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jeudi 17 mars 2022

Le choix impossible de la Turquie entre l’Ukraine et la Russie par Bayram Balci N°5833 16e année

 

« L’intervention militaire russe en Ukraine n’est pas une simple agression de plus ; elle a déclenché un nouvel affrontement européen sans précédent depuis la fin de la Guerre froide. Tous les pays qui se situent dans le voisinage de la Russie et de l’Ukraine sont directement concernés. C’est le cas de la Turquie, un pays qui entretient des relations fortes avec les deux parties.

La plupart des analyses accordent trop d’importance au caractère conflictuel et guerrier de l’histoire entre la Turquie et la Russie. Elles en déduisent que les relations entre les deux pays sont vouées à être tendues. Même quand il y a une embellie, comme c’est le cas depuis quelques années, celle-ci n’est pas prise au sérieux. Prisonniers de notre regard sur le passé turco-russe qui fut souvent conflictuel, nous n’arrivons pas à apprécier le rapprochement turco-russe à sa juste valeur1

Certes, l’empire des tsars et celui des sultans se sont sans cesse affrontés militairement, presque toujours à l’avantage du premier. Il est vrai aussi que durant les périodes qui ont suivi les empires, à l’exception de la courte entente entre Lénine et Mustafa Kemal dans les années 1920, les relations ont souvent été compliquées, plus particulièrement durant les temps forts de la Guerre froide, quand Moscou et Ankara se sont retrouvés dans des camps opposés. C’est depuis la fin de cette période — et non depuis quelques années comme le suggèrent nombre d’analyses — que les relations entre les deux pays se sont davantage équilibrées, avec des échanges dans tous les domaines, ouvrant une nouvelle phase plus apaisée. Même si des rivalités ont pu exister entre eux en mer Noire, dans le Caucase et en Asie centrale, cette compétition a été bien gérée et elle n’a jamais débouché sur une crise majeure entre les deux grands États2.

Curieusement, c’est dans les nouveaux territoires de conflictualité entre les deux pays, en Syrie et en Libye, et non dans les territoires de compétition ancienne (Balkans, Caucase et Asie centrale), que la relation a été la plus conflictuelle. Dans ces deux États ruinés par les échecs des Printemps arabes, Ankara et Moscou se sont trouvés militairement opposés. Malgré tout, ils ont su bâtir des relations que l’on peut qualifier de « coopération rivale » ou de « rivalité coopérative », leurs dirigeants ayant continué à communiquer même dans les moments difficiles. Si bien qu’à l’heure actuelle, leurs relations peuvent être considérées comme simultanément bonnes et mauvaises, en fonction des sujets.

Parmi les points de rapprochement, les touristes qui visitent le plus la Turquie sont les Russes, et la Turquie a des investissements importants en Russie dans le domaine du BTP. Fait plus significatif, elle a demandé à la Russie de lui construire une centrale nucléaire civile, dont les travaux ont bien avancé. En matière d’énergie, la Turquie ne peut se passer de la Russie qui lui fournit 35 % de son gaz. Au niveau militaire, bien que membre de l’OTAN, elle a acheté à la Russie le système de défense antiaérien S400, au grand dam de l’organisation transatlantique qui a condamné cette acquisition et « puni » Ankara en l’expulsant du programme de construction d’un nouvel avion, le F35. »

La suite ci-dessous :

https://orientxxi.info/magazine/le-choix-impossible-de-la-turquie-entre-l-ukraine-et-la-russie,5430

 

Jean Vinatier

Seriatim 2022

 

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