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dimanche 12 avril 2020

Pâques et le nouveau Golgotha N°4878 14e année



Jadis quand un fléau s’abattait sur une ville, une région et au-delà, les hommes devant une médecine longtemps dépendante de la magie et des sorcières s’en remettaient, selon les époques, aux dieux, à Dieu, lançaient de grandes processions parfois sacrificielles, assuraient les cultes dans les temples puis églises : les hommes et les servants imploraient le Ciel où est « Dieu ».
Aujourd’hui, le confinement efface de notre champ toute manifestation religieuse : églises, synagogues, mosquées, temples sont vides, les rues ne retentissent pas du chant, les hommes ne peuvent, s’incliner, chanter, prier tout le long du parcours.
Pour la première fois au monde les autorités interdisent la démonstration spirituelle cadencée par des incantations, des implorations.
Au-delà d’un virus qui tue peu mais qui par sa volatilité, sa contagiosité et peut-être sa prédisposition à muter et parce qu’il a débuté en Chine à Wuhan capitale d’une province industrielle importante autour de 60 millions d’âmes (comme l’Italie) a d’un coup d’arrêté autant les hommes que les chaines de production à flux tendu y compris les cultes, nous sommes devant l’exceptionnel et le remarquablement tragique.
C’est une chute abyssale que je ne vis pas du tout quand débutait le coronavirus. Dans son examen froid, le virus n’est qu’un grain de sable et toujours dans l’absolu qu’une perturbation mais voilà, à la surprise de beaucoup dont moi, ce grain de sable a muté, a grandi, s’est disséminé tel un nouveau Léviathan. Sans sombrer dans les récits bibliques, il s’affiche sur l’ensemble du monde une vue étrange sauf quand nous prenons la peine de regarder sous nos pieds, un monde poursuit lui sa route sans manquer aucune occasion de prospérer.

Depuis la maîtrise du feu, les hommes s’adonnent  en groupe à raconter, à narrer, à réciter mêlant le vrai comme son inverse mais rapportant une histoire que ses semblables écoutent. De ce point de vue, la globalisation a augmenté ce fait avec cette différence qu’autrefois les hommes eurent longtemps une prédisposition à la fatalité, à la soumission à l’événement. Or notre époque qui diffuse et s’étend en masse, en flots continus, propage des scenarii à l’infini, s’éloigne considérablement des récits anciens pour laisser la place aux hystéries, aux machinations et diableries aux surenchères à terme dangereuses. Evidemment dans l’histoire à la merci d’un événement, il y eut bien ici et là des démences, individuelles, collectives mais toutes bornées. Dans le cas du coronavirus naviguant dans le monde bien connu des hommes mais incapables de conquérir physiquement les inconnus exoplanétaires tournent tels des poissons rouges dans un bocal, nous risquons  de nous abîmer tous.

Très fréquemment, historiquement les virus naquirent à l’est de l’Inde pour se diriger, ensuite vers l’extrémité européenne de l’Asie. Pourquoi ? Parce qu’un terreau favorable aux virus  y était ? Citons par exemple, la densité  de population, une hygiène faible, une alimentation majoritairement porcine, de nombreuses espères de chauves-souris, espace géographique singulier…etc. Les virus suivaient les caravanes (route de la soie) puis embarquaient en mer Noire comme Caffa. Ces lignes n’accusent pas la Chine d’être la matrice volontaire des malheurs épidémiques mais là où elle est, là où elle forgea son histoire prestigieuse, des facteurs favorables aux virus sont apparemment réunis « ancestralement ».
Cela pour dire qu’il serait logique d’abandonner, par exemple, les histoires d’hommes masqués dérobant un virus dans un laboratoire P4 même si dans l’absolu un tel procédé pourrait être : James Bond à la vie dure, ou bien encore d’imaginer de diaboliques chinois créant de toute pièce le virus qui détruirait les Etats-Unis…..
Par contre, que la Chine mette à profit sa sortie pandémique pour avancer ses pions est-ce anormal ?, que des hommes, des organisations, des cercles, à partir d’un événement, ici le coronavirus, veuillent renforcer leur degré d’influence, de puissance est tout à fait possible sans sombrer dans je ne sais quel complotisme. L’adage selon lequel « le malheur des uns fait le bonheur des autres ne serait pas incongru. Qu’est-ce qui nous interdirait de souligner qu’au moment où a débuté la pandémie, les marchés boursiers entrèrent en tempête avec deux krachs, puis que des impressions fabuleuses de monnaie venues des banques centrales inondèrent les marchés lesquels rebondirent effaçant grandement les pertes de la veille : est-on certain qu’à la veille du week-end Pascal, le paysage économico-financier est toujours le même ?
A Wall Street certains puissants (milliardaires, propriétaires de fonds…etc.) n’auraient-ils pas mis à profit le coronavirus pour justifier les heureuses montagnes russes boursières et aujourd’hui grâce à la FED ne rachèteraient-ils pas avec de la monnaie de singe des pans entiers de l’économie américaine ?
Les marchés financiers accentuent leur domination sur l’économie réelle qu’ils conduiront selon des vues que l’on peut craindre comme  catastrophiques sur tous les plans depuis la démocratie jusqu’aux libertés fondamentales, les avancées sociales en passant par l’environnement. Pour l’heure, les « élites financières » sont unies, n’annoncent pas de sécession interne.
Localement, prenons l’exemple de la France où les gouvernements successifs techno-libéraux (gauche, centre, droite) déconstruisent les services publics, maintenant l’exécutif use, du 49-3 pour la contre-réforme des retraites, profite de la loi d’urgence sanitaire pour rendre possible les suspensions sans date  des 35 heures, des congés payés, des RTT et dans la foulée cadre à l’avantage des assureurs les remboursements liés au coronavirus, dérégule la garde à vue où l’avocat disparait…cela donne une idée du « monde d’après » glaçant qu’annoncera Emmanuel Macron le lundi de Pâques sous couvert de santé et de protection.
Le coronavirus est bien moins nocif que ce qu’il permet à des coalitions d’intérêts, des gouvernements soumis, des organisations internationales d’agir. Ce n’est pas tant le coronavirus qui nous tue que l’autre virus que nous voudra nous inoculer pour accentuer nos dépendances, nos soumissions et de rendre évidentes servitudes et corvées, l’Etat se résumant, ainsi, à terme au maintien de l’ordre : police, justice prison.
La Pâques 2020 montrerait-elle aux hommes devant quel nouveau Golgotha (mont du calvaire) ils sont, d’en regarder lucidement les épreuves, nouvelles, redoutables, d’espérance aussi ? A travers le Christ crucifié, les chrétiens, les hommes s’y verront-ils ? Demain quelle résurrection voudrons-nous ?
Que l’on retienne bien ceci : devant l’épreuve pandémique, une Autorité a rendu impossible au nom de la santé et de la distanciation sociale toute affirmation publique de la foi. C’est important….A suivre.

Jean Vinatier
Seriatim 2020

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