Serge Morand CIRAD/CNRS 2019: « Santé et biodiversité à l’Anthropocène »
Jean Vinatier
Seriatim 2020
"Si vous ne lisez pas les journaux, vous n'êtes pas informés; si vous lisez les journaux, vous êtes mal informés" Mark Twain
jeudi 30 avril 2020
« Les futures épidémies que nous vivrons par Léo Grasset » N°4900 14e année
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mercredi 29 avril 2020
Mondialisation : du ketchup US à la sauce soja chinoise ?N°4899 14e année
Pour des raisons électorales, profitant du
coronavirus, Donald Trump a lancé une opération apparemment hostile envers XI
Jiping, histoire de peser sur les quelques accords commerciaux et stratégiques
restant à signer entre les deux pays. Au passage, la Maison Blanche hilare dit
à l’Union européenne que cette pandémie renforcerait le lien transatlantique :
toutes les capitales, Paris en tête, s’indignèrent alors de la responsabilité
chinoise dans le commencement de cette pandémie et réclamèrent même une enquête
internationale….
« Est-on en train de basculer vers une mondialisation à
la chinoise ? » titre dans l’Express
Eric Chot.
Le titre serait plus juste s’il précisait que l’on
passerait d’une mondialisation américaine vers une autre celle chinoise. Sans
doute aurons-nous les deux et bien plus encore avec les progressions des autres
nations-monde, ainsi l’Inde, la Russie, la Turquie, le Royaume-Uni….etc excluant
donc l’Union européenne.
Les Etats-Unis ont à gérer leur puissance mondiale au meilleur de
ses intérêts quand la Chine doit, pour assurer son identité, conquérir,
notamment, des parts de marché. Dans ce duel à fleuret moucheté, les autres
nations-monde procèdent de la même manière. Washington est donc face à un défi :
assurer sa pérennité quand l’avancée irrémédiable de la Chine (elle n’est pas
la seule) implique soit de pouvoir l’abaisser, soit de négocier sans paraitre
céder.
Une des raisons pour lesquelles Donald Trump l’emporta
contre Hillary Clinton en 2016 était, notamment, le refus de voir une dilution
de l’identité américaine dans une mondialisation emballée. Le BREXIT a eu aussi
son succès pour ce motif. La force du Royaume-Uni et des Etats-Unis depuis
longtemps traversés par des courants universels et nationaux est d’avoir une
élite qui se scinde en deux tout en gardant en tête le même objectif : la
maitrise de leur destin réciproque.
Il est symptomatique de regarder l’Union européenne
qui ne tenta pas un seul instant de proposer ses bons offices entre Pékin et
Washington : d’ailleurs face aux traités commerciaux sino-américains, n’a-t-elle
pas déposé un dossier devant l’OMC, organisation immobilisée par la volonté du
Président américain….Sans commentaire !
Nous sommes dans la continuation de la mondialisation,
un mouvement en réalité pluri-ancestral qui accompagne le nomadisme de l’homme
et sa soif de dépasser l’inconnu : les rapidités des échanges, accélérées depuis
le XIXe siècle ne sont que la part visible de ce mouvement parti d’Afrique
quand le cueilleur devint homo erectus. Il faudrait plutôt parler de
mondialisme ou maintenant de l’action des « mondialisateurs » (cela
fait moins secte) qui imposerait une façon d’être dans le monde.
Faute d’inconnu(e), d’une exo-planète habitable, atteignable
en quelques jours, les hommes tourneront en rond comme des poissons-rouges dans
un bocal. Pour l’heure ils doivent se recréer un espace environnemental, se
serrer sans se ressembler.
Nous sommes dans un passage, aujourd’hui anxiogène
avec le coronavirus et les récessions annoncées : le bon sens serait une
voie mais ce bon sens-là selon qu’il est dit à Washington, à Pékin, à Berlin ou
Addis-Abeba est différent. Cette quête
de bon sens serait un tout premier pas vers une conscience mondiale, totalement
inexistante, pour l’heure émotionnelle et irrationnelle.
La « mondialisation chinoise » est une
ambition géopolitique que la Chine exprime parfois avec maladresse : les
relations étrangères étant, pour elle, une nouveauté. C’est au moment des
traités inégaux que les puissances occidentales imposèrent la création d’un « ministère
des affaires étrangères », chose incongrue pour l’Empire du monde. Entre
ce moment et la chute de l’empire en 1911, il n’y eut guère de politique étrangère ;
ensuite les guerres puis en 1949 la victoire de Mao-Tse—toung, la diplomatie
aura un champ limité. Après 1976 avec Deng Xiaoping, les affaires étrangères commencèrent
véritablement : la Chine est par conséquent dans ce domaine neuve avec une
fougue de jeune homme….
Jean Vinatier
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« Euro : le miracle ou la mort par Frédéric Lordon »N°4798 14e année
« Après la near death experience, la full death experience ? Rattrapé de justesse par le « whatever it takes » de Mario Draghi en 2012 (1),
l’euro, passé à un cheveu, n’avait en réalité que gagné un peu de temps pour se
reconstruire entièrement et se rendre capable d’encaisser le choc d’après. Dont
il était certain qu’il allait venir. On le voyait plutôt arriver sous la forme d’une nouvelle
crise financière géante puisque la déréglementation financière les
ré-engendre comme le cycle des saisons les saisons, à plus forte raison quand
aucun des problèmes fondamentaux de la sphère des marchés de capitaux n’avait
été réglé — à la vérité il n’y a pas trente-six solutions pour supprimer les
problèmes de la finance de marché, il n’y en a même qu’une : supprimer la
finance de marché.
Mais des intérêts si puissants y sont accrochés si fort qu’il fallait toute
la naïveté du monde pour imaginer que, dans le cadre maintenu des institutions
politiques du néolibéralisme, quoi que ce soit de sérieux pourrait être
entrepris de ce côté-là. Obama, l’espace d’un instant, s’était cru doté d’un
début de pouvoir de négociation et avait, dit-on, mis en demeure les moghuls de
la finance en
ces termes : « Entre les fourches et vous,
il n’y a que moi ». Les réalités du financement des campagnes et
la promiscuité amoureuse des Démocrates et de Wall Street avaient eu vite fait
de le ramener à la raison. L’affaire s’était soldée par le Dodd-Frank Act, pas
tout à fait rien mais pas grand-chose non plus, comme les événements à venir se
chargeront de le vérifier.
Pendant ce temps en Europe, Sarkozy moulinait des petits bras à Toulon et The
Economist jouait à se faire peur en se demandant si c’était la fin du
capitalisme — dieu merci, non ; fin 2008 début 2009 on
avait vu les gouvernements autoriser des choses étrangement dérogatoires au
dogme libéral-européen, on annonçait que tout serait différent, voire plus rien
comme avant, qu’on méditerait très fort, tirerait toutes les conséquences. Et
puis dès la mi-2009, la vague proprement financière-bancaire de la crise ayant
été contenue, le retour à l’écurie était prononcé : tous ces déficits qu’on
avait laissés se creuser, c’était pour l’année en cours, pas davantage, le
programme désormais était : restauration du sérieux, la dette qu’on ne peut pas
laisser à nos enfants, nécessaires efforts — et nous voyons se dessiner une
configuration que ni Hegel ni Marx n’avait prévue : la première fois comme
farce, la seconde (celle où nous sommes aujourd’hui) comme énorme farce.
De la mare aux
canards à la mer démontée »
La suite ci-dessous :
Thomas Porcher : « les règles de l’Union
européenne sont en train de tuer »
Source :
Jean Vinatier
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mardi 28 avril 2020
Déconfinement, dissolution…. N°4897 14e année
Edouard Philippe confiné pour le déconfinement de 15
heures à l’Assemblée nationale où cent députés assureront la claque. Une
intervention qui balaiera tous les débats prévus, notamment sur le tracing. Il
flotte un air de 49.3 qui ne s’avoue pas. A l’instar de la contre-réforme des
retraites, le nouveau monde n’a de goût ni pour la patience, ni pour l’écoute,
il passe, il traverse ne laissant derrière lui que des nuages de poussière.
Quels sont les succès d’Emmanuel Macron ? Des villages Potemkine, un
dronage des Français et 160 000 forces de l’ordre d’emprisonnement.
D’après Nicolas Beytout, Edouard Philippe se
référerait à la peste née sous Justinien pour se donner une hauteur à cela près
que cet empereur avait redimensionné l’espace romain quand cette présidence défait
autant que possible, divise dès potron-minet, combine avec un jeu de bilboquet.
Sa chance inouïe, n’avoir en face aucune alternative fédératrice.
En fait, le calendrier, le séquençage et les « en
même temps », ne surprennent plus personne, ils surviennent plusieurs fois
par jour, tout cela pour gommer l’incurie de ce quinquennat, les fausses
informations (fake news) répandues.
Plus avance cet exécutif, plus la dissolution s’affiche,
s’étend avec en arrière-plan l’union nationale qui serait la conséquence d’une nouvelle
assemblée, d’un nouveau Premier ministre ou de rien du tout puisque le plus
important est d’agiter, d’occuper, de distraire surtout les esprits par des
détails, des anecdotes. Drôle d’union nationale : d’habitude il faut une
invasion ou une guerre difficile, là, rien. Drôle d’union nationale mélange de
leurre et de passe-temps où ne sont apparus qu’un coureur de dote (Manuel
Valls), une newyorkaise (NKM), un Vert, un Chevènement grimé en Clémenceau/Poincaré
et de complices Républicains (Geoffroy Didier)
A regarder ce qui se passe dans les pays voisins de la
France, le calme y semble la règle, le climat moins anxiogène ce qui ne
signifie pas que les pouvoirs en place (Italie, Espagne, Allemagne) n’auront
pas demain des gros soucis. Ici, au fur et à mesure de l’étendue de son incurie,
le gouvernement a développé une dramaturgie qui, s’il n’y a avait pas de décès,
nous enjouerait d’assister à cet Offenbach quotidien. Cette incompétence totale
dont il hérite mais qu’il assume par le maintien des réformes de décontruction,
là, des services de santé, fait de lui le coupable d’une somme de politiques, à
droite, à gauche, au centre, toutes au nom du management et des directives
bruxelloises. L’hôpital et l’école ne
sont pas une entreprise, de même que la Nation n’est pas une start-up, elle est
le fruit d’une longue sédimentation.
La France vit toute étonnée une pandémie dont elle ne
savait quasiment rien au 1er janvier 2020, plongée dans une « guerre »
contre un virus. Dans cet arrêt sur
image, quel ressenti dans son panorama intérieur, public ?
Psychologiquement et psychiquement qu’est-ce qui s’est cassé ou bien
refondé inconsciemment?
Le 11 mai, jour du déconfinement calendaire « en
même temps » sera-t-il un miroir se brisa ?
Jean Vinatier
Seriatim 2020
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lundi 27 avril 2020
Globalisation : freiner, accélérer, ruser N°4896 14e année
Josep Borell (Politique étrangère) et Dominique
Strauss-Kahn (Politique internationale) publient presque de façon simultanée
deux articles dessinant un panorama COVID-19.
Les deux auteurs aux idées communs rappellent aux
lecteurs avec des tons différents que le globalisme ou mondialisme ne quittera
pas sa route principale, en conséquence de quoi, les outils ne seront pas
remisés mais observateurs des défauts des cuirasses des gouvernements nationaux
et européens, il conviendrait de lever le pied, de proposer, aussi, des
éléments de langage de nature à rassurer les populations par exemple
éviter globalisation pour régionalisation.
Plus que jamais nous nous plaçons dans une période d’intermittence, le calme et son contraire se confondent.
Dominique Strauss-Kahn a une approche plus habile,
plus travaillée aussi : on sent bien que l’ancien directeur du FMI fait
avec cette publication un galop d’essai pour 2022 et tente une ligne
social-globalisme/mondialisme, perturber qui sait, une candidature de Christine
Lagarde….
Ci-dessous :
Josep
Borell : Covid-19 : le monde d’après est déjà là
Dominique Strauss-Kahn : L’être, l’avoir et le pouvoir dans la
crise
Jean Vinatier
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