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jeudi 30 avril 2009

Barack Obama et la période des cent fleurs au monde N°454 - 2eme année

Cent jours ! Le nouveau Président jouit d’une faveur inédite parmi son peuple et il dispose d’une grande popularité sur tous les autres continents. Il règne une atmosphère singulière à la Maison Blanche avec Bo, le nouveau toutou, qui court avec son jeune maître dans les couloirs. Pendant ce temps, son épouse Michelle ramasse les fleurs, entourée de ses enfants. Nous baignons dans l’irénisme de la Maison enchantée !
Tous les déplacements présidentiels, en Europe, en Orient, dans l’ensemble Amérique Latine/ Caraïbe ont été placés sous le signe de l’apaisement, de l’écoute, de messages dits par Barack Obama le sourire éclatant. Quelle joie, le nouveau César est aimable, attentionné, enfin, jouir à Rome sans se cacher…Pâmoisons des bobos !
A l’intérieur des Etats-Unis, il y a bien les gangs mexicains situés tout le long du Rio Grande qui se livrent à des guerres sans merci et qui poussent des pointes jusqu’à Chicago. Ils inquiètent, de part et d’autre les états-majors mexicano-étatsunien qui prévoient des opérations puissantes tandis que les Texans reparlent de leur indépendance et que les groupes extrémistes éclosent à un rythme peu réjouissant. Sur le plan social, les files de chômeurs s’allongent, l’économie impériale bat de l’aile mais, ô miracle, Wall Street fait entonner depuis quelques semaines le grand air du Printemps, les banques se remettent à combiner comme avant, tout le monde applaudit et les Bourses montent se moquant de tous les nuages noirs à l’horizon.
S’il n’y avait pas cette grippe mexicaine, les cent jours d’Obama seraient merveilleux. Mais, voilà qu’un virus apparu soudainement, progresse rapidement sur le point de faire déclencher une alerte à la pandémie !
Bien évidemment Barack Obama sait parfaitement la partition qu’il joue. Il a su avec intelligence utiliser les antagonismes pour se placer sur l’échiquier international, national. Il n’ignore pas que cette période des cent fleurs se termine. Le moment de trancher dans le vif ne tardera plus. D’ailleurs, ne vient-il pas de l’annoncer à la télévision : reconstruire les Etats-Unis ne se fera pas sans peine, ni douleur….
Toute popularité est de cristal, la sienne est-elle un leurre ? Qu’a-t-il réellement accompli pour la mériter ? Pas grand-chose si ce n’est de supprimer Guantanamo, de dénoncer les tortures pratiquées par la CIA et de se garder de contester la toute puissance de Wall Street. S’il veut « reconstruire » son pays, il aura forcément le « monde de la finance » contre sa personne. En effet tous ces banquiers ne pensent qu’à une seule chose, un nouvel eldorado mondial où le dollar illuminerait et les souffrances du peuple Américain seront un boulet encombrant.
Lors du dernier sommet Caraïbe/Amérique Latine, les dirigeants de ces nations ont bien fait sentir qu’ils cessaient de tenir le rôle d’aimables domestiques. Le Brésil et l’Argentine jouent à fond les relations Sud-Sud avec l’Asie. Mettre un terme au blocus inutile contre Cuba confortera certes la bonne image de Barack Obama mais rien de plus. La Chine, l’Inde, la Russie jouent d’égal à égal avec Washington. La Turquie comprend à merveille sa position géostratégique et elle entend bien assumer sa partition. L’Union européenne, seule, ronronne lovée entre les pattes de l’Oncle Sam : elle a renoncé à l’Histoire pour jouir, espère-t-elle, de la bienfaisance économique qui ne manquera plus d’arriver depuis l’autre rive de l’Atlantique.
Le pari de Barack Obama est, en effet, dans le redémarrage industriel des Etats-Unis. Or, la dynamique économique est passée à l’Est et au Sud qui concentrent toutes les énergies créatives.
Entre les réformes intérieures et la prise en considération des nouveaux rapports de force à l’extérieur, il y aura, à un moment, une phase de déséquilibre qui pourrait être la source de tensions inquiétantes. Si l’on regarde bien, Barack Obama aurait bien besoin d’une Union européenne comme puissance politique si celle-ci n’avait, semble-t-il, définitivement dit non à ce rôle. Pour l’Europe, les Etats-Unis égalent Wall Street, point barre !
Plus que tout autre, Barack Obama sait qu’il ne peut échouer dans sa reconstruction des Etats-Unis d’où la comparaison avec Gorbatchev. Ne redoute-t-il pas qu’une fois les fleurs tombées ne restent que les épines ?

Jean Vinatier

©SERIATIM 2009

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