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vendredi 29 mai 2009

Corée du Nord : « Quand les baleines chahutent, les crevettes trinquent. »¹ N°473 - 2eme année

Les tirs de missiles à répétition de la Corée du Nord ont surpris tout le monde, ses alliés, russe et chinois, son ennemi les Etats-Unis, ses voisins immédiats, la Corée du Sud et le Japon.
Que se passe-t-il à Pyongyang ? La dictature communiste la plus fermée au monde entretient le mystère. Entre famine et terreur, le régime nord-coréen ne laisse entrevoir que peu de chose.
Cette « monarchie » communiste née en 1948 d’un commun accord entre les Russes et les Etats-Unis est-elle entre les seules mains de la famille de Kim Jong-Il (né en 1941) successeur de son père Kim Il-Sung (1912-1994) ?
A tout seigneur tout honneur, commençons par la famille de Kim Jong-Il marié 4 fois. Son fils aîné est du 1er lit, Kim Jong-nam (1971), les deux autres, Kim Jong-chol (1981) et Kim Jong-un (1983) étant du 3e lit. Si le premier parfaitement francophone semble écarté, les regards se tourneraient vers le cadet. Pourquoi ? Pas de réponse. De toute manière, aucune succession ne peut se faire hors l’accord de l’armée. En prenant le plus jeune les militaires voudraient-ils avoir une potiche ?
Le Korean Workers Party (KWP) et le Korean People Army (KPA) sont les deux structures principales du régime et c’est la seconde qui contrôle, en principe, la première. La Corée du Nord est bel et bien un pays dans lequel les militaires jouent le rôle clef. Les interrogations qui surviennent le sont à propos du rapport de force entre les vice-maréchaux et les généraux et la famille de Kim Il-Jong. A plusieurs reprises des généraux ont tenté de renverser l’actuelle famille dirigeante (1991/92, 1995, 1997) tous furent condamnés à mort et pour certains d’entre eux, parait-il, brûlés vifs devant les troupes. En 2003, Kim Jong-Il effrayé par la défection de la Garde de Saddam Hussein qui laissa entrer sans combat l’armée américaine dans Bagdad se livra à une purge parmi la sienne.
Les défilés militaires impressionnants masquent mal un malaise croissant parmi le pilier central du régime nord coréen. Il y a des oppositions ou des rivalités très nettes parmi les officiers généraux selon leur âge. Le pouvoir joue habilement sur ces concurrences générationnelles pour éviter autant qu’il le peut toute coalition qui lui serait à terme mortelle.
A quel type de coup d’état assisterions-nous ? Un putsch conservateur ou libéral type perestroïka ? C’est là-aussi l’inconnue. Il y a, outre les ultra-nationalistes, les pro-russes, les pro-chinois et certainement des pro-américains.
Pourquoi Pyongyang a-t-elle décidé d’opérer tous ces tirs ? La force atomique n’est-elle pas le seul argument diplomatique entre ses mains ? Est-ce un signal envoyé par le complexe militaro-industriel, allié aux tenants de la ligne dure au sein du Korean Workers Party ? Les réductions de forces ne sont pas appréciées par cette faction de la ligne dure à Pyongyang.
La Chine n’a pas tort de craindre l’implosion de la Corée du Nord. Revendiquant ce pays comme sa chasse gardée Pékin joue son prestige si ses dirigeants ne parviennent pas à contrôler la situation. Pour l’heure la capitale chinoise tout comme celle de la Russie donne un gage à l’opinion internationale en condamnant avec la même force les tirs de missiles. La Corée du Nord étant, par sa situation géographique un verrou important (citons le réseau ferroviaire), sans doute la Russie et la Chine voudraient-elles ramener leur voisin commun dans la raison en procédant, pourquoi pas, à une révolution de palais. Pékin et Moscou ayant l’ambition commune de développer la Sibérie, la Corée du Nord pourrait à terme devenir un nœud capital géostratégique et économique. De cette manière la Corée du Sud resterait dans l’orbite américaine et le Nord sous la férule sino-russe.
Evidemment Tokyo et Séoul réagissent en mobilisant des troupes et l’ONU dirigée par un sud coréen n’influe que peu.
Il reste l’hypothèse d’un coup de folie d’un général de Pyongyang qui appuierait sur le bouton. Mais cela semble improbable sauf dans James Bond,
« Meurs un autre jour ».
Cependant, le « Cher leader » Kim Jong-Il est diabétique avec un coeur faible - c’est le constat des médecins français appelés régulièrement à venir dans la capitale -, la succession se prépare non sans heurts, et nous pouvons alors répéter le proverbe coréen : « Quand les baleines chahutent, les crevettes trinquent ».

Jean Vinatier

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Sources :

1- Proverbe coréen cité par Alain Delissen, préface à Carlo Rossetti, La Corée et les Coréens (1902) Langres, Maisonneuve & Larose, 2002

Généalogie de la dynastie au pouvoir :

http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/asia-pacific/3203523.stm

Liste des généraux :
http://www.globalsecurity.org/military/world/dprk/leadership.htm

Cartes :

http://www.globalsecurity.org/military/world/dprk/images/dprk_mil_map_l.gif

http://www.globalsecurity.org/military/world/dprk/images/dprk-map-topo.jpg

Article de Yoel Sano (Voir également d’autres articles parus dans Asia Times)

http://www.globalsecuritynews.com/showArticle3.cfm?article_id=10987&topicID=43

Autre :
http://www.lemonde.fr/archives/article/2009/05/28/les-etats-unis-sans-reponse-face-a-la-coree-du-nord_1199094_0.html

Edito : La Reine débarquée ? N°472 - 2eme année

D’après l’Elysée le 6 juin qui commémore le débarquement des forces alliées en Normandie est d’abord une journée franco-américaine ! Et pourquoi ? Tout simplement parce qu’il est d’usage pour un Président des Etats-Unis nouvellement élu de venir lors de sa première année de mandat sur les plages de Normandie. De cette façon l’Elysée botte en touche pour justifier la non-invitation de la Reine Elisabeth II.
L’objectif secret de Nicolas Sarkozy est d’apparaître seul au côté de Barack Obama : « We are the world » ?
Dépité par l’apparente froideur du Président américain lors du G20, Nicolas Sarkozy veut être certain de pouvoir faire le paon autour de Barack Obama le 6 juin prochain et de montrer à un électorat abstentionniste, à la veille des élections européennes, l’exacte dimension du chef de l’Etat ! Communication au raz des pâquerettes qui laissera indifférent le Président des Etats-Unis qui ne considère pas beaucoup l’Europe et n’a pas une estime particulière pour Nicolas Sarkozy en dépit des agitations multiples de ce dernier.
Ajoutons que voilà peu de semaines le Président de la République rendait hommage à la Résistance laquelle sans l’engagement constant et dés la première heure des Anglais n’aurait pu jouer le rôle historique. C’est à Londres qu’a commencé la bataille totale contre Hitler. C’est à Londres que le Général de Gaulle a reçu l’appui du Roi George VI, de Winston Churchill et de la nation britannique. C’est à Londres, enfin, que le débarquement a été décidé sur les plages normandes !
Vraiment ignorer de cette façon l’Histoire est condamnable. Et tout ça pour quoi ? Eh bien pour rien ! Médiocrité et bassesse.

Jean Vinatier

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jeudi 28 mai 2009

Edito : Julien Coupat libre N°471 - 2eme année

Au terme de six mois, la fin de la détention provisoire de Julien Coupat met un terme momentané à une offensive gouvernementale contre l’ultra-gauche qu’il serait plus exact de qualifier d’autonome.
Fiasco judiciaire et politique selon la gauche et ricanements à droite : les partis se renvoient la balle sans savoir de quoi il en retourne. Arnaud Montebourg fidèle à lui-même, se pare de toutes les vertus alors qu’il s’est montré pour le moins discret comme Martine Aubry et Ségolène Royal !
L’Elysée a sans doute précipité la libération du brillant Julien Coupat pour mieux affaiblir la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie qui semble avoir joué un rôle majeur dans le coup de filet de Tarnac et éviter d’avoir sur les bras un prisonnier politique.
Sur le plan de la justice, constat est fait que la justice n’existe que peu. Ö ironie la sortie de Julien Coupat coïncide avec la visite par le député André Vallini du dépôt du Palais de Justice, lieu de puanteur et de mépris pour les prévenus indigne d’un Etat qui se targue tellement de droits de l’Homme !
La lecture de l’interview donnée par Julien Coupat au journal
Le Monde est d’un grand intérêt pour quiconque s’interroge sur la tristesse de notre époque et sur notre incapacité à en bouleverser l’ordre. Il est, après les intellectuels antillais menés notamment par Edouard Glissant, le second à pousser un cri :
http://www.lemonde.fr/archives/article/2009/05/25/julien-coupat-la-prolongation-de-ma-detention-est-une-petite-vengeance_1197695_0.html

Jean Vinatier

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mercredi 27 mai 2009

Valéry Larbaud : « Voyageuse ! Ô cosmopolite ! à présent » N°470 - 2eme année

Valéry Larbaud (1881-1957) l’héritier de la source Vichy Saint-Yorre est un auteur tombé pratiquement dans l’oubli à l’instar de Paul Valéry.
Et pourtant, Valéry Larbaud fut l’introducteur de plusieurs poètes dont le fameux Walt Whitman et l’ami de James Joyce, de Samuel Butler sans omettre les Français Charles-Louis Philippe, André Gide, Léon-Paul Fargue.
Ce polyglotte à la santé fragile- il est atteint d’hémiplégie et d’aphasie - sillonnera les continents via les paquebots et les trains luxueux dont l’Orient-Express. Ses romans s’effacent devant sa poésie et un journal intime qu’il attribua à un personnage de fiction le jeune milliardaire américain, A.O Barnabooth parcourant de long en large le continent européen qui est ainsi célébré. Larbaud/Barnabooth mêle, tout en se raillant, la précision du témoignage à la jubilation en passant par le désenchantement. Ce poète ne disait-il pas à propos du voyage qu’il était
« cette porte ouverte sur l’immensité charmante/ De la terre… » ?
Sa ville natale, Vichy, a bien garde de ne pas l’oublier et avec raison !



« L’ancienne gare de Cahors¹

Voyageuse ! ô cosmopolite ! à présent
Désaffectée, rangée, retirée des affaires,
Un peu en retrait de la voie,
Vieille et rose au milieu des miracles du matin,
Avec ta marquise inutile
Tu étends au soleil des collines ton quai vide
(Ce quai qu’autrefois balayait
La robe d’air tourbillonnant des grands express)
Ton quai silencieux au bord d’une prairie,
Avec les portes toujours fermées de tes salles d’attente,
Dont la chaleur de l’été craquèle les volets….
Ô gare qui as vu tant d’adieux,
Tant de départs et tant de retours,
Gare, ô double porte ouverte sur l’immensité charmante
De la Terre, où quelque part doit se trouver la joie de Dieu
Comme une chose inattendue, éblouissante ;
Désormais tu reposes et tu goûtes les saisons
Qui reviennent portant la brise où le soleil, et tes pierres
Connaissent l’éclair froid des lézards ; et le chatouillement
Des doigts légers du vent dans l’herbe où sont les rails
Rouges et rugueux de rouille,
Est ton seul visiteur.
L’ébranlement des trains ne te caresse plus :
Ils passent loin de toi sans s’arrêter sur ta pelouse,
Et te laissent à ta paix bucolique, ô gare enfin tranquille
Au cœur frais de la France. »


« Matin de novembre prés d’Amingdon¹

Les collines dans le brouillard, sous le ciel de cendre bleue
Comme elles sont hautes et belles !
Ô jour simple, mêlé de brume et de soleil !

Marcher dans l’air froid, à travers ses jardins,
Le long de cette Tamise qui me fait songer aux vers de Samain,
Marcher sur la terre de nouveau inconnue, toute changée,
Et pareille au pays des fées, ce matin d’arrière-automne….
Ô nature voilée, mystérieux paysages, vous ressemblez
Aux blocs des maisons géantes et aux avenues brumeuses de la
Ville,
Vous avez l’imprécis grandiose des horizons urbains. »




Jean Vinatier

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Source :


1- in Les poésies d’A.O Barnabooth, Editions Gallimard, Paris, 1998

mardi 26 mai 2009

Edito : Frédéric Lefebvre : l’intendant de la plantation Sarkozy ? N°469 - 2eme année

Rien ne fait reculer l’Elysée et surtout pas à, la veille d’une journée d’action syndicale !
La proposition du député UMP Frédéric Lefebvre de faire travailler les salariés en congé-maladie et en maternité a été repoussée en commission.
Le mécontentement a été tel que le gouvernement a opéré une machine arrière, cet après-midi, en s’écartant de la proposition de Frédéric Lefebvre. Ouf de soulagement ?
Que nenni ! Frédéric Lefebvre est un familier de l’Elysée, il va y prendre ses ordres. Pense-t-on un instant qu’il fasse cette proposition sans être approuvé ? Evidemment pas.
Ce qui s’est passé est un signal d’alarme supplémentaire qui devrait réveiller les citoyens et leur faire ouvrir les yeux sur la démolition complète de tout le système social mis au point pendant la Résistance et au moment de la Libération. La médecine du travail et la notion même du congé se trouvent, certainement, dans la ligne de mire.
Le Président de la République répète son slogan de campagne « travailler plus pour gagner plus » mais plus les semaines du quinquennat passent seuls le « travailler plus » et les contraintes sur les salariés progressent.
Au lendemain des européennes du 7 juin, le pouvoir mettra sur les rails, pour la rentrée, des flopées de mesures qui ajouteront des fardeaux supplémentaires sur les épaules des citoyens sous couvert d’un mot qu’il aime, liberté. A ce rythme, la liberté finira par se confondre avec l’oppression !
Ce pouvoir nous dépouille, nous dénude sans le moindre scrupule. Nous n’avons pas assisté à un incident de parcours ou à un dérapage, mais à la poursuite de l’action politique pensée et décidée depuis l’Elysée. C’est pourquoi, le drapeau rouge d’alerte est hissé.


Jean Vinatier

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vendredi 22 mai 2009

Obama contre Guantanamo l’Hydre…. N°468 - 2eme année

Le Président Obama a fait son discours sur la sécurité nationale dans un climat houleux : sa proposition de confirmer la fermeture de la prison de Guantanamo et de transférer sur le sol national les « terroristes » encore détenus se heurte aux républicains et à une partie non négligeable des démocrates. Le sénat a refusé d’allouer la somme nécessaire à la démolition totale de la prison.
Barack Obama veut tourner la page George Bush et réduire les idées néo-conservatrices qui ont séduit la majorité de la classe politique et de la nation ! La tâche du Président Obama est de convaincre que la fermeture et la destruction de la prison de Guantanamo seraient, en terme d’image un symbole bien compris par les puissances étrangères. Mais comment peut-il convaincre les uns et les autres en poursuivant la guerre contre l’axe du Mal en AfPak (Afghanistan et Pakistan), en ne fermant pas les prisons américaines qui ont été bâties en Afghanistan sur le modèle « Guantanamo » et en renforçant les effectifs militaires ?
Les élus américains se moquent bien de satisfaire une opinion extérieure quand il s’agit de prémunir les Etats-Unis contre tout nouveau 11 septembre. D’ailleurs, l’arrestation à New York par le FBI de quatre terroristes noirs (un hasard ?) n’est-elle un avertissement envoyé au jeune Président ?
Barack Obama peut-il déclarer «
Nous sommes en train de nettoyer ce qui est tout simplement un beau bazar»¹ et remettre en place les tribunaux d’exception de Bush, laisser certains terroristes en prison à vie, refuser de publier les photos d’hommes torturés par les services américains et écarter toute idée de commission indépendante sur les années Bush?
Le Président a beau montré une grande habileté dans le discours, il n’empêche que sa capacité d’action se réduit comme une peau de chagrin. Si pour un acte, il donne autant de gages aux élus les plus réactionnaires ou conservateurs, qu’adviendra-t-il le jour où il voudra nettoyer véritablement ?
Les Etats-Unis sont dans une crise multiforme jamais éprouvée en plus de deux cents ans d’histoire. La Californie en faillite, l’effondrement en cours de l’immobilier, la disparition programmée de General Motors, une dette vertigineuse, une misère sociale à la dimension de ce pays et des banquiers toujours aussi déconnectés de la réalité, pressés de larguer les aides reçues pour recommencer le même jeu afin de verser leurs fameux bonus ! Ajoutons à cela, la guérilla mortelle dans l’AfPak où Alexandre le Grand lui-même échoua et la capacité de nuisance des cartels de drogue mexicains.
C’est peu dire que dans une telle situation, le discours présidentiel sur la sécurité nationale est vu sous l’angle le plus étroit où la moindre faiblesse (supposée comme telle) est dénoncée sans mesure par les républicains menés, notamment, par Dick Cheyney. Le Président Obama est-il seul? De prime abord, la question semble incongrue mais, au fur et à mesure que les semaines passent, on devine ici et là des sourdes hostilités dans l’armée, les services secrets, chez les financiers et même dans l’establishment.
Est-on bien sûr que sa nouvelle politique orientale vers Israël et l’Iran est soutenue sans faillir par son entourage, Joe Biden Hillary Clinton,?
Guantanamo prend dans la politique américaine une dimension inquiétante, cette prison devient une hydre. Chaque attaque portée contre elle par le Président Obama réimpose Guantanamo dans le paysage politique américain. Toucher à Guantanamo ne reviendrait-il pas, selon les opposants les plus virulents, à défaire les Etats-Unis de leur armure ?


Jean Vinatier

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Source :

1-
http://www.20minutes.fr/article/327637/Monde-Fermeture-de-Guantanamo-Barack-Obama-persiste-et-signe.php

Edito : Un enseignant-OPJ pour chaque élève ? N°467 - 2eme année

Floirac, deux enfants de 6 et 10 ans sont interpellés par 6 policiers à leur sortie d’école devant leurs camarades. Retenus pendant deux heures sans que leurs parents ne soient prévenus, ils seront, finalement, relâchés et innocentés du vol d’un vélo !
Le même jour, le ministre de l’Education nationale, Xavier Darcos, dans un colloque tenu à La Rochelle organisé par une association de parents d’élèves, proposa non seulement d’autoriser les directeurs d’établissements scolaires à fouiller les cartables des élèves et aussi d’octroyer la qualité d’OPJ (Officier de Police Judiciaire) aux enseignants ! Et pourquoi ? Au nom de la sécurité !!!!! C’est révélateur d’une politique indigne et dangereuse ! Qu’en pense les syndicats de police ?
Le pouvoir sarkozien se retrouve face à son œuvre depuis qu’il gouverne la France et qu’il s’entête, pour complaire à un électorat type Rougon-Macquart, âgé, conservateur, d’édicter toutes sortes de règles répressives contre les enfants. On devrait s’interroger sur les raisons profondes qui poussent des femmes et des hommes politiques à établir un rapport de force malsain avec les enfants. Dans l’histoire récente, seuls les régimes, stalinien, nazi, fasciste, franquiste, salazariste ont encadré et craint la jeunesse. L’actuelle présidence française voudrait-elle se placer sur cette voie inquiétante ? L’importance que revêt le policier pour Nicolas Sarkozy et ceux qui lui obéissent sans mot dire aurait de quoi interpeller tous les honnêtes hommes !
Et pourtant, l’UMP vient de protester officiellement contre l’interpellation des deux enfants à Floirac ! Mais, enfin, ce qui s’est produit est l’exacte conséquence de leurs actes. Les policiers ont agi en observant à la lettre les différentes circulaires de leur ministère : l’UMP aurait donc la mémoire courte ?
Il serait douteux que les Français même sarkoziens ne protestent pas contre de telles dérives.
Un régime qui déclare ainsi sa méfiance aux enfants avoue sa faiblesse et sa peur.


Jean Vinatier

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mercredi 20 mai 2009

Baldassar Castiglione: « Quand une plus grande puissance s’ajoute à la volonté mauvaise » N°466 - 2eme année

Ce gentilhomme mantouan (1478-1529) splendidement peint par Raphaël et le Titien est connu par une seule œuvre, Le livre du courtisan qui parut en 1528. Il est le contemporain de Machiavel , de Guicciardini, de l’Arètin.
Baldassar Castiglione décrit la cour d’Urbino où il établit le portrait du courtisan idéal qui exprime dans sa forme de vie une
« grâce ». Ne nous y trompons pas, la « grâce » signifie l’acte par lequel l’homme ou la femme s’attire de la reconnaissance de son souverain. La « grâce » dans Castglione recouvre un champ immense qui va de la politique au théologique en passant par l’esthétique. Le courtisan ne saurait être un individu bas : son service auprès du Prince a ses limites morales qui refuse certaines complaisances. Le courtisan peut le quitter pour un autre.
Alain Pons dans sa présentation de l’ouvrage marque bien que le courtisan selon Castiglione dans son rapport au Prince peut et doit passer de l’état de flatteur à celui
« d’instituteur » du Prince afin qu’il ne devienne pas un tyran. Nous sommes à l’inverse de Machiavel qui décrit Le Prince dans une solitude froide sans la moindre cour : tout dépend de lui.
L’élément capital du
Courtisan, souligné par bien des auteurs éminents, est le « processus de civilisation » par lequel une élite en un lieu donné (la cour) a un rôle de moteur et de modèle pour l’ensemble de la société.
Les deux extraits ci-dessous montreront la modernité de la pensée de Castiglione. Nous n’avons aucune difficulté à établir, par exemple, des parallèles avec la France d’aujourd’hui.


« Livre quatrième XXIII

Les peuples sont donc remis par Dieu à la garde des princes qui, pour cette raison, doivent en avoir un soin diligent, car ils doivent lui en rendre compte, comme de bons vicaires à leur seigneur ; ils doivent les aimer, et considérer tout ce qui advient de bien et de mal à leurs peuples comme les concernant eux-mêmes et chercher par-dessus tout à leur procurer le bonheur.
C’est pourquoi le Prince doit non seulement être bon, mais aussi les rendre bons, comme l’équerre dont se servent les architectes, qui non seulement est droite et juste en soi, mais aussi redresse et rend justes toutes les choses qu’elle approche. Et la plus grande preuve que le Prince est bon, c’est quand les peuples sont bons, parce que la vie du Prince est une loi et sert de modèle aux citoyens, et il est forcé que de sa conduite tous les autres dépendent ; et il ne convient pas à celui qui est ignorant d’enseigner, à celui qui est désordonné de mettre de l’ordre, ni à celui qui tombe de relever les autres. C’est pourquoi si le Prince veut s’acquitter bien de ces charges, il faut qu’il mette tous ses soins et toute sa diligence à savoir, et ensuite qu’il forme à l’intérieur de lui-même et observe de façon immuable en toute chose la loi de la raison, qui n’est pas écrite sur le papier ou sur le métal, mais qui est gravée dans son propre cœur, afin qu’elle lui soit toujours, je ne dirai pas seulement familière, mais intime, et qu’elle vive avec lui comme une partie de lui. De cette façon, jour et nuit, en tout lieu et en tout temps, elle l’avertira et lui parlera au-dedans de son cœur, en lui évitant ces perturbations que ressentent les esprits qui manquent de tempérance, et qui, plongés d’un côté en quelque sorte dans le profond sommeil de l’ignorance, d’un autre côté sont tourmentés par leurs désirs pervers et aveugles, et sont agités par une fureur inquiète, comme parfois celui qui dort l’est par d’étranges et horribles visions.

XXIV

Quand une plus grande puissance s’ajoute à la volonté mauvaise, le dommage est encore plus grand, et quand le Prince peut ce qu’il veut, alors il y a grand danger qu’il ne veuille ce qu’il ne doit pas. C’est pourquoi Bias¹ avait bien raison de dire que les charges montrent ce que sont les hommes ; car de la même façon que quand les vases sont vides, même s’il y a quelque fissure, il est malaisé de s’en apercevoir, et que si l’on y met dedans un liquide, on voit aussitôt de quel côté se trouve le défaut, de même les esprits corrompus et gâtés ne découvrent guère leurs imperfections, si ce n’est quand ils sont remplis d’autorité ; car alors ils ne sont pas capables de supporter le lourd poids de la puissance, et pour cette raison ils s’abandonnent et répandent de tous côtés les convoitises, l’orgueil, la colère, l’insolence et les manières tyranniques qu’ils ont au-dedans d’eux-mêmes. Aussi, sans aucun égard, persécutent-ils les bons et les sages, et favorisent-ils les méchants : ils ne tolèrent pas que dans les cités il y ait des amitiés, des relations ou des intelligences entre les citoyens, mais ils entretiennent des espions, des accusateurs, des assassins, afin d’épouvanter et de rendre les hommes pusillanimes, et de semer les discordes pour qu’ils restent divisés et faibles. Ces manières de faire engendrent des dommages infinis et la ruine pour les pauvres peuples, et souvent une mort cruelle, ou du moins une crainte continuelle pour les tyrans eux-mêmes ; car les bons princes craignent non pour eux, mais pour ceux à qui ils commandent. C’est pourquoi plus ils commandent à un grand nombre de gens et plus ils sont puissants, plus ils craignent et ont d’ennemis.
Vous représenterez-vous dans quel état d’épouvante et d’inquiétude permanente se trouvait Cléarque, tyran du Pont², toutes les fois qu’il allait sur la place, au théâtre, dans un banquet, ou dans quelqu’autre lieu public, lui qui, comme on l’écrit, dormait enfermé dans un coffre ? Ou bien cet autre, Aristodème d’Argos³, qui avait fait lui-même de son lit une sorte de prison, puisque dans son palais il avait une petite chambre suspendue en l’air et si haute qu’il fallait y monter avec une échelle, et qu’il y dormait avec une femme dont la mère l’échelle le soir, et le matin la remettait ?
La vie du bon Prince doit être entièrement à l’opposé de cette vie, elle doit être libre et sûre, aussi chère aux citoyens que la leur propre, et régler de telle manière qu’elle participe de la vie active et de la vie contemplative, autant qu’il convient pour le bénéfice des peuples. »

Jean Vinatier

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Source :

Baldassar Castiglione : Le livre du courtisan, présenté & traduit par Alain Pons, Eds. Gérard Lebovici, Paris,1987, pp. XXXI, XXXVI, 347-350.

Notes :

1-Bias de Priène : philosophe et juriste grec du VIe AVJC : il mourut en plaidant. C’est l’un des sept sages de la Grèce.

2-Cléarque d’Héraclée, tyran du Pont IVe AVJC. Le Pont est situé en Anatolie au bord de la Mer Noire.

3-Royaume d’Argos (près de l’actuelle Nauplie) rival de Sparte.

mardi 19 mai 2009

Carla et Nicolas : nous nous amusons, et vous ? N°465 - 2eme année

Etrange atmosphère pleine de rumeurs….
A trois semaines des élections européennes, le couple présidentiel donnerait-il un léger coup d’accélérateur à un style de vie? Il y a d’abord, l’éventuelle acquisition du luxueux appartement de Pierre Bergé rue de Babylone (10 millions d’euros) qui faisait les conversations peu flatteuses des dîners parisiens la semaine dernière. Puis, viendraient les étranges soirées ou « vendredi de Carla » dans son hôtel parisien situé dans la villa Montmorency où chaque fête laisserait une belle quantité de bouteilles, de préservatifs dans les poubelles. Ces lignes peuvent paraître de bas étage parce qu’elles reposent sur la rumeur et que toute rumeur est à prendre avec des pincettes quitte à les placer dans la première corbeille venue. Mais un adage fameux rappelle qu’il n’y a pas de fumée sans feu !
Les médias informent-ils véritablement les Français sur le mode de vie du couple présidentiel ? Pierre Charron, le grand dispensateur des grâces élyséennes veille au grain : les journalistes sont des cailles qu’il tient dans sa visée. Jean Daniel a conté dans sa dernière chronique parue dans Le Nouvel Observateur, son déjeuner à l’Elysée aux côtés de Denis Olivennes (le père d’HADOPI) et de Jacques Julliard, sur un ton si plat qu’il semblait mettre un terme à toute critique future ! Désormais, faudra-t-il soumettre les articles au censeur présidentiel, Pierre Charron qui n’a pas la bonhomie d’un Chrétien Lamoignon de Malesherbes ou d’un Jean-Baptiste Suard ! Avec ce censeur point d’ Encyclopédie ou de Beaumarchais…..
Le couple présidentiel vivrait-il coupé du monde, de la crise sociale ? N’avait-il pas caché son escapade privée au Mexique ?
Il y a, à tout le moins, une légèreté de comportement : Carla Sarkozy recevant des lectrices du magazine Femme Actuelle a vu débouler son époux lequel a déclaré tout de go qu’il venait de prendre une douche et qu’il regrettait de ne pouvoir rester avec elles… !
La popularité présidentielle est basse, chaque ménage compte ses sous ne sachant de quoi demain sera fait. La France entre dans une période incertaine. Les Français ne regardent plus les extravagances sarkoziennes avec la même complaisance : « il faut que jeunesse se passe » ! Si l’on soulève le lourd couvercle des médias complaisants, les crises restent nombreuses dans tous les secteurs et si toutes ont reçu des pansements tous relèvent du provisoire. En fait, une étincelle pourrait enclencher une réaction puissante.
Les partis politiques sont hors jeu, les syndicats s’échinent à calmer les tensions sociales. Le pouvoir, lui, ne varie pas : toutes les réformes passent, les autres suivront quoiqu’il advienne.
L’opinion publique encaisse les coups sans mot dire alors que se met en place tout le dispositif curial des Sarkozy qui verrouillent tout - Radio France (Hees & Val), la Chaîne parlementaire (le demi-frère de Julien Clerc) – et confient les présidences de groupes à des hommes liges (Frédéric Oudéa (Société Générale), Stéphane Richard (France-Télécom), François Pérol (Natixis/Caisse d’Epargne)…etc)
Depuis son élection Nicolas Sarkozy joue le rôle du père Fouettard : il interdit à tour de bras et renforce tous les pouvoirs répressifs dés l’école. Si le Président peut insulter un homme au salon de l’Agriculture, l’inverse est interdit. Plus grave encore, le simple fait de prononcer son nom peut vous amener devant un juge comme un enseignant vient d’en faire l’expérience ! Les gens se rendent-ils compte de l’étau qui se resserre contre eux ? En privé, la réponse est positive, devant une caméra elle l’est nettement moins. En fait les Français constatent que plus Nicolas Sarkozy fait l’apologie des nouvelles règles de transparence qu’il initie, plus celui-ci passe outre lorsqu’il décide de placer untel ou untel. C’est la contradiction totale !
Ce couple présidentiel entend vivre selon son bon plaisir en dédaignant toute prudence. Il y a comme une espèce d’ivresse dans son comportement qui devient un mépris insupportable et dangereux. Son attitude rappelle celle de Marie-Antoinette faisant acquérir Saint-Cloud au prix fort au duc d’Orléans en 1785 quand la prolifération de l’infra littérature la traînait ignominieusement dans la boue ainsi que sa coterie.
Carla Sarkozy aime les fêtes et les plaisirs. Nicolas Sarkozy vit, sans doute, selon lui une immense histoire amoureuse mais que nous importe qu’ils s’amusent quand nous trimons et craignons d’enfreindre tous les règlements qu’il édicte dans tous les domaines. Si les rumeurs se mélangeaient à la crise sociale, le cocktail serait craint
!


Jean Vinatier

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lundi 18 mai 2009

« Université, recherche : pourquoi nous ne cèderons pas, par des enseignants de l'Université de Strasbourg » N°464 - 2eme année

Cette lettre ouverte publiée dans le journal Le Monde est un signe supplémentaire du degré de résistance qui s’opère en France contre des projets ministériels dangereux.
Il est important de relayer autant qu’il se peut le texte ci-dessous.
Seriatim a signé la pétition appelant à une refondation de l'unviersité.

« Après quinze semaines de lutte, de grève et de manifestations diverses sur l'ensemble du territoire, le gouvernement reste obstinément campé sur ses positions initiales. S'il est encore trop tôt pour dresser un bilan du plus long mouvement universitaire de l'histoire récente, nous constatons que nos autorités de tutelle ont choisi l'épreuve de force plutôt que le compromis, la démagogie plutôt que la démocratie et une campagne de désinformation injurieuse plutôt que l'apaisement souhaité par tous les acteurs du conflit. Ce style de gouvernement, hélas, se généralise. Il ne manquera pas de susciter dans l'ensemble de la fonction publique et de la société des résistances à la mesure de l'incompréhensible gâchis du "modèle français" qu'il cherche à provoquer.
Le décret sur le statut des enseignants-chercheurs a été modifié à la marge, sans l'accord des représentants réels de notre communauté : coordination nationale des universités, associations et sociétés savantes, syndicats majoritaires. Le contrat doctoral impose désormais le financement privé des thèses, au détriment des étudiants sans moyens propres, de la qualité d'un travail souvent long et pénible – et plus généralement des sciences humaines, rarement sponsorisées par les entreprises. Les accords passés avec le Vatican dans le cadre supposé de l'uniformisation européenne (processus de Bologne) mettent en danger le monopole de l'Etat républicain et laïque pour la délivrance des diplômes, ouvrant la voie aux revendications d'autres institutions religieuses et communautaires. La mastérisation de la formation des instituteurs et des enseignants du secondaire sera très probablement votée en catimini cet été et donnée pour acquise à la rentrée. L'autonomie des universités, dont personne ne conteste le bien-fondé en théorie, a été accordée sans moyens supplémentaires et surtout sans aucune garantie de séparation des pouvoirs, donc d'équité.
Prétendre que l'on ne peut réformer un pays crispé sur ses supposés "avantages sociaux" relève du mensonge ou d'un mépris volontaire de ce qui a été engagé par les gouvernements précédents – fussent-ils de droite – ceci, au nom d'une "rupture" moins "tranquille" que contradictoire et idéologique. Ce qui a provoqué le soulèvement des universitaires, ce n'est pas une opposition a priori aux réformes, mais la méthode brutale, les objectifs dissimulés de démantèlement du système éducatif, la remise en cause des compétences, le dénigrement systématique d'un métier en pleine mutation, le refus de revaloriser des carrières difficiles. Nous voulons que les parents aient confiance en l'école publique, que les vocations d'enseignant naissent, que la recherche fleurisse dans notre pays. Les réformes mises en oeuvre nous apparaissent au mieux comme une régression, au pire comme une volonté délibérée de ruiner toute possibilité d'accès au savoir, toute gratuité de la connaissance et au final, toute liberté de penser et de s'exprimer.
Ces derniers jours, on annonce urbi et orbi le retour à la normale tout en stigmatisant les résistants actifs, soi-disant noyautés par des extrémistes et des gauchistes. Certaines facultés refusent les examens, d'autres engagent un blocage administratif multiforme : moins visible dans l'immédiat, il empêchera à terme le fonctionnement des établissements, à commencer par la rentrée universitaire 2009. Toutes ces initiatives, adaptées aux circonstances particulières de chaque université, sont légitimes. Si les examens ont lieu aujourd'hui à Strasbourg, ce n'est ni sur ordre de ministres ayant perdu toute crédibilité et abdiqué toute dignité, ni parce que nous avons renoncé à notre combat. Cette décision a été prise par notre communauté universitaire – enseignants, chercheurs, personnels administratifs et techniques, étudiants – pour ne pas faire le jeu du gouvernement en sacrifiant ce pour quoi nous nous battons. Nous continuons à exiger le retrait des textes incriminés et demandons une vraie concertation. Nous en avons assez de subir des attaques insensées, nous voulons réfléchir sereinement, collectivement, efficacement à l'avenir de l'université française. »

Signataires :

Anne-Marie Adam, professeur des Universités, antiquités nationales, Université de Strasbourg
Laetitia Bernadet, Ater, histoire romaine, Université de Strasbourg
Loup Bernard, maître de conférences, antiquités nationales, Université de Strasbourg
Georges Bischoff, professeur des Universités, histoire médiévale, Université de Strasbourg
Sandra Boehringer, maîtresse de conférences, histoire grecque, Université de Strasbourg
Nicolas Bourguinat, maître de conférences, histoire contemporaine, Université de Strasbourg
Cédric Brélaz, maître de conférences, histoire grecque, Université de Strasbourg
Thomas Brunner, professeur agrégé, histoire médiévale, Université de Strasbourg
Laurence Buchholzer, maître de conférences, histoire médiévale, Université de Strasbourg
Frédéric Colin, professeur des Universités, directeur de l'Institut d'égyptologie, Université de Strasbourg
Damien Coulon, maître de conférences, histoire médiévale, Université de Strasbourg
Valérie Da Costa, maître de conférences, histoire de l'art contemporain, Université de Strasbourg
Dominique Dinet, professeur des Universités, histoire moderne, Université de Strasbourg
Sylvie Donnat, maître de conférences, égyptologie, Université de Strasbourg
Jean-Pascal Gay, maître de conférences, histoire moderne, Université de Strasbourg
Michel Humm, professeur des Universités, histoire ancienne, Université de Strasbourg
Jean-Marie Husser, professeur des Universités, histoire des religions, Université de Strasbourg, doyen de l'UFR des Sciences Historiques
Isabelle Laboulais, maître de conférences, histoire moderne, Université de Strasbourg
Dominique Lenfant, Professeur des Universités, histoire grecque, Université de Strasbourg
Thomas Loué, maître de conférences, histoire économique et sociale, Université de Strasbourg
Jean-Yves Marc, professeur des Universités, archéologie romaine, Université de Strasbourg
Catherine Otten, maître de conférences, histoire médiévale, Université de Strasbourg
Philippe Quenet, maître de conférences, antiquités orientales, Université de Strasbourg
Jean-Jacques Schwien, maître de conférences, archéologie médiévale, Université de Strasbourg
Alexandre Sumpf, maître de conférences, histoire contemporaine, Université de Strasbourg
Eckhard Wirbelauer, professeur des Universités, histoire ancienne, Université de Strasbourg
»


Jean Vinatier

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Source :

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/05/18/universite-recherche-pourquoi-nous-ne-cederons-pas-par-des-enseignants-de-l-universite-de-strasbourg_1194867_3232.html

vendredi 15 mai 2009

Rûmî : « O amoureux, ô amoureux ! » N°463 - 2eme année

Rûmî est un mystique de langue persane né en Afghanistan à Balkh (1207) dans l’antique Bactriane, il meurt en 1273 dans la ville turque de Konya . Ce poète soufis fonda l’ordre des Derviches tourneurs.
Rûmî a été influencé par un autre grand Farid Al-Din Attar (1142-1220), l’auteur de
La conférence des oiseaux.
Ces odes sont des textes parmi les plus beaux jamais écrits par les hommes et chacune d’entre elles est un enchantement.
Son œuvre ne parvint à la connaissance du public européen qu’au XXe siècle (plus tôt aux Etats-Unis) grâce au travail exemplaire d’une femme au parcours unique,
Eva de Vitray-Meyrovitch (1909-1999) Son inhumation au côté de Rûmî à Konya sera agréée par le gouvernement turc en 2008, un an après les manifestations organisées par l’UNESCO en l’honneur du poète. Elle attend son biographe !
Ce chef d’œuvre de la littérature persane montre l’homme en quête de son véritable « Moi » son Soleil idéal
: « le visible n’est plus que le signe de l’invisible, et le poète peut écrire ces vers où se mêle, à la sérénité d’une âme parvenue, par sa plus fine pointe, à l’union mystique, la toute simple, la déchirante tendresse humaine. »


« Ode 14

O amoureux, ô amoureux ! Nous voici comme vous,
Tombés dans un gouffre marin ; qui de nous sait nager ?
Si le flot remplit le monde, chaque vague devient pareille à un monstre.
En quoi cela afflige-t-il les oiseaux de la mer ? Et, à plus forte raison, les oiseaux du ciel ?
Notre visage est éclairé par notre action de grâces, et nous, nous sommes mêlés aux vagues et à l’océan.
A l’instar du poisson, pour qui la mer, le déluge, sont la vie même.
O Sheikh ! ceins-nous d’un pagne. O mer, fais-nous plonger en toi.
O Moise, fils de ‘Imrân, viens frapper de ton bâton les flots !
Ce vent apporte à chaque âme une autre passion ;
Que la passion de cet échanson soit pour moi, et que tout le reste soit pour vous.
Hier, cet échanson a, sur la route, dérobé nos turbans.
Aujourd’hui, il nous donne du vin afin de nous dépouiller de nos habits.
O toi dont l’éclat rivalise avec la lune et Jupiter : Tu es avec nous et en même temps caché de nous, tel une Péri.
Tu m’attires avec toi sans me dire jusqu’où tu m’amènes ;
Partout où tu vas, tu m’accompagnes, ô toi mes deux yeux et ma lumière !
Si tu le veux, mène-moi à l’anéantissement.
Ce monde est comme le mont Sinaï, nous sommes des chercheurs comme Moïse ;
A chaque instant, des éclairs de lumière de la splendeur divine fendent la montagne ;
Une partie se transforme en verdure, une autre partie en narcisses ;
Une autre partie en perles, une autre en cornalines, une autre encore en ambre.
O toi qui es en quête de Sa Vision ! Regarde Sa montagne.
O mont ! quel vent a soufflé sur toi, que son écho nous rende ivres ?
O jardinier ! Pourquoi donc nous cherches-tu querelle ?
Si nous avons dérobé ton raisin, toi tu as dérobé notre sacoche en échange. »



Jean Vinatier

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Source :

Mawlânâ Djalal Od-Dîn Rûmî : Odes mystiques, trad. Eva de Vitray-Meyrovitch & Mohammad Mokri, Paris, Klincksieck, 1973, pp: 16 & 28

jeudi 14 mai 2009

Edito : le 7 juin 2009 N°462 - 2eme année

Nous sommes en campagne électorale : le 7 juin, nous voterons pour renouveler le Parlement européen. Le quasi-silence qui entoure cette période élective n’a été interrompu que par le discours du Président de la République à Nîmes et tout se terminera le 6 juin lorsque Nicolas Sarkozy et Barack Obama rappelleront le débarquement des alliés sur les plages normandes en 1944. La messe sera dite, celle de l’Atlantisme imposé comme une voie unique et sans retour. La France voulait une place à part, depuis son retour dans l’OTAN elle aura une fonction parmi celles des autres au sein d’une alliance dangereuse.
La campagne pour les européennes aura été inexistante. Jean-Luc Mélenchon, le chef de Parti de Gauche et Nicolas Dupont-Aignan, de Debout la République, se battent dans une totale indifférence médiatique pour dénoncer les projets politiques à venir dont celui du bloc euro-atlantique qui serait à compter de 2015, une vaste union mercantile et militaire avec, cerise sur le gâteau, une chambre d’élus.
Les médias participent sans honte à l’atonie générale. L’abstention devrait atteindre des sommets, l’UMP sortira vainqueur d’une élection vide de sens mais redoutable par les engrenages qui en découleront. Il importe peu de savoir que le PS sera le grand perdant le soir du 7 juin. Non, il est bien pénible de voir que les vainqueurs, gommant le dédain de la nation, se pareront de la légitimité bien douteuse, au nom de « la victoire de l’Europe » pour imposer des transformations sociales qui affecteront tous les peuples de l’Union européenne.
Le 7 juin il n’y aura plus d’Europe c’est-à-dire ni ambition, ni utopie. Le ralliement à cette idée d’union euro-atlantique fera de chacun d’entre nous des être soumis, dépouillés de nos identités : nous ne serons plus des citoyens mais des amuseurs pour les touristes dans des villes « historiques » transformés en Disney land.
L’Europe était-elle donc ce continent embarrassant pour les futurs maîtres planétaires ? La preuve que oui puisqu’ils veulent nous abêtir!


Jean Vinatier

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vendredi 8 mai 2009

Cher(e)s Internautes N°461 - 2eme année

Prochain Seriatim le lundi 11 mai 2009.
A toutes et à tous, un bon pont,

Jean Vinatier

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jeudi 7 mai 2009

Afghanistan/Pakistan (AfPak) : fissures « obamaniennes » ? N°460 - 2eme année

Le sommet de Washington réunissait mercredi 6 mai, les présidents afghan et pakistanais autour de Barack Obama. Cette réunion avait toutes les apparences de la solidité des alliances entre les trois hommes et le communiqué final entérinait la politique américaine en cours depuis 2001. Seule ombre au tableau, les 100 afghans tués par un tir américain…..
Apparence, voilà le maître mot ! On le sait, pendant la campagne présidentielle de 2008 le candidat démocrate Obama insistait beaucoup sur la nécessaire victoire sur le terrorisme (Al-Quaida) ou l’extrémisme reprenant sans avoir l’air, le programme des néo-conservateurs républicains. En effet, le propos de Barack Obama n’aurait aucun sens s’il ne s’appuyait sur une vision établie voilà une dizaine d’années par des hommes qui rêvent de conforter l’imperium de la bannière étoilée en contrôlant le maximum de voies énergétiques et en entourant la Chine d’une sorte de muraille invisible. Est-il ou non en harmonie avec les néo-conservateurs ? Sans doute pas, mais sa tâche est, certainement, de poser les jalons qui permettront une sortie de ce guêpier sans être désigné comme celui qui a bradé la puissance étatsunienne.
Dés lors, était-il surprenant que le nouveau Président Obama ne prenne pas la peine de joindre le Président Hamid Karzaï et envoie le vice-président Joe Biden le sermonner à Kaboul puis invite ses opposants à Washington? La marionnette Karzaï loin de s’émouvoir a entrepris de séduire un par un ses adversaires en vue de l’élection présidentielle prochaine en faisant un sans faute¹. Du coup, le chef d’Etat afghan est auréolé du prestige de celui qui a défié l’occupant. C’est là un retournement de situation singulier dont on avait déjà observé le mouvement en Mésopotamie (Irak) avec un Maliki soutenu par tous les partis irakiens, s’opposant au général Odierno, commandant les forces US.
Au Pakistan, une autre marionnette, le président Asif Ali Zardari, veuf de Benazir Bhutto, prend visiblement exemple sur ses homologues avec un certain succès et, notamment avec son adversaire principal Mian Muhammad Nawaz Sharif. L’armée pakistanaise dirigée par Ashfaq Kayani fait comme d’habitude, elle lance de grandes offensives médiatiques en veillant à ne pas aller trop loin comme on le voit aujourd’hui dans la vallée de Swat.
Les Etats-Unis doivent donc plus composer avec ces hommes d’Etat que leur imposer un code de conduite.
Effectivement, la situation en AfPak échappe plus qu’on ne le dit à l’armée américaine et à ses alliés dont la France. Le problème devant Barack Obama est compliqué. En effet Hamid Karzaï et Zardari ont réussi l’exploit de regrouper autour d’eux les pires ennemis et les meilleurs amis de Washington. C’est une situation inédite qui montre à quel point les Afghans, les Pakistanais prennent conscience qu’une union nationale ou patriotique était la condition sine qua non d’abord pour ne pas disparaître, ensuite pour rester en lice lors des grands enjeux énergétiques et géopolitiques. La Chine, l’Inde, l’Iran et plus loin la Russie se frottent les mains en regardant l’évolution politique de ces états : ces puissances ne resteront pas inertes non seulement entre elles mais aussi vis-à-vis des Américains !
En mai 2009, les forces de la coalition sous l’égide de l’armée américaine sont dans une nasse géopolitique, un peu comme l’était le corps expéditionnaire français à Diên Biên Phu en Indochine. Si elles ne risquent pas de connaître une reddition, la solution politique s’avérera longue et dangereuse.
Aux Etats-Unis, les milieux les plus conservateurs et notamment dans l’armée, les généraux Odierno et Petraeus, ce dernier étant le stratège pour l’ensemble territorial qui va du Moyen Orient au Pakistan, montent au créneau pour dénoncer tout abandon de fait. Est-ce un hasard si l’on a tant parlé des cachettes d’Al-Quaïda au Yemen ? Evidemment pas.
La toute puissance de l’aigle américain est donc engagée sur un double théâtre : d’un côté conduire une désescalade en AfPak, de l’autre dénucléariser l’Orient ce qui implique de réintégrer l’Iran dans le jeu diplomatique et contraindre Israël à réviser sa politique atomique. Là aussi les cercles les plus conservateurs israéliens et non-juifs américains se battront bec et ongles.
Le Président Obama entame son mandat en mettant (à juste titre) très haut ses ambitions diplomatiques et militaires.
Le sommet de Washington afghano-pakistanais ne doit donc pas faire illusion; la prochaine fois, le Président américain devra, peut-être, se déplacer en personne sur place à l’invitation ou de Karzaï ou de Zardari ou des deux !


Jean Vinatier

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Cartes :

http://ccablog.blogspot.com/2006/09/redrawing-middle-east-map.html
http://www.oilempire.us/new-map.html
http://strangemaps.wordpress.com/2006/09/21/8-re-drawing-the-map-of-the-middle-east/

Documentaire : Paul Moreira : « Pour quelques dollars de plus » Canal+, 24 avril 2009
Le travail de ce journaliste d’investigation est toujours remarquable.
http://www.agoravox.fr/rdv-de-l-agora/article/l-afghanistan-pour-quelques-55006


Sources :

1-
http://www.atimes.com/atimes/South_Asia/KE06Df03.html
http://www.dedefensa.org/article-qui_est_la_marionnette_de_qui_05_05_2009.html http://atimes.com/atimes/Central_Asia/KC26Ag01.html

http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2009/05/07/obama-integre-l-afghanistan-et-le-pakistan-dans-sa-guerre-contre-l-extremisme_1189866_3216.html

http://www.slate.fr/story/4833/pakistan-armee-talibans-islamistes

http://www.slate.fr/story/4769/au-pakistan-un-boulevard-pour-les-islamistes

In Seriatim

Afghanistan : 7 articles (2007-2009) dont :

http://www.seriatimonline.com/2007/08/la-mort-dun-roi-invisible-zahir-shah_06.html

http://www.seriatimonline.com/2008/06/afghanistan-charit-bien-ordonne.html

http://www.seriatimonline.com/2008/10/afghanistan-bal-masqu-kaboul.html

Pakistan : 6 articles (2007-2009) dont :

http://www.seriatimonline.com/2007/11/pakistan-nous-ne-savons-pas-o-nous.html

http://www.seriatimonline.com/2008/01/pervez-musharraf-lambigu.html

http://www.seriatimonline.com/2008/08/pakistan-aprs-musharraf.html

http://www.seriatimonline.com/2008/09/pakistan-cambodge-bis-repetita.html

http://www.seriatimonline.com/2008/12/inde-et-pakistan-dans-une-nasse.html

mercredi 6 mai 2009

Hadopi ou Sarkozy fournisseur d’accès à Internet ! N°459 - 2eme année

Depuis un moment le chef de l’Etat cherche un moyen d’entrer sur la Toile pour y poser ses marques.
Son obstination qui succède à sa colère du 9 avril, n’est pas anodine. Ce projet de loi Création et Internet contre le téléchargement illégal est une première pierre qui en appellera d’autres afin d’établir sur la Toile une liberté régulée selon l’expression d’Eric Besson. Le député Frédéric Lefebvre ne s’en cache pas beaucoup
: «L’absence de régulation du Net provoque chaque jour des victimes! Combien faudra-t-il de jeunes filles violées pour que les autorités réagissent? […] Combien faudra-t-il de bombes artisanales explosant aux quatre coins du monde? Combien faudra-t-il de créateurs ruinés par le pillage de leurs œuvres? »
Christine Albanel déniait à Internet d’être un droit fondamental ce qu’a rappelé le rapporteur de cette loi à venir, le député-maire UMP de Coulommiers, le jeune concessionnaire Peugeot Franck Riester.
Comme on le relève la défense du droit d’auteur passe en troisième position, les faits divers sont en première ligne pour mieux émouvoir l’opinion publique.
Les lobbies de l’industrie culturelle ont tout intérêt à garder leur aire de force ainsi que les rentes de situation qui en découlent, surtout en France. Pour l’Elysée être soutenu par les artistes est un atout et une légitimité qui lui permet de mettre en place ce que le palais ambitionne, devenir le gendarme suprême et pour ce faire, il lui fallait un biais.
Manque de chance, le Parlement européen a voté un amendement anti-riposte graduée le 21 avril qui prend l’exact contre-pied du projet français ! De cela Sarkozy s’en soucie comme un poisson d’une pomme. Strasbourg et Paris négocieront, l’essentiel aux yeux du Président étant que le contrôle sur Internet ne soit désormais ni un tabou, ni impossible.
« La liberté régulée » sur le Net se fera donc par l’entremise des artistes qui parlent de libertés, devenus consciemment les fous du roi. La lettre de quelques-uns d’entre eux écrite à Martine Aubry sur l’air du divorce est confondante de naïveté : est-ce leur âge avancé ? La secrétaire générale du PS doit tenir quand bien même, Jack Lang s’émancipera-t-il de la discipline du parti sur ce point. Heureusement d’autres artistes, plus jeunes (Jeanne Balibar, Louis Garrel, Chiara Mastroianni) remettent les pendules à l’heure : « Il est temps d’accepter et de nous adapter à ce "nouveau monde" où l’accès à la culture perd son caractère discriminatoire et cesser de vouloir en faire une société virtuelle de surveillance où tout un chacun se sentirait traqué.»¹
Le plus cinglant démenti contre ces dispositions législatives pourraient – qui sait – venir de Michael Jackson, artiste qui a des comptes à régler avec les maisons de production. S’il décidait d’autoriser l’édition de ces concerts londoniens…quelle gifle ! Bambi en est capable !
L’UMP se pose en parti vertueux: quelle moquerie alors que cette formation politique a piraté une musique du groupe MGMT et a été condamnée pour ce délit à payer 30 000 euros ! Un pirate même revêtu d'une toge reste ce qu'il est!


Jean Vinatier

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Source :


1-
http://www.liberation.fr/culture/0101565682-hadopi-artistes-et-ps-ne-chantent-plus-a-lunisson

mardi 5 mai 2009

La Fontaine : « Oh ! combien de Césars deviendront Laridons ! » N°458 - 2eme année

On ne présente plus Jean de La Fontaine (1621-1695) dont la lecture est un délice tant pour les fables que pour les contes érotiques (Contes et nouvelles en vers, Amsterdam, Pierre Brunel, 1709)!
Je vous renvoie, naturellement, aux excellents travaux de Marc Fumaroli : La diplomatie de l’esprit, de Montaigne à La Fontaine, Paris, Hermann,1994 et Le poète et le roi : Jean de La Fontaine en son siècle, Paris, de Fallois,1997.
Avant de vous laisser apprécier la fable, remémorons-nous son épitaphe :

« Jean s'en alla comme il était venu,
Mangeant son fonds après son revenu,
Croyant le bien chose peu nécessaire.
Quant à son temps bien sut le dispenser,
Deux part [il] en fit, dont il soulait passer [avait coutume],
L'une à dormir, & l'autre à ne rien faire. »


« L’Education

Laridon¹ et César, frères dont l’origine
Venait de chiens fameux, beaux, bien faits et hardis,
A deux maîtres divers échus au temps jadis,
Hantaient l’un les forêts, et l’autre la cuisine.
Ils avaient eu d’abord chacun un autre nom,
Mais la diverse nourriture
Fortifiant en l’un cette heureuse nature,
En l’autre l’altérant, un certain marmiton
Nomma celui-ci Laridon.
Son frère, ayant couru mainte haute aventure,
Mis maint cerfs aux abois, maint sanglier abattu,
Fut le premier César que la gent chienne ait eu.
On eu soin d’empêcher qu’une indigne maîtresse
Ne fit en ses enfants dégénérer son sang.
Laridon négligé témoignait de sa tendresse
A l’objet le premier passant.
Il peupla tout de son engeance :
Tournebroches² par lui rendus communs en France
Y font un corps à part, gens fuyant les hasards,
Peuple antipode des Césars.

On ne suit pas toujours ses aïeux ni son père :
Le peu de soin, le temps, tout fait qu’on dégénère.
Faute de cultiver la nature et ses dons,
Oh ! combien de Césars deviendront Laridons ! »



Jean Vinatier

©SERIATIM 2009
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Notes :

1-Laridon : nom inventé par La Fontaine d’après le mot latin laridum (lard)

2-Tournebroche : chien dressé à tourner la broche.


Sources :

In Jean de La Fontaine, Fables, Editions RVG, Genève, 1985, Livre Huitième, p.314

Jean de La Fontaine : Contes interdits, Paris, La Musardine, 2001

lundi 4 mai 2009

Sri Lanka: l’île ne sera pas un second Cuba ! N°457 - 2eme année

La grippe A a monopolisé les médias à l’inverse la campagne militaire menée par le Président sri-lankais, Rajapaksa contre les Tamouls ne suscite guère de compassion. Les Tamouls installés en France ont manifesté ici et là surtout place de l’Ecole militaire dans l’indifférence sauf prés de la Gare du Nord où plus de deux cents d’entre eux furent interpellés. D’une manière générale, l’opinion publique ne leur est pas favorable.
Les Tamouls (hindous) installés depuis la nuit des temps dans l’état indien du sud de Tamil Nadu ont migré via le fameux pont d’Adam ou de Râma sur l’île de Ceylan pendant que d’autres Indiens (bouddhistes) venus du Nord indien (Bengale occidental et Orissa) y migrèrent vers –600 AVJC. Ces derniers sont, en 2009, la population dominante (cingalaise). Rappelons que les Wanniyala-Aetto, population d’origine, ont été les victimes de cette double invasion. Aujourd’hui ils vivent presque parqués dans le sud-est à Maduru Oya.
Les Tamouls comme les Cingalais ont constitué, à différentes époques, des royaumes dans l’île (p.e ceux de Chola, de Kandy) et eurent à lutter contre les puissances occidentales successives : portugaise (1505), hollandaise (1568) puis anglaise en 1796. Londres solidement installée en Inde favorisa la migration en grand nombre des Tamouls (thé) et leur offrit de nombreux avantages suscitant la rancœur des Cingalais. Or, coup de théâtre, le gouvernement britannique décida, à la veille de l’indépendance en 1948, de confier le pouvoir aux Cingalais. Les Tamouls subirent, alors, avec constance, toutes les vexations de la part des dirigeants du nouvel état qui prit le nom en 1972, de Sri-Lanka. Les Tamouls entrèrent, alors, en guérilla quelques mois plus tard. Leur leader depuis cette date est Velupillai Prabhakaran (1954), le fondateur communiste des Tigres de Libération de l’Eelam Tamoul, classé groupe terroriste en 1992.
Entre 1973 et 1990, cette guérilla ne retint pas trop l’attention et l’Inde soutenait naturellement la cause Tamoule afin de ne pas déstabiliser l’état du Tamil Nadu. Au moment où l’Union soviétique s’effondre, les Tamouls emportent de grands succès et parviennent en 1999 à surprendre 40 000 soldats sri-lankais à Jaffna. Ces derniers seront sauvés par l’intervention conjointe d’Israël et du Pakistan, les alliés des Etats-Unis. Pour Washington, il n’est pas question de laisser naître un second Cuba au Sri Lanka dans une zone à hautes turbulences géostratégiques.
Les Tamouls se sont radicalisés -et divisés avec le départ en 2004 du n°2 Karuna Amann- : assassinat de Rajiv Gandhi en 1992 puis en 2005, attentat contre la Présidente Sirimovo Bandaranaike (1916-2000) qui perdra un œil. Son successeur, Mahinda Rajapaksa (1945) encouragé par les Etats-Unis a repris l’offensive contre les Tigres Tamouls : maîtrise de la mer et offensives terrestres. Les Tamouls n’ont plus les moyens de résister militairement. Les civils en paient le prix fort. Et ce ne sont pas les pantomimes de Bernard Kouchner venus voici quelques jours qui changeront quoi que ce soit. A l’évidence, ce sont les enjeux stratégiques Indien, Chinois et Américain qui bouleversent le rapport de force Tamoul/Cingalais.
La Maison Blanche, avec ou sans George Bush tient à éviter toute suprématie d’une puissance continentale (Indienne, Chinoise, Iranienne) dans le sous-continent indien et encore plus à permettre l’émergence d’un état communiste.
En effet, le Sri Lanka a une position centrale entre le détroit de Malacca (entre l’Indonésie et la Malaisie) et le détroit d’Ormuz (entre le golfe Persique et le golfe d’Oman) Le Sri Lanka pourrait être une base relais américaine entre celle de Diego Garcia et celle en Thaïlande. La Maison Blanche maintient sur cette île de très importantes antennes de la CIA et du NSA.
New Delhi a soutenu les Tamouls mais leur victoire potentielle sur les Cingalais n’aurait-elle pas eu des répercussions dans le Tamil Nadu ? L’Inde redoute particulièrement tout séparatisme : elle n’a pas oublié la création du Pakistan (Oriental et Occidental) en 1947 ! D’autre part, dans ses relations compliquées avec la Chine, le gouvernement indien a besoin de l’appui américain.
Pékin se souvient, en consultant ses archives, que plusieurs expéditions de l’amiral sino-musulman Zeng-He (1371-1433/35) le conduisirent au XVe siècle à Ceylan où il conquit le royaume de Jaffna et plaça un souverain vassal de la Chine, Parakrama Bahu VI. Nonobstant ce fait historique, la Chine tient à écarter tout risque d’endiguement de la part des Américains et, dans le même temps cherche à établir une relation stable avec l’Inde et un soutien trop officiel aux Tigres la desservirait. Certes, mais n'aurait-elle pas la tentation de soutenir l'acutel équipe dirigeante?
Le leader tamoul, Velupillai Prabhakaran est-il perdu ? Son peuple largement minoritaire dans l’île est, semble-t-il, prêt à s’incliner. Le vieux rêve caressé par toutes les familles nobles cingalaises, Senanayake, Bandaranaike, Kumaratunga et Rajapaksa qui contrôlent tout l’appareil politique depuis 1948 est en passe de se réaliser : dominer complètement l’île.
Si jamais une force onusienne finissait par être envoyée sur place, elle ne changerait plus rien elle servirait, tout au plus, à conforter l’image pacifique du Président Obama et contenter la « communauté internationale ».

Jean Vinatier

©SERIATIM 2009
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Source :

http://courrier-tamoul.com/actualites/34-actualites/152-us-post-conflit

Palestine : un territoire, non un « archipel » N°456 - 2eme année


A la veille de la tournée européenne du ministre israélien des Affaires Etrangères d’extrême droite, Avigdor Lieberman, la carte publiée par Le Monde Diplomatique est terrible. Au fur et à mesure que les années passent, en dépit de toutes les protestations, la « mer » israélienne réduit la Palestine en la morcelant.
Comme souvent, une carte vaut amplement tous les discours et les formules oratoires.





Jean Vinatier

©SERIATIM 2009

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