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mercredi 30 mars 2022

Le vieux projet d’union du Sahara, source de méfiance entre le Mali et la France par Simon Pierre N°5841 16e année

 

Effectivement, le Général de Gaulle a tenté via « l’Organisation commune des régions sahariennes (OCRS) de positionner la France en Afrique, l’Algérie se détachant. C’est un épisode peu connu qui illustre bien la qualité visionnaire du Général qui buta face aux circonstances autant de la guerre d’Algérie que de l’échec de l’Union française.

Article :

« Depuis que le torchon brûle entre Paris et Bamako, le pouvoir militaro-civil malien accuse la France de jouer un double jeu dans le nord du pays. Une suspicion fantasmée, mais qui se nourrit (entre autres) d’un épisode bien réel : le projet français, à la fin des années 1950, de conserver le Sahara et d’en faire un territoire d’outre-mer à part entière. Retour sur l’éphémère existence de l’Organisation commune des régions sahariennes (OCRS).

La crise de confiance entre les autorités françaises et le pouvoir militaro-civil au Mali a atteint son paroxysme en ce début d’année. Depuis le coup d’État d’août 2020, des politiciens et des activistes proches de la junte diffusent des interprétations particulières au sujet d’une éventuelle collusion des militaires de l’opération Barkhane avec l’ennemi djihadiste. Cette stratégie vise à transformer les échecs patents à écraser l’insurrection djihadiste en une accusation de complicité. Elle s’appuie sur les tentatives maladroites, à Paris, de ménager la chèvre et le chou entre les indépendantistes touaregs des régions de Kidal et de Ménaka et l’État malien, qui les considère comme des terroristes au même titre que les salafistes avec qui, il est vrai, ils ont collaboré en 2012. Dès lors, par une fausse transitivité, l’ancienne puissance coloniale ne serait pas seulement faible ou inefficace, elle collaborerait ouvertement avec les djihadistes dans le but, selon les versions, de détruire le Mali ou d’y justifier son occupation afin de s’accaparer les richesses naturelles du Nord.

Cette théorie peut paraître séduisante mais elle est infondée. Le pourrissement de la crise et les massacres aveugles et terrifiants qui en découlent concernent aujourd’hui davantage le delta intérieur du fleuve Niger. Or cette région ressortit pour l’essentiel de la zone sous contrôle direct de l’État malien, hors des objectifs initiaux de Barkhane qui concernaient la boucle du fleuve et que les indépendantistes appellent « l’Azawad ». Étendre le conflit plus au sud ne présente aucun intérêt ni tactique ni stratégique pour contrôler le Sahara.

Cela étant dit, la suspicion à l’égard d’objectifs secrets fomentés depuis Paris et d’un soutien à la rébellion ou aux djihadistes qui sous-tend la propagande du pouvoir malien n’est pas le produit que d’un fantasme. Elle repose sur des choix stratégiques récents de la France, comme lorsque l’armée française a empêché l’armée malienne de reprendre le contrôle de Kidal en 2013. Mais elle s’appuie également sur une méfiance communément partagée au sein de certaines élites maliennes depuis trois générations - méfiance qui sert de liant au ciment nationaliste que les putschistes tentent de (re)créer pour se maintenir au pouvoir1.

Pour un certain nombre de Maliens, cette histoire ressemble à un éternel recommencement : celui d’une succession de tentatives françaises visant à leur arracher « leur » Sahara. Ces tentatives ont parfois pris la forme de rébellions touarègues que l’on pense, à Bamako, téléguidées par Paris. Mais avant cela, elles avaient surtout pris, au moment primordial de la fondation du Mali moderne sous Modibo Keita, la forme bien tangible d’une agence gaullienne en charge de conserver le Sahara en tant que Territoire d’outre-mer français au détriment des États nouvellement « indépendants » : l’Organisation commune des régions sahariennes (OCRS). Par une coïncidence qui n’est pas fortuite, l’intérêt particulier pour ce territoire tient au contraste entre la richesse de ses potentialités minières (fer, hydrocarbures et uranium) comparée à une densité de population extrêmement faible (0,2 hab/km²). En d’autres termes, contrôler les ressources du Sahara constituait, comme pour la Calédonie ou la Guyane, un gain bien plus important que le coût d’octroyer à sa population quelques droits politiques et sociaux.

« Susciter l’installation d’industries extractives »

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Jean Vinatier

Seriatim 2022

 

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