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jeudi 30 avril 2009

Prochain Seriatim le lundi 4 mai N°455 - 2eme année

Cher(e)s Internautes,
bon pont,

Jean Vinatier

©SERIATIM 2009

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Barack Obama et la période des cent fleurs au monde N°454 - 2eme année

Cent jours ! Le nouveau Président jouit d’une faveur inédite parmi son peuple et il dispose d’une grande popularité sur tous les autres continents. Il règne une atmosphère singulière à la Maison Blanche avec Bo, le nouveau toutou, qui court avec son jeune maître dans les couloirs. Pendant ce temps, son épouse Michelle ramasse les fleurs, entourée de ses enfants. Nous baignons dans l’irénisme de la Maison enchantée !
Tous les déplacements présidentiels, en Europe, en Orient, dans l’ensemble Amérique Latine/ Caraïbe ont été placés sous le signe de l’apaisement, de l’écoute, de messages dits par Barack Obama le sourire éclatant. Quelle joie, le nouveau César est aimable, attentionné, enfin, jouir à Rome sans se cacher…Pâmoisons des bobos !
A l’intérieur des Etats-Unis, il y a bien les gangs mexicains situés tout le long du Rio Grande qui se livrent à des guerres sans merci et qui poussent des pointes jusqu’à Chicago. Ils inquiètent, de part et d’autre les états-majors mexicano-étatsunien qui prévoient des opérations puissantes tandis que les Texans reparlent de leur indépendance et que les groupes extrémistes éclosent à un rythme peu réjouissant. Sur le plan social, les files de chômeurs s’allongent, l’économie impériale bat de l’aile mais, ô miracle, Wall Street fait entonner depuis quelques semaines le grand air du Printemps, les banques se remettent à combiner comme avant, tout le monde applaudit et les Bourses montent se moquant de tous les nuages noirs à l’horizon.
S’il n’y avait pas cette grippe mexicaine, les cent jours d’Obama seraient merveilleux. Mais, voilà qu’un virus apparu soudainement, progresse rapidement sur le point de faire déclencher une alerte à la pandémie !
Bien évidemment Barack Obama sait parfaitement la partition qu’il joue. Il a su avec intelligence utiliser les antagonismes pour se placer sur l’échiquier international, national. Il n’ignore pas que cette période des cent fleurs se termine. Le moment de trancher dans le vif ne tardera plus. D’ailleurs, ne vient-il pas de l’annoncer à la télévision : reconstruire les Etats-Unis ne se fera pas sans peine, ni douleur….
Toute popularité est de cristal, la sienne est-elle un leurre ? Qu’a-t-il réellement accompli pour la mériter ? Pas grand-chose si ce n’est de supprimer Guantanamo, de dénoncer les tortures pratiquées par la CIA et de se garder de contester la toute puissance de Wall Street. S’il veut « reconstruire » son pays, il aura forcément le « monde de la finance » contre sa personne. En effet tous ces banquiers ne pensent qu’à une seule chose, un nouvel eldorado mondial où le dollar illuminerait et les souffrances du peuple Américain seront un boulet encombrant.
Lors du dernier sommet Caraïbe/Amérique Latine, les dirigeants de ces nations ont bien fait sentir qu’ils cessaient de tenir le rôle d’aimables domestiques. Le Brésil et l’Argentine jouent à fond les relations Sud-Sud avec l’Asie. Mettre un terme au blocus inutile contre Cuba confortera certes la bonne image de Barack Obama mais rien de plus. La Chine, l’Inde, la Russie jouent d’égal à égal avec Washington. La Turquie comprend à merveille sa position géostratégique et elle entend bien assumer sa partition. L’Union européenne, seule, ronronne lovée entre les pattes de l’Oncle Sam : elle a renoncé à l’Histoire pour jouir, espère-t-elle, de la bienfaisance économique qui ne manquera plus d’arriver depuis l’autre rive de l’Atlantique.
Le pari de Barack Obama est, en effet, dans le redémarrage industriel des Etats-Unis. Or, la dynamique économique est passée à l’Est et au Sud qui concentrent toutes les énergies créatives.
Entre les réformes intérieures et la prise en considération des nouveaux rapports de force à l’extérieur, il y aura, à un moment, une phase de déséquilibre qui pourrait être la source de tensions inquiétantes. Si l’on regarde bien, Barack Obama aurait bien besoin d’une Union européenne comme puissance politique si celle-ci n’avait, semble-t-il, définitivement dit non à ce rôle. Pour l’Europe, les Etats-Unis égalent Wall Street, point barre !
Plus que tout autre, Barack Obama sait qu’il ne peut échouer dans sa reconstruction des Etats-Unis d’où la comparaison avec Gorbatchev. Ne redoute-t-il pas qu’une fois les fleurs tombées ne restent que les épines ?

Jean Vinatier

©SERIATIM 2009

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mercredi 29 avril 2009

Edito : médecins et universitaires continuent le combat ! N°453 - 2eme année

Peu importe la longueur des cortèges, l’essentiel tient dans l’esprit et l’intelligence qui les conduisent !
Saluons, au contraire, le courage de celles et ceux qui ne renoncent pas. Toutes, tous sont une avant-garde redoutée.
La santé et l’éducation sont deux fondations de la société française, pour la première la gratuité des soins, pour la seconde faire apprendre à penser et à transmettre.
Jusqu’à présent ce mouvement général a tenu à répondre publiquement aux projets incroyables du gouvernement ; désormais, il est nécessaire de franchir une étape. Il revient aux personnels de santé et de l’éducation de poser les termes d’un projet politique : dire ce que devrait être l’hôpital, dire ce que devrait être l’éducation de la maternelle à l’université.
Le moment est venu de répondre à des projets gouvernementaux par d’autres projets, les vôtres. Allez au-delà des syndicats et des partis. C’est de cette manière que le rapport de force s’établira. Passez outre l’Elysée et réveillez les citoyens !


Jean Vinatier

©SERIATIM 2009

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De Gaulle partait le 28 avril 1969 N°452 - 2eme année

« Eh bien ! voilà, nous avons battu les Allemands ; nous avons écrasé Vichy ; nous avons empêché les communistes de prendre le pouvoir et l’O.A.S. de détruire la République. Nous n’avons pas pu apprendre à la bourgeoisie le sens national. »¹ Michel Debré a rapporté ce propos du Général de Gaulle le soir de la victoire du Non au référendum portant sur la réforme du Sénat, des régions et de la participation. Comme toujours le dire gaullien est cinglant, sonne comme une claque et en impose !
On s’étonne de la discrétion des médias sur cet épisode de la vie politique alors que c’est l’inverse qui aurait étonné. Pourquoi diable rappellerait-on aux Français qu’un chef de l’Etat pouvait agir en conformité avec ses discours et ouvrages ? Voilà belle lurette qu’un élu se moque comme d’une guigne d’agir comme ont pu le faire les Anciens ! François Mitterrand a débuté ce renoncement après la victoire de la droite aux législatives de 1986, devenant le premier Président cohabitant. Il a dénaturé la Ve République et ouvert une voie dont il ne soupçonnait ni la largeur, ni la longueur.
D’ailleurs sommes-nous encore au temps des discours puisque les images via la télévision et Internet ont imposé la communication en donnant le pas à la sensibilité, mettant dans un même sac l’important et le futile, la pensée et l’émotion?
Les allocutions présidentielles du Général de Gaulle n’étaient en aucune manière une communication, elles exprimaient la continuité intellectuelle et le défi historique. En 2009, on veille plutôt à banaliser, à aplanir, à ôter toute envie de réflexion aux citoyens français. On pousse si loin cette dénaturation que la politique au sens strict n’est plus qu’une image transformable à foison. L’homme politique n’est plus un, il est multiple, à facettes.
Avec Nicolas Sarkozy, une image chasse l’autre jusqu’à l’absurde et sa locomotive donne des signes de fatigue, d’usure.
1969 ! La date semble lointaine, d’un autre temps, de cette fin du XXe siècle où la Guerre Froide pesait ainsi que les ruines fumantes des empires coloniaux sans omettre les pavés de mai 1968 et les ultimes utopies surgies des campus américains puis européens.
Décidément, il ne fallait rien réveiller : dormez consommateurs, le citoyen lui est dans les limbes !

Jean Vinatier

©SERIATIM 2009

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Source :

1-Michel Debré, Entretiens avec le général de Gaulle, Paris, Albin Michel, 1993, p.207

mardi 28 avril 2009

Jean-Claude Junker et le G20 N°451 - 2eme année

Ci-dessous l’interview accordée par le Premier ministre luxembourgeois au quotidien, La Libre Belgique, le 23 avril. Le propos n’est pas diplomatique !

"Marc Vandermeir: Quel bilan tirez-vous du sommet du G20 qui s'est tenu, le 2 avril dernier, à Londres?

Jean-Claude Juncker: Pour l'essentiel, je jette sur ce sommet un regard doux, intéressé et de connivence. Je crois que le G20 a, à juste titre, reconfirmé l'intention de ceux qui y participaient de mieux réglementer les marchés financiers. C'est une conclusion qu'il faut absolument tirer de la crise financière que nous venons de traverser: toutes les places financières, tous les acteurs et tous les produits financiers doivent évoluer dans un cadre strict de réglementation, notamment prudentiel. Cela me paraît une évidence. Pour ma part, je n'ai d'ailleurs pas attendu le G20 pour me mettre d'accord avec moi-même sur des évidences de ce genre.
Je suis tout de même un peu étonné par plusieurs choses. D'abord, lorsque le G7 s'est réuni en février 2007, au niveau des ministres des Finances, le ministre allemand et moi-même - en tant que président de l'Eurogroupe - avions exigé une réglementation des "hedge funds", des agences de notation et des autres institutions financières. Cette exigence n'avait pourtant pas trouvé grâce aux yeux des Américains et des Britanniques. Le ministre américain et le ministre britannique, à l'époque Gordon Brown, m'expliquaient alors que les marchés allaient régler d'eux-mêmes tous ces problèmes auxquels je faisais référence, dont les "subprimes" hypothécaires aux Etats-Unis. Je suis aujourd'hui assez impressionné par l'extraordinaire performance de M. Brown qui, devenu Premier ministre, prend la tête du mouvement de ceux qui veulent davantage réglementer. A l'époque où il aurait encore été temps de réglementer, il a refusé de le faire... Donc, ça m'impressionne. Aujourd'hui, les Britanniques apparaissent aux yeux de tous les Européens comme les meneurs du mouvement de réglementation.

Marc Vandermeir: Sur le dossier des paradis fiscaux, dont le G20 a dressé une liste, quelles absences vous semblent remarquables, et pourquoi?

Jean-Claude Juncker: C'est la deuxième chose qui m'impressionne: le fait que la Belgique et le Luxembourg - qui entretiennent depuis toujours d'excellentes relations - soient sur une "liste grise" des paradis fiscaux. Je constate, non sans amusement, que les îles Britanniques ont été blanchies en une nuit. J'ai dit au Parlement luxembourgeois, dans mon discours sur l'état de la nation , que M. Propre avait choisi comme nouvelle adresse le 10 Downing Street. Je suis impressionné, encore, par le fait que le Wyoming, le Nevada et le Delaware ont reçu du G20, à Londres, la bénédiction qui leur permettra d'en recueillir les bénéfices. Je suis impressionné, toujours, par le fait que les places financières russes, elles, sont considérées comme blanches, alors que Bruxelles et Luxembourg seraient moins fréquentables. Même les Russes ne le croient pas!
La Belgique a déclaré accepter l'échange automatique d'informations; l'Autriche et le Grand-Duché ont dit accepter l'échange sur demande d'informations. Il avait été promis, lors du Conseil européen de mars dernier, qu'aucun Etat membre, vu ces engagements, ne figurerait sur une liste grise. Nous y figurons tout de même, et pas d'autres. Avec Didier Reynders, je dis que cela fait sourire que les îles Anglo-Normandes n'y figurent pas. Je souligne encore que nous allons conclure, nous Luxembourgeois, tout comme nos amis belges d'ailleurs, avec qui nous sommes en contact permanent sur ces questions, des accords de double imposition et nous implanterons les standards de l'OCDE sur l'échange d'informations. Ce n'est pas une nouveauté. C'est une confirmation d'une intention que nous avions et qui était connue par tous. Cette liste des paradis fiscaux a ainsi été établie dans la plus grande précipitation.

Marc Vandermeir: Le président Obama a-t-il donné un nouveau ton aux discussions?

Jean-Claude Juncker: M. Obama, lorsqu'il était sénateur, avait introduit une proposition de loi invitant aux sanctions contre les soi-disant paradis fiscaux. Il est cohérent et conséquent. Sauf qu'il ne l'était pas à ses débuts de sénateur parce que jamais il n'aurait dû citer le Luxembourg et d'autres pays européens parmi les paradis fiscaux. Il aurait par contre dû pousser une attention poussée sur les paradis réglementaires que sont le Wyoming, le Delaware et le Nevada.

Marc Vandermeir: L'Europe n'a pas réagi sur ce point, lors du G20?

Jean-Claude Juncker: Les Européens autour de la table du G20 ont été lâches, car ils n'ont pas osé poser les bonnes questions au président américain. C'est plus facile de mettre la Belgique et le Luxembourg sur une liste que d'engager un discours musclé avec M. Obama.

Marc Vandermeir: Des pays européens, ou certaines personnalités, vous ont-elles déçu lors de ce G20?

Jean-Claude Juncker: La présidence tchèque de I'UE a pris la défense de l'Autriche, de la Belgique et du Luxembourg. Mais les autres européens présents ont "omis" de la suivre dans la logique de son exposé. J'ai retenu la leçon, d'ailleurs.

Marc Vandermeir: Laquelle?

Jean-Claude Juncker: Que je ne fais confiance qu'à moi-même.

Marc Vandermeir: C'est un message que vous adressez notamment au président Sarkozy ?

Jean-Claude Juncker: Je le dis comme je le vois: l'Union européenne se met d'accord sur le fait qu'il n'y a lieu de citer aucun Etat membre sur une liste grise, noire ou autre, mais on le fait tout de même. Ce n'est pas la bonne méthode.

Marc Vandermeir: Quelles sont les propositions du Grand-Duché en matière de réglementation des marchés financiers?

Jean-Claude Juncker: Il faut penser aux niveaux européen et mondial. Nous sommes d'avis que les mêmes règles de surveillance et de contrôle doivent s'appliquer à toutes les places financières, où que ce soit. Nous sommes d'avis que la réglementation européenne doit être renforcée. Ce qui ne veut pas dire que nous aurons besoin d'une autorité centralisatrice réglementaire et prudentielle européenne, mais que les mêmes règles soient partout d'application et vérifiables.

Marc Vandermeir: Y a-t-il des négociations en cours sur ce point?

Jean-Claude Juncker: La Commission européenne a fait, sur les agences de notation, des propositions qui viennent d'être adoptées. Nous sommes d'avis que le rapport de Larosière constitue une bonne base de négociations et nous tenons beaucoup, nous, à ce que d'ici à la fin de l'année, l'Union européenne se soit mise d'accord sur de nouvelles règles, sur base de ce rapport. Donc, nous ne faisons ni ne ferons aucune obstruction. Pourquoi le ferions-nous ? Nous demandons que, partout, il y ait les mêmes règles de surveillance.
Marc Vandermeir: Le Luxembourg est-il prêt à faire des concessions dans ce cadre?

Jean-Claude Juncker: Mais pourquoi devrions-nous en faire? Nous avons une réglementation prudentielle de pointe, qui peut être amendée si telle était la position de la Commission. Mais le Luxembourg ne fera rien pour empêcher l'Europe de disposer d'un cadre réglementaire valable pour toutes les places financières. Le Luxembourg n'est pas un problème. Que la Commission téléphone à Londres si elle veut avoir un problème... Nous sommes d'avis que la Banque centrale européenne (BCE) doit jouer un rôle de pointe dans tous les nouveaux systèmes à mettre en place. D'après ce que j'ai compris, nos amis britanniques ne l'envisagent pas de la même façon. Ne me posez donc pas les questions que vous devriez poser au gouvernement britannique...

Marc Vandermeir: Y a-t-il une possibilité et une volonté politique réelles d'encadrer les marchés financiers?

Jean-Claude Juncker: C'est une nécessité absolue. Le monde paie un très lourd tribut au fait de ne pas avoir mis en place un système réglementaire vérifiable pour toutes les places. Il faut absolument le faire, et partout.

Marc Vandermeir: Le résultat mitigé du G20 n'indique-t-il pas une absence de volonté politique?

Jean-Claude Juncker: Ça, je ne dirais pas. Le G20 s'est mis d'accord sur le principe d'encadrement par des réglementations strictes. Donc, je ne veux pas croire un seul instant que cela ne sera pas suivi d'effets. Et nous, non seulement nous ne ferons rien pour l'empêcher, mais nous allons exiger de tous les Etats du G20 qu'ils fassent ce qu'ils ont promis de faire.

Marc Vandermeir: Le politique peut-il vraiment encadrer la finance et l'économie?

Jean-Claude Juncker: Il ne s'agit pas de pratiquer une strangulation qui serait le fait de normes politiques que nous imposerions unilatéralement. Ça veut dire que tout le monde politique, tous les gouvernements, tous les élus doivent fixer les règles à l'intérieur desquelles les acteurs financiers doivent fonctionner. Je crois que la crise financière est notamment due au fait que les principes généraux, les vertus cardinales de l'économie sociale de marché n'ont pas été respectées. Cette mentalité qui voulait qu'on gagne de l'argent sans travailler, qu'on laisse fructifier son argent pendant la nuit, a connu un énorme échec. Cette tendance qui voulait que la déréglementation, la dérégulation, la flexibilisation à outrance deviennent la règle formelle pour un système reposant sur la seule confiance dans les marchés a connu un énorme échec. L'heure est venue de réhabiliter l'économie sociale de marché, dont on n'a pas respecté les principes fondamentaux.

Marc Vandermeir: Les choses auront-elles vraiment changé dès les premiers signes de reprise?

Jean-Claude Juncker: J'ai une crainte: c'est qu'après la reprise, qui viendra sans aucun doute, les vieux réflexes reviennent. C'est pour cela qu'il faut davantage réglementer les marchés avant la fin de la crise. Pour que personne, après la reprise, ne puisse échapper à cette réglementation plus stricte.

Marc Vandermeir: Vous êtes le plus ancien membre du Conseil européen et président de l'Eurogroupe. N'est-il pas décevant pour vous de voir sur quoi a débouché le G20?

Jean-Claude Juncker: Je crois que l'Union européenne a cessé de fonctionner correctement. Nous avons eu, je le répète, un débat au Conseil dont le résultat fut que, dans le communiqué même faisant suite à cette réunion, il y a eu une phrase disant qu'aucun Etat membre ne figurerait sur une liste de paradis fiscaux au G20 de Londres. Avec l'accord, sinon la complicité, de certains Etats membres, la Belgique et le Luxembourg y figurent malgré tout. Ceux qui croient que cela ne portera pas à conséquence se trompent.

Marc Vandermeir: C'est-à-dire?

Jean-Claude Juncker: Si vous avez une stratégie, surtout ne la décrivez pas parce que vous l'aurez alors perdue..."
Jean Vinatier

©SERIATIM 2009

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Source :

http://www.gouvernement.lu/salle_presse/interviews/2009/04-avril/23-pm-libre-belgique/index.html

lundi 27 avril 2009

Wrangler : « We are animals » N°450 - 2eme année


Les jeans Wrangler ont lancé, entre août et décembre 2008, une campagne publicitaire autour de l’idée que les hommes sont avant tout des animaux. On y montre la vie en détail d’une meute à travers ses instincts primaires : se nourrir, se reproduire,, survivre, se regrouper.
Au-delà des commentaires faits autour de l’esthétique, on s’inquiéte de voir présenter les hommes sous cette forme : est-ce un signal pour demain ?
Si nos sociétés se disloquent, ne retournerions-nous pas dans les forets ?


http://www.10ad.org/wrangler-we-are-animals-advertising-campaign/
Dernier détail, l’affiche ci-dessus ne s’inspirerait-elle pas du film Les dieux du stade réalisé en 1936 par Leni Riefenstahl au moment des Jeux olympiques de Berlin en 1936 ?

Jean Vinatier

©SERIATIM 2009

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samedi 25 avril 2009

Mark Twain : « Nous croissons en sagesse à toute allure » N°449 - 2eme année

Faisant la lecture attentive du dernier ouvrage de Marc Fumaroli, Paris-New York et retour, je tombe sur cet extrait superbe tiré d’un livre de Mark Twain (le père de Tom Sawyer), The Innocent abroad (Les innocents en voyage) qui conte sa pérégrination en Europe.

Milan 1869
« Nous avons descendu et remonté à loisir l’une des rues les plus fréquentées de la ville, nous régalant du bien-être de ces gens et rêvant d’en exporter un peu dans les centres commerciaux de chez nous, remuants, précipités, dévoreurs de vitalité. C’est exactement sur ce terrain que réside le charme principal de la vie en Europe, le bien-être. En Amérique, nous sommes pressés, ce qui va bien, mais quand le jour de travail prend fin, nous le poursuivons en calculant nos pertes et nos gains, nous faisons le programme du lendemain, nous emportons même au lit nos soucis d’affaires, et nous nous torturons les méninges au lieu de restaurer par le sommeil notre corps et notre tête tourmentés. Nous brûlons nos énergies à force de répéter ces excitations, et du coup, ou bien nous mourrons tôt, ou bien nous tombons dans un grand âge maigre et faible à un stade de la vie qu’ils appellent en Europe première jeunesse [….] J’envie le bien-être que les Européens savent se donner. Quand le jour de travail est terminé, ils n’y pensent plus. Beaucoup d’entre eux, avec femmes et enfants, vont au café, et là, assis tranquillement et buvant gentiment un pot ou deux de boisson, ils écoutent de la musique ; d’autres badaudent à pied dans les rues, d’autres se promènent en voiture dans les avenues, d’autres s’assemblent au début de la soirée sur une grande place ornementée où ils jouissent du spectacle, respirent le parfum des fleurs, et écoutent le concert d’un orchestre militaire, aucune ville d’Europe n’étant dépourvue au coucher du soleil d’excellente musique militaire. D’autres encore, appartenant au bas peuple, sont assis en plein air devant des buvettes, se régalent de glaces et boivent des rafraîchissements qui ne feraient pas de mal à un enfant. Ils vont au lit ni trop tôt ni trop tard, et ils dorment bien. Ils sont toujours calmes, toujours polis, toujours de bonne humeur, bien dans leur peau, appréciant la vie et ses bienfaits de toutes sortes. On ne voit jamais d’ivrogne parmi eux. La transformation opérée dans notre petit groupe d’Américains est surprenante. Jour après jour, nous nous affranchissons de notre agitation, et nous nous imprégnons de cet esprit de quiétude et d’aisance dont respire la tranquille atmosphère qui nous entoure et qui émane de la manière d’être des gens. Nous croissons en sagesse à toute allure. Nous commençons à comprendre pour quoi la vie est faite. »¹



Jean Vinatier

©SERIATIM 2009

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Source :


Mark Twain, The Innocent abroad, The Library of America, 1984, ch. XIX, p.146-147 in Marc Fumaroli, Paris-New York et retour – Voyage dans les arts et les images, Paris, Fayard, 2009, p.31

vendredi 24 avril 2009

Gaspard Proust fait l’intervieweur :à ne pas manquer ! N°448 - 2eme année

http://www.gaspard-proust.com/videos/


Jean Vinatier

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jeudi 23 avril 2009

AIR FRANCE : un vol dérouté par les Américains N°447 - 2eme année

Sauf erreur, jusqu’à présent, le gouvernement français n’a pas réagi, pas davantage les médias !
Voici in extenso l’article publié par
Le Monde Diplomatique intitulé :
L’homme qui menaçait les Etats-Unis¹

« Samedi 18 avril 2009. Dans cinq heures, le vol Air France 438, en provenance de Paris, atterrira à Mexico. Soudain, la voix du commandant de bord annonce que les autorités américaines interdisent à l’appareil le survol de leur territoire – où il n’est nullement prévu qu’il atterrisse. Parmi les voyageurs, figure une personne qui pose problème « pour des motifs de sécurité nationale ». Le Boeing 747 est dérouté. Son nouveau trajet étant beaucoup plus long, l’avion se pose à Fort-de-France pour refaire le plein de carburant.
Après l’escale en Martinique, le copilote aborde discrètement un passager. « Etes-vous M. Hernando Calvo Ospina ? » Recevant une réponse affirmative, il l’entraîne à l’arrière de l’appareil et lui annonce qu’il est le « responsable » du « détournement ». Colombien exilé en France, journaliste, écrivain, collaborateur du Monde diplomatique, Calvo Ospina se rend au Nicaragua pour ce mensuel. Il a publié de nombreux ouvrages et articles dénonçant la politique du président Alvaro Uribe, le paramilitarisme, le rôle des Etats-Unis en Amérique latine. Comme tout journaliste travaillant sérieusement sur la Colombie, il a eu l’occasion d’interviewer des membres de l’état-major des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). « Ma première réaction, témoigne-t-il, fut d’interroger le co-pilote : “Vous croyez que je suis un terroriste ? ” Il me dit : “Non, et c’est pour cela que je vous préviens.” Il me demanda de ne rien dire à personne, y compris au reste de l’équipage. »
Lors de l’arrivée à l’aéroport de Mexico, avec six heures de retard, Calvo Ospina est intercepté, à la demande des autorités américaines, par des fonctionnaires de police mexicains. Ayant en leur possession une douzaine de feuilles sorties d’une base de données, ceux-ci l’interrogent courtoisement, lui expliquant que, depuis le 11-Septembre, les Etats-Unis ont, dans ce domaine, multiplié leurs demandes de « collaboration ».
Le journaliste doit, entre autres choses, préciser s’il est… catholique. « Je répondis que non, mais que je n’étais pas non plus musulman, connaissant la “dimension dangereuse” qu’a pris cette croyance religieuse aux yeux de certaines polices. » S’il sait utiliser des armes ? « Je n’ai même pas fait le service militaire. Mon unique arme c’est l’écriture. » Relâché le dimanche, à deux heures du matin, il pourra repartir sans problème pour Managua.
Ce détournement paranoïaque, en plein ciel, d’un avion de ligne, au prétexte de la présence d’un passager ne présentant aucun danger – avec un coût faramineux pour Air France (carburant, heures supplémentaires de l’équipage et logement à Mexico des nombreux passagers ayant raté leur correspondance) – attire à nouveau l’attention sur l’accord Bruxelles-Washington qui fait obligation aux compagnies aériennes de permettre au Département à la sécurité intérieure américain un accès électronique à leurs données passagers (Passenger Name Records ; PNR). Beaucoup s’imaginent que cette surveillance ne concerne que les vols à destination des Etats-Unis. Il n’en est rien. Les « services » américains s’intéressent aussi, sans qu’ils le sachent, aux voyageurs de tout avion survolant – quand bien même il ne s’y pose pas – eaux territoriales et territoire américains. Big Brother is, plus que jamais, watching you !
Maurice Lemoine »




Jean Vinatier
©SERIATIM 2009

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Source :
Le Monde diplomatique

1-
http://www.monde-diplomatique.fr/2009/05/LEMOINE/17046

mercredi 22 avril 2009

Emile Verhaeren: "Le moulin" et "Le banquier" N°446 - 2eme année

Emile Verhaeren (1855-1916) et son épouse le peinte Marthe Massin furent un couple célèbre. Ce poète belge flamand, né dans une famille aisée devint un intime des souverains belges. Il aurait pu devenir un aimable poète de cour. Tel ne fut pas le cas. Stefan Sweig, son biographe illustre (Sa vie, son oeuvre -1910), dit qu’il tenta « de représenter toute [son] époque dans son expression physique et intellectuelle. Son lyrisme est le symbole de l’Europe à la fin du siècle précédent et dans son état actuel. C’est une encyclopédie poétique de [son] temps, d’où se dégage l’atmosphère spirituelle de notre monde au tournant du vingtième siècle. »
Voilà Emile Verhaeren qui dépeint le monde moderne (Les villes tentaculaires, Les campagnes hallucinées) s’efforce d’en expliquer le sens et de s’adresser aux générations futures :

« J’aime la violence et terrible atmosphère
Où tout esprit se meut, en notre temps, sur terre
Et les essais et les combats et les labeurs
D’autant plus téméraires
Qu’ils n’ont pour feux qui les éclairent
Que des lueurs. »

Poète moderne par la vision qu’il impose autour de la ville « tentaculaire » laquelle « avec ses bras de pieuvre elle aspire à elle sans discernement toutes les forces de l’univers qui l’environne. »
Le Moulin (1887) peut sembler bien terne comparé aux lignes précédentes mais quoi de plus symbolique que la mort du moulin !
Le second poème,
« Le banquier » extrait du recueil Les forces tumultueuses (1902) ne manque pas d’actualité !

Le moulin

« Le moulin tourne au fond du soir, très lentement,
Sur un ciel de tristesse et de mélancolie,
Il tourne et tourne, et sa voile, couleur de lie,
Est triste et faible et lourde et lasse, infiniment.

Depuis l’aube, ses bras, comme des bras de plainte,
Se sont tendus et sont tombés ; et les voici
Qui retombent encor, là-bas, dans l’air noirci
Et le silence entier de la nature éteinte.

Un jour souffrant d’hiver sur les hameaux morts s’endort,
Les nuages sont las de leurs voyages sombres,
Et le long des taillis qui ramassent leurs ombres,
Les ornières s’en vont vers un horizon mort.

Sous un ourlet de sol, quelques huttes de hêtre
Très misérablement sont assises en rond ;
Une lampe de cuivre est pendue au plafond
Et patine de feu le mur et la fenêtre.

Et dans la plaine immense et le vide dormeur
Elles fixent-les très souffreteuses bicoques !-
Avec les pauvres yeux, de leurs carreaux en loques,
Le vieux moulin qui tourne et, las, qui tourne et meurt
. »

« Le banquier

Sur une table chargée, où les liasses abondent,
Serré dans un fauteuil étroit, morne et branlant,
Il griffonne menu, au long d'un papier blanc ;
Mais sa pensée, elle est là-bas au bout du monde.
__
Le Cap, Java, Ceylan vivent devant ses yeux
Et l'océan d'Asie, où ses mille navires
A l'Est, à l'Ouest, au Sud, au Nord, cinglent et virent
Et, les voiles au clair, rentrent en des ports bleus.
__
Et les gares qu'il édifie et les rails rouges
Qu'il tord en ses forges et qu'il destine au loin
A des pays d'ébène et d'ambre et de benjoin,
A des déserts, où seul encor le soleil bouge ;
__
Et ses sources de naphte et ses mines de fer
Et le tumulte fou de ses banques sonores
Qui grise, enfièvre, exalte, hallucine, dévore
Et dont le bruit s'épand au delà de la mer ;
__
Et les peuples dont les sénats sont ses garants ;
Et ceux dont il pourrait briser les lois futiles,
Si la débâcle ou la révolte étaient utiles
A la marche sans fin de ses projets errants ;
__
Et les guerres vastes dont il serait lui-même-
Meurtres, rages et désespoirs - le seul vrai roi
Qui rongerait, avec les dents des chiffres froids,
Les noeuds tachés de sang des plus ardents problèmes
__
Si bien qu'en son fauteuil usé, morne et branlant,
Quand il griffonne, à menus traits, sur son registre,
Il lie à son vouloir bourgeois le sort sinistre
Et domine le monde, où corne l'effroi blanc.
__
Oh ! l'or ! son or qu'il sème au loin, qu'il multiplie,
Là-bas, dans les villes de la folie,
Là-bas, dans les hameaux calmes et doux,
Dans l'air et la lumière et la splendeur, partout !
Son or ailé qui s'enivre d'espace,
Son or planant, son or rapace,
Son or vivant,
Son or dont s'éclairent et rayonnent les vents,
Son or qui boit la terre,
Par les pores de sa misère,
Son or ardent, son or furtif, son or retors,
Morceau d'espoir et de soleil - son or !
__
Il ignore ce qu'il possède
Et si son monceau d'or excède,
Par sa hauteur, les tours et les beffrois ;
Il l'aime avec prudence, avec sang-froid,
Avec la joie âpre et profonde
D'avoir à soi, comme trésor et comme bien,
Sous la garde des cieux quotidiens,
Le bloc même du monde.
__
Et les foules le méprisent, mais sont à lui.
Toutes l'envient : l'or le grandit.
L'universel désir et ses milliers de flammes
Brûlent leur âme autant qu'ils ravagent son âme ;
Il est celui qui divise le pain Miraculeux du gain.
S'il les trompe, qu'importe,
Chacun revient, après avoir quitté sa porte.
Avec de grands remous
Sa force roule en torrent fou
Et bouillonne et bondit et puis entraîne
- Feuilles, rameaux, cailloux et graines -
Les fortunes, les épargnes et les avoirs
Et jusqu'aux moindres sous que recomptent, le soir,
A la lueur de leur lanterne, Les gens de ferme.
Ainsi, domptant les rois et les peuples et ceux
Dont la puissance pauvre, en ses coffres, expire,
Du fond de son fauteuil usé, morne et boiteux,
Il définit le sort des mers et des empires. »

Jean Vinatier

©SERIATIM 2009

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Sources :


Emile Verhaeren in Les villages illusoires ; précédés de "poèmes en prose" et de la "trilogie noire"; préf. de Werner Lambersy ; lecture de Christian Berg, Eds Labor,Bruxelles
, 1985
Les forces tumultueuses, Eds Palimpseste, Lyon, 2007

Poésie complète, AML –Eds Labor, Bruxelles/Charleroi, 2002-2005

mardi 21 avril 2009

Edito : Nicolas, la peur et la fuite en avant dans un pays énervé N°445 - 2eme année

Hier, gare du Nord, sur les cinq cents manifestants tamouls, 210 ont été interpellés dont 143 placés en garde-à-vue ! Du jamais vu pour une manifestation aussi peu nombreuse. N’allez pas me dire que les quelques bris de vitrines justifient cette répression qui nous ramène au XIXe siècle.
Aujourd’hui, à Nice, au centre des forces policières qu’il juge siennes Nicolas Sarkozy s’est donné à cœur joie dans le tout sécuritaire. Il a tonné comme jamais pour annoncer toute une série d’interdictions qui s’ajoutent à toutes les autres dans d’autres domaines. Outre celle qui concerne le port de la cagoule, la mesure relative aux bandes illustre au plus haut point la direction prise pendant ce quinquennat. Sans avoir défini ce qu’était une bande, le chef de l’Etat décrète que le seul fait d’appartenir à l’une d’elle suffira à vous rendre coupable. De la bande de potes aux gangs, le Président ratisse large et il le fait volontairement. A terme, n’est-ce pas la population dans son entier qui sera assimilée à une bande ?
La cagoule, interdite aux manifestants face aux CRS et aux gardes mobiles transformés en tortues ninja, est symbolique : les citoyens doivent être têtes nues comme des fautifs. Demain imposera-t-on la robe de bure du pénitent ? On en prend le chemin.
La France devient le pays le plus sévère et le plus méfiant de l’Union européenne à l’égard de celles et de ceux qui veulent seulement user du droit constitutionnel de manifester.
Ces mesures annoncées ne risquent-elles pas d’alourdir le climat social et d’ajouter de l’anxiété à la peur du lendemain ? Pourtant, le pouvoir claque des dents devant la montée du chômage et les caisses vides : la Caisse des dépôts elle-même s’avoue contrite devant son déficit historique!
Aujourd’hui la sous-préfecture de l’Oise à Compiègne¹ a été dévastée par les salariés de l’usine Continental alors qu’à Grenoble ceux de Caterpillar rejetaient le protocole signé dimanche dans les locaux de Bercy. Le ton monte. On est au-delà de simples « séquestrations » de patrons et cadres dirigeants. Il suffisait d’écouter le délégué CGT, Xavier Mathieu réagir brutalement aux propos moralisateurs de David Pujadas. :
« nous ne sommes pas des casseurs mais des ouvriers écœurés ». Je ne sais si une « journée des Tuiles » se prépare comme à Grenoble le 7 juin 1788 mais les Français sont à la peine quand le pouvoir agite le seul bâton du gendarme.
Le très populaire animateur Patrick Sébastien (pro-chiraquien) le reprend avec ses termes :
y’en a marre de l’interdit de fumer, de boire …etc. Le pouvoir, au lieu d’assouplir, ne recule devant aucune absurdité : ne vient-il pas de demander aux hôpitaux la suppression des salles de gardes: pourquoi ? A cause des dessins pornographiques !!!!!!!!!!!!!!!!!!! Comment peut-on condamner ces paillardises aussi anciennes que la médecine que les personnels médicaux seuls voient et non les patients ? Peut-être, Roselyne Bachelot regrette-t-elle de n’y être pas pin-up !
Que conclure provisoirement : nous avons assisté à un télescopage complet. D’un côté un chef de l’Etat qui promet à son électorat toutes les sévérités ; de l’autre des salariés qui le défient parce qu’ils n’ont plus rien à perdre. C’est là le drame.

Jean Vinatier

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Note :

1- notons que la préfecture était déjà occupée par les salariés avant même le prononcé du jugement.

lundi 20 avril 2009

Edito : Durban I, II : un hall de Babel N°444 - 2eme année

Ces réunions internationales sur le thème du racisme ont-elles leur raison d’être ? Rassembler autant de pays et par conséquent autant d'histoires en un lieu forcément politique amène assez logiquement à des éclats, à des désordres et des sorties théâtrales.
Le départ des délégations européennes au moment où le président iranien faisait remarquer la politique raciste d’Israël surprend énormément. En effet, depuis 14 mois en commission, les représentants iraniens tiennent des propos identiques sans qu’à un seul moment lesdites délégations ne manifestent une seule désapprobation.
Durban I, en Afrique du Sud, Durban II en Suisse ne se départissent pas de tout ce désordre. On est dans une espèce de tour de Babel où chacun délivre son courroux à sa manière. L’UNESCO, l’institution qui préside à ce genre d’assemblée s’affaiblit.
Cette foire d’empoigne aboutit à décrédibiliser tout le monde. La politique israélienne est-elle raciste quand elle se livre à une guerre totale contre telle ou telle faction palestinienne ? Peut-on affirmer que la politique de Tel Aviv est raciste à l’endroit des Palestiniens ? Elle est diabolique et épouvantable mais repose-t-elle sur un aspect « racial » ? Le sionisme a-t-il pour base le racisme à travers le Retour?
Je crois que nous confondons tout pour le malheur d’un peuple et pour le bonheur de bien des dirigeants. Le gouvernement Nethanyahou qui comprend l’homme d’extrême droite né en Moldavie Avigdor Lieberman en qualité de ministre des Affaires Etrangères défie bien des Etats dont ceux d’Europe ceux-là mêmes qui avaient failli placer, en l’an 2000, l’Autriche hors la loi lors de la victoire de Jorg Haïder !
En 2001 les pays africains avaient provoqué le départ des pays européens au moment de faire reconnaître à l’esclavage un côté racial. Sachant que l’esclavage a été le fait de tous les pays de cette planète était-il juste que seuls quelques-uns revêtent la robe du condamné ? Non.
Au lieu de hauts fonctionnaires internationaux et de délégations ministérielles ne vaudrait-il pas mieux pour aborder ce thème ô combien ! sensible et difficile, nommer des philosophes, des historiens, des écrivains, par exemple, pour enlever le maximum d’électricité politique et avancer sagement ?


Jean Vinatier

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samedi 18 avril 2009

Sarkozy fils de « Soupalognon y crouton» ?¹ N°443 - 2eme année

Le futur du périnée de Nicolas Sarkozy tiendra-t-il en haleine comme en 1686 l’opération de la fistule de Louis XIV ? Rappelons qu’à la suite de l’intervention chirurgicale, Lully aurait composé le célèbre « Dieu sauve le Roi » qui passera La Manche avec le succès que l’on sait. En 2009 que se passera-t-il ? Pour l’heure, nous sommes dans les confidences les plus intimes.
Liberation rapporte les petites phrases assassines, moqueuses de Nicolas Sarkozy sur ses pairs mondiaux, entre deux SMS, autour de la table élyséenne réunissant le « G24 » -12 députés, 12 sénateurs de la majorité et de l’opposition-.
Le propre des dîners ou déjeuners en ville est de médire, de lancer les bruits, les rumeurs, les cabales sur untel ou unetelle. Les Français adorent se livrer à cet exercice, Nicolas Sarkozy est à cet égard bien Français !
Le Président de la République savait parfaitement ce qu’il faisait. Les phrases présidentielles sur les chefs d’Etat et de gouvernement ne sont pas anodines, elles sont parties intégrantes d’une communication qui colle à son caractère.
Depuis mai 2007, le chef de l’Etat se pense le centre de tous les regards. Son activité dans tous les domaines qui vont de la cheville foulée de Madame Michu au changement climatique en passant par la crise mondiale multiforme, ne supporte absolument pas la moindre indifférence. Si elle se produit ou qu’il la croit véritable, il en nourrit une grande détestation et boude à sa façon. Lors du G20, Nicolas Sarkozy s’est senti humilié par Barack Obama qui est passé devant lui sans serrer sa main. Le Président américain voulait-il le blesser ? Après tout, il ne faisait que prendre place pour la photo de « famille » : était-il indispensable qu’il fasse une station devant lui ? C’est à ce genre de fait que l’on mesure plus exactement l’état mental d’un homme politique et, en l’espèce, il ne le flatte pas.
Que le journal
Libération rapporte plus ou moins exactement les propos présidentiels importe relativement peu, on y relève quand même, un état général, une ambiance de fond.
D’où vient cet énervement, cette envie de jeter son fiel ?Retenons parmi d’autres, par exemple l’affaire otanienne.
Nicolas Sarkozy a décidé de son propre chef de faire revenir la France dans les commandements intégrés de l’OTAN à la grande surprise de Georges Bush. Le Président français calculait que rentrer dans cette organisation quand la politique américaine gardait toute sa virulence et tout son bellicisme lui permettrait de jouer le rôle du modérateur, d’avoir donc une position particulière. Or, la présidence Obama considère d’une part que le retour de la France est un fait acquis et rien de plus, d’autre part que sa diplomatie se positionne, pour le moment, sur un axe d’ouverture, de dialogue et d’apaisement. L’OTAN n’est plus cette arme massive et agressive. Dans ce nouveau cadre, la situation de Nicolas Sarkozy perd de sa force et de son intérêt : ne pouvant plus être le « gentil » de l’Alliance, qu’y fera-t-il ? La raideur de la France à propos de l’Iran tranche nettement sur celle des Etats-Unis. Le Président français deviendrait-il le faucon ?
Le silence glacial de Madrid, l’indifférence de Berlin, le haussement d’épaules de Washington, le rire russe sont des moments graves qui n’atteignent pas une majorité de Français qui aiment malencontreusement le côté roi des Halles, fanfaron, jobard.
Si le Président chinois a été épargné, Silvio Berlusconi a reçu les louanges présidentielles, c’est son César ! Etrange car lors du G20 Il cavaliere a pris soin de se faire photographier entre Obama (le dollar) et Medvedev (le gaz), sans Nicolas……


Jean Vinatier

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Note :


1-Dans Astérix en Hispanie, le fils du chef Soupalognon y Crouton, se fige jusqu’à devenir rouge tant qu’il n’obtient pas ce qu’il veut !

jeudi 16 avril 2009

Susan Boyle encore!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! N°442 - 2eme année

Le Royaume-Uni est-il une terre miraculeuse ? Après Joanne K Rowling (Harry Potter), Susan Boyle serait-elle la seconde femme à bouleverser des millions d’êtres humains sur tous les continents ?
Son passage, le 11 avril, dans l’émission
Britain’s got talent, débuté sous les lazzis et les moqueries, cessa dés qu’elle reprit un air de la comédie musicale, Les Misérables, « I dreamed a dream ». Un public transporté, un jury renversé, un audimat qui explose avec plus de 10 millions de téléspectateurs avant qu’Internet fasse le buzz ! Tout le monde effaçait de sa vue, le physique ingrat de Susan Boyle, écossaise, sans fiancé, sans emploi, bénévole dans une église et dont son chat, Pebbles, est la seule consolation. On est presque dans Dickens ! Miracle, elle aime le chant et elle exerce sa voix depuis l’âge de douze ans : a-t-elle impressionné le dimanche à l’office ? Nul ne le sait.
Au-delà de toutes les remarques ci-dessus, quelque chose est survenu mais quoi, on ne saurait encore l’exprimer justement. Ce sont des vitres qui se brisent l’une après l’autre dont les bris transpercent et déchirent les images parfaites. Le public ne s’y trompe pas : toutes générations confondues, il se lève. Plus question de savoir qui est in, qui est out. Non, c’est le miracle de la voix dont la puissance est égale à celle de la plume.
L’enthousiasme des gens ne peut se comparer avec ce qui était advenu lors de la mort de Lady Diana : c’était la disparition tragique d’une image, d’une photographie. Ce soir du 11 avril, rien de tel. Nous avons vu surgir du plus profond d’une femme ce qu’il y avait de plus splendide à l’instar de Joanne K. Rowling qui malgré son malheur émerveillait sa fille par des récits renouvelés telle Shéhérazade.
Dans quelques semaines, une autre star viendra enthousiasmer le public,
Michaël Jackson. Ce dernier peut se targuer d’avoir bien choisi le pays pour remonter sur scène, il est celui des étonnements, des révélations et des contes : Bambi at home ?
La vidéo :

http://www.youtube.com/watch?v=9lp0IWv8QZY

Jean Vinatier

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mercredi 15 avril 2009

Maurice Druon (1918-2009) : maudit et grande famille ? N°441 - 2eme année

Que dire de Maurice Druon, arrière-petit-fils d’Antoine II Cros (1833-1903) dernier roi d’Auricanie et de Patagonie, et neveu de Joseph Kessel (1898-1979) ! Les grandes familles puis les 7 tomes des Rois maudits ont transporté des générations et inspiré des cinéastes tandis que le Chant des partisans réécrit par lui, son oncle Joseph Kessel et in fine par Germaine Sablon, en mai 1943, sur les paroles de la Russe Anna Marly (Anna Betoulinski 1917-2006) place tous les auteurs dans un panthéon splendide ! Ce chant garde toute sa puissance aujourd'hui!
Que dire d’autre sur cet homme célèbre par son conservatisme lors de son ministère rue de Valois (1973-1974) prélude à toutes ses autres interventions.
L’âge ne paraissait pas lui apporter la philosophie, la clémence et l’ouverture sur le monde. N’ayant pas été comme ses ancêtres des aventuriers, des originaux, il s’est installé confortablement dans un fauteuil vert en 1965 puis delà obtint le titre le plus respecté de cette assemblée, secrétaire perpétuel ! Cet enfermement dans les honneurs et les vanités où les ordres dynastiques et nationaux se disputaient la place sur son habit n’attirera guère la clémence des historiens à venir. Loin de toute vision, il voua ses dernières forces à une chimère, la reconstruction du palais des Tuileries. D’humeur sourcilleuse, il échoua à empêcher Valéry Giscard d’Estaing de revêtir l’habit vert coupable de traîtrise envers le Général de Gaulle en 1969, rancœur qu’il transportera sur Jacques Chirac avant de la déposer aux pieds de Nicolas Sarkozy à l’automne 2006.
Cet homme a la forte carrure, l’habit bien coupé, le pas lent, au regard félin le met d’entrée dans un autre temps. Il nous faut l’imaginer jeune officier de cavalerie chargeant à Saumur en tenue d’apparat contre l’ennemi allemand. C’était ou de l’inconscience ou bien un courage inouï. Dans tous les cas, lui et ses camarades par leur vaillance chevaleresque ont donné, si l’on peut dire, des lettres de noblesse à cette drôle de guerre qui couchât 100 000 soldats français. Résistant avec son oncle, en 1942, il opte pour le grand saut en gagnant Londres par des voies détournées, dangereuses. Et c’est dans cette métropole à moitié abattue par les bombes de l’ennemi que surgit d’une ruine, une femme d’origine russe, Anna Betoulinski (Marly) elle-même sortie par miracle de l’enfer de la révolution bolchevique en 1917. Chanteuse, elle composa le
Chant des partisans que le duo Kessel/Druon, francisa en quelque sorte.
Un courage indéniable, un culot aussi puis avec le temps, la volonté de se figer dans une stature de commandeur dont moins en moins de gens saisissent le sens et le but. Autant, l’oncle Kessel eut le goût des explorations, des rencontres insolites comme il le fut lorsqu’il était reporter ; autant le neveu se rogna les ailes, ses mains seules, par l’écriture, répandirent ses admonestations.
Maurice Druon, un homme de grande famille qui réussit à se maudire ? Face à l’oncle, il prit l’exact opposé…pour éviter son ombre ?

Jean Vinatier

©SERIATIM 2009

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Source :

http://french-chanson.narod.ru/chant.html

Version russe par Anna Marly :
http://stengazeta.blogs.courrierinternational.com/anna_marly/

http://academie-francaise.fr/immortels/discours_reception/kessel.html

Susan Boyle: Quelle voix!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! N°440 - 2eme année

Remarquable, émouvant, splendide
Un buzz mondial: 15 millions d'internautes qui ont, déjà, applaudi cette femme surgit d'un petit village.

http://www.youtube.com/watch?v=9lp0IWv8QZY


Jean Vinatier

©SERIATIM 2009

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mardi 14 avril 2009

De Gaulle au Président Lyndon B. Johnson, 7 mars 1966 N°439 - 2eme année

Il est assez étonnant que lors des courts débats au sujet du retour de la France dans les commandements « intégrés » de l’OTAN, la lettre du Général de Gaulle n’ait jamais été citée.
Elle est évidemment remarquable sur le fond, sur la forme.
A ce document, ajoutons le document «
une note au sujet de l’Europe », du 17 juillet 1961 rédigé par le fondateur de la Ve République et qui préparait le choix de 1966.

« Cher Monsieur le Président

Notre Alliance atlantique achèvera dans trois ans son premier terme. Je tiens à vous dire que la France mesure à quel point la solidarité de défense ainsi établie entre quinze peuples libres de l’Occident contribue à assurer leur sécurité et, notamment, quel rôle essentiel jouent à cet égard les Etats-Unis d’Amérique. Aussi, la France envisage-t-elle, dès à présent, de rester, le moment venu, partie au traité signé à Washington le 4 avril 1949. Cela signifie, qu’à moins d’événements qui, au cours des trois prochaines années, viendraient à changer les données fondamentales des rapports entre l’Est et l’Ouest, elle serait, en 1969 et plus tard, résolue tout comme aujourd’hui, à combattre aux côtés de ses alliés au cas ou l’un d’entre eux serait l’objet d’une agression qui n’aurait pas été provoquée.
Cependant, la France considère que les changements accomplis ou en voie de l’être, depuis 1949, eu Europe, en Asie et ailleurs, ainsi que l’évolution de sa propre situation et de ses propres forces, ne justifient plus, pour ce qui la concerne, les dispositions d’ordre militaire prises après la conclusion de l’alliance soit en commun sous la forme de conventions multilatérales, soit par accords particuliers entre le gouvernement français et le gouvernement américain.
C’est pourquoi la France se propose de recouvrer sur son territoire l’entier exercice de sa souveraineté, actuellement entamé par la présence permanente d’éléments militaires alliés ou par l’utilisation habituelle qui est faite de s on ciel, de cesser sa participation aux commandements « intégrés » et de ne plus mettre de forces à disposition de l’OTAN. Il va de soi que, pour l’application de ces décisions, elle est prête à régler avec les gouvernements alliés et, en particulier, avec celui des Etats-Unis, les mesures pratiques qui les concernent. D’autre part, elle est disposée à s’entendre avec eux quant aux facilités militaires à s’accorder mutuellement dans le cas d’un conflit où elle s’engagerait à leurs côtés, et quant aux conditions de la coopération de ses forces et des leurs dans l’hypothèse d’une action commune, notamment en Allemagne.
Sur tous ces points, cher Monsieur le Président, mon gouvernement va donc prendre contact avec le vôtre. Mais, afin de répondre à l’esprit d’amicale franchise qui doit inspirer les rapports entre nos deux pays et, permettez-moi de l’ajouter, entre vous et moi, j’ai tenu, tout d’abord, à vous indiquer personnellement pour quelles raisons, dans quel but et dans quelles limites la France croit devoir, pour son compte, modifier la forme de notre alliance sans en altérer le fond.
Je vous prie de bien vouloir agréer, cher Monsieur le Président, les assurances de ma très haute considération et l’expression de mes très cordiaux sentiments.
Charles de Gaulle
»


Note au sujet de l’Europe, le 17 juillet 1961²

« 1. On parle de l’unité de l’Europe. On dit la vouloir. Il ne peut y avoir d’unité de l’Europe que si l’Europe constitue une entité politique distincte des autres entités, une personnalité. Mais il ne peut y avoir de personnalité de l’Europe, si l’Europe n’a pas sa personnalité au point de vue de sa défense. La défense est toujours à la base de la politique. Quand on ne veut pas « se » défendre, ou bien on est conquis par certains ou bien on est protégé par d’autres. De toute manière, on perd sa personnalité politique, on n’a pas de politique. Si nous préférons cet état de choses, il est tout à fait inutile de prétendre que nous « faisons » l’Europe….Il faut que l’Europe ait sa personnalité dans sa propre défense.
2. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire qu’il lui faut une direction, un plan, des moyens qui soient les siens. Certes, il est naturel et, dans la conjoncture mondiale il est nécessaire qu’elle ait aussi des alliés, c’est-à-dire qu’elle unisse sa défense à celles d’autres pays qui veulent aussi se défendre contre le même adversaire, mais qui, pour le faire, ont eux aussi leur direction, leur plan, leurs moyens à eux. En fait, les Américains.
3. Cette personnalité de défense est d’autant plus indiquée que l’Europe forme un tout stratégique. Elle est le terrain d’une seule et même bataille. L’Amérique peut perdre la bataille de l’Europe sans disparaître, l’Europe ne le peut pas.
Cette personnalité est aussi d’autant plus indiquée que la bataille que livrerait l’Amérique en Europe serait ou bien une bataille atomique, ou bien ne serait qu’une bataille, pour elle, accessoire.
Or, il n’est pas certain du tout que l’Amérique livre en Europe la bataille atomique, à moins que les Soviets n’en prennent l’initiative. Mais, pour l’Amérique , prendre cette initiative c’est décider sa propre mort. En tout cas, pour l’Europe, la bataille atomique, quel que soit celui qui en prenne l’initiative c’est, de toute façon, la mort. Dans cette hypothèse, je conviens que la personnalité et l’unité de l’Europe auraient fort peu d’importance, puisque l’Europe devrait disparaître. Mais, s’il n’y a pas de bataille atomique en Europe, alors, ou bien c’est l’Europe qui défendra elle-même son territoire, ou bien il n’y aura pas pour l’Europe de défense qui tienne.
4. Il y a l’OTAN. Qu’est-ce que l’OTAN ? C’est la somme des Américains de l’Europe et de quelques accessoires. Mais ce n’est pas la défense de l’Europe par l’Europe, c’est la défense de l’Europe par les Américains.
Il faut une autre OTAN. Il faut d’abord créer une Europe qui ait sa défense, que cette Europe soit alliée à l’Amérique.
5. Je propose qu’il soit décidé que notre organe d’étude commun mette sur pied des propositions pour la défense de l’Europe. Direction, plan d’action, moyens.
»





Jean Vinatier
©SERIATIM 2009

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Sources :

1-Annexe IX in Pierre Maillard, De Gaulle et l’Europe entre la nation et Maastricht, Paris, Tallandier, 1995, pp.353-354

2- Annexe IV in ibid, pp. 330-331.

jeudi 9 avril 2009

Moldavie : la suite de « Tintin et le sceptre d’Ottokar » ? N°437 - 2eme année

Tout se passait bien : l’Union européenne avait fait toutes les révérences possibles devant le Président Obama qui, pour toute réponse appuya le dossier de la Turquie, Nicolas Sarkozy cherchait toujours plus de mots pour séduire lors du 60e anniversaire de l’OTAN prés de Strasbourg, entre Russes et Américains, c’était presque l’affection…et patati et patata puis patatra…là-bas au loin entre la Roumanie et l’Ukraine, une élection moldave qui dégénère. Effroi dans les couloirs européens, vite une carte ou pour les plus cultivés l’album d’Hergé, Tintin et le sceptre d’Ottokar, la Syldavie, (la Moldavie) c’est bien chez nous, mince. Manquait plus que cela des Moldaves excités, quelle guigne pourvu que la Bordurie (Russie) n’en profite pas !
La Moldavie se divise en trois, celle partie intégrante de la Roumanie, la seconde ex-république soviétique devenue indépendante mais pro-russe depuis 1991 et la troisième, une longue bande de terrain, la Transnistrie, un état non reconnu qui abrite la XIVe armée russe.
La Moldavie avec la Valachie et la Bessarabie constituèrent, autrefois, de puissantes principautés jusqu’à ce que l’empire Ottoman puis la Russie et l’Autriche-Hongrie, au XVIIIe siècle, ne viennent les affaiblir. Le traité de Paris en 1856 consacra, grâce à Napoléon III, la création de la monarchie roumaine qui entérina la division de la Moldavie entre Bucarest et Saint-Pétersbourg, les Tsars donnant alors à leur possession l’ancien nom de Bessarabie. Perdue en 1918, Staline la récupéra, en 1940 avec l’accord de Hitler, sur le royaume de Carol II¹.
La république moldave est pro-russe : elle refusa de demander son rattachement à la Roumanie et tenta, en 1992, de reprendre la Transnistrie sécessionniste –forte population russo- ukrainienne - ce qui lui valut une sérieuse déculottée…par l’armée russe ! La logique des dirigeants défie toute intelligence. L’actuel Président, Voronine, issu du parti communiste, dernier vainqueur des élections législatives, cherche à se rapprocher de l’Union européenne. Le pays est pauvre, le chômage élevé, la population migre dans les pays voisins.
Assiste-t-on à une réédition des révolutions colorées telle celle d’Ukraine ? Ou bien est-ce tout simplement un dérapage, une exaspération ?
Les discours d’Obama prônent l’apaisement, la fin des tensions inutiles : l’imagine-t-on en train d’encourager en sous main cette révolte ? Serait-ce une réponse américaine à la fermeture de la base de Manas au Kirghizstan ? Ou bien encore une action de quelques officines « faucons » US ?
Si la Roumanie revendique, légitimement, le retour de cette Moldavie dans son giron, prendrait-elle le risque de provoquer une crise euro-russe ?De son côté, l’Ukraine, embourbée politiquement et économiquement, ne peut que s’inquiéter des événements qui la place sous les feux de son voisin moscovite. La Russie est la plus virulente à condamner : la Moldavie avec la Transnistrie sont deux pions avancés qu’elle veut garder sous sa férule.
A priori nous nous trouvons dans une crise inter-moldave² : à l’est cette république gère les tensions avec la Transnistrie et au sud elle concède aux Gagaouzes de langue turque et de rite orthodoxe (patriarcats de Sofia et d’Istanbul) une large autonomie. Les politiques moldaves déploient beaucoup d’énergie à se distinguer des…Roumains tout en restant liés à la Russie. Détail comique les autorités de Chisinau ont édité un dictionnaire moldave-roumain comme on publierait un dictionnaire franco-francilien. Le Russe avec le Français restent les deux langues les plus employées après le Roumain, pardon le Moldave.
Les derniers événements illustrent le paroxysme de cette jeune république qui subit, encore, toute la propagande soviétique sur son identité. Moscou craint, sans doute, que la fin de cette fixation nationaliste, ne conduise une nouvelle génération moldave vers la Roumanie, membre de l’Union européenne depuis janvier 2007.
L’Union européenne et la Russie se retrouvent donc par Moldavie interposée
.

Jean Vinatier

©SERIATIM 2009

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Note :

1-Carol II Hohenzollern-Sigmaringen (1893-1953), 3e roi de Roumanie de 1930 à 1940. Neveu de Carol Ier( 1839-1881-1914) et fils de Ferdinand Ier (1865-1914-1927).
Fidèle à l’alliance franco-britannique, il ouvrira les frontières à l’armée polonaise vaincue lui permettant de gagner Alexandrie et de continuer la guerre. Il est renversé par l’extrême droite, la Garde de fer d’Antonescu.
Son épouse, la reine Hélène, princesse de Grèce (1896-1982) deviendra avec sa tante Alice de Battenberg (1885-1969), mère du duc d’Edimbourg, les seules princesses européennes « Juste parmi les nations »
Son fils, Michel Ier (1921) régnera deux fois, de 1927 à 1930 puis de 1940 à 1947.
Les Hohenzollern-Sigmaringen sont la branche aînée de rite catholique de cette Maison royale. Hitler fera déporter tous les membres de cette branche. Leur château de Sigmaringen servira de résidence au maréchal Pétain et à son entourage en 1944.


Carte :

2-
http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/europe/moldavie-map.htm

Edito : après Pâques gare aux jets d’œufs…. N°436 - 2eme année

Les séquestrations de patrons et de cadres dirigeants par les salariés choquent-elles les Français ? 65% les comprennent sans les approuver. Peu après la mésaventure du fils Pinault coincé dans un taxi par son personnel, le Chef de l’Etat est monté au créneau : il fera respecter le droit ! La belle affaire. De quel droit parle-t-on devant le désespoir et l’angoisse de l’ensemble des salariés ? Le droit est-il en cause lorsque des salariés retiennent leur patron ? C’est le droit à l’emploi qu’ils mettent en avant. Le gouvernement a bien pondu une loi sur le droit opposable au logement, pourquoi pas pour le travail ? Le capitalisme, c’est le profit et rien d’autre. Tout ce qui le tempère et l’humanise vient de la société dont l’Etat et les représentants sociaux et politiques sont des acteurs déterminants.
Les grévistes de Caterpillar ont décliné l’invitation d’aller en délégation à l’Elysée, non pour être reçu par Nicolas Sarkozy mais seulement par son conseiller, Raymond Soubie lequel se flatte de rouler dans la farine tout interlocuteur. Ce refus est à souligner : les femmes et les hommes de Caterpillar s’insurgeant d’être assimilés à des voyous disent au Chef de l’Etat « venez chez nous ». C’est l’arroseur arrosé !
Petit à petit, malgré les prudences journalistiques, les différents conflits (hospitalier, universitaire, industriel…etc) s’enracinent et s’organisent. On notera que les partis politiques sont tous dépassés ou mis sur le bas côté et que les syndicats pensent, à tort, tenir toutes les mailles du filet. Les revendications sociales deviennent des courts ouvrages vendus à la FNAC (et pour cause !) en tête de gondole tel le programme du LKP édité par
la maison d’édition Desnel ou Le manifeste pour les produits de haute nécessité par Galaade éditions. L’insurrection qui vient, publiée par La fabrique cartonne dans les librairies sans que les médias encouragent les ventes par de nombreuses critiques, ils pratiquent l’omerta.
Au-delà des conflits sociaux, les Français constatent que l’Assemblée légifère toujours pour interdire et corseter, ainsi, le projet de loi Hadopi. Les Français notent, également, que les forces du régime tout en étant de plus en plus répressives, ont de plus en plus de mal à contenir les manifestations: à Strasbourg, 10 000 policiers et 1.500 militaires n’ont pas pu empêcher les violences, à Bastia, ce sont 70 policiers qui furent blessés. Que dit Mme Alliot-Marie ? Interdire le port des cagoules !
En fait, le régime sarkozien ne dispose plus de tellement de force, la Guadeloupe, la Martinique, la Réunion restant des chaudrons qui ne demandent qu’à s’enflammer encore.
Jour après jour, les fissures s’ajoutent aux fissures. Sommes-nous à la veille d’une explosion générale, sociale et politique ? Nous sommes entre les mains de l’événement cette flammèche de l’Histoire.

Jean Vinatier

©SERIATIM 2009

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mardi 7 avril 2009

Papillon de Lasphhrise : « Je l’oeilladais mi-nue, échevelée » N°435 - 2eme année

Ce noble de Touraine (1555-1599 ?), militaire de fortune et délicieux poète évoque joyeusement des plaisirs de l’amour tels qu’il les a goûtés. Il eut deux inspiratrices : la première, Théophile, une novice, qu’il ne parvint pas à détourner de sa vocation dont il tira Les amours de Théophile ; la seconde, Noémie qui selon la formule consacrée répondra à son amour. Son recueil, L’Amour passionnée de Noémie –voir les deux poèmes ci-dessous - enchante complètement. Papillon de Lasphrise par sa fougue, sa belle éloquence et son réalisme sans fard, célèbre aussi bien que Ronsard la jeune fille aimée.
Marc Papillon de Lasphrise tomba dans l’oubli jusqu’à sa redécouverte par le professeur Verdun-Louis Saulnier (1917-1980)

1

« Je l'oeilladais mi-nue, échevelée,
Par un pertuis dérobé finement,
Mon cœur battait d'un tel débattement
Qu'on m'eût jugé comme en peur déréglée.
___
Or' j'étais plein d'une ardeur enflammée,
Ore de glace en ce frissonnement.
Je fus ravi d'un doux contentement,
Tant que ma vie en fut toute pâmée.
___
Là folâtrait le beau soleil joyeux,
Avec un vent, Zéphyre gracieux,
Parmi l'or blond de sa tresse ondoyante,
___
Qui haut volante ombrageait ses genoux.
Que de beautés ! mais le destin jaloux
Ne me permit de voir ma chère attente. »


2

« Ha Dieu ! que j'ai de bien alors que je baisotte
Ma jeune folion dedans un riche lit
Ha Dieu ! que j'ai de bien en ce plaisant conflit,
Perdant mon plus beau sang par une douce flotte.
____
Ha Dieu ! que j'ai de bien lorsque je la mignotte,
Lorsque je la chatouille, et lorsqu'elle me rit.
Ha Dieu ! que j'ai de bien quand j'entends qu'elle dit
D'une soufflante voix : " Mon mignon, je suis morte !
___
"Et quand je n'en puis plus, ha Dieu ! que j'ai de bien
De faire la moquette en m'ébattant pour rien.
Ha Dieu ! que j'ai de bien de pinçotter sa cuisse,
___
De lécher son beau sein, de mordre son tétault,
Ha Dieu ! que j'ai de bien en ce doux exercice,
Maniant l'honneur blond de son petit tonneau. »


Jean Vinatier

©SERIATIM 2009

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Sources :

« L’Amour passionnée de Noémie » in Les premières oeuvres poétiques du capitaine Lasphrise avec des poésies de Le Plessis-Prevost, de Sonan, L'Ormois, de Masere, Paris : J. Gesselin, 1597


Les Amours de Théophile et l’Amour passionnée de Noémie.
Ed. crit. par M. Callaghan. Genève, Droz, 1979,

dimanche 5 avril 2009

G20/OTAN : gueule de bois d’Angela et de Nicolas N°434 - 2eme année

Le duo plutôt que le couple franco-allemand n’a-t-il pas connu le désenchantement lors du sommet du G20 ? La question mérite d’être posée.
Le combat de coq mené par la Chancelière et le Président à l’encontre des paradis fiscaux et des pays du secret bancaire doit, sans doute pour Berlin, toute sa vigueur en raison des fortes fraudes fiscales d’Allemands dont la Suisse, le Liechtenstein et le Luxembourg sont les bénéficiaires. Le vitupérant Nicolas Sarkozy sur ce sujet laisse songeur au vu du grand nombre de grandes fortunes et de patrons qui forment son entourage. Les listes, noire, grise, des pays non coopératifs sont un chiffon de papier pour les opinions publiques alors que les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Chine disent d’une seule voix : joker ! Londres n’est-elle pas la première place offshore au monde ?
Les paradis fiscaux et les pays du secret bancaire seraient-ils à l’origine de l’effondrement d’un modèle capitaliste ? Evidemment pas. Le G20 a bien promis de procéder à la mise en place d’une nouvelle régulation pour laquelle Paris et Berlin parlaient de concert : seront-ils gagnants ? Pour l’heure, c’est le mystère et sans doute tout le G20 médite
l’Epitaphe pour M. Law de 1720 :
« Ci-gît cet Ecossais célèbre,
Ce calculateur sans égal,
Qui par les règles de l’algèbre
A mis la France à l’hôpital. »

L’avalanche de milliers de milliards de dollars d’ici 2010 via le FMI indique bel et bien que le plan de relance plaidé par les Etats-Unis a rencontré un franc succès contrecarrant le discours des principaux leaders européens dont l’Allemagne et la France.
Quelles seront les conséquences ?
Le monde reviendrait-il à une division bipolaire : d’un côté les Etats-unis, de l’autre la Chine et derrière elle la Russie, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud et l’Australie - ce qui ne signifie pas que tous les pays cités forment un bloc- ? Où sera l’Union Européenne ? L’importance accordée au FMI à la demande expresse du parti communiste chinois engendrera à court terme une redistribution des cartes au sein de cette institution. Que le FMI soit la première étape dans la création d’une autre monnaie de réserve internationale ou pas, il est évident que les puissances qui compteront seront celles qui disposeront d’une puissance, monétaire, économique et politique incontestable ! Quel sera le poids de l’euro dans le FMI et son futur dans l’Union européenne ? Actuellement, l’avenir de l’euro n’est guère positif. En effet, hormis la Chine et l’Inde nations à croissance forte, le reste du monde tirera la langue, l’Europe en particulier. Pourquoi l’Allemagne et la France ont-elles, d’abord, refusé de se faire les avocats d’un plan de relance d’une grande envergure ? Les gouvernements allemand et français ne se trouvent-ils pas en porte à faux par rapport à leurs autres engagements vis-à-vis des Etats-Unis, ainsi l’exemple de l’OTAN ? Comment peut-on être à la fois dans une politique d’effacement militaire en adhérant à une alliance sous le commandement décisif d’un officier général américain et refuser d’adhérer à un plan de relance économique américain ? Que peut penser le Président Obama d’une telle contradiction ? Pour lui, l’Europe s’étant placée sous la bannière étoilée, elle fait donc partie intégrante de sa force de frappe, économique, monétaire et militaire.
N’a-t-on pas sous les yeux la preuve terrible de l’inexistence européenne ?
Les dispositions rédigées par les membres du G20 soulignent que le monde à venir verrait deux blocs l’un Atlantique, l’autre Pacifique. Quid du rôle européen ? Nicolas Sarkozy a perdu deux fois : en offrant aux Américains le retour complet dans l’OTAN contre peu, en s’inclinant devant la Chine à propos du Tibet :
« dans le respect du principe de non-ingérence, la France récuse tout soutien à l’indépendance du Tibet sous quelque forme que ce soit. »
La politique française menée, sans tenir compte des événements cruciaux, enlève à l’ensemble de l’Europe le peu de crédibilité qui lui restait. Désormais, notre continent n’est plus du tout regardé : ni par les Russes, ni par les Chinois, ni par les Indiens, ni par les Américains. La durée de la récession économique dans les 27 pays aura des conséquences sociales et politiques très dures, très violentes. Les extrêmes de gauche et de droite vont véritablement exploser. Les institutions européennes se montreront obsolètes et négatives auprès des populations, les partis politiques traditionnels ainsi que les syndicats seront démunis et même délégitimés par les citoyens. Tout ce qui restera aux pouvoirs en place sera de policiariser leur régime respectif et de criminaliser les citoyens.
La Chancelière et le Président français sont les grands perdants de ce G20 alors que la Chine et les Etats-Unis mettent dans la balance toute leur puissance respective pour assumer leur rang. Le communiqué du G20 n’annonce pas un avenir radieux puisque nous entrons dans le secouement du monde mais il pose très clairement les rapports de force qui seront indispensables pour garder une identité dans les décennies suivantes.
Que deviendrons-nous ?

Jean Vinatier

©SERIATIM 2009

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Note :


« La citation ci-dessous est extraite du livre de Michel Tauriac, Vivre avec de Gaulle, Les derniers témoins racontent l’homme, Plon, 2008. Le témoignage est celui de Jean Charbonnel, alors secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, Edgar Faure étant devenu ministre de l’Agriculture dans ce gouvernement du Premier ministre Georges Pompidou, le premier du second mandat (décembre 1965) du général de Gaulle à la présidence de la République.


« Le Conseil des ministres se termine. On vient d’expédier les affaires courantes. C’est alors que le Général nous fait part de sa proposition de quitter l’OTAN, après avoir, précise-t-il, examiné le problème non seulement avec le Premier ministre qui est en face de lui, mais avec le ministres des Armées et le ministre des affaires étrangères. (Une décision qui deviendra effective le 10 mars.) Et d’élever ensuite la réflexion au niveau de l’indépendance nationale qu’il faut affirmer sans se lasser, de la paix dans le monde, dont notre force de dissuasion, désormais confortée, doit être une des garanties. Puis de conclure : “Si vous acceptez, vous pourrez avoir la fierté d’avoir assuré la paix pour vos enfants. Il ne s’agit pas de quitter l’Alliance atlantique. Les Américains sont et restent alliés. Je l’ai montré quand il le fallait. Mais on ne peut pas être des sujets. Donc je vous propose cette décision.” Et il ajoute: “Bien entendu, elle est grave. Elle peut mettre un certain nombre de choses en cause pour vous. Ceux qui ne l’acceptent pas peuvent tout à fait démissionner du gouvernement.” Silence de mort. Alors, on voit une main qui se lève. A côté de moi, mon Missoffe me glisse: “Ca y est, Edgar s’en va.” Le ministre de l’Agriculture prend la parole: “Monsieur le président de la République [Edgar Faure est le seul à s’obstiner à ne pas l’appeler “mon général”], Je tenais à vous remercier de la décision que vous nous proposez, à laquelle j’adhère totalement parce que, vous le savez, président du Conseil de la IVe République — si mes collègues Guy Mollet ou Pierre Pflimlin étaient présents, ils pourraient le dire également —, nous avons été humiliés par les Américains. Vous nous avez rendu notre dignité.” Pour une fois, Edgar ne l’a pas agacé.»¹

Source :

1-
http://www.dedefensa.org/article-pour_cause_de_dignite_03_04_2009.html

samedi 4 avril 2009

Saint-John Perse: “Le Poète.…sur la chaussée des hommes...” N°433 - 2eme année

Hitler l’appelait le « martiniquais sautillant » ! Erreur, chancelier ! Saint-John Perse (Alexis Leger, 1887-1975) a vu le jour à la Guadeloupe.
Pour sa biographie : voir la fiche sur Wikipedia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mus%C3%A9e_Saint-John_Perse

Ci-dessous un poème extrait de Vents (cycle américain) fort beau sur la place du poète :

«Telle est l’instance suprême où le Poète a témoigné.
En ce point extrême de l’attente, que nul ne songe à regagner les
chambres.
Enchantement du jour de sa naissance….Le vin nouveau n’est pas plus vrai, le lin n’est pas plus frais…
« Quel est le goût d’airelle sur ma lèvre d’étranger, qui m’est chose nouvelle et m’est chose étrangère ?….
« A moins qu’il ne se hâte, en perdra trace mon poème…Et vous aviez si peu de temps pour naître à cet instant… »

(Ainsi quand l’Officiant s’avance pour les cérémonies de l’aube, guidé de marche en marche et assisté de toutes parts contre le doute – la tête glabre et les mains nues, et jusqu’à l’ongle, sans défaut – c’est un très prompt message qu’émet aux premiers feux du jour la feuille aromatique de son être)

Et le Poète aussi est avec nous, sur la chaussée des hommes de son temps.
Allant le train de notre temps, allant le train de ce grand vent.
Son occupation parmi nous : mise en clair des messages. Et la réponse en lui donnée par illumination du cœur.
Non point l’écrit, mais la chose même. Prise en son vif et dedans son tout.
Conservation non des copies, mais des originaux. Et l’écriture du poète suit le procès-verbal.
(Et ne l’ai-je pas dit ? les écritures aussi évolueront. –Lieu du propos : toutes grèves de ce monde.)
« Tu te révéleras, chiffre perdu !…Que trop d’attente n’aille énerver
« L’usage de notre ouïe ! nulle impureté souiller le seuil de la vision !… »
Et le Poète encore est avec nous, parmi les hommes de son temps de son mal….
Comme celui qui a dormi dans le lit d’une stigmatisée, et il en est tout entaché,
Comme celui qui a marché dans une libération renversée, et il en est comme souillé,
Homme infesté du songe, homme gagné par l’infection divine,
Non point de ceux qui cherchent l’ébriété solanée- belladone ou jusquiame,
De ceux qui prisent la graine ronde d’Ologhi mangée par l’homme d’Amazonie,
Yaghé, liane du pauvre, qui fait surgir l’envers des choses-ou la plante Pi-lu,
Mais attentif à sa lucidité, jaloux de son autorité, et tenant clair au vent le plein midi de sa vision :

« Le cri ! le cri perçant du dieu ! qu’il nous saisisse en pleine foule dans les chambres,
« Et par la foule propagée qu’il soit en nous répercuté jusqu’aux limites de la perception…
« Une aube peinte sur les murs, muqueuse en quête de son fruit, ne saurait nous distraire d’une telle adjuration ! »
Et le Poète encore est parmi nous…Cette heure peut-être la lumière, cette minute même, cet instant !….Et nous avons si peu de temps pour naître à cet instant !
« ….Et à cette pointe extrême de l’attente, où la promesse elle-même se fait souffle.
« Vous feriez mieux vous-même de tenir votre souffle…Et le Voyant n’aura-t-il pas sa chance ? l’Ecoutant sa réponse ?…. »
Poète encore parmi nous…Cette heure peut-être la dernière….
cette minute même !…cet instant ! »

-« Le Cri ! le cri perçant du dieu sur nous !
»¹




Jean Vinatier

©SERIATIM 2009

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Sources :

1-In Vents, III, 6, Paris, Gallimard, 1993

http://www.fondationsaintjohnperse.fr/html/loeuvre_04.htm