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mardi 3 novembre 2020

L’Europe la veille du 4 N°5007 14e année

Les dirigeants européens ne font pas mystère d’une préférence pour Joe Biden, indépendamment des affaires de corruption qui l’entoure et de son caractère affaibli. Ces mêmes dirigeants oublient, cependant, que le mandat de Donald Trump par sa brutalité et parfois, ses tons vexatoires, ont rompu une habitude relationnelle entre l’Union européenne et les États-Unis. Ces mêmes dirigeants oublient, également qu’en 2003, la France et l’Allemagne surent initier un front anti-guerre en Europe contre la volonté de Georges Bush junior. Ces mêmes dirigeants oublient tous les embryons de défense en commun qu’ils encouragèrent entre 2016 et 2020.

Sans doute les Européens arrivent-ils à un carrefour sans qu’ils veuillent s’en apercevoir. Ce handicap visuel se lie aux divisions entre européens sur fond d’une croyance dans la seule explication du monde à travers les bésicles américains (et anglais). Or, la montée en puissance de nations immenses comme la Chine, l’Inde, d’une religion l’islam, des arrivées migratoires qui augmenteront nécessairement soit pour des raisons climatiques, politiques, économiques, épidémiologiques soit parce que les Européens eux-mêmes, s’ils veulent garder un modèle social, seront dans la nécessité de les accueillir au risque du choc politico-social majeur, soit les deux, devraient, en toute logique contraindre les Européens à remettre à plat l’Union européenne qui en l’état arrive à ses limites structurelles.

L’OTAN est décriée par Donald Trump et Emmanuel Macron de façon différente. Elle est vue comme nécessaire selon Berlin toujours hantée par les deux guerres mondiales et qui veut terminer d’asseoir son installation géo-économique (hanséatique) en tentant de maintenir le maximum relationnel avec la Russie, la Turquie pour être un terminal eurasiatique. Entre « mort cérébrale » et « objet géostratégique d’habitude », les Européens face à l’OTAN constatent la lourdeur du cordon ombilical sans vouloir le trancher. Les embryons de défense entre européens naissent mais faute d’indépendance ne serviront qu’à entraîner des soldats de pays différents entre eux, ce qui est déjà un progrès. Mais, en l’état, tout s’ajoute à une organisation militaire existante dont les États-Unis ont les manettes qu’ils utiliseront en fonction de leurs intérêts propres, à contraindre des Etats européens à aligner leur politique sur la leur.

On le voit avec la Turquie, membre fondateur de cette organisation. Recep Erdogan conscient de sa situation géographique joue sur les divisions et les atermoiements semant un désordre dans l’OTAN. La France a échoué à créer un front commun en dehors des déclarations aimables.

Le problème pour les Européens est le non-choix sur lequel ils campent. En l’état l’Union européenne est hors d’état d’affronter les défis d’aujourd’hui et du futur : elle est un ventre gras mais mou. La seule puissance économique majeure qui pourrait lui faire franchir un pas serait l’Allemagne qui s’y refuse et la seule puissance militaire qui voudrait le faire mais ne le peut pas, serait la France. Le blocage est complet.

Que Donald Trump soit battu ou pas, la question existentielle demeurera. Donald Trump et Barack Obama avaient un point commun au sujet de l’Europe en ce sens que les deux POTUS estimaient que le champs géopolitique était plus en Asie Pacifique que centrée autour de l’Europe. Et Joe Biden (ceux qui l’entourent) sera dans cette ligne. Le fait que les Américains avec ou sans Trump, affronteront la Chine, puissance Internet indépendante à court terme, avec ou sans un sommet des démocraties ne doit pas illusionner : les Européens ne seront que des fantassins mis en première ligne pour les besoins de la cause.




Jean Vinatier

Seriatim 2020


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