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lundi 30 novembre 2020

La France face à la géopolitique de la 5G par Arsenio Cuenca N°5031 14e année

« Quels sont les enjeux liés au déploiement de la technologie 5G au niveau européen et plus précisément, dans le cas de la France ? Une réponse solidement documentée et finement argumentée. Arsenio Cuenca précise d’abord les enjeux éminemment géopolitiques autour de cette technologie innovante. Puis il présente la réaction européenne face à sa situation de dépendance. Enfin, l’auteur brosse l’évolution des représentations autour du système d’alliances français et les agendas public-privés pour un avenir numérique.
Illustré d’une carte sur le problème de la dépendance technologique en Europe et d’une perspective diachronique des enjeux de la 5G en France.

L’ENTREE de la 5G dans nos vies entraînera des progrès immenses en matière d’interconnectivité, puisqu’il s’agit d’un réseau bien plus dynamique, permettant l’incorporation de nouveaux objets connectés avec un temps de latence extrêmement réduit [1]. Cependant, son déploiement comporte un certain nombre de risques associés à sa nature, à savoir une forte dépendance vis-à-vis des fonctions réseau et une extension de la surface potentiellement réceptrice des cyberattaques, avec des conséquences bien plus graves.

De ce fait, la cinquième génération de téléphonie mobile présente une composante stratégique fondamentale pour les acteurs impliqués. L’antagonisme principal se déroule entre les deux premières puissances technologiques et économiques au niveau global : les États-Unis et la Chine. Mais les effets de cette confrontation se font sentir inéluctablement dans l’UE, qui se trouve dans une situation pour le moins délicate [2]. Les grandes puissances de l’Union européenne (UE) considèrent la Chine comme une menace, mais leur dépendance à l’égard de Huawei les empêche de leur interdire le déploiement de la 5G sur le marché de l’UE. Par conséquent, ils permettent l’entrée de Huawei, tout en renforçant leurs systèmes de cybersécurité et leurs mécanismes de contrôle politique face au géant chinois. Les enjeux de la 5G ont mis en évidence la forte dépendance de l’UE envers les deux puissances, ce qui l’amène à chercher son propre espace d’autonomie stratégique.

En France, Emmanuel Macron a déclaré à de nombreuses reprises que la France n’avait aucun intérêt à interdire l’entreprise chinoise. Cette décision est évoquée aussi dans le dernier rapport rédigé au nom de la commission des affaires économiques sur l’exploitation des réseaux radioélectriques mobiles. Cependant, ces allégations marquent un point de rupture important par rapport aux positions officielles précédentes, qui alertaient du danger que Huawei présentait pour la cybersécurité de la France, allant même jusqu’à suggérer l’interdiction de l’installation de ses équipements.

Quels sont les enjeux liés au déploiement de la technologie 5G au niveau européen et plus précisément, dans le cas de la France  ?”

 

La suite ci-dessous :

https://www.diploweb.com/La-France-face-a-la-geopolitique-de-la-5G-quels-enjeux-autour-de-la-nouvelle-generation-de-reseau.html

 

Jean Vinatier

Seriatim 2020

 

 

Les Grands Enjeux de Notre Temps : Des Défis Systémiques par Arthur Keller N°5030 14e année

« Le 21 octobre 2020, Impact Centrale Supélec a invité M. Arthur Keller au sein du cours de Modélisation des Systèmes pour présenter aux étudiants la vision systémique des questions écologiques. » Jean Vinatier 
Seriatim 2020

 

mercredi 25 novembre 2020

Hongrie-Pologne : « L’Europe » victime d’un chantage ? – par Eric Juillot N°5029 14e année

« Un craquement de plus

Le conflit que révèle ce véto n’a en effet rien d’anecdotique. Il oblige à s’interroger quant à la nature de l’UE, quant à sa finalité et — par voie de conséquence — quant au pouvoir de ses institutions, Commission et Conseil européen en tête. Il a le grand mérite de mettre à nu les problèmes capitaux que soulève le processus d’intégration communautaire, problèmes ordinairement cachés par le caractère rampant et insidieux de ce dernier.

Aussi ce conflit, quelle que soit la manière dont il sera surmonté, constitue l’occasion d’une prise de conscience salutaire des effets destructeurs de l’UE sur la démocratie, par-delà le brouillard communicationnel qui entoure l’événement. Car la situation, complexe, se résume pour les médias dominants à cela : deux États, deux seuls États, connus de surcroît depuis quelques années pour leur « populisme » invétéré, s’opposent, dans le cadre d’un véritable « chantage[1] », à la glorieuse marche en avant d’une « Europe » qui avait pourtant engrangé, en juillet dernier, son premier succès depuis longtemps, avec l’accord sur un plan relance « à 750 milliards d’euros[2] ».

Le manichéisme propre à l’idéologie dominante s’exprime à nouveau sans frein et sans pudeur. Il s’exprime d’autant plus que le point de crispation de cette crise réside dans le mécanisme qui entend conditionner l’accès aux fonds du plan de relance au strict respect de « l’État de droit » – une formule juridique à forte connotation morale.

L’UE, en se drapant dans la défense et la promotion de l’État de droit, peut à bon compte se bercer de l’illusion qu’elle œuvre pour le « Bien ». S’il est vrai que les lois votées ces dernières années dans la Hongrie de Viktor Orban ont de quoi inquiéter tout démocrate conséquent, soucieux d’assurer la liberté de la presse et l’indépendance du pouvoir judiciaire, force est de constater cependant que le problème ainsi posé est considéré de manière spécieuse.

Car ce n’est pas de la « démocratie » qu’il s’agit, mais uniquement, selon la communication officielle, de « l’État de droit ». Or, l’État de droit, s’il constitue une condition de la démocratie, ne saurait en exprimer la totalité, loin s’en faut.

Le formalisme juridique du concept peut ainsi se révéler tout à fait compatible, à l’usage, avec un fonctionnement antidémocratique : c’est ce qui se produit par exemple en cas de corruption de l’appareil judiciaire ou, autre cas de figure, lorsque la magistrature abuse tellement de son pouvoir qu’elle étouffe la vie démocratique par l’instauration d’un « gouvernement des juges », selon l’expression souvent employée, à tort ou à raison il est vrai.

En ce qui concerne la liberté de la presse, il faut bien constater qu’elle ne constitue pas une condition suffisante au pluralisme : l’impressionnant monolithisme idéologique des médias hexagonaux à propos de l’UE le prouve de façon spectaculaire depuis plusieurs décennies.

Il n’est pas excessif d’affirmer qu’au moins 80 % des journalistes sont, dans notre pays, des partisans inconditionnels de l’UE du fait de leur formation, de leur recrutement sociologique ou plus prosaïquement du conformisme auquel ce milieu professionnel condamne ceux qui veulent réussir.

Il en résulte un matraquage médiatique permanent en faveur de l’UE — et du néolibéralisme qui lui est consubstantiel — dont le résultat le plus tangible est le dépérissement, dans la durée, de la vie démocratique, lentement mais sûrement asphyxiée par les interdictions de pensée qui la grève, jusqu’à provoquer en réaction des poussées de fièvre dites « populistes » telles que celle des Gilets jaunes il y a deux ans. »

La suite ci-dessous : 

https://www.les-crises.fr/hongrie-pologne-%e2%80%89leurope%e2%80%89-victime-dun-chantage%e2%80%89-par-eric-juillot/

 Jean Vinatier

Seriatim 2020

 

 

Biden prêt à guider le monde…..N°5028 14e année

 Avant même son installation à la Maison-Blanche le 20 janvier 2021 Joe Biden et son équipe indiquent bien que le mandat de Donald Trump n’aura été qu’une parenthèse apaisante : les États-Unis vont de nouveau « guider le monde ». C’est une manière de rappeler que la double mandature de Barack Obama n’avait été, en dépit d’un prix Nobel de la paix, qu’une succession belliqueuse et un grand nombre d’attentats.

Les médias français insistent sur les francophiles, John Kerry, Anthony Blinken, pour nous endormir. En réalité ces deux hommes de même que Jake Sullivan et Susan Price ont en point commun : l’offensive. Ils furent de tous les combats pour engager la seconde guerre d’Irak, regretter les hésitations d’Obama en Syrie et appuyer les opérations en Libye, sans omettre une profonde hostilité à l’égard de la Russie. Nous avons devant nous plus des faucons que des hirondelles. Nous dire que parce que certains d’entre eux parlent notre langue, l’irénisme irait de soi a tout de la fake news. Rappelons que toute l’Europe en 1914 et 1939 parlait le français sans empêcher du tout deux guerres mondiales !

Les États-Unis sont sur le chemin de la guerre face à la Chine qui dispose de tous les éléments pour être une puissance globale au même titre qu’eux dans les prochaines années. Si la Chine est un régime que l’on n’aime pas, convenons que nos politiques dès qu’un fait divers survient se précipite pour se faire les avocats de la reconnaissance faciale et approuvent une loi de sécurité globale qui nous conduit vers un régime policiarisé. Quelque part nous nous sinisons…

Rappelons que les États-Unis veulent rester la première puissance ce sur quoi Trump et Biden étaient en accord mais d’une manière différente : le premier ne voulait pas d’une dilution identitaire pour complaire au mouvement « no borders » quand le second considère qu’un monde globalisé serait nécessairement totalement américain.

Pour contenir dans un premier temps la Chine, les Etats-Unis doivent tenter d’en séparer la Russie et l’Iran soit par les sanctions soit par des déstabilisations, soit par des coalitions, de combattre l’immense accord de libre-échange récemment conclu, de borner ou de transformer en voies sans issues les routes de la soie (sous-marine, terrestre, maritime, aérienne, spatiale, technologique). Quant à la Turquie d’Erdogan, du fait de ses mauvaise relations avec Pékin, elle redevient, malgré le souvenir du coup d’état manqué de juillet 2016, une puissance tierce tout à fait utile dans cette vue mais aussi pour occuper la Russie (Caucase) et brider l’Union européenne (migrants, politique agressive méditerranéenne).

Et l’Union européenne ? Joe Biden, il en aura besoin : 400 millions d’habitants, une richesse considérable, une matière grise en pagaille, une situation géographique d’extrême-Asie ou Euro-Asie qui ne peut être défendue que par la présence de soldats américains et avec une puissance incontournable, celle allemande tout à fait consciente de parvenir à son but en faisant de l’Union un hinterland sous protection des marine’s : c’est peu dire que Joe Biden dispose d’atouts mais aussi des risques inhérents à cette ambition. Le Royaume-Uni empêtré dans le Brexit ne sait encore comment se positionner face à la nouvelle administration américaine, laissant entrevoir une énième crise politique.

L’Union européenne se réjouirait du futur POTUS désormais présenté comme un surhomme aux dents blanches et rajeuni, car elle croit, grâce à Berlin et aux habitudes prises par des générations bourgeoises de n’avoir pour seul horizon que New-York et d’en accepter les corruptions, que rester une aire de va-et-vient d’hommes et de capitaux serait un aboutissement. Emmanuel Macron, à la tête d’une France qui s’est désindustrialisée dramatiquement mais disposant d’une armée, la seule du continent, mais captif de cette narrative américaine via les GAFAM, a de temps en temps des idées aussitôt contrebalancées par des maladresses langagières qui ne sont plus écoutées y compris sur les bords de la Spree.

On mesure mal en Europe, le choc qu’a constitué la défaite d’Hillary Clinton en 2016 qui devait accélérer le continuum néo-conservateur enclenché plusieurs décennies avant. La haine dont Donald Trump a fait l’objet au quotidien par tous les médias mais aussi sa famille et son épouse qui n’eut que très peu les couvertures de magazine quand Kamala Harris et Jill Biden s’y étaleront de façon plus que récurrente, est à la hauteur des enjeux contrariés. Par ses foucades et ses tweets à la diable, Donald Trump prêtait le flanc aux dénigrements devenant une gargouille grimaçante.

Sous couvert de questions climatiques, tout à fait réelles, et de retour dans les institutions internationales qui de fait prépare la nouvelle offensive américaine, les États-Unis lancent des messages d’avertissement. Par exemple, certains pays d’Amérique Latine : Venezuela, Pérou, Bolivie qui gèrent des situations politiques hors intervention washingtonienne, resteront-ils tranquilles?

Ce rapide panorama n’établit pas que les jeux sont faits justement dans le moment où une nouvelle administration américaine joue la carte d’une restauration de programme géopolitique. Et l’histoire nous enseigne qu’en politique une restauration est fragile, se termine souvent en révolution.

Nous entrons dans l’ère des radicalités tellement les forces et les moyens en mouvement sont colossales comme jamais auparavant.

 

Jean Vinatier

Seriatim 2020