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mardi 21 avril 2009

Edito : Nicolas, la peur et la fuite en avant dans un pays énervé N°445 - 2eme année

Hier, gare du Nord, sur les cinq cents manifestants tamouls, 210 ont été interpellés dont 143 placés en garde-à-vue ! Du jamais vu pour une manifestation aussi peu nombreuse. N’allez pas me dire que les quelques bris de vitrines justifient cette répression qui nous ramène au XIXe siècle.
Aujourd’hui, à Nice, au centre des forces policières qu’il juge siennes Nicolas Sarkozy s’est donné à cœur joie dans le tout sécuritaire. Il a tonné comme jamais pour annoncer toute une série d’interdictions qui s’ajoutent à toutes les autres dans d’autres domaines. Outre celle qui concerne le port de la cagoule, la mesure relative aux bandes illustre au plus haut point la direction prise pendant ce quinquennat. Sans avoir défini ce qu’était une bande, le chef de l’Etat décrète que le seul fait d’appartenir à l’une d’elle suffira à vous rendre coupable. De la bande de potes aux gangs, le Président ratisse large et il le fait volontairement. A terme, n’est-ce pas la population dans son entier qui sera assimilée à une bande ?
La cagoule, interdite aux manifestants face aux CRS et aux gardes mobiles transformés en tortues ninja, est symbolique : les citoyens doivent être têtes nues comme des fautifs. Demain imposera-t-on la robe de bure du pénitent ? On en prend le chemin.
La France devient le pays le plus sévère et le plus méfiant de l’Union européenne à l’égard de celles et de ceux qui veulent seulement user du droit constitutionnel de manifester.
Ces mesures annoncées ne risquent-elles pas d’alourdir le climat social et d’ajouter de l’anxiété à la peur du lendemain ? Pourtant, le pouvoir claque des dents devant la montée du chômage et les caisses vides : la Caisse des dépôts elle-même s’avoue contrite devant son déficit historique!
Aujourd’hui la sous-préfecture de l’Oise à Compiègne¹ a été dévastée par les salariés de l’usine Continental alors qu’à Grenoble ceux de Caterpillar rejetaient le protocole signé dimanche dans les locaux de Bercy. Le ton monte. On est au-delà de simples « séquestrations » de patrons et cadres dirigeants. Il suffisait d’écouter le délégué CGT, Xavier Mathieu réagir brutalement aux propos moralisateurs de David Pujadas. :
« nous ne sommes pas des casseurs mais des ouvriers écœurés ». Je ne sais si une « journée des Tuiles » se prépare comme à Grenoble le 7 juin 1788 mais les Français sont à la peine quand le pouvoir agite le seul bâton du gendarme.
Le très populaire animateur Patrick Sébastien (pro-chiraquien) le reprend avec ses termes :
y’en a marre de l’interdit de fumer, de boire …etc. Le pouvoir, au lieu d’assouplir, ne recule devant aucune absurdité : ne vient-il pas de demander aux hôpitaux la suppression des salles de gardes: pourquoi ? A cause des dessins pornographiques !!!!!!!!!!!!!!!!!!! Comment peut-on condamner ces paillardises aussi anciennes que la médecine que les personnels médicaux seuls voient et non les patients ? Peut-être, Roselyne Bachelot regrette-t-elle de n’y être pas pin-up !
Que conclure provisoirement : nous avons assisté à un télescopage complet. D’un côté un chef de l’Etat qui promet à son électorat toutes les sévérités ; de l’autre des salariés qui le défient parce qu’ils n’ont plus rien à perdre. C’est là le drame.

Jean Vinatier

©SERIATIM 2009

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Note :

1- notons que la préfecture était déjà occupée par les salariés avant même le prononcé du jugement.

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