Cette indépendance catalane prend des chemins bien singuliers. Il
suffit que Madrid enclenche l’article 155 pour que les ténors de l’indépendance
prennent la poudre d’escampette après avoir mis en scène leur pseudo-résistance :
il est vrai qu’ils risquent 15 à 30 ans de prison pour sédition ! Carles
Puigdemont, passé par Marseille, avant de gagner Bruxelles en compagnie de 5
ministres avoue beaucoup par la ville retenue. Se rendre à Bruxelles éclaire
encore davantage les discours contradictoires de l‘Union européenne. D’une
certaine manière le roi est nu. L’Union européenne voudrait bien être la
matrice des régions fédérées. Mais l’emballement catalan intervient trop tôt,
d’une dizaine ou quinzaine d’années. Pour l’heure il faut faire croire que les
Etats-nation sont le socle dont l’Union serait le firmament.
Face aux départs des chefs indépendantistes, les partis, pro et anti,
ont décidé de participer aux élections législatives du 21 décembre prochain. A
quoi donc aura servi d’avoir autant agité la grandeur catalane et signé puis
voté l’indépendance pour en venir à accepter un scrutin dont le résultat est
quasiment écrit d’avance ?
Au-delà, force est de constater que les hommes européens n’assument
plus la logique de leurs idées, que combattre au sens physique serait devenu
anachronique. Avec de telles gens, les colonies américaines auraient Elisabeth
II pour souveraine. En comparaison avec l’histoire proche de l’Espagne où les
luttes furent terribles, atroces contre l’ennemi et à l’intérieur des deux
camps, les indépendantistes font figures de bobos, de notables ou de grands
enfants. Il y a quelque chose de non assumée par eux. Si les catalans ne sont
plus à même de prendre les armes pour leur cause, alors pourquoi donc foutre le
désordre ? L’histoire nous l’apprend, peu
s’obtient avec des douceurs, des seules conversations.
A titre personnel, je n’approuve pas l’indépendance catalane et
considère que l’Etat-nation demeure le faible rempart contre tous les golems.
Si les Espagnols (Catalans inclus) ont été nombreux à défiler pour l’unité du
royaume, ne nous illusionnions pas, l’absence de combativité l’emporte dans
cette affaire et annonce pour les différentes sortes de puissances qui nous
observent que nous n’avons plus l’envie du combat, seulement celui du désir
d’avoir et de la réclamation.
Jean Vinatier
Seriatim 2017