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mercredi 29 avril 2020

Mondialisation : du ketchup US à la sauce soja chinoise ?N°4899 14e année



Pour des raisons électorales, profitant du coronavirus, Donald Trump a lancé une opération apparemment hostile envers XI Jiping, histoire de peser sur les quelques accords commerciaux et stratégiques restant à signer entre les deux pays. Au passage, la Maison Blanche hilare dit à l’Union européenne que cette pandémie renforcerait le lien transatlantique : toutes les capitales, Paris en tête, s’indignèrent alors de la responsabilité chinoise dans le commencement de cette pandémie et réclamèrent même une enquête internationale….
 « Est-on en train de basculer vers une mondialisation à la chinoise ? » titre dans l’Express Eric Chot.
Le titre serait plus juste s’il précisait que l’on passerait d’une mondialisation américaine vers une autre celle chinoise. Sans doute aurons-nous les deux et bien plus encore avec les progressions des autres nations-monde, ainsi l’Inde, la Russie, la Turquie, le Royaume-Uni….etc excluant donc l’Union européenne.
Les Etats-Unis ont à  gérer leur puissance mondiale au meilleur de ses intérêts quand la Chine doit, pour assurer son identité, conquérir, notamment, des parts de marché. Dans ce duel à fleuret moucheté, les autres nations-monde procèdent de la même manière. Washington est donc face à un défi : assurer sa pérennité quand l’avancée irrémédiable de la Chine (elle n’est pas la seule) implique soit de pouvoir l’abaisser, soit de négocier sans paraitre céder.
Une des raisons pour lesquelles Donald Trump l’emporta contre Hillary Clinton en 2016 était, notamment, le refus de voir une dilution de l’identité américaine dans une mondialisation emballée. Le BREXIT a eu aussi son succès pour ce motif. La force du Royaume-Uni et des Etats-Unis depuis longtemps traversés par des courants universels et nationaux est d’avoir une élite qui se scinde en deux tout en gardant en tête le même objectif : la maitrise de leur destin réciproque.
Il est symptomatique de regarder l’Union européenne qui ne tenta pas un seul instant de proposer ses bons offices entre Pékin et Washington : d’ailleurs face aux traités commerciaux sino-américains, n’a-t-elle pas déposé un dossier devant l’OMC, organisation immobilisée par la volonté du Président américain….Sans commentaire !
Nous sommes dans la continuation de la mondialisation, un mouvement en réalité pluri-ancestral qui accompagne le nomadisme de l’homme et sa soif de dépasser l’inconnu : les rapidités des échanges, accélérées depuis le XIXe siècle ne sont que la part visible de ce mouvement parti d’Afrique quand le cueilleur devint homo erectus. Il faudrait plutôt parler de mondialisme ou maintenant de l’action des « mondialisateurs » (cela fait moins secte) qui imposerait une façon d’être dans le monde.
Faute d’inconnu(e), d’une exo-planète habitable, atteignable en quelques jours, les hommes tourneront en rond comme des poissons-rouges dans un bocal. Pour l’heure ils doivent se recréer un espace environnemental, se serrer sans se ressembler.
Nous sommes dans un passage, aujourd’hui anxiogène avec le coronavirus et les récessions annoncées : le bon sens serait une voie mais ce bon sens-là selon qu’il est dit à Washington, à Pékin, à Berlin ou Addis-Abeba  est différent. Cette quête de bon sens serait un tout premier pas vers une conscience mondiale, totalement inexistante, pour l’heure émotionnelle et irrationnelle.
La « mondialisation chinoise » est une ambition géopolitique que la Chine exprime parfois avec maladresse : les relations étrangères étant, pour elle, une nouveauté. C’est au moment des traités inégaux que les puissances occidentales imposèrent la création d’un « ministère des affaires étrangères », chose incongrue pour l’Empire du monde. Entre ce moment et la chute de l’empire en 1911, il n’y eut guère de politique étrangère ; ensuite les guerres puis en 1949 la victoire de Mao-Tse—toung, la diplomatie aura un champ limité. Après 1976 avec Deng Xiaoping, les affaires étrangères commencèrent véritablement : la Chine est par conséquent dans ce domaine neuve avec une fougue de jeune homme….


Jean Vinatier
Seriatim 2020

« Euro : le miracle ou la mort par Frédéric Lordon »N°4798 14e année


« Après la near death experience, la full death experience ? Rattrapé de justesse par le « whatever it takes » de Mario Draghi en 2012 (1), l’euro, passé à un cheveu, n’avait en réalité que gagné un peu de temps pour se reconstruire entièrement et se rendre capable d’encaisser le choc d’après. Dont il était certain qu’il allait venir. On le voyait plutôt arriver sous la forme d’une nouvelle crise financière géante puisque la déréglementation financière les ré-engendre comme le cycle des saisons les saisons, à plus forte raison quand aucun des problèmes fondamentaux de la sphère des marchés de capitaux n’avait été réglé — à la vérité il n’y a pas trente-six solutions pour supprimer les problèmes de la finance de marché, il n’y en a même qu’une : supprimer la finance de marché.
Mais des intérêts si puissants y sont accrochés si fort qu’il fallait toute la naïveté du monde pour imaginer que, dans le cadre maintenu des institutions politiques du néolibéralisme, quoi que ce soit de sérieux pourrait être entrepris de ce côté-là. Obama, l’espace d’un instant, s’était cru doté d’un début de pouvoir de négociation et avait, dit-on, mis en demeure les moghuls de la finance en ces termes : « Entre les fourches et vous, il n’y a que moi ». Les réalités du financement des campagnes et la promiscuité amoureuse des Démocrates et de Wall Street avaient eu vite fait de le ramener à la raison. L’affaire s’était soldée par le Dodd-Frank Act, pas tout à fait rien mais pas grand-chose non plus, comme les événements à venir se chargeront de le vérifier.
Pendant ce temps en Europe, Sarkozy moulinait des petits bras à Toulon et The Economist jouait à se faire peur en se demandant si c’était la fin du capitalisme — dieu merci, non ; fin 2008 début 2009 on avait vu les gouvernements autoriser des choses étrangement dérogatoires au dogme libéral-européen, on annonçait que tout serait différent, voire plus rien comme avant, qu’on méditerait très fort, tirerait toutes les conséquences. Et puis dès la mi-2009, la vague proprement financière-bancaire de la crise ayant été contenue, le retour à l’écurie était prononcé : tous ces déficits qu’on avait laissés se creuser, c’était pour l’année en cours, pas davantage, le programme désormais était : restauration du sérieux, la dette qu’on ne peut pas laisser à nos enfants, nécessaires efforts — et nous voyons se dessiner une configuration que ni Hegel ni Marx n’avait prévue : la première fois comme farce, la seconde (celle où nous sommes aujourd’hui) comme énorme farce.
De la mare aux canards à la mer démontée »
La suite ci-dessous :



Thomas Porcher : « les règles de l’Union européenne sont en train de tuer »

Source :


Jean Vinatier
Seriatim 2020

mardi 28 avril 2020

Déconfinement, dissolution…. N°4897 14e année


Edouard Philippe confiné pour le déconfinement de 15 heures à l’Assemblée nationale où cent députés assureront la claque. Une intervention qui balaiera tous les débats prévus, notamment sur le tracing. Il flotte un air de 49.3 qui ne s’avoue pas. A l’instar de la contre-réforme des retraites, le nouveau monde n’a de goût ni pour la patience, ni pour l’écoute, il passe, il traverse ne laissant derrière lui que des nuages de poussière. Quels sont les succès d’Emmanuel Macron ? Des villages Potemkine, un dronage des Français et 160 000 forces de l’ordre d’emprisonnement.
D’après Nicolas Beytout, Edouard Philippe se référerait à la peste née sous Justinien pour se donner une hauteur à cela près que cet empereur avait redimensionné l’espace romain quand cette présidence défait autant que possible, divise dès potron-minet, combine avec un jeu de bilboquet. Sa chance inouïe, n’avoir en face aucune alternative fédératrice.
En fait, le calendrier, le séquençage et les « en même temps », ne surprennent plus personne, ils surviennent plusieurs fois par jour, tout cela pour gommer l’incurie de ce quinquennat, les fausses informations (fake news) répandues.
Plus avance cet exécutif, plus la dissolution s’affiche, s’étend avec en arrière-plan l’union nationale qui serait la conséquence d’une nouvelle assemblée, d’un nouveau Premier ministre ou de rien du tout puisque le plus important est d’agiter, d’occuper, de distraire surtout les esprits par des détails, des anecdotes. Drôle d’union nationale : d’habitude il faut une invasion ou une guerre difficile, là, rien. Drôle d’union nationale mélange de leurre et de passe-temps où ne sont apparus qu’un coureur de dote (Manuel Valls), une newyorkaise (NKM), un Vert, un Chevènement grimé en Clémenceau/Poincaré et de complices Républicains (Geoffroy Didier)
A regarder ce qui se passe dans les pays voisins de la France, le calme y semble la règle, le climat moins anxiogène ce qui ne signifie pas que les pouvoirs en place (Italie, Espagne, Allemagne) n’auront pas demain des gros soucis. Ici, au fur et à mesure de l’étendue de son incurie, le gouvernement a développé une dramaturgie qui, s’il n’y a avait pas de décès, nous enjouerait d’assister à cet Offenbach quotidien. Cette incompétence totale dont il hérite mais qu’il assume par le maintien des réformes de décontruction, là, des services de santé, fait de lui le coupable d’une somme de politiques, à droite, à gauche, au centre, toutes au nom du management et des directives bruxelloises. L’hôpital et  l’école ne sont pas une entreprise, de même que la Nation n’est pas une start-up, elle est le fruit d’une longue sédimentation.
La France vit toute étonnée une pandémie dont elle ne savait quasiment rien au 1er janvier 2020, plongée dans une « guerre » contre un virus.  Dans cet arrêt sur image, quel ressenti dans son panorama intérieur, public ? Psychologiquement et psychiquement qu’est-ce qui s’est cassé ou bien refondé inconsciemment?
Le 11 mai, jour du déconfinement calendaire « en même temps » sera-t-il un miroir se brisa ?



Jean Vinatier
Seriatim 2020

lundi 27 avril 2020

Globalisation : freiner, accélérer, ruser N°4896 14e année


Josep Borell (Politique étrangère) et Dominique Strauss-Kahn (Politique internationale) publient presque de façon simultanée deux articles dessinant un panorama COVID-19.
Les deux auteurs aux idées communs rappellent aux lecteurs avec des tons différents que le globalisme ou mondialisme ne quittera pas sa route principale, en conséquence de quoi, les outils ne seront pas remisés mais observateurs des défauts des cuirasses des gouvernements nationaux et européens, il conviendrait de lever le pied, de proposer, aussi, des éléments de langage de nature à rassurer les populations par exemple éviter globalisation pour régionalisation.
Plus que jamais nous nous plaçons dans une période d’intermittence, le calme et son contraire se confondent.
Dominique Strauss-Kahn a une approche plus habile, plus travaillée aussi : on sent bien que l’ancien directeur du FMI fait avec cette publication un galop d’essai pour 2022 et tente une ligne social-globalisme/mondialisme, perturber qui sait, une candidature de Christine Lagarde….

Ci-dessous :

Josep Borell : Covid-19 : le monde d’après est déjà là

Dominique Strauss-Kahn : L’être, l’avoir et le pouvoir dans la crise


Jean Vinatier
Seriatim 2020