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mardi 15 mars 2022

Ukraine: Chine ou extension au front eurasien? N°5829 16e année

 

La Chine est-elle coincée entre la Russie et les États-Unis ? A Rome chinois et américains ont discuté dans le plus grand secret autour d'un thé russe. Pour la Chine, soit elle ne soutient pas la Russie et risque de voir flotter le drapeau otanien à Vladivostok, soit elle la soutient et se retrouverait face aux pressions américaines. Dans les deux cas, la Chine sait qu’elle est la cible centrale depuis la Maison Blanche.

De leur côté les États-Unis peuvent-ils avaler en même temps, la Russie et la Chine ? Ce sont deux gros morceaux.

Cette probable extension du champ de la lutte grandira la fébrilité des places financières et des économies. Si jusqu’à présent Wall Street est restée tranquille parce que les sociétés US continuent à commercer avec celles de Russie laissant habilement et cyniquement à l’Europe le soin de foncer bille en tête, de s’endetter plus que de raison, il n’est pas certain que Wall Street ne devienne pas nerveuse si la Chine se mettait à prendre aussi des mesures de rétorsion dans le cas où elle s’en verrait infligées….

Au-delà de la Chine, s’avance aussi le cas indien qui n’a pas condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Je veux bien que l’on soit totalement béat devant la propagande « Atlantique » mais tout de même savoir que les deux poids lourds de l’Asie, quoique ennemis dans l’Himalaya, refusent d’entrer dans la narrative, devrait être une source de réflexion et de mesure. S’y ajoute, en plus le Pakistan : donc nous avons trois puissances nucléaires asiatiques sur une ligne de refus d’embrigadement.

Plus largement encore, c’est l’Asie qu’il faut observer. Les réponses négatives des EAU et de l’Arabie saoudite aux demandes de Joe Biden d’augmenter la production pétrolière ne s’expliquent pas par une hostilité de facto à l’administration démocrate mais plutôt par la montée en puissance de l’Asie, du sous-continent indien : l’Asie intègre que par elle-même elle "s’attractive".

Comme on le voit, les pressions américaines, officiellement des inquiétudes, risqueraient bel et bien de ne pas produire la secousse systémique escomptée sauf, cependant, contre, l’aire Atlantique. Ce que l’on ne veut pas voir ici est la voie de l’autonomisation de l’Asie vis-à-vis de nous et les débuts des développements habiles transversaux vers l’Afrique et l’Amérique latine.

L’Union européenne qui ne réfléchit pas beaucoup devrait tout de même voir sa perte du marché iranien grâce aux États-Unis et aux amendes infligées en milliards de dollars à nos entreprises sans que l’Europe prît leur défense, et que nous risquons aussi de perdre, grâce aux américains, le marché russe…et demain, qui sait, la Russie ne serait plus qu’un territoire économique sino-américain.

Plus le temps passera, plus la guerre durera, plus les infiltrations géostratégiques et géopolitiques seront plus difficiles à maitriser. Ce qui apparaissait comme un simple « coup de boule » de Vladimir Poutine dévoilerait une étendue géographique euro-asiatique

Cette extension du front, en parallèle avec la durée de la guerre, est potentiellement dangereuse par les difficultés à en maitriser les flux et les courants. L’intelligence voudrait que les grandes puissances s’installassent pour convenir de la fin du conflit. Mais cela supposerait que chacune des puissances accepterait de ne pas devenir celle de l’autre ce qui poserait aussi sur la table l’inopportunité du messianisme qui est une sorte de nationalisme divin….

 

 

Jean Vinatier

Seriatim 2022

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