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jeudi 9 avril 2009

Moldavie : la suite de « Tintin et le sceptre d’Ottokar » ? N°437 - 2eme année

Tout se passait bien : l’Union européenne avait fait toutes les révérences possibles devant le Président Obama qui, pour toute réponse appuya le dossier de la Turquie, Nicolas Sarkozy cherchait toujours plus de mots pour séduire lors du 60e anniversaire de l’OTAN prés de Strasbourg, entre Russes et Américains, c’était presque l’affection…et patati et patata puis patatra…là-bas au loin entre la Roumanie et l’Ukraine, une élection moldave qui dégénère. Effroi dans les couloirs européens, vite une carte ou pour les plus cultivés l’album d’Hergé, Tintin et le sceptre d’Ottokar, la Syldavie, (la Moldavie) c’est bien chez nous, mince. Manquait plus que cela des Moldaves excités, quelle guigne pourvu que la Bordurie (Russie) n’en profite pas !
La Moldavie se divise en trois, celle partie intégrante de la Roumanie, la seconde ex-république soviétique devenue indépendante mais pro-russe depuis 1991 et la troisième, une longue bande de terrain, la Transnistrie, un état non reconnu qui abrite la XIVe armée russe.
La Moldavie avec la Valachie et la Bessarabie constituèrent, autrefois, de puissantes principautés jusqu’à ce que l’empire Ottoman puis la Russie et l’Autriche-Hongrie, au XVIIIe siècle, ne viennent les affaiblir. Le traité de Paris en 1856 consacra, grâce à Napoléon III, la création de la monarchie roumaine qui entérina la division de la Moldavie entre Bucarest et Saint-Pétersbourg, les Tsars donnant alors à leur possession l’ancien nom de Bessarabie. Perdue en 1918, Staline la récupéra, en 1940 avec l’accord de Hitler, sur le royaume de Carol II¹.
La république moldave est pro-russe : elle refusa de demander son rattachement à la Roumanie et tenta, en 1992, de reprendre la Transnistrie sécessionniste –forte population russo- ukrainienne - ce qui lui valut une sérieuse déculottée…par l’armée russe ! La logique des dirigeants défie toute intelligence. L’actuel Président, Voronine, issu du parti communiste, dernier vainqueur des élections législatives, cherche à se rapprocher de l’Union européenne. Le pays est pauvre, le chômage élevé, la population migre dans les pays voisins.
Assiste-t-on à une réédition des révolutions colorées telle celle d’Ukraine ? Ou bien est-ce tout simplement un dérapage, une exaspération ?
Les discours d’Obama prônent l’apaisement, la fin des tensions inutiles : l’imagine-t-on en train d’encourager en sous main cette révolte ? Serait-ce une réponse américaine à la fermeture de la base de Manas au Kirghizstan ? Ou bien encore une action de quelques officines « faucons » US ?
Si la Roumanie revendique, légitimement, le retour de cette Moldavie dans son giron, prendrait-elle le risque de provoquer une crise euro-russe ?De son côté, l’Ukraine, embourbée politiquement et économiquement, ne peut que s’inquiéter des événements qui la place sous les feux de son voisin moscovite. La Russie est la plus virulente à condamner : la Moldavie avec la Transnistrie sont deux pions avancés qu’elle veut garder sous sa férule.
A priori nous nous trouvons dans une crise inter-moldave² : à l’est cette république gère les tensions avec la Transnistrie et au sud elle concède aux Gagaouzes de langue turque et de rite orthodoxe (patriarcats de Sofia et d’Istanbul) une large autonomie. Les politiques moldaves déploient beaucoup d’énergie à se distinguer des…Roumains tout en restant liés à la Russie. Détail comique les autorités de Chisinau ont édité un dictionnaire moldave-roumain comme on publierait un dictionnaire franco-francilien. Le Russe avec le Français restent les deux langues les plus employées après le Roumain, pardon le Moldave.
Les derniers événements illustrent le paroxysme de cette jeune république qui subit, encore, toute la propagande soviétique sur son identité. Moscou craint, sans doute, que la fin de cette fixation nationaliste, ne conduise une nouvelle génération moldave vers la Roumanie, membre de l’Union européenne depuis janvier 2007.
L’Union européenne et la Russie se retrouvent donc par Moldavie interposée
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Jean Vinatier

©SERIATIM 2009

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Note :

1-Carol II Hohenzollern-Sigmaringen (1893-1953), 3e roi de Roumanie de 1930 à 1940. Neveu de Carol Ier( 1839-1881-1914) et fils de Ferdinand Ier (1865-1914-1927).
Fidèle à l’alliance franco-britannique, il ouvrira les frontières à l’armée polonaise vaincue lui permettant de gagner Alexandrie et de continuer la guerre. Il est renversé par l’extrême droite, la Garde de fer d’Antonescu.
Son épouse, la reine Hélène, princesse de Grèce (1896-1982) deviendra avec sa tante Alice de Battenberg (1885-1969), mère du duc d’Edimbourg, les seules princesses européennes « Juste parmi les nations »
Son fils, Michel Ier (1921) régnera deux fois, de 1927 à 1930 puis de 1940 à 1947.
Les Hohenzollern-Sigmaringen sont la branche aînée de rite catholique de cette Maison royale. Hitler fera déporter tous les membres de cette branche. Leur château de Sigmaringen servira de résidence au maréchal Pétain et à son entourage en 1944.


Carte :

2-
http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/europe/moldavie-map.htm

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