Info

Nouvelle adresse Seriatim
@seriatimfr
jeanvin22@gmail.com



Affichage des articles dont le libellé est Perse/Iran. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Perse/Iran. Afficher tous les articles

mardi 24 juin 2025

Emmanuel Todd : "Les USA et Israël plus dangereux que l'Iran". N°5723 19e année

« Dans ce 5e épisode de la série Le Monde selon Todd, l’historien et anthropologue Emmanuel Todd revient sur les tensions entre Israël, l’Iran et les États-Unis qui virent à la guerre. 

Grâce à son approche fondée sur la longue durée, il dévoile les ressorts profonds de la guerre en cours : effondrement du modèle américain, impasse stratégique israélienne, malentendus sur l’Iran chiite et la société iranienne, délitement du discours occidental, et risques de prolifération nucléaire. 

 Israël est le proxy au Proche-Orient d'une Amérique Impériale en voie de délitement. 

L'Iran, alors que nous publions, attaque la base américaine au Qatar : Al Udeid est la plus grande base militaire américaine dans la région et abrite le quartier général de l'US Air Force. L'engrenage d'une nouvelle "guerre éternelle" s'installe. 

Derrière le chaos actuel, Todd explore les structures anthropologiques, les récits fondateurs et les logiques de guerre. Une émission grave et essentielle, en pleine actualité, dédiée à la mémoire de son ami Philippe Cohen. 

Vous êtes invité à consulter le nouveau blog officiel d’Emmanuel Todd : 

https://emmanueltodd.substack.com »

Jean Vinatier 

Seriatim2025

dimanche 28 avril 2024

Iran: l’empire des roses par Jean-Claude Bonnier N°5772 18e année

« L'Iran est un pays de vieille civilisation qui présente aujourd'hui un visage peu avenant... Une exposition du musée du Louvre-Lens, en 2018, permettait de mieux comprendre un aspect de l'histoire de l'Iran : les arts de l'époque qajar au XIXe siècle. Je vous propose une visite rétrospective dans cette belle exposition. » 

Jean Vinatier 

Seriatim2024

jeudi 5 octobre 2023

Caucase : enchevêtrements N°5706 17e année

 L’offensive menée par l’armée azérie contre la république auto-proclamée du Haut-Karabagh a été rapide et violente mettant la communauté internationale devant le fait accompli. Certains évoquent une seconde étape de la part de Bakou qui viserait à établir de facto un corridor, à travers le territoire arménien, reliant l’Azerbaïdjan à la république autonome du Nakhitchevan dont la Turquie est garante depuis le traité de Moscou (1921). Jusqu’alors l’exclave du Nakhitchevan jouissait d’une relative tranquillité quoique bordée par la Turquie, l’Iran et l’Arménie.

Le Caucase est une région explosive depuis des siècles du fait des mélanges ancestraux ou des enchevêtrements des populations, des religions, d’une géographie montagneuse rendant les communications difficiles. Le Caucase est aussi un nœud géostratégique renforcé par les abondances, pétrolifère, gazière.

A l’historique des puissances régionales qui se veulent aussi caucasiennes (Turquie, Iran, Russie) s’ajoutent celles éloignées, USA, Israël et même l’Union européenne qui appuie l’entrée de la Géorgie dans l’Otan et l’Union1. La récente inclination du premier ministre arménien, Nikol Pachinian, vers l’Otan dans un souci de rééquilibrage de ses accords avec la Russie n’abaissa pas les tensions, Moscou y voyant un lâchage en plein conflit russo-ukrainien : notons que le Président Zelenski appuie Bakou contre le Haut-Karabagh en référence au Donbass2.

 

L’enclave du Haut-Karabagh et l’exclave du Nakhitchevan résultent des découpages soviétiques à la suite des existences éphémères des multiples républiques caucasiennes socialistes nées après la chute de Nicolas II en mars 1917. La fin de l’Union soviétique en décembre 1991 ne résolut pas les problèmes, les États, arménien, azéri naquirent abrupto3. Depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en mars 2000, ce dernier s’est fixé de rétablir la Russie dans sa puissance géopolitique et bien évidemment le Caucase par sa situation devenait un enjeu majeur déjà secoué par les guerres tchétchènes puis le dossier Géorgien en 2008.

 

La question que l’on pourrait se poser serait la suivante : qu’est-ce qui a incité le Président Ilham Aliev a lancé cette opération spéciale pour reprendre une terminologie russe ?

Sans doute, la rencontre entre l’ambition de Recep Erdogan de rapprocher les pays turcophones d’Asie (les langues, azérie et turque sont intelligibles) et la concentration des moyens militaires russes contre l’Ukraine facilitèrent cette opération, l’Arménie étant un pays faible, sans ressource énergétique ? A cela, s’ajoute l’intérêt américain qui veut en Asie, barrer les routes de la soie à la Chine, fixer la Russie en-deçà du Caucase. Or Bakou est proche, de Washington, d’Ankara, membre fondateur de l’Otan. De l’autre côté, la présidence Aliev accepte d’écouler le pétrole russe en plus du sien faisant fi des sanctions décidées par les Occidentaux, sans soulever la moindre protestation et dans le même temps devient un fournisseur en gaz aux européens, et veille à garder ses bonnes relations avec l’Iran où vivent plus de 12 millions d’azéris ; Téhéran4, de son côté soutenant l’Arménie par crainte de non-accès à la mer noire et à la Russie, son partenaire stratégique !

Sans savoir si oui ou non, l’Azerbaïdjan poursuivra ou non son objectif de corridor de Zangezur vers le Nakhitchevan, nous voyons bien se dessiner un blocage géopolitique et géostratégique, chacun des acteurs étant tenu par l’autre à moins d’enflammer l’ensemble du Caucase:

-        -La Russie ne peut intervenir directement au risque d’une représailles azérie

-       - L’Azerbaïdjan ne courra pas le risque de perdre le fructueux marché avec l’Europe,

-        -la Turquie conduisant sa politique d’influence en oscillant de deux côtés doit rester en équilibre,

-        -l’Iran, à peine, son assise régionale reconnue les BRICS et les accords avec Riyad via la Chine est trop fragile,

-       -LesÉtats-Unis qui entrent en campagne électorale, peineront à trouver des Etats prêts à envoyer au front des soldats d’une part, et d’autre part ont des arsenaux réduits par le soutien à l’Ukraine

-      - l’Union européenne complétement attachée à Washington n’est pas en position de troisième voie : la preuve en est avec le sommet de Grenade organisé dans le cadre de la CPE (Communauté politique européenne qui regroupe 50 Etats dont le Royaume-Uni et la Géorgie ) initié par Emmanuel Macron où seront absents, la Turquie et l’Azerbaïdjan.

-       -L’Arménie par le choix de son premier ministre de reconnaître le Haut-Karabagh comme entité azérie dans le même temps où s’opérait un rapprochement avec l’OTAN donne un avantage aux « Occidentaux » dont les Turcs et Azéris profitent pleinement. Mais Erevan risque gros dans cette affaire de repositionnement géostratégique entre le marteau russe (même affaibli) et l’enclume otanienne (turco-américaine) un peu trop au bon vouloir d’Ankara.

-    -La Chine qui commence tout juste à prendre ses assises en Afghanistan ne peut pas compromettre les routes de la soie. Elle se place, aujourd’hui, trop loin du front des hostilités.

 

Le Caucase ne fait pas mentir son histoire antiquement enchevêtrée qui forme, peut-être, le barrage le plus efficace pour qu’une seule puissance la gouverne totalement et durablement bien aidé par une géographie montagneuse obstacle à des escalades géostratégiques.

 

Après les événements dans le Sahel africain, s’amène celui du Caucase prouvant que les essais d’extension du conflit russo-ukrainien par des nouveaux fronts sont difficiles, escarpés5 : on ne court pas plusieurs lièvres à la fois….

 

Notes :

 

1-Le Royaume-Uni autrefois était très influente pour contrer la descente russe vers les mers chaudes : lire La mort du Vazir-Moukhtar de Iouri Tynianov (1928) récemment réédité par Gallimard

2-le soutien d’Israël au gouvernement azerbaidjanais contre l’enclave du Haut-Karabagh n’est pas sans lien avec le conflit palestinien.

3-Idem pour l’Ukraine où lors de son indépendance, la Russie ne contesta pas la possession de la Crimée à Kiev alors que son rattachement à l’Ukraine soviétique était une décision administrative de Nikita Khrouchtchev.

4- L’Azerbaïdjan et l’Iran sont d’une part de confession chiite, d’autre part l’Azerbaïdjan est vue comme territoire zoroastrien

5-Regardons ce qui se passe en Finlande  

 

 

Jean Vinatier

Seriatim 2023

lundi 2 octobre 2023

"L’Empire perse au temps des Sassanides (IIIe-VIIe s. de notre ère) par Samra Azarnouche N°5704 17e année

 « Conférence historique du 9 mars 2022 sur "L’Empire perse au temps des Sassanides (IIIe-VIIe s. de notre ère) : un jalon de l’Antiquité tardive iranienne" donnée par Samra Azarnouche, philologue et historienne des religions à Saint-Raphaël lors de la Semaine départementale de l'Histoire et de l'Archéologie. » 

Jean Vinatier 

Seriatim 2023

vendredi 9 juin 2023

Moyen-Orient: la fin des alliances? Bertrand Badie/Dominique Vidal N°5695 17e année

 

5 avril 2023 

« Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales, professeur émérite à Sciences Po Paris et chercheur associé au Centre d’études et de recherches internationales (CERI Sciences Po). Auteur notamment de Le temps des humiliés. Pathologie des relations internationales (Odile Jacobs, 2019) L’Hégémonie contestée (Odile Jacob, 2019) et Inter-socialités. Le monde n’est plus géopolitique (Éditions du CNRS, 2020), Les puissances mondialisées (Odile Jacob, 2021), Vivre deux cultures, comment peut-on naître franco-persan? (Odile Jacobs, 2022). Son dernier livre est Le monde ne sera plus comme avant (avec Dominique Vidal, Les Liens qui libèrent, 2022). Modération: Dominique Vidal, journaliste et historien. » 

Jean Vinatier 

Seriatim 2023

lundi 10 avril 2023

Pâques chinoises N°5668 17e année

 Supplice chinois pour Emmanuel Macron : à l’arrivée, juste un gilet orange, pas de tapis rouge, ni garde d’honneur, une porte de voiture ouverte où l’attendait un vague vice-ministre…Une vaste table ovale où le protocole pékinois réussit à placer dans des coins Emmanuel Macron au milieu de son fatras et Ursula Von der Leyen..Loin de s’en offusquer, Emmanuel Macron commit l’impair de parler deux fois plus longuement que son hôte, jugea fin de mettre sa main dans la poche pour la photo officielle.. Il eut le thé avec Panda Céleste lequel s’offrit le luxe aisé de dire que la France pourrait retrouver une importance si elle cessait de s’aligner sur les seuls dires américains : Xi Jiping plaisantait-il ? Emmanuel Macron crut-il à une blague ? Mystère. Pendant ce temps Ursula Von der Leyen était présente et absente, elle fila, pour le retour parmi les passagers communs de l’aéroport. Bref, le voyage à deux dont l’objet était d’en imposer à Xi Jiping, s’effondra tout de suite. Une France humiliée non par la Chine mais par son représentant, une Europe bafouée non par la Chine mais sa représentante, voilà un désastre total que nos médias masqueront avec des tonnes de mastic.

Pendant l’interlude euro-français à Pékin, les ministres saoudiens et iraniens peaufinaient leur entente et se profile déjà à l’horizon la fin très probable de la guerre au Yémen qui était jusqu’à ce jour un lieu d’affrontement entre Riyad et Téhéran alimenté par des concurrence claniques, ethniques et religieuses. Une guerre affreuse qui n’émut jamais l’Occident (USA/Europe), on laissa à ces pauvres yéménites, les guerres, les épidémies, les famines….Au même moment, l’Inde fait savoir au Forbes India que l’Asie réfléchissait déjà à un pétro-yuan ou à un pétro-Brics. C’est bien l’Asie qui s’ébranle avec derrière les BRICS qui attirent à eux les Amériques, centrale, du Sud, l’Afrique….

Le décalage gigantesque entre les préoccupations occidentales, convaincre la Chine de modérer son appui à la Russie quand les plaques tectoniques géopolitiques s’activent, est impressionnant d’incompétence et d’arrogance. Même le pauvre New York Yimes se plante en affirmant que la France savonne les efforts américains pour brider la Chine. Hélas, la France ne savonne rien du tout si ce n’est elle-même et les Américains s’aveuglent en se fixant sur la seule Chine quand le continent asiatique prend conscience de ce qu’il est comme moteur du monde.

L’arrogance américaine en Ukraine où comme en Irak et en Afghanistan, croit encore, malgré leur échecs sanglants, que construire une nation est faisable et que pour cela, faire battre entre eux des frères et des cousins (Russes et Ukrainiens le sont sauf dans la partie ouest) est une étape baptismale a quelque chose de terrifiant de fanatisme…L’Ukraine nait et vivra mais sans ailes ni pieds ni mains…Et qu’avec tout ce drame, s’ajouteront certainement les conséquences de la campagne présidentielle américaine de 2024 qui retomberont sur l’Union européenne….et les Ukrainiens. Depuis Pékin ce spectacle de batailles de poissons rouges dans un bocal est vu dans toute l’Asie….

Se met en place la plus importante des batailles, outre celle énergétique, celle monétaire. Aucun médias ne s’interroge sur l’accélération des alternatives à la monnaie dollar. L’Occident a sous-estimé totalement que le fait de saisir les comptes bancaires de simples citoyens russes, de décréter d’arrestation des gens lambda, de saisir les biens des uns et des autres, a été regardé dans le monde entier comme une opération de gangster. D’un coup d’un seul l’extra-territorialité du dollar déjà ressentie comme singulière apparait maintenant comme une captation arbitraire des biens : au grès des humeurs et calculs américains, vous serez ou vous ne serez plus. A cette remise en cause du dollar despotique, viendra inévitablement la révision des institutions internationales rédigées par les Etats-Unis en 1945 : elle est dans les tuyaux !

Le déplacement surréaliste d’Emmanuel Macron et de l’Union européenne (après tout, Bruxelles a validé ce voyage en duo) où les deux commerciaux se firent sonner les cloches au point d’en avoir le bourdon mais sans que se produise le miracle de la prise de conscience, les lunettes américaines fixées sur leurs nez, que nous étions l’ancien régime, emportant avec nous nos valeurs démocratiques sérieusement policiarisées et même sinisées tant le crédit social apparait à nos dirigeants fébriles comme un moyen idéal de terrifier nous-mêmes….

 

Jean Vinatier

Seriatim 2023

 

dimanche 10 avril 2022

Iran : Que nous disent les négociations nucléaires menées par Ebrahim Raïssi ? N°5845 16e année

 « Wendy Ramadan-Alban, doctorante en sciences politiques, a effectué son doctorat en sciences politiques à l’Université de Namur (Belgique) et à l’EHESS. Elle a étudié le persan à l’INALCO ainsi qu’à l’Institut Dehkhodâ basé à Téhéran (Iran), où elle a obtenu en 2012 un certificat de niveau avancé dans le cadre d’un séjour estudiantin annuel. Sa thèse porte sur la grande stratégie de la République islamique d’Iran à travers l’étude du cas des négociations sur le programme nucléaire iranien (2003-2015). Soutenance prévue courant 2022. »

« L’administration Raïssi confirme une tendance esquissée depuis 2007, selon laquelle le courant de droite représenté par les principistes se définit de moins en moins à travers un agenda contestataire vis-à-vis de l’Occident. L’auteure perçoit en Iran un recentrage général sur l’objectif de sécurité économique.

L’ADMINISTRATION d’Ebrahim Raïssi, Président de la République islamique d’Iran depuis le 3 août 2021, qualifiée d’ultra-conservatrice par les médias occidentaux, a succédé à celle de celui qui était présenté comme un modéré, Hassan Rohani (2013-2021). Ce changement de ligne politique a interrogé les observateurs internationaux sur l’impact de cette succession dans le processus des négociations relatifs à la restauration de l’Accord multilatéral de Vienne sur le nucléaire iranien (Joint Comprehensive Plan of Action), dits les « Vienna Talks ».

Dans les années 2000, la droite iranienne représentée par le courant « principiste », à l’inverse du centre (le « Parti de la modération et du développement ») et de la gauche (les « réformistes »), a continué de s’opposer à l’idée d’un deal avec les États-Unis. Plus largement, l’Occident (Gharb) continuait d’être perçu comme une entité culturelle « hégémonique » et « indigne de confiance ». Par exemple, l’actuel président Raïssi, ainsi que l’adjoint pour les affaires politiques au ministre des Affaires étrangères, Ali Baqeri Kani, se sont opposés à l’Accord de Vienne conclu sous l’administration Rohani d’affiliation centriste. Pourtant, après une période de suspens, Raïssi a bien repris le cours des négociations le 29 novembre 2021, initiant le 7ème round des Vienna Talks, avec le même Ali Baqeri Kani, devenu négociateur en chef.

En Iran, la posture contestataire vis-à-vis de l’ordre global demeure l’une des caractéristiques centrales de l’identité du régime, islamique et révolutionnaire. Elle a été portée depuis le milieu des années 1990 par le courant de droite. Dans ce contexte, que traduit la tenue de négociations pour la restauration de l’Accord de Vienne par l’administration Raïssi ? Considérons successivement Pourquoi les « Vienna Talks » ? (I) ; Les négociations reprennent dans un climat de droitisation de la politique iranienne (II) ; Le repositionnement progressif de la droite iranienne sur les négociations avec l’Occident (III). »

La suite ci-dessous :

https://www.diploweb.com/Iran-Que-nous-disent-les-negociations-nucleaires-menees-par-Ebrahim-Raissi.html

 

 

Jean Vinatier

Seriatim 2022

mardi 15 mars 2022

Ukraine: Chine ou extension au front eurasien? N°5829 16e année

 

La Chine est-elle coincée entre la Russie et les États-Unis ? A Rome chinois et américains ont discuté dans le plus grand secret autour d'un thé russe. Pour la Chine, soit elle ne soutient pas la Russie et risque de voir flotter le drapeau otanien à Vladivostok, soit elle la soutient et se retrouverait face aux pressions américaines. Dans les deux cas, la Chine sait qu’elle est la cible centrale depuis la Maison Blanche.

De leur côté les États-Unis peuvent-ils avaler en même temps, la Russie et la Chine ? Ce sont deux gros morceaux.

Cette probable extension du champ de la lutte grandira la fébrilité des places financières et des économies. Si jusqu’à présent Wall Street est restée tranquille parce que les sociétés US continuent à commercer avec celles de Russie laissant habilement et cyniquement à l’Europe le soin de foncer bille en tête, de s’endetter plus que de raison, il n’est pas certain que Wall Street ne devienne pas nerveuse si la Chine se mettait à prendre aussi des mesures de rétorsion dans le cas où elle s’en verrait infligées….

Au-delà de la Chine, s’avance aussi le cas indien qui n’a pas condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Je veux bien que l’on soit totalement béat devant la propagande « Atlantique » mais tout de même savoir que les deux poids lourds de l’Asie, quoique ennemis dans l’Himalaya, refusent d’entrer dans la narrative, devrait être une source de réflexion et de mesure. S’y ajoute, en plus le Pakistan : donc nous avons trois puissances nucléaires asiatiques sur une ligne de refus d’embrigadement.

Plus largement encore, c’est l’Asie qu’il faut observer. Les réponses négatives des EAU et de l’Arabie saoudite aux demandes de Joe Biden d’augmenter la production pétrolière ne s’expliquent pas par une hostilité de facto à l’administration démocrate mais plutôt par la montée en puissance de l’Asie, du sous-continent indien : l’Asie intègre que par elle-même elle "s’attractive".

Comme on le voit, les pressions américaines, officiellement des inquiétudes, risqueraient bel et bien de ne pas produire la secousse systémique escomptée sauf, cependant, contre, l’aire Atlantique. Ce que l’on ne veut pas voir ici est la voie de l’autonomisation de l’Asie vis-à-vis de nous et les débuts des développements habiles transversaux vers l’Afrique et l’Amérique latine.

L’Union européenne qui ne réfléchit pas beaucoup devrait tout de même voir sa perte du marché iranien grâce aux États-Unis et aux amendes infligées en milliards de dollars à nos entreprises sans que l’Europe prît leur défense, et que nous risquons aussi de perdre, grâce aux américains, le marché russe…et demain, qui sait, la Russie ne serait plus qu’un territoire économique sino-américain.

Plus le temps passera, plus la guerre durera, plus les infiltrations géostratégiques et géopolitiques seront plus difficiles à maitriser. Ce qui apparaissait comme un simple « coup de boule » de Vladimir Poutine dévoilerait une étendue géographique euro-asiatique

Cette extension du front, en parallèle avec la durée de la guerre, est potentiellement dangereuse par les difficultés à en maitriser les flux et les courants. L’intelligence voudrait que les grandes puissances s’installassent pour convenir de la fin du conflit. Mais cela supposerait que chacune des puissances accepterait de ne pas devenir celle de l’autre ce qui poserait aussi sur la table l’inopportunité du messianisme qui est une sorte de nationalisme divin….

 

 

Jean Vinatier

Seriatim 2022