patrick Eric Mampouya »




Jean Vinatier
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Avis de non-responsabilité : Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que l'auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de Seriatim.

Source :

http://mampouya.over-blog.com/


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lundi 5 juillet 2010

Louis XV : Mettre la France à l’heure de la Chine (1766) N°724 3e année

Le Périgourdin, Henri-Léonard-Jean-Baptiste Bertin (1720 –1792) est, certainement, l’un des ministres de Louis XV et de Louis XVI parmi les plus méconnus alors qu’il est, sans doute, l’un de ceux qui eut l’originalité la plus certaine.
La Chine entre sur la scène européenne au XVIIIe siècle : Elle cesse d’être assimilée à l’Inde, sa population n’est plus considérée comme blanche pigmentée mais comme jaune. Si elle est depuis un moment, l’objet des attentions des Portugais, des Hollandais, des Russes et, naturellement, des Britanniques, il reviendra aux jésuites français, sous la houlette du Père Amiot, installés à la cour de l’Empereur de Chine de donner une impulsion décisive.
A la fin de la guerre de Sept Ans avec les défaites terrestres et navales, les parlements en rébellion continuelle, une opinion publique énervée, le royaume de France traverse une crise morale sans précédent. Louis XV, qui n’est pas le souverain indifférent et paresseux que Michelet a popularisé, crée en 1762 pour l’ancien contrôleur général des finances, Henri Bertin, un secrétariat d’Etat aux multiples départements : les mines, la navigation fluviale, l’agriculture, les travaux historiques, que les salons moqueurs appelèrent le « petit ministère », ministère qui dura 18 ans !
En fait, Henri Bertin devint le premier ministre, de l’Agriculture, de l’Industrie et même de l’Enseignement supérieur par son rôle dans la création du Cabinet des chartes, des grandes écoles dont celle des Mines (1778) Ce fut, selon le mot de Michel Antoine, «
un ministère de l’érudition ». A cette nouveauté s’ajoutait outre celle d’entreprendre avec la Chine une correspondance économique le début de la sinologie en France.
Selon Chamfort et Grimm, Louis XV et son ministre Bertin voulaient changer l’état d’esprit de la nation. Quelle était la nation qui pouvait offrir à la fois un modèle différent, une indépendance absolue, la grandeur si ce n’est la Chine qui était, au XVIIIe siècle au firmament de sa puissance d’Asie sous la férule de grands empereurs de la dynastie Qing : Kangxi (1661-1722) Yongzheng (1723-1735) et Qianlong (1735-1796)?
Malgré l’édit impérial de 1724 qui proscrivait toute présence et tout culte étranger, les Jésuites bénéficiaient de la clémence de Qianlong. Vers 1762, le Père Amiot envoya deux chinois, Ko(1733) et Yang (1734), terminer leur noviciat. Mais l’expulsion des Jésuites obligea les deux chinois à entrer chez les Lazaristes. Leurs tribulations firent naître dans l’esprit de Bertin que ces deux jeunes hommes pourraient devenir, faute d’une représentation diplomatique, des « agents de liaison » entre Versailles et Pékin. Le gouvernement français entreprit de leur faire découvrir la France agricole (les Physiocrates attendaient beaucoup de connaître le taux de rendement de la terre chinoise , en réalité, trés supérieur à la nôtre), industrielle, universitaire, scientifique, les savants dans tous les domaines. L’intendant du Limousin, Turgot établit une liste de 52 questions pour les 2 chinois puis rédigea, en 1766, pour la cour pékinoise, les fameuses «
Réflexions sur la formation et la distribution des richesses » qui devint sous la plume d’Adam Smith en 1775, « Richesse des nations »
C’est ainsi que débutèrent les relations franco-chinoises. La France garde les 16 volumes des Mémoires concernant les Chinois (Bibliothèque de l’Institut Fond Delessert) publiés entre 1776 et 1791 puis en 1814 (Laplace), qui ne négligent aucun sujet et dont les historiens Henri Cordier et Joseph Dehergne ont rappelé toute l’importance.
Toute la presse de l’époque se fit l’écho de ces échanges en tout point moderne, notamment le
Journal des savants en 1777 :

« Ce Recueil…est le fruit d’une correspondance qu’on entretient depuis dix ans avec les missionnaires qui sont dans cet empire et avec deux Chinois qui ont demeuré autrefois en France où ils ont appris les sciences d’Europe. Ils retournèrent à la Chine en 1765, avec des Mémoires et des questions sur tous les objets sur lesquels on désiroit d’avoir des éclaircissemens. Ce sont les réponses à ces Mémoires que l’on se propose de publier tous les ans et le volume que nous annonçons est le premier de ce Recueil. »

La France voulait connaître un pays pour ce qu’il était (longtemps on a voulu établir un lien entre l’Egypte et la Chine, entre le taoïsme et le catholicisme via une mystérieuse tribu sémite), l’entreprendre sur un pied d’égalité et non envisager une quelconque colonisation. Il y avait, bien entendu, des arrière-pensées géopolitiques en raison des présences de la Russie et du Royaume-Uni. Prendre pied en Chine permettait à la France de contrebalancer l’ambition de Londres, de se placer au-delà de l’Inde. D’ailleurs, n’oublions pas que l’expédition de La Pérouse était motivée par des calculs autant scientifiques que stratégiques : la France ne venait-elle pas de poser quelques jalons en Indochine par l’entremise de Mgr Pignault de Béhaine en 1787 ? La correspondance entre Bertin et les Chinois via le Père Amiot suivie par Louis XV puis Louis XVI, les deux souverains étant férus de découvertes scientifiques et de nouveautés géographiques, éclaire d’un jour plus particulier le XVIIIe siècle français.
Mettre la France à l’heure chinoise signifiait, sans doute dans l’esprit de Louis XV, la nécessité de redonner envie à une nation en proie aux doutes sur son rang dans le monde et de conjurer les impatiences politiques aux secousses de plus en plus violentes au sein de la société française.
Les règnes de Louis XV et plus particulièrement celui de Louis XVI seront toujours tiraillés entre la modernité et la prudence, cette dernière qui sera vue comme un refus de toute réforme structurelle, là se trouve, sans doute, l’origine de 1789.
En 2010, l’engouement pour la Chine est comme on le voit ancien et peut-être que le ministre du Bien Aimé et Turgot avaient-ils plus d’intelligence et de hauteur que nombre de spécialistes contemporains. Bien avant Napoléon la monarchie avait compris l’importance de la Chine.

Jean Vinatier
Copyright©SERIATIM 2010

Sources :


Joseph Dehergne : Une grande collection : « Mémoires concernant les Chinois » Bulletin de l’Ecole Française d’Extrême Orient, Tome 72, 1983, pp.267-298

Henri Cordier : « La Chine en France » Séances de l’année Académie des Incriptions et des Belles-Lettres, année 1908, Vol.52, N°9, pp.756-770

Antoine (Michel) : Louis XV, Paris, Fayard, 1989

Maurepas (Arnaud de) & Boulant (Antoine) : Les ministres et les ministères du siècle des Lumières, 1715-1789, Paris, Christian/JAS, 1996, pp.290-294

Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Arabie Saoudite, Argentine, Arménie, Australie, Biélorussie, Bénin, Bolivie, Bosnie Herzégovine, Brésil, Burkina Faso, Cambodge, Cameroun, Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa, Corée du Sud, Côte d’Ivoire, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30 Etats & Puerto Rico), Gabon, Gambie,Géorgie, Guatemala, Guinée, Guinée, Haïti, Honduras, Inde, Indonésie, Irak, Iran, Islande, Israël, Jamaïque, Jordanie, Kenya, Liban, Libye, Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Malawi, Mali, Maurice, Maroc, Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Népal, Niger, Nigeria, Norvège, Nouvelle Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Qatar, République Centrafricaine, République Dominicaine, Russie, Rwanda, Sénégal, Serbie, Singapour, Slovénie, Somalie, Suisse, Taiwan, Thaïlande, Togo, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont France + DOM-TOM, Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Saint-Pierre–Et-Miquelon), Ukraine, Uruguay, Venezuela, Vietnam, Yémen

dimanche 4 juillet 2010

Edito : 2 fusibles sautent, les courts-circuits restent N°723 3e année

Dans un premier temps, le Président de la République fait dire que ne cédant pas à la pression publique il remaniera le gouvernement Fillon seulement en octobre ; deux jours plus tard, en fin de journée d’été de dimanche, Christian Blanc et Alain Joyandet quittent le navire. L’opinion publique ne sera pas dupe d’un renvoi qui s’apparente à une volée de pièces d’or pour contenter les plus vociférateurs, juste avant les grandes migrations estivales.
Pourquoi deux sous-ministres ? Pour protéger le ministre Wœrth confronté à une campagne qu’il juge calomnieuse ? C’est trop tard ! Le Président Sarkozy aurait gagné à trancher dans le vif pour arrêter la bise qui agace les Français au lieu de feindre le problème puis d’atermoyer et in fine donner en pâture deux hommes dont les fautes ne contrebalanceront pas celles de l’actuel ministre du Travail.
L’Elysée montre, en tout cas, qu’il ne sait plus comment gérer l’affaire Bettencourt/Wœrth qui n’était, à l’origine, qu’une controverse familiale entre Mme Bettencourt et sa fille par François-Marie Banier interposé.
Il y a des moments où paraître céder aux sirènes de l’opinion publique est une faute mais il arrive également qu’hésiter ou agir par à-coup soit pire encore. En l’espèce, il fallait renvoyer François Fillon, faire le ménage et donc ôter à l’opposition toute puissance, requinquer l’électorat UMP, envoyer un message régalien aux Français.
Au lieu de quoi, jour après jour, le pays voit avec consternation tous les principes que martelait le candidat Sarkozy comme faux et se décourage d’un Président de la République vivant « comme Dieu en France », pour reprendre le titre de la presse d’Outre-Rhin qui résume « poliment » ce qu’exprime plus crûment l’ensemble des médias étrangers au sujet de l’homme élu en 2007.


Jean Vinatier

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Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Arabie Saoudite, Argentine, Arménie, Australie, Biélorussie, Bénin, Bolivie, Bosnie Herzégovine, Brésil, Burkina Faso, Cambodge, Cameroun, Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa, Corée du Sud, Côte d’Ivoire, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30 Etats & Puerto Rico), Gabon, Gambie,Géorgie, Guatemala, Guinée, Guinée, Haïti, Honduras, Inde, Indonésie, Irak, Iran, Islande, Israël, Jamaïque, Jordanie, Kenya, Liban, Libye, Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Malawi, Mali, Maurice, Maroc, Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Népal, Niger, Nigeria, Norvège, Nouvelle Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Qatar, République Centrafricaine, République Dominicaine, Russie, Rwanda, Sénégal, Serbie, Singapour, Slovénie, Somalie, Suisse, Taiwan, Thaïlande, Togo, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont France + DOM-TOM, Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Saint-Pierre–Et-Miquelon), Ukraine, Uruguay, Venezuela, Vietnam, Yémen