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vendredi 31 juillet 2009

Henry Corbin : « Mon cher ami… » - N°507- 2e année

Henry Corbin (1903-1978), élève d’Etienne Gilson et ami de Louis Massignon, consacra sa vie d’érudit à l’islam iranien et porta à un très haut degré le prestige de la France dans ce domaine. Il démontra l’essor formidable de la philosophie islamique passée du monde arabe au monde perse où elle devint une philosophie illuminative dont Sohrawardi, exécuté à Alep en 1191, fut la rampe de lancement.
La lettre-préface d’Henry Corbin pour annoncer l’ouvrage savant de Michel de Miras consacré à la spiritualité du soufi Nūr’Alī-Shāh (1748-1798), est un exemple d’élégance, de précision, de finesse et de rigueur qui ne laisse jamais indifférent.
Point n’est besoin d’être un connaisseur de l’œuvre de Nūr’Alī-Shāh pour s’imprégner de la qualité des lignes rédigées par un maître à son élève appelé, ami. C’est un acte qui ne se reproduit plus de nos jours. Les universités formant des savants techniciens au détriment des savants philosophes, on ne verra plus de telles lignes. Cette urbanité universitaire appartient, malheureusement, au passé et les extraits ci-dessous sont, sans doute, un trésor. C’est ainsi qu’il faut lire cette lettre-préface qui enseigne plus qu’on ne le croit ; et n’être pas un historien du soufisme ou de la vie intellectuelle iranienne ne constitue absolument pas un handicap : il suffit seulement de goûter le texte.

« Mon cher ami,

Vous avez désiré que je sois présent à ce livre que vous publiez sur Nūr’Alī-Shāh. Je suis trop touché de votre délicate attention, pour pouvoir me dérober. Car ce que vous souhaitiez, c’était qu’en nous réunissant, ce livre rappelât les circonstances qui l’avaient appelé à naître. Ces circonstances avaient associé nos travaux pour quelques brèves années, pendant lesquelles nous avons été ensemble à Téhéran, le support de notre Institut franco-iranien de recherche, plus exactement dit, de son Département d’Iranologie. L’harmonie avec laquelle nous conduisîmes ensemble nos recherches, les vicissitudes que nous eûmes à affronter ensemble, tout cela compte, je crois, parmi les souvenirs qui nous attachent le plus profondément à ce beau pays d’Iran āsmān-gūn, couleur du ciel.
Cependant, lorsque je vous parlai pour la première fois de l’œuvre de Nūr’Alī-Shāh et de l’entreprise qu’il m’apparaissait opportun de tenter, ce ne fut pas sans une certaine crainte. Car je savais que j’allais vous engager sur une voie où tout était à défricher. Il y avait d’abord les difficultés de l’accès aux textes ; il y avait, en outre, l’absence de tout travail préalable concernant cette période de l’histoire spirituelle de l’Iran, tout au long de laquelle se firent sentir les consèquences de l’effondrement de la dynastie safavide¹.
Sur le premier point, l’édition du texte des Jannāt al-Wişāl dont prit l’initiative notre ami le Dr Javād Nūrbakhsh, vous fut évidemment une aide opportune. Mais le plus difficile restait sans doute à faire. Il fallait vous orienter dans ce vaste poème mystique, en découvrir les lignes de force, tenter la coordination thématique de développements dont il n’était pas dans l’intention de l’auteur de les rendre conformes aux exigences d’un exposé tel que nous l’entendons.
Nos entretiens m’ont rendu témoin de vos efforts et de votre pénétration progressive dans la pensée intime de Nūr’Alī-Shāh. Vos efforts ont été récompensés, puisque pour la première fois, grâce à votre livre, nous disposons d’un guide permettant au chercheur de s’orienter dans le jardin touffu de l’un des maîtres du soufisme iranien.
Car Nūr’Alī-Shāh mérite cette qualification. Sa mission fut de relever de ses ruines le soufisme iranien, au cours du dernier tiers du XVIIIe siècle. L’enthousiasme qu’il suscita, la persistance de son renom jusqu’à nos jours, témoignent du succès de cette mission spirituelle. Il peut se faire que quelques esprits moroses prétendent ne découvrir que des banalités, des lieux communs, dans les thèmes que vous vous êtes appliqué à analyser. Ils auraient tort, et n’auraient pour excuse que leur ignorance aussi bien des courants spirituels qui convergent dans la doctrine de Nūr’Alī-Shāh, que du sens et des raisons de la tragédie que représente le cours de sa vie. Car l’on n’a encore rien compris à une œuvre spirituelle, tant que l’on se contente d’apposer des étiquettes sur des thèmes que l’on croit connaître déjà par ailleurs., pour conclure que tout cela avait été dit. Tous les thèmes pouvaient être là ; leur simple assemblage n’aurait pas suffi à faire un Nūr’Alī-Shāh, s’il n’avait eu d’abord Nūr’Alī-Shāh lui-même. Vous avez appliqué la divination du chercheur à découvrir et à montrer comment Nūr’Alī-Shāh était lui-même la première et la dernière explication de son œuvre. Ainsi en va-t-il pour tous ses semblables.

[…..]

J’ai voulu, selon votre désir, rappeler ici ce minimum de données. Il faut les avoir présentes à la pensée pour situer notre Nūr’Alī-Shāh. Elles font comprendre que, si tout au long de la période safavide, le soufisme passe par une longue décadence, cela ne signifie en rien une décadence de la vie spirituelle iranienne, laquelle atteignit à l’époque un de ses sommets avec l’école d’Ispahan. Elles permettent de comprendre aussi pourquoi certains 'orafā' eurent à prendre nettement position. Le fait qu’un Mollā Şadrā Shīrāzī, qui avait d’autre part à faire face aux Mollās exotéristes, ait dû écrire un livre contre les soufis de son temps, - le fait peut être considéré comme une tragédie. La restauration du soufisme en Iran par Ma' şūm’Alī-Shāh venu de l’Inde, puis par Nūr’Alī-Shāh et ses successeurs, devait être suivie de peu, au début du XIXe siècle, par l’éclosion de l’école de Shaykh Ahmad Ahsā’ī, cette école shaykhie qui, précisément soucieuse de maintenir ou de restaurer la gnose intégrale des Imāms du shī' isme, professe pour autant la réserve que l’on sait à l’égard du soufisme.
Ces quelques pages préludant aux vôtres, communiqueront au lecteur le sentiment de l’extrême complexité de la vie intellectuelle iranienne. Il nous faudra à nous-mêmes et à nos successeurs beaucoup de travail encore pour que l’on puisse reconnaître chaque arbre de la forêt.
Vous êtes sur la bonne voie, mon cher ami. Comme vous l’annoncez, je souhaite que vous puissiez poursuivre l’analyse de cet immense poème qui a pour titre Jannāt al-Wişāl, et dont la totalité s’étend sur 1212 pages. Nūr’Alī-Shāh en fut l’initiateur. Ses successeurs, Rōnaq ' Alī-Shāh, Nezām' Alī-Shāh, le menèrent à terme. Alors il vous reste à nous les faire connaître, ainsi que les œuvres de leurs propres successeurs dont l’enseignement a si profondément pénétré un très large secteur de la vie iranienne, au XIXe siècle et jusqu’à nos jours. Vous nous ferez comprendre pourquoi le soufisme a pu traverser les siècles, en survivant les vicissitudes de l’histoire. C’est que l’on peut laïciser ou détruire une institution religieuse, une Eglise ; mais on ne peut ni laïciser ni détruire le monde intérieur, l’ésotérisme, qui de génération en génération a regroupé les hommes de désir sous le manteau de soufisme². Il vous restera, vous en formez le dessein, à entreprendre la comparaison avec le Mathnawi de
Jalāloddīn Rūmī, ce « Qoran persan » qui a été lu et relu par tous les spirituels de l’Iran y compris par les Ishrāqīyūn.
Tous les vœux d’un aîné vous accompagnent, vous le savez, sur le parcours de ce long chemin…, le chemin dont est dit : « Voyagez-y en sécurité la nuit et le jour » (Qorān 34/17). Wa'l-Salām !

Henry Corbin.


Paris, septembre 1973. »


Jean Vinatier

Sources :

Michel de Miras : La méthode spirituelle d’un maître du Soufisme iranien Nur Ali-Shah, Pref Henry Corbin, Paris, les Editions du Sirac, 1973, pp. 7-8 ; 12-13

Association des amis de Henry et Stella Corbin :
http://www.amiscorbin.com/


Notes :

1- la dynastie des Safavides ou Séfévides régna sur l’Irande 1512 à 1722. Son fondateur Ismail Ier était un Qizilbash descendant de la confrérie des Safavieh qui désignait une confédération de tribus turcomanes au nord de l’Iran : Anatolie, Syrie, Irak. Le souverain le plus remarquable a été Abbas Ier qui régna de 1588 à 1629.

2- la partie en gras l’a été par moi.

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jeudi 30 juillet 2009

Chine/Etats-Unis : deux anses pour un vase ? – N°506- 2e année

Le G2 ou la Chine et les Etats-Unis dans un salon de porcelaine n’a pas suscité l’enthousiasme des diplomates américains. Washington s’adresse à Pékin comme elle conversait avec Moscou d’avant 1989. Elle ne semble pas avoir saisi que sa volonté d’établir un dialogue à 1+1 n’était pas du tout compris de la même manière des deux côtés du Pacifique.
Pour les Chinois leur intérêt général n’est pas de recevoir une quelconque reconnaissance de la part des Etats-Unis. Ils veillent surtout à ménager leur espace et comprennent fort bien le goulet d’étranglement que constituerait à terme un face à face avec les Américains.
Pour la Maison Blanche et le Congrès, le binaire est le logiciel officiel : le bien contre le mal, le bon contre le mauvais, le monde en noir et blanc…etc. L’autre erreur de la diplomatie américaine est de croire aux seuls échanges économiques à l’exclusion de toute autre vision philosophique ou perception spatiale de l’univers. Les Etats-Unis croient se renforcer auprès de la Chine alors que cette dernière y voit une faiblesse de plus et à une perte irrémédiable de puissance : les Etats-Unis ne peuvent-ils correspondre avec personne d’autre ? Sont-ils les seuls ? La Chine rayonne par cercles concentriques et non à grands coups de traits verticaux ou horizontaux.
Ainsi ce sommet loin d’apporter une quelconque réponse positive contient des ferments très négatifs sur tous les plans. Si l’on retient le seul chapitre économique, force est de constater que la Chine et l’Inde (mais aussi les pays du Golfe et d’Afrique) ont su réagir et se préserver en renforçant leur capitalisme propre et en écartant comme la peste toutes les thèses néo-libérales, les combines nées dans les cerveaux des banquiers et financiers de Wall Street et de la City. En un mot Pékin préserve son capital et connaît évidemment le potentiel de son marché intérieur, toujours très peu accessible aux étrangers et le dynamisme de l’Asie.
Barack Obama, Joe Biden, Hillary Clinton et les élus du Congrès se retrouvent tous sous la même bannière et le même aveuglement : que peuvent-ils faire contre un tel mur asiatique ?
Qu’entreprendre face à une nouvelle puissance qui repousse toute idée de confrontation ou d’une sorte de western ? Quelle est la marge de manœuvre des Etats-Unis devant une Chine qui ne communique pas véritablement avec eux et se contente de sourire (pas forcément un bon signe), d’écouter, de veiller à la plus grande politesse ?
La Chine n’est évidemment pas une nation dénuée de failles et à l’abri de sévères critiques. Mais les autorités communistes voient bien que le monde en gestation tel qu’il a été bâti par la « partie libre de la planète » réduit d’année en année les libertés individuelles et surveille de plus en plus ouvertement les citoyens jusque dans la vie privée. Qui est le plus tyran ?
Les milieux d’affaires et militaires américains n’écartent pas l’idée de provoquer l’implosion chinoise. Ce désordre permettant aux Etats-Unis de réapparaître comme l’unique puissance stable et équilibrante. Avec une situation intérieure –hormis la crise des subprimes – qui est en tout point calamiteuse-, un Président nouvellement élu qui patauge de plus en plus et qui ne maîtrise plus son gouvernement, on ne sait comment les Etats-Unis pourraient assumer leur rôle et soutenir un nouveau conflit. L’exemple de l’Afghanistan donne un aperçu tragique !
La Chine serait plus à l’écoute si elle voyait dans un avenir proche un concert des nations ou des nouvelles puissances s’ébaucher mais les Etats-Unis ne veulent visiblement pas en entendre parler. Si l’Union européenne avait son indépendance militaire et politique, elle aurait entre les mains une carte en or…..
Que conclure de ce sommet négatif ? Le monde est bel et bien un vase de porcelaine et la concurrence des deux anses ne le consolidera jamais.
Le cynisme chinois et l’aveuglement américain parce qu’ils sont en roue libre sont deux grands maux.

Jean Vinatier

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mercredi 29 juillet 2009

Lord Stormont à Lord Rochford : « Ma première conversation avec M. de Vergennes… », -N°505- 2e année

Voici la reproduction des principaux extraits d’une lettre envoyée depuis Fontainebleau le 31 octobre 1775 par Lord Stormont, ambassadeur du Royaume-Uni en France à Lord Rochford, secrétaire d’Etat au Foreign Office.
Son contenu reprend les propos tenus par le comte de Vergennes, nouveau ministre des Affaires Etrangères de Louis XVI alors que les colonies du Canada méridional (plus tard les Etats-Unis) entrent en révolte contre Londres.
L’intérêt de cette lettre est de faire apparaître que les hommes politiques et les diplomates européens appréhendaient bien les singularités du conflit en gestation et de son côté révolutionnaire. On est très loin de tous ces ouvrages qui nous ressassent depuis deux siècles l’apathie des puissances européennes….
On appréciera la beauté du style….
Dernière précision, à cette date, Louis XVI a déjà pris la décision de soutenir les Insurgents.

" Mylord,

Ma première conversation avec M . de Vergennes a été longue et assez aimable… ; […] ensuite et de lui-même, il entra dans la généralité du sujet, et s’y étendit beaucoup. Il commença par me dire : « loin de vouloir augmenter vos embarras, nous les voyons avec analogue peine. » Ce furent ses propres expressions et après une pause, il ajouta : « Ce qui vous arrive en Amérique n’est de la convenance de personne. » Je répondis que j’étais sur que les conséquences d’un tel fait n’échappaient pas à un homme ayant autant que lui de réflexion et de pénétration, et qui savait aussi bien diriger ses vues. Il répondit à cela qu’il osait affirmer qu’en effet ces conséquences ne lui échappaient pas : « Dans le fait –ajouta-t-il – sont très évidentes, aussi évidentes que celles que pour vous a eues la cession entière du Canada. J’étais à Constantinople quand fut faite la dernière paix [1763, traité de Paris]. Quand j’ai connu les conditions, je dis à plusieurs de mes amis que j’étais persuadé que l’Angleterre ne serait pas longtemps sans avoir des raisons pour se repentir d’avoir ôté la seule barrière qui pût contenir ses colonies dans l’obéissance. Ma prédiction n’a été que trop bien vérifiée. Maintenant, je vois également les suites qu’auraient nécessairement l’indépendance du nord de l’Amérique si vos colonies emportaient ce point auquel, aujourd’hui, elles tendent trop visiblement. Dans ce cas, elles s’occuperaient immédiatement à se former une grande marine ; et comme elles possèdent tous les avantages imaginables pour construire des vaisseaux, il ne se passerait pas beaucoup de temps avant qu’elles eussent des flottes capables de se mesurer avec toutes celles de l’Europe, quand même toutes les puissances s’uniraient contre elles. Avec cette supériorité et tous les avantages de leur situation, elles pourraient quand elles le voudraient s’emparer de vos Antilles et des nôtres. Je suis persuadé que même elles ne voudraient pas s’en tenir à cela mais que dans la suite des événements, elles avanceraient mûrement chez elles ; en sorte que, finalement, elles ne laisseraient pas une lieue de cet hémisphère dans la possession d’une puissance quelconque de l’Europe. Sans doute toutes ces conséquences ne se produiront pas immédiatement. Ni vous, ni moi ne vivrions assez pour les voir accomplies ; mais pour être éloignées, elles ne seraient pas moins certaines. Une politique étroite et à vues courtes pourrait, sans doute, se réjouir des embarras d’un rival sans regarder au-delà de l’heure présente ; mais celui qui regarde en avant et qui pèse les conséquences doit considérer ce qui maintenant vous arrive en Amérique comme un mal général, dont toutes les nations qui ont des établissements en Amérique peuvent avoir leur part ; c’est je vous assure, sous ce point de vue que j’ai toujours envisagé la question. »
Tout ceci, Mylord, m’a été dit par M. de Vergennes spontanément et de lui-même avec l’air et les manières d’un homme qui exprime une opinion véritable. Vous croirez aisément que je lui ai témoigné ma grande satisfaction des sentiments dans lesquels je le trouvais, que j’ai approuvé tout son raisonnement, et cela d’autant meilleur…qu’il envisage la question sous le point de vue dont j’ai été toujours frappé….Je suis convaincu autant qu’il est possible de l’être que non seulement notre propre destinée mais encore une grande partie de la destinée générale de l’Europe sont engagées dans la fatale guerre que nous supportons, en sorte que la France et tous les autres peuples qui ont des possessions en Amérique doivent souhaiter notre réussite soit qu’ils le disent sinon comment, soit qu’ils le pensent autrement que ce point…Je ne prétends pas décider. "

Jean Vinatier

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Source :

George Bancroft : Histoire de l’action commune de la France et de l’amérique pour l’indépendance des Etats-Unis, 12 volumes. Trad. comte Adolphe de Circourt (volumes 10-12), Paris, F.Vieweg, 1876

Note :

David Murray, 2e marquis de Mansfield, Lord Stormont (1727-1796) : ambassadeur,en Autriche puis en France (1775-1778). Il devint, ensuite, secrétaire d’Etat pour le Nord

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mardi 28 juillet 2009

Panikkar : « l’Asie et la domination occidentale »¹- N°504- 2e année

A la veille de la rencontre sino-américaine, la relecture de cet ouvrage paru en 1953 avec une longue et vigoureuse préface d’Albert Béguin, de Kavalam Madhava Panikkar (1895-1963), ambassadeur indien en Chine (1948-52) en Egypte (1952-54) puis en France (1956-59) et auteur d’une Histoire de l’Inde publiée chez Fayard en 1958, est un exercice tout à fait heureux.
A dessein, nous donnons des extraits de la conclusion générale qui résument le livre et se montrent à bien des égards instructifs sur l’entrée des pays d’Asie dans le monde : aspects, politiques, économiques, sociaux, religieux.


« La domination européenne sur l’Asie, depuis l’arrivée de Vasco de Gama jusqu’au départ des flottes occidentales, a une importance fondamentale dans l’histoire de l’humanité. Quatre cent cinquante années de relations et plus d’un siècle de sujétion ont complétement bouleversé la physionomie des pays d’Asie ; il n’est pas un aspect de la vie quotidienne des Chinois, des Indiens, etc…, qui n’ait été affecté. Les conditions politiques, sociales, économiques ont été totalement modifiées. Les systèmes religieux et philosophiques, le mode de vie et la mentalité ont été tranformés à un point qu’il est difficile de comprendre maintenant, car les ferments laissés dans toute l’Asie par ce contact prolongé sont loin d’avoir accompli leur œuvre ; et l’on ne peut raisonnablement prévoir leur action future.
Quelles seront les nouvelles structures politiques de l’Asie ? Dans quel sens ces sociétés libérées de l’emprise européenne évolueront-elles ? Quelle sera leur réaction devant les forces économiques aujourd’hui en jeu ? Dans quel esprit leurs lois seront-elles conçues ? Comment les grandes religions, Hindouisme, Bouddhisme et Islamisme, s’accommoderont-elles des nouvelles idées sociales introduites par l’Occident ? Toutes ces questions, indispensables à une estimation exacte de l’influence européenne, ne trouveront leur réponse que dans l’avenir.
S’il est impossible d’entrevoir l’Asie de demain et de prophétiser la manière dont les expériences, les idées et les institutions des différents pays d’Asie se fondront dans leurs caractéristiques ethniques et leurs traditions historico-sociales, l’on peut affirmer sans crainte d’être contredit que les bouleversements immenses intervenus, les mouvements idéologiques qui leur ont donné un nouveau visage, impliquent une rupture radicale et sans retour avec le passé. La domination européenne, en forçant les peuples asiatiques à la fois à résister et à s’adapter aux idées nouvelles qui, seules, pouvaient les aider à se libérer et à se renforcer, leur a donné une nouvelle vitalité et a réellement préparé l’avénement d’un monde nouveau.

[….]

Il faut cependant remarquer que si les nouvelles idées sont nées du contact avec l’Occident et ont par la suite subi l’influence de la Révolution d’Octobre et de la pensée communiste, l’audience de plus en plus large qu’elles trouvent ne signifie pas une rupture dans la continuité des grandes civilisations asiatiques. Les civilisations chinoise, indienne et autres, si modifiées soient-elles par les nouvelles idées et enrichies par les nouvelles expériences, insistent même de plus en plus sur leur particularisme national. Dans l’Asie du Sud et du Sud-Est, cela est dû dans une large mesure à la vitalité des religions rajeunies ; l’Hindouisme, le Bouddhisme et l’Islam sont sortis encore plus puissants et plus vigoureux de leur lutte contre le Christianisme. [….] Ainsi, bien que l’influence de l’Europe et la pénétration des idées nouvelles aient introduit de grands changements en Asie, et qu’elles puissent sans doute conduire à des modifications encore plus grandes, les civilisations asiatiques continueront à coup sûr de s’inspirer de leur génie propre, et resteront toujours intellectuellement et spirituellement séparées de l’Europe chrétienne.
Il fallut longtemps pour secouer l’indifférence de l’Asie à l’égard du reste du monde ; l’Indien moyen ignorait jusqu’à l’existence d’autres peuples que le sien et il ne prit conscience de la réalité européenne qu’au XIXe siècl, après la conquête anglaise. Quant au Chinois, il fallut deux guerres pour qu’il consentisse à regarder les Européens comme autre chose que des tribus barbares habitant aux confis du monde civilisé. Le Commissaire impérial Lin, s’adressant à la reine Victoria en 1842, lui décernait en toute candeur le titre de « Chef de Tribu ». Même pour les Chinois du XIXe siècle, le monde tournait autour du Royaume Central, qu’on appelait très sérieusement le « Céleste Empire ». Les Etats limitrophes de la Chine ne s’opposaient d’ailleurs pas à ses prétentions, et le peuple chinois était fermement convaincu que, si même des pays importants pouvaient exister dans des régions lointaines, ils ne pouvaient pas en tout cas rivaliser de puissance, en grandeur et en civilisation avec le leur.

[….]
Ce n’est pas notre propos que de prédire l’avenir, et il serait hasardeux de prophétiser le sens des relations futures entre l’Asie et l’Europe. L’influence grandissante de l’Amérique d’une part et de l’Union soviétique de l’autre, chacune prêchant ardemment et inlassablement leurs ways of life qu’on peut croire, non sans quelques raisons, incompatabiles, et essayant chacune de mettre l’Asie de leur côté, ne peut que consommer le déclin de l’Europe en Orient. Il faut cependant se rappeler qu’au cours de toute l’histoire des relations entre l’Europe et l’Asie, on ne tenta jamais d’imposer une idéologie aux peuples asiatiques. Si donc l’Asie a été marquée par l’Europe, c’est parce qu’elle lui a résisté, et parce qu’il lui était nécessaire, pour la combattre, de se pénétrer de ses techniques et de son savoir. Et c’est justement parce que l’Europe n’a pas tenté « d’occidentaliser » l’Asie que l’assimilation des techniques et des idéologies européennes est sans doute définitive, et portera ses fruits même dans plusieurs siècles. »

Jean Vinatier

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Source
:

1- K.M. Panikkar, L’Asie et la domination, occidentale, Préface d’Albert Béguin, , Seuil, Paris, 1953, pp. 421-22, 443-44, 445.

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lundi 27 juillet 2009

Edito : Syncope présidentielle – N°503- 2e année

Le malaise vagal ou syncope dont a été victime le Président de la République pendant sa course à pied dans le parc de Versailles ne surprend personne.
La Cour de France avait fixé le Roi au centre de toute la vie publique du pays au point que le mémorialiste Saint-simon pouvait affirmer que de n’importe quel point de la terre, il pouvait en regardant sa montre savoir ce que faisait le monarque. Le Chef de l’Etat républicain s’affiche sans mesure, sans ordre, sans cérémonie, dans cette publicité quotidienne.
La santé des chefs d’Etat de la Ve République ne souffre pas de la moindre publicité sur ce sujet bien que chacun d’entre eux affirme, au début de leur mandat, que tout sera dit aux Français. Nicolas Sarkozy qui a fait de la communication et de sa mobilité permanente sur tous les fronts une arme absolue a oublié que tout corps possède sa limite. Son caractère très anxieux et en permanence insatisfait le porte aux excès : sa peur de ne pas être dans le moindre événement ou pire encore croire qu’il est indispensable en toute chose nourrit le risque d’avoir un jour ou l’autre lors d’un exercice physique un malaise vagal, chose faite! Ou bien pis....
Politiquement, cet accident marque un tournant dans son mandat. Nicolas Sarkozy, à peine sur pied et déjà furieux de son immobilité, cherchera à rebondir plus haut et donc réactivera le risque d’une seconde syncope. Si ses adversaires ne manquent pas de lui souhaiter bon vent, ses amis pensent à eux et évaluent déjà bien des combinaisons : après tout tout homme est mortel…..Mais le pensaient-ils mortel si tôt ?
Pensons un seul instant que le Président soit mort dimanche matin : que se serait-il passé? Le président du Sénat aurait assumé la présidence et nous aurions débuté une campagne électorale dans le plus grand désordre. A droite, l’UMP, sa figure tutélaire rappelée à Dieu, montrerait toute sa fragilité, A gauche, les disputes redoubleraient. Et le MoDem de Bayrou rêverait d’une occasion unique. Peut-être est-ce la France, elle-même, qui connaîtrait le malaise vagal !
Cette syncope présidentielle éclaire crûment sur la faiblesse magistrale du régime qui repose sur un seul individu alors que le pays, quoique calme, n’en bout pas moins de plus en plus.
Le Président n’est plus un homme jeune, il vient de prendre un coup de vieux : nul n’a oublié le séjour du Président Chirac au Val de Grâce en 2005 et les ironiques commentaires de Nicolas Sarkozy : n’est-ce pas l’arroseur arrosé ?
La fragilité présidentielle ne peut plus être contournée. Et les événements à venir seront d’une telle force que, désormais, le doute est instillé sur la solidité du Chef de l’Etat qui s’est usé plus que de raison.
On n’est pas un roi fainéant quand on prend le temps de respirer, de penser ; on n’est qu’un tyranneau de village ou un adolescent mal dégrossi quand on ne cesse jamais de bondir, de tourbillonner telle une toupie !

Jean Vinatier

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vendredi 24 juillet 2009

Bigard et le 11 septembre sa conférence de presse – N°502- 2e année

Bigard démolit la version officielle…..buzz Internet, silence médiatique !
Ci-dessous les vidéos de sa conférence de presse
http://www.voltairenet.org/article161136.html

Jean Vinatier

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mercredi 22 juillet 2009

Charles d’Orléans, Prince de Mérencolie- N°501- 2e année

Devrait-on s’étonner de la mélancolie de Charles d’Orléans (1394-1465) ?
Fils de Louis d’Orléans, frère de Charles VI, assassiné par les troupes du duc de Bourgogne en 1407, prisonnier sur le champ de bataille d’Azincourt en 1415 puis emmené en captivité en Angleterre pendant 25 ans.
Les femmes ? Il convole d’abord avec la veuve de Richard Cœur de Lion, Isabelle de Valois (sa cousine germaine), puis s’unit à Bonne d’Armagnac (1392- vers1430) dont le père sera massacré par les Bourguignons et enfin en troisième union, avec Marie de Clèves (1426-1487), la nièce du duc de Bourgogne, Philippe le Bon et petite-fille du meurtrier de son père ! Un fils naîtra, il deviendra Louis XII surnommé le père du peuple !
Prince français renommé pour sa poésie, ses ballades qui furent principalement écrites après son retour en France (1440). Elles furent, pourtant, dédaignées par ses contemporains. C’est le très renommé philologue et garde des manuscrits de la Bibliothèque du Roi, l’abbé Claude Sallier (1685-1761), qui les redécouvrit. Une première édition vit le jour en 1778 avec un certain succès : le Moyen-Âge redevenait une période attractive grâce au patient labeur des mauristes , des philosophes et de la monarchie elle-même.
Ce prince qui connut principalement l’infortune et l’exil ne donnât pas à son œuvre un accent tragique mais plutôt celui du soupir, de la mérencolie ou mélancolie. La vie était pour Charles d’Orléans un long voyage dans la « Forêt d’ennuyeuse Tristesse » Le charme de sa langue opère, comme le note finement Suzanne Julliard, «
loin d’élever entre [son] destin et nous la barrière d’une abstraction froide, l’allégorie estompe la confidence sans l’abolir et l’histoire personnelle s’universalise. »

Ci-dessous une de ses
Ballades, la LX :

«
Quand Souvenir me ramentait [me rappelait]
La grand beauté dont était pleine
Celle que mon cœur appelait
Sa seule Dame souveraine,
De tous biens la vraie fontaine,
Qui est morte nouvellement,
Je dis, en pleurant tendrement :
Ce monde n’est que chose vaine !

Au vieux temps, grand renom courait
De Créseide, Yseult, Hélène
Et maintes autres qu’on nommait
Parfaites en beauté hautaine.
Mais, au derrain [au dernier, pour finir], en son domaine
La mort les prit piteusement [avec compassion]
Par quoi puis v(e)oir clairement :
Ce monde n’est que chose vaine

La Mort a voulu et voudrait,
Bien le connais, mettre sa peine
De détruire, s’elle pouvait,
Liesse et Plaisance Mondaine,
Quand tant de belles dames mène
Hors du monde ; car vra(ye) ment
Sans elles, à mon jugement,
Ce monde n’est que chose vaine !
Amour, pour vérité certaine,
Mort vous guerrie fellement [vous combat de façon déloyale] ;
Si n’y trouvez amendement,
Ce monde n’est que chose vaine ! »

Jean Vinatier

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Sources :

Charles d’Orléans : Ballades et rondeaux, éd. du manuscrit 25458 du fonds français de la Bibliothèque Nationale de Paris, trad., présentation et notes de Jean-Claude Mühlethaler, Paris, Librairie générale française, 1992

Suzanne Julliard : Anthologie de la poèsie française, Paris, Ed de Fallois, 2002

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mardi 21 juillet 2009

Requiem pour le PS ? –N°500- 2eme année

Martine Aubry subit les plus grands assauts contre le parti socialiste dont elle a reçu la charge. Manuel Walls, Arnaud Montebourg, Bertrand Delanoë, Jack Lang, Julien Dray croient-ils leur heure arrivée?Bernard Henri-Lévy n’a pas hésité, dans le JDD, à dire que le PS devait mourir ! Au moins le message est-il clair et net ! Remarquons le silence de Ségolène Royal…..
Le parti socialiste quoique affaibli et presque inaudible sur la scène politique n’en poursuit pas moins son rôle d’opposant parlementaire constant à Nicolas Sarkozy. Il fourbit ses armes pour la prochaine échéance électorale, celle des régionales en 2010. Cela étant dit, existe-t-il encore une idéologie socialiste ? Jean-Luc Mélenchon, fondateur de Parti de gauche, répondrait par la négative. Dans l’Union européenne, les partis socialistes en tant que tels ne sont plus : après avoir été des sociaux-démcorates, ils sont devenus des sociaux-libéraux sous l’offensive blairiste à la fin des années 1990. Le socialisme européen s’est tellement rapproché des partis conservateurs que les électeurs européens de juin dernier ont préféré accorder leurs suffrages soit aux conservateurs soit aux verts.
La caractéristique principale du parti socialiste français a bien été de se draper dans des idéaux auxquels il ne croyait plus. Officiellement le parti socialiste refusait son aggiornamento tout en adhérant aux nouveaux courants dont le leader a été Tony Blair. A cet égard le tandem Jospin/Strauss-Khan (1997-99-2002) et François Hollande (1997-2008) portent une responsabilité très puissante: ils ont laissé un parti exangue, déchiré, des militants désabusés et un électorat désorienté.
La rue de Solférino prend-elle pas suffisamment la mesure des difficultés sociales françaises et de la quête de nouveaux repères politiques ? Or l’extrême droite et la gauche hors PS remontent la pente. Nicolas Sarkozy voit dans le PS un vivier dans lequel il puise quelques poissons jamais très jeunes tout en se gardant bien de hâter sa déliquescence : il en a encore besoin pour entretenir sa politique d’ouverture avant de former un nouveau parti politique qui engloberait l’UMP et un grand nombre de tenors socialistes, les mêmes qui tonnent contre Martine Aubry. Manuel Walls est un proche -via son épouse- d’Alain Bauer, le conseiller puissant et redouté du Président de la République
Martine Aubry est entre le marteau et l’enclume. On la moque pour son côté « Suzan Boyle » La question est de savoir si la France a encore besoin d’un parti socialiste ou bien de partis d’opposition qui se formeraient sur des idées et des pensées qui pourraient certes faire référence à Jaurés mais qui se calqueraient sur ce que ressentent de plus en plus de Français face au nouveau monde.



Jean Vinatier

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dimanche 19 juillet 2009

Jean-François Susbielle : « Le déclin de l’empire européen –Qui dominera l’Europe ? » -N°499- 2e année

Après La morsure du dragon (2005) et Les royaumes combattants (2007) parus aux éditions First, Jean-François Susbielle consacre son dernier ouvrage à l’Europe avec un titre provocateur « Le déclin de l’empire européen ». Nous savons tous que l’empire européen n’a jamais existé même en le comparant à l’empire carolingien. L’auteur résume dans son titre, la perte de force de l’ensemble des puissances qui ont fait, au fur et à mesure des siècles (fin XVe-XXe siècles) de notre continent une force mondiale.
Jean-François Susbielle trace dans cet ouvrage écrit dans un style alerte, un paysage géopolitique européen singulièrement pessimiste. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni formeraient l’ossature d’une Europe qui échapperait autant aux peuples qu’aux dirigeants.
Les chefs de gouvernement ont-ils une conscience européenne ? Jean-François Susbielle donne une réponse négative au récit qu’il fait de la politique allemande après le départ du Général de Gaulle. De 1969 à aujourd’hui, les différents gouvernements allemands ont patiemment reconstruit leur économie pour devenir la première nation exportatrice mondiale. En encourageant l’agrandissement des pays de la Communauté européenne (Union en 1992) ils ont réussi à affaiblir le poids de la France et à s’imposer aux pays de l’Europe de l’Est et Orientale. En 2009, l’Allemagne de la chancelière Merkel est satisfaite de ce retour en force qui ignore toute idée européenne. Berlin reconquiert son autonomie sous couvert de la protection otanienne pour son intérêt exclusif.
Grâce à Jean Monnet et à Robert Schumann, la France est parmi les pères fondateurs de l’Europe. La période gaullienne
« flamboyante » a considérablement œuvré pour qu’une Europe puissance s’affirme entre les Etats-Unis et l’U.R.S.S. Après 1969, la classe politique française opère un tournant d’abord en acceptant l’entrée du Royaume-Uni dans la Communauté puis en adhérant à tous les projets au nom de l’axe Paris-Bonn puis Paris-Berlin ! Jean-François Susbielle a raison d’insister sur cette chimère qu’a été « le couple franco-allemand », expression née de Valéry Giscard d’Estaing. Il est tout à fait convaincant dans les chapitres 2 « Au secours l’Allemagne revient » et 3 « Bienvenue dans le Saint- Empire » où il fait le récit cruel des erreurs françaises ! Soyons clairs, il n’y a ni axe, ni couple, ni même un « duopole » (p.40). Arnaud Leparmentier, dans un article incisif publié dans
Le Monde du 17 juillet enfonce le clou : « l’Allemagne enterre le rêve européen »
Paradoxalement les dirigeants français tout en adhérant à toutes les avancées européennes qui les réduisent, continuent à parler du grand dessein. Mais leurs voix se perdent dans la Babel européenne !
« L’empire européen » décline parce qu’il n’y a plus de nations suffisamment fortes pour imposer un concert continental. On reste dans le chacun pour soi. On pourrait reprendre la phrase de Mme Merckel « Chacun sa merde
». Gazeta Wyborcza a publié, le 16 juillet, la lettre ouverte de vingt- deux personnalités de l’Est (Lech Walesa, Vaclav Havel…etc) adressée au Président Obama pour lui rappeler –dans le détail - combien ils ont été de fidèles serviteurs, c’est la plus parfaite illustration de l’absence totale d’identié européenne.
Mais ce déclin intéresse-t-il les acteurs mondiaux ? Pour le Président Obama l’Europe n’existe plus : la France a réintégré l’OTAN, tout le monde est donc sous le drapeau ! La Chine, l’Inde, la Russie, le Brésil n’accordent pas davantage d’intérêt pour l’Union européenne mais peuvent nouer d’importants contrats avec tel ou tel pays. Faute d’avoir une défense indépendante, une diplomatie véritable, l’Union forme une masse informe et immobile. Croit-elle que l’euro suffit à lui donner une place de choix ? Pourtant dans la compétition technologique et scientifique – EADS, Galiléo, ITER, les énergies renouvelables – l’Europe dispose d’atouts véritables mais c’est le corpus politique qui manque cruellement.
L’Europe présente ce paradoxe d’arriver à une presque fédération alors que les chefs de gouvernement très critiques sur l’Etat-nation veulent rester à la tête de leur pays respectif. Nous souffrons de nos contradictions. Jean-François Susbielle le souligne bien.
Le sous-titre de l’ouvrage est
« Qui dominera l’Europe » ?Osons une réponse que Susbielle n’indique pas, Disneyland….

Terminons le compte-rendu de ce livre intéressant en signalant à l’éditeur
First bien des coquilles : p. 13, Arnold Toynbee (1882-1883 au lieu de 1975), p. 112 le Saint-Empire naît en 962 et non en 936 tout comme le IIe Reich débute en janvier 1871 et non en 1870. La Prusse (p.117) ne fait pas partie du Saint-Empire, c’est le Brandebourg : l’électeur de Brandebourg est roi en Prusse. On regrettera aussi que l’éditeur ait laissé l’expression « Charles Quint préfère démissionner » au lieu d’abdiquer (p.116). Idem page 121, la mère du duc Agénor de Gramont (1819-1880) n’est pas la « duchesse d’Orsay » mais seulement Ida d’Orsay.


Jean Vinatier

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vendredi 17 juillet 2009

De Wall Street à Shanghai : le chant du cygne ? –N°498- 2e année

Que l’on se trouve au bord de la Loire ou bien parmi les grandes capitales mondiales, nul ne reste indifférent aux brusques remontées des places boursières. Le chômage grossit, les faillites, les dépôts de bilan ne faiblissent pas mais coup sur coup Wall Street et la Chine décrètent le bonheur économico-boursier !
Les Etats-Unis affrontent la crise la plus sévère de leur histoire. Plusieurs des Etats de la fédération se préparent à se décréter en cessation de paiement dont la Californie. La banque CIT dont dépendent les franchisés et toute l'industrie du textile, n’étant pas selon la formule consacrée
« too big to fail », la Maison Blanche ne bougera pas le petit doigt ! Ce sera la 5e plus grosse faillite depuis Lehmann Brothers en novembre dernier….
De l’autre côté du Pacifique, la Chine afficherait une croissance plus importante que prévue autour de 7% alors que son marché principal, celui des Etats-Unis, s’affaisse de plus en plus. : les consommateurs américains n’achètent plus !
Le parti communiste chinois, malgré ses réticences n’a d’autre solution que d’acheter des bons du Trésor américain. Qui est le dupe que qui ?
Pékin ne croit évidemment pas à la croissance qu’elle fait annoncer comme le gouvernement Obama n’accorde aucune valeur aux soudains positifs bilans des banques ! Mais voilà,
les deux puissances se tiennent par la barbichette et c’est à celle qui tiendra le plus longtemps. Pourtant, un jour ou l’autre, l’explosion se produira, il ne peut en être autrement.
Les Etats-Unis comme la Chine jouiront-ils longtemps d’une tranquillité intérieure ? En sus des chômeurs, des désespoirs, il y a dans ces deux pays des agitations sur leurs frontières qui peuvent précipiter des événements.
Ainsi le long de la frontière avec le Mexique, les cartels de drogue sèment une véritable terreur des deux côtés du Rio Grande. Avec un Etat californien réduit à payer avec des reconnaissances de dettes et, demain, qui sait, pour s’assurer des rentrées fiscales, légalisera certaines drogues, on conçoit sans peine l’aubaine que cette 8e puissance économique mondiale constitue pour les trafiquants !
La Chine connaît de sévères agitations dans le
Xinjiang : si les musulmans ouïgours sont par leur histoire tolérants, l’arrivée des « troupes » d’Al Quaida et d’autres depuis l’AfPak, risque de fragiliser Pékin dans un territoire d’une grande richesse. Au sud du Xinjiang, le Tibet si important sur le plan stratégique (lieu d'emplacement d'armes atomiques) est également en proie à des tensions populaires. On voit bien s’esquisser un arc de crise de taille.
Que relève-t-on ? Deux puissances qui se targuent de donner le tempo au monde en sont réduites aux plus grossiers des mensonges. A Washington, on ne recule pas à peaufiner » les chiffres du chômage, à Pékin le sourire est un leurre alors que les Chinois perdent des revenus. L’économie réelle coule comme un gigantesque Titanic bien que les premières classes bancaires fredonnent que le navire est insubmersible !
Nous assistons bien à une tragédie. Le dernier sommet du G8 tenu à l’Aquila (Aigle en italien), ville secouée par un tremblement de terre donne une note sombre. C’est au milieu des décombres que les chefs d’Etat et de gouvernement ont marché ! Les communiqués officiels se sont bien gardés de toute emphase et les puissances réunies feignent de croire en l’avenir de l’économie verte……
Jour après jour, nous nous rapprochons des grands drames parmi lesquels les guerres civiles, les désintégrations des sociétés. C’est bel et bien le chant du cygne que nous entendons !


Jean Vinatier

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mercredi 8 juillet 2009

Prochain Seriatim le 17 juillet 2009

A toutes et à tous un bon pont du 14 juillet

Cordialement,

Jean Vinatier

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mardi 7 juillet 2009

Turkestan Oriental ou le Xinjiang entre Ouïgour, sunnisme et pétrole – N°497- 2e année

Les dernières émeutes intervenues dans plusieurs villes du Xinjiang dont la capitale Urumchi, ont été violentes, sanglantes -Pékin annonce 156 morts et des arrestations massives-.
Les « Ouïgours » du Xinjiang ex-Turkestan oriental, s’insurgent contre le pouvoir chinois, impérial puis communiste depuis des lustres. Pékin encourage l’installation de l’ethnie chinoise majoritaire Han au détriment des habitants du Xinjiang appelés « Ouïgours » depuis 1921. Lors du congrés soviétique des nationalités tenu à Taskhent en 1921, Sergej Efimovitch Malov désigna par l’ethnonyme « Ouïgour » l’ensemble des populations du Xinjiang. Depuis cette date, les « Ouïgours » désignent tous ses habitants.
Cette précision historique rapportée par l’éminente anthropologue Françoise Aubin dans un passionnant numéro de la revue
CEMOTI consacré à cette question¹ rappelle à point nommé que les Ouïgours du XXIe siècle sont de lointains descendants du peuple Ouïgour de l’empire des steppes qui occupait la Mongolie jusqu’à sa destruction par les Kirghizes au IXe siècle. Ce peuple migra vers l’ouest, s’installa dans les oasis du Turkestan. Devenu sédentaire, pacifique, curieux en croyance, il passe successivement au cours des siècles, de la religion manichéenne au bouddhisme et au christianisme nestorien puis enfin, à l’islam sunnite grâce aux Turcs de culture iranienne. Acceptant la suprématie mongole (plus tard turco-mongole), les Ouïgours se fondirent parmi les différents peuples du Turkestan. Les dynasties chinoises tentèrent, après les Tibétains de conquérir le Turkestan. Ce n’est qu’en 1759 que Pékin parvint à ses fins mais sans réussir à contenir toutes les révoltes qui éclatèrent périodiqument. En 1863, un royaume du Turkestan vit le jour, reconnu par la Russie, l’empire Ottoman et le Royaume-Uni. Mais Londres – qui tentait d’entrer également en Chine par le Tibet – craignant que Saint-Peterbourg n’annexe ce royaume décide la Chine de le reconquérir en 1877. C’est donc seulement en 1884 que le Turkestan prit le nom de Nouveaux territoires ou Xinjiang.
Entre cette date et aujourd’hui, l’identité « Ouïgoure » a fait son chemin au détriment du Turkestan ou « Route de la Soie » dénomination crée au XIXe siècle par le géographe allemand, Ferdinand von Richthofen.
Au-delà de la question « Ouïgoure » interviennent la géographie et son sous-sol.
Le Turkestan Oriental, région d'Asie centrale délimitée au nord par les steppes du Kazakhstan et le massif de l'Altaï, à l'est par la Mongolie et le Tibet, au sud par l'Inde, le Pakistan, l'Afghanistan et l'Iran enfin à l'ouest par la mer Caspienne, est la région autonome chinoise la plus grande devant le Tibet, la Mongolie intérieure et le Guanxi.
Le sous-sol du Turkestan Oriental est très riche avec ses gisements pétrolifères de 410 790 km², une réserve de pétrole de 8,2 milliards de tonnes et 2,5 millions de m3 de gaz naturel !
En 1913 le consul russe Sokov n’écrivait-il pas dans un rapport adressé au gouvernement de Nicolas II:
« Parmi les minéraux que l'on peut extraire ici, il faut noter l'or, l'argent, le cuivre, le plomb, le fer, l'alun, le soufre, le sel, le charbon, l'albâtre, l'asphalte, et diverses sortes de marbre. On trouve aussi presque partout du charbon de terre. Il faut aussi signaler le naphte en assez grande quantité…On peut dire sans exagérer qu'il y a beaucoup de ressources minières et, si des entrepreneurs hardis, disposant de capitaux comme mise de fonds, se rendaient dans la région, ils pourraient tirer du sous-sol des richesses qui par leur quantité étonneraient le monde » ²
Le Xinjiang devient l’enjeu d’intérêts géostratégiques. La Chine joue la carte du pétrole et accorde une attention toute particulière aux collaborations « harmonieuses » avec les puissances régionales. Le Japon propose d'établir une nouvelle Route de la soie pétrolière du XXIe siècle. La Russie essaie de placer sur un même plan le pérole du Xinjiang et celui de la Sibérie. Le Kazakhstan noue des partenariats entre Pékin et Moscou. Le Pakistan entre dans la danse ainsi que l’Inde. En fait, le parti communiste chinois espére construire tout un réseau de distribution inter-asiatique qui lui assurerait une suprématie et une indépendance énergétique plus forte. N’est-ce pas le vœu de toutes les nations asiatiques d’être indépendantes de celles de « Ouest ou de l’Occident » ?
Les sociétés pétrolières occidentales ont longtemps rechigné à investir dans le Xinjiang dont l’infrastructure est à construire de A à Z. Ajoutons un bémol, Pékin n’a accepté de « dévoiler » le secret du pétrole du Xinjiang que depuis les années 1990.
L’instabilité de la région du Xinjiang a depuis longtemps interessé Washington : il y a sur son sol un parti du Ouïgouristan libre. L’arme ethnique peut être considérable mais à double tranchant. Les Etats-Unis mesurent avec plus de prudence l’usage de cette dernière depuis l’Irak, le Pakistan et l’Aghanistan.
Il est certain que les Chinois et les Russes comprennent très bien que le Xinjiang et la Sibérie, par leurs richesses additionnées doivent les conduire à élaborer des coopérations audacieuses.
Qu’en sera-t-il des Ouïgours ? Les Ouïgours, par leurs combats, ont permis que se forme une identité commune à l’ensemble du Turkestan avec un islam sunnite trés influencé par le soufisme ce qui éloignerait, a priori, toute radicalité. Quelque part, les Ouïgours ne recréent-ils pas l’antique Turkestan ?
L’Ouest fait le lien entre le Tibet et le Xinjiang, deux régions stratégiques majeures chinoises et encouragé par certains cercles néo-conservateurs, croit possible d’affaiblir la Chine. L’Ouest ne devrait pas oublier que le jeu de go est chinois……


Jean Vinatier

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Cartes :


Population et richesses du Xinjiang :

http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/chine200202


Route de la soie
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Seidenstrasse_GMT_Ausschintt_Zentralasien.jpg


Sources :

1-In Françoise AUBIN, «L'arrière-plan historique du nationalisme ouïgour. Le Turkestan oriental des origines au XXe siècle*», in Cemoti, n° 25 - Les Ouïgours au vingtième siècle, URL :
http://cemoti.revues.org/document42.html

In les Ouïgours au vingtième siècle :
http://cemoti.revues.org/sommaire789.html

2- In Hamide Khamraev :
http://cemoti.revues.org/document58.html



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vendredi 3 juillet 2009

Les médecins urgentistes entrent en résistance –N°496- 2e année

Seriatim relaie la pétition lancée par l’AMUF¹ le 29 juin. L’actuel gouvernement accélère le démantèlement des services de santé et transforme les hôpitaux en simples entreprises.
On note, également, qu’à Paris, un quart des médecins refuse de soigner les patients en possession de la CMU.
Le climat est par conséquent mauvais : voilà des siècles que l’acte de soigner ne se refuse pas : les ordres religieux puis les hôpitaux publics ont suivi cette maxime sans défaillir. Tel n’est plus le cas aujourd’hui !
Il est tout à l’honneur de ces médecins de rappeler que le serment d’Hippocrate n’est pas une simple formule qu’il engage par-delà les exigences mercantiles d’une économie libérée de toute contrainte et qui place les Etats sous sa subordination.
Les médecins urgentistes utilisent le vrai mot qui fait la force de leur détermination : résistance !

« Nous,
médecins urgentistes de toute la France,
annonçons dès maintenant, que quelque soit l'avenir de la loi HPST, en parfaite conscience de la gravité de notre geste, demain nous entrerons en résistance.
Nous continuerons à accomplir la mission que le conseil national de la résistance a souhaitée pour l’hôpital public.
Nous accueillerons à l'hôpital public, en tout temps, en tout lieux, tous les hommes et toutes les femmes qui se tourneront vers le service public de la santé.
Aucun patient n'est une marchandise, nos hôpitaux ne sont pas des entreprises où un pseudo PDG pourra demain décider quels sont les bons et les mauvais soins, quel est le projet médical que les médecins "à la botte" devront mettre en œuvre.
Notre dignité est de refuser de choisir les patients "qui valent la peine".
Notre dignité est de voir dans chacun de ceux et celles qui se tournent vers nous des hommes et des femmes souffrant qu'il faut aider au nom de l'humanité, qui n'est pas une valeur de marché.
Nous appelons tous les soignants, s'il le faut, demain, à désobéir à la logique qui nous est imposée malgré tous nos appels à la raison.
Nous préférons la légitimité à la légalité.Nous préférons les valeurs humaines à la loi.
Nous préférons la dignité aux honneurs.
Il n'existe pas de délit de solidarité.
Nous entrons en résistance parce que nos valeurs sont différentes de celles de cette loi, nos valeurs sont celle du Conseil National de la Résistance et de notre république : "liberté, égalité, fraternité ". »



Jean Vinatier

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Source :

1- http://www.amuf.fr/index.php?option=com_joomlapetition&func=viewcategory&catid=2


Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Arabie Saoudite, Argentine, Australie, Bénin, Bolivie, Brésil, Cambodge, Cameroun, Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa, Corée du Sud, Côte d’Ivoire, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30 Etats & Puerto Rico), Gabon, Géorgie, Guinée, Haïti, Inde, Irak, Iran, Islande, Israël, Kenya, Liban, Libye, Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Mali, Maurice, Maroc, Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Népal, Norvège, Nouvelle Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Qatar, République Centrafricaine , République Dominicaine, Russie, Sénégal, Serbie, Somalie, Suisse, Thaïlande, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont France + DOM-TOM & Nouvelle-Calédonie, Polynésie), Ukraine, Uruguay, Venezuela, Vietnam

jeudi 2 juillet 2009

Honduras : entre Picaros et Jason Fly (XIII)¹ -N°495 – 2e année

L’Amérique Centrale et l’Amérique du Sud ne surprennent plus le lecteur étranger.
Le Honduras faisait partie pendant la domination espagnole (1540-1821) de la capitainerie générale du Guatemala. Il a connu, après l’éclatement des Provinces-Unies de l’Amérique centrale en 1839², une vie politique agitée parsemée de coups d’Etat, celui du 28 juin annoncerait-il d’autres tumultes ?
D’un côté, nous avons un Président régulièrement élu en 2006, Manuel Zelaya, soutenu au début de son mandat par les milieux les plus conservateurs du pays avant qu’il ne s’en éloigne en adhérant à l’Alternative bolivarienne pour les Amériques (ALBA) initiée par Hugo Chavez plutôt qu’à la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) votée par le Congrès américain en 2005.
Manuel Zelaya voulait également, par une consultation populaire, obtenir de postuler à un second mandat, ce qu’interdit l’actuelle constitution. Etait-ce l’initiative de trop ? C’est la raison évoquée par les généraux, le vice-président, Roberto Micheletti, la Cour suprême pour justifier leur action.
De l’autre, le Honduras, intéresse depuis quelque temps les cartels de drogue mexicains. Est-ce pour les contrer que le Président exilé Manuel Zelaya demandait, en 2008, la légalisation de certaines drogues ?
Enfin, nous avons le Honduras, véritable base arrière des Etats-Unis dans leur lutte contre tous les mouvements révolutionnaires dans les années 70. John Negroponte³, ambassadeur nommé par Ronald Reagan dans ce pays (1981-1985), a joué un rôle important pour aider les Contras hostiles aux sandinistes nicaraguayens. L’armée hondurienne est formée jusqu’à aujourd’hui par des officiers US. N’oublions pas la CIA et ses sous-agences avec ici et là les mercenaires.
On peut écrire que la victoire de Barack Obama n’enchante toujours pas les cercles les plus réactionnaires. Leurs oppositions sont plus ou moins ouvertes sur tous les terrains chauds du moment : Irak, l’Iran, AfPak, sur la frontière mexicaine. La tentation est grande de mouiller le Président d’une manière ou d’une autre, de l’affaiblir.
La politique de Barack Obama s’inscrit dans la rupture avec les administrations précédentes tant démocrate que républicaine. Il préconise une politique extérieure plus conciliante, notamment avec les dirigeants sud-américains qui défient chaque matin Washington ! La Maison Blanche doit, surtout, faire le ménage dans ses propres agences de renseignement !
Les réactions au coup d’Etat du 28 juin offrent cette singularité de réunir dans le même camp, Barack Obama et Chavez sans oublier les décisions des présidents voisins ou non du Honduras de fermer leurs frontières et de cesser toute activité commerciale avec les putschistes. Les Etats de l'Union européenne ont rappelé, également, leurs ambassadeurs.
Pendant ce temps, la population hondurienne et des régiments refusent de soutenir le coup d’Etat et descendent dans la rue. Maluel Zelaya a promis de quitter le Costa Rica aujourd’hui, pour rentrer dans son pays. Le fera-t-il ? Et, s’il le fait, assisterons-nous à des heurts sanglants ?
Rien ne plaide en faveur des putschistes……


Jean Vinatier

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Notes :

1- Le dossier Jason Fly, série culte de la BD belge par Jean Van Hamme et William Vance, Paris, Dargaud.

2- Provinces Unies d’Amérique centrale ou République Fédérale d’Amérique centrale (1823-1839 : Guatemala, Salvador, Nicaragua, Honduras, Costa Rica.

3- John Negroponte, également ambassadeur aux Nations Unies (2001-2004) en Irak (2004-2005) puis premier Director of National Intelligence DNI de 2005 à 2007.

Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Arabie Saoudite, Argentine, Australie, Bénin, Bolivie, Brésil, Cambodge, Cameroun, Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa, Corée du Sud, Côte d’Ivoire, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30 Etats & Puerto Rico), Gabon, Géorgie, Guinée, Haïti, Inde, Irak, Iran, Islande, Israël, Kenya, Liban, Libye, Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Mali, Maurice, Maroc, Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Népal, Norvège, Nouvelle Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Qatar, République Centrafricaine , République Dominicaine, Russie, Sénégal, Serbie, Somalie, Suisse, Thaïlande, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont France + DOM-TOM & Nouvelle-Calédonie, Polynésie), Ukraine, Uruguay, Venezuela, Vietnam

mercredi 1 juillet 2009

Edito: Coucou ! C’est la Cour constitutionnelle allemande – N°494- 2e année

La Cour constitutionnelle allemande a annoncé à la télévision la suspension du processus de ratification du traité de Lisbonne : pourquoi ?
Le traité de Lisbonne n’est pas contesté, il est compatible avec la Loi Fondamentale allemande. Néanmoins, les juges soulignent fortement que les Allemands et le Parlement étant les seuls détenteurs de la souveraineté, il revenait à l’Etat de mettre en place les dispositions qui garantiront le pouvoir du Parlement allemand (Bundestag & Bundesrat) en cas d’extension des compétences de l’Union européenne.
Les juges de Karlsruhe rappellent in fine que l’Union européenne n’est pas un Etat Fédéral. L’Union européenne s’exerce d’abord dans le cadre des Etats
« faute d’un « peuple européen uniforme comme sujet de légitimation pouvant exprimer sa volonté politique de façon effective »¹.
Tous les commentateurs s’empressent de rassurer les opinions publiques sur le devenir du traité de Lisbonne. Ils indiquent que cette décision ne compromettra pas le processus de ratification dont le terme est fixé en novembre, après la tenue du second référendum irlandais. Leur premier référendum comme celui organisé en France ont été effacés !
Le peu de publicité accordée par les médias n’est-il pas un aveu de peur ? Après tout, tous les groupes de presse et la plupart des partis politiques ont fait une campagne partiale en 2005 pour que les Français disent un oui massif au traité. On sait quel a été le résultat.
L’Union est d’abord une réunion des Etats et non des nations. Malgré son aspect favorable les attendus des juges constitutionnels ne redonnent-ils pas de l’espoir aux détracteurs du traité et ne fragilisent-ils pas plus leurs avocats adverses ? Ces derniers ne font-ils pas une campagne incessante pour dire que ce sont les citoyens qui participent à la construction européenne ? Les juges de Karlsruhe remettent la pendule à l’heure. Chaque Etat ne peut se fédérer que dans le cadre de sa souveraineté.
Cet arrêt donne, enfin, une importance plus grande au parlement européen. Les députés de la nouvelle session ont l’occasion d’agir pour voter contre la candidature de Barroso, de contredire, ainsi, la veulerie des Etats.
Le vote est entre les mains des socialistes qui, bien sûr, s’inclineront à moins d’un sursaut : après tout ne sont-ils pas devenus des sociaux-libéraux ?


Jean Vinatier

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Source:

1-
http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2009/06/le-communiqu%C3%A9-du-tribunal-en-anglais-est-%C3%A0-t%C3%A9l%C3%A9charger-ici.html#more

Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Arabie Saoudite, Argentine, Australie, Bénin, Bolivie, Brésil, Cambodge, Cameroun, Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa, Corée du Sud, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30 Etats & Puerto Rico), Gabon, Géorgie, Guinée, Haïti, Inde, Irak, Iran, Islande, Israël, Kenya, Liban, Libye, Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Mali, Maurice, Maroc, Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Népal, Norvège, Nouvelle Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Qatar, République Centrafricaine , Russie, Sénégal, Serbie, Somalie, Suisse, Thaïlande, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont France + DOM-TOM & Nouvelle-Calédonie, Polynésie), Ukraine, Uruguay, Venezuela, Vietnam