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mardi 24 novembre 2020

Darmanin, Hidalgo : les identitaires progressistes ? N°5026 14e année

 Clash contre les Verts par Anne Hidalgo au nom de la laïcité, clash pro-police en faveur d’un électorat de droite par Darmanin, deux épisodes de la vie politique avec pour horizon commun, l’élection présidentielle de 2022.

Gérard Darmanin étoile montante qui se veut astre plus solide que Bruno Lemaire sans que cela n’attire, apparemment, le courroux d’Emmanuel Macron, est un indicateur supplémentaire que le prochain quinquennat aura pour porte-drapeau des références d’ordre et de sécurité. Le déménagement immédiat du campement de migrants afghans place de la République est un exemple de plus de la communication que le gouvernement et le ministre de l’Intérieur veulent affirmer. Pour un électorat conservateur, un manifestant est d’abord de gauche ou un marginal donc l’article 24 ne le concerne pas. Cet électorat s’aveugle mais pour l’instant il sera sensible à cette énergie dont il se croira épargnée.

Anne Hidalgo profite d’un incident technique lié au vote en faveur d’un nom de rue ou de place Samuel Paty pour dénoncer les Verts qui ne seraient pas clairs avec la laïcité. Ou bien Anne Hidalgo n’a pas digéré les démissions de Christophe Girard, de  Pierre Aidenbaum l’ex-maire du IIIe arrondissement puis maire-adjoint en charge de la Seine sous les assauts d’élus écologistes dont Anne Coffin et tente de provoquer une scission parmi eux ou bien elle veut par cette offensive et quelques jours après l’annonce de la candidature de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle poser sa stature de femme de gauche garante des principes républicains et discrètement se glisser dans une robe identitaire mais progressiste.

Du côté présidentiel, il s’agit en laissant éclore Gérard Darmanin, précipitamment marié pour taire les affaires sexuelles qui restent tout de même des braises sous ses pieds, d’empêcher les Républicains, non pas de se choisir un candidat mais d’en retenir un qui ne puisse pas faire grand-chose hormis être un réservoir de voix pour le second tour. L’autre ministre Bruno Lemaire peu discret dans son appétit, est affecté à la même tâche en s’attachant les commerçants, autre réservoir électoral.

Du côté de l’Hôtel de Ville, il s’agit pour la maire de rassembler la gauche et d’abord éviter toute autre candidature socialiste donc celle d’Arnaud Montebourg qui lui aussi a pris des accents identitaires. L’on sait que les Verts ne sont pas un corps uni : vert urbain, vert rural, progressismes sociétaux en concurrence, des naturels pour la dispute avec cette originalité rare de mettre en difficulté leurs dirigeants. Ils disposent, cependant, d’une fenêtre médiatique considérable au vu des problématiques climatiques très réelles. Il s’agirait donc pour la maire en quelque sorte de les « laïciser » ce que pourrait faire croire une communication spécifique.

L’arrivée de Joe Biden au pouvoir est déjà marquée de plusieurs signes intéressants : sans vergogne son équipe reprend des thèmes politiques de Donald Trump y compris en protectionnisme. Quoique que les rivaux de Donald Trump aient pu dire, ils comprennent que la grande erreur faite en 2016 ayant été de ne pas considérer l’identité nationale comme un marqueur, ils veilleront à bien la reprendre mais en lui donnant un sens progressiste. Tout en poursuivant les décontructions sociétales sous couvert d’avancées merveilleuses progressistes (après la GPA, les jupes pour les hommes), ils se réclameront de l’identité.

Si nul ne peut lire dans une boule de cristal, il est certain que la nouvelle présidence américaine aura nécessairement des impacts chez nous d’abord parce qu’à l’inverse de Trump, le néo-obama est dans l’idée européenne défendue par Bruxelles, ensuite pour les « élites » françaises qui constituent 20 à 22% des suffrages exprimés et qui votent contrairement au « peuple » qui n’ont d’autre horizon mental que New York.

Il semblerait donc que nous soyons au départ de nouveaux identitaires mais progressistes. Il suffit de regarder de quelle façon Emmanuel Macron se sert des cycles mémoriels, la Grande guerre et De Gaulle, pour s’en convaincre de même qu’à la manière dont Anne Hidalgo manœuvre face aux Verts. Hidalgo et Darmanin, ce dernier tenu par Emmanuel Macron, se rejoignent dans l’immédiat sur ce qu’il faut éviter toute colère sociale dans les semaines à venir : il s’agit de nous inoculer. La maire de Paris n’est-elle pas prête, dès janvier à piquer la moitié des parisiens quand le gouvernement l’espère nationalement : 2022, la ferme des animaux ?

 

Jean Vinatier

Seriatim 2020

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