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lundi 29 octobre 2018

« Mais Hesse possible ? » N°4563 12e année


La chancelière de retour de Turquie où elle participa à une réunion d’information russo-turque sur Idleb en compagnie du président français, aura à assumer le plus mauvais résultat de la CDU en Hesse depuis cinquante ans. Avec 26,9 ou 27% des voix et 19,6 ou 19,7%  pour les Verts, la coalition obtient de justesse la majorité simple et laisse entrer l’AFD avec 13,2% qui, par ce score est désormais présent dans tous les lands de Germanie. Quant au SPD avec 19,8 %, il enregistre un résultat piteux : la GroKo le lamine à grande vitesse.
Angela Merkel abordera donc le congrès de la CDU en décembre en situation de faiblesse quoique très décidée à aller jusqu’aux élections européennes. Le SPD le lui permettra-t-il ? Après les revers en Bavière puis en Hesse, quel sera son score en mai prochain pour le renouvellement du parlement à Strasbourg ? Si la grogne est grande, qui prendra le risque d’effondrer la coalition, de provoquer des élections législatives anticipées ? L’Allemagne aborde donc la campagne des européennes divisée, fragilisée, la colère sourde traversant l’ensemble des partis et le  plus important les Allemands. Pour le Président français, l’affaissement constant de la chancelière qui est un renvoi d’éclairage sur son propre état et au lendemain d’une tournée sans relief dans le camp dit de Visegrad, l’hiver s’annonce rigoureux et long. Peut-être que le plus grand service que la chancelière pourrait rendre à la cause des progressistes serait de partir…..
Les Grünes grappillent lestement et promptement les suffrages des déçus de la GroKo apparaissant comme une solution de rechange pour le cas où de nouvelles consultations nationales interviendraient. D’ailleurs leur succès est vu, désormais par Emmanuel Macron, comme un danger possible si  les Verts se mettaient à copier leurs homologues rhénans.
Ce soir, l’Allemagne politiquement n’est plus le pôle stable, certains diront même plus un pôle.
Où que nous portions le regard sur l’ensemble de l’Union européenne, les fissures, les crevasses sont les nouveaux reliefs.
Les élections européennes, chaque semaine passant, s’annoncent de plus en plus explosives avec des « progressistes » sans ordre, des souverainistes non ligués, et ici et là de nouveaux partis populistes qui surgissent, le dernier en date en Espagne, Vox dont le premier rassemblement à Madrid a réuni plus de 15000 personnes…
Une République en marche qui tourbillonne, une GroKo devenue écueil, le duo franco-allemand est-il de Charybde en Sylla ?


Jean Vinatier
Seriatim 2018

jeudi 25 octobre 2018

Ignaz Holzbauer (1711-1783) un viennois qui précéda Mozart N°4562 12e année

Une bien élégante Missa en C-major Jean Vinatier
Seriatim 2018

Khashoggi : enlèvement au sérail N°4561 12e année


L’assassinat de Jamal Khashoggi dans l’enceinte du consulat saoudien en Turquie, par sa soudaineté et sa violence, est typique de l’issue d’une intrigue dans le sérail. Jamal Khashoggi est né dans une famille dite ottomane, attaché à la personne du souverain saoudien, son père étant son médecin personnel, neveu du célèbre milliardaire éponyme des années 70/80 et cousin de Dodi El Fayed, feu compagnon de la princesse de Galles. La prospérité de la famille Khashoggi, directement liée à son rang dans le sérail ne tient que par son allégeance que l’actuel prince héritier, MBS, a jugé rompu et brisé à la lecture des articles écrits et publiés par Jamal Khashoggi dans le Washington Post. Ce dernier devant se marier et croyant jouir d’une protection presque princière s’est rendu dans ce consulat sans songer un seul instant qu’il y périrait atrocement.  
Ce fait intervenu, il faut s’interroger sur le pourquoi d’une onde mondiale. Quand la Chine décide de l’arrestation et de la mise au secret du directeur d’Interpol personne ne moufte, pas même une ONG. Pourquoi d’un coup d’un seul l’assassinat de Jamal Khashoggi le hisse-t-il au rang d’Albert Londres ? Jusqu’à présent aucun écrit n’a été publié dans ce sens. Jamal Khashoggi travaillait au Washington Post, pro-démocrate entre les mains de la famille Graham. Sachant l’importance des liens très renforcés par le Président Trump avec le nouvel homme fort de Ryad, MBS, le Washington Post aurait encouragé la publication d’articles très critiques sur la dérive du gouvernement saoudien afin d’embarrasser le successeur d’Obama mais sans penser que l’ire saoudienne aboutirait à l’assassinat de son journaliste. Cette élimination intervenue, l’occasion aurait été jugée excellente d’en optimiser la publicité, nombre de médias étant hostiles à Trump. Rampe de lancement publicitaire alimentée par le Président Erdogan qui déteste l’Arabie Saoudite et soutient le Qatar et relevant l’origine ottomane de la famille Khashoggi le considère comme Turc. On aurait donc assisté à la conjonction de trois éléments, le premier, le terme d’une colère au sein sérail saoudien, le second d’un journal démocrate voulant empêtrer Trump avec l’Arabie Saoudite à la veille des mid-terms, le troisième l’occasion saisie au vol par le président turc ravi de montrer aux Américains qu’il était infiniment plus présentable que les Saoudiens exécrés, escomptant un adoucissement de la politique de Washington à son égard et la confirmation de son rang dans cet Orient où la Syrie est centrale via Idlib.
Si le destin de Jamal Khashoggi est scellé, celui de MBS est en suspens. Au Capitole, à la veille des élections cruciales pour Donald Trump, démocrates mais aussi quelques républicains découvrent l’horreur de la guerre au Yémen voulue par l’actuel homme fort de Ryad et s’effraient de la famine annoncée. Voilà des années que cette guerre atroce se déroule dans une indifférence générale, Bachar Al-Assad et Vladimir Poutine étant les seuls à soulever les ires des bienpensants. Si on y voit trop de postures, il faut regarder que le possible affaiblissement de l’Arabie Saoudite ou même son effondrement bouleverserait une fois encore l’Orient, une éventualité qui ne remet pas en cause par l’Espagne et la France la poursuite des ventes militaires à ce royaume. C’est peu dire que tout le monde escompte un retour à l’ordre sauf, sans doute l’Iran vis-à-vis des Arabes chiites du royaume et le Qatar et ses alliés péninsulaires (Oman, EAU) qui pourraient empêcher par leur ligue une guerre d’Ormuz.
Comme on le voit une simple décision d’éliminer un membre du sérail jugé traitre à son allégeance réveillerait pour des raisons différentes, des rivalités profondes parmi les milliers de princes de la maison de Séoud, des calculs, politiciens aux Etats-Unis, régionaux pour la Turquie et l’Iran, locaux pour des Etats de la péninsule arabique avec par-dessus des contrats militaires et le poids de l’actionnariat saoudien dans des multinationales. On s’aperçoit, enfin et surtout, que l’équilibre  ou ordre géopolitique est on ne peut plus de porcelaine.

Jean Vinatier
Seriatim 2018

mardi 23 octobre 2018

Centenaire 1918, biffer Pétain, ne pas déplaire à la chancelière ? N°4560 12e année


Jean-Dominique Merchet a indiqué qu’Emmanuel Macron n’entendait pas donner un caractère trop militaire au centenaire de la victoire des alliés sur les empires centraux (Allemagne/Autriche-Hongrie/Ottoman) et qu’il tenait à offrir une place particulière à l’actuelle chancelière Angela Merkel.
Il a été décidé également que contrairement au souhait de l’Etat-major, la France ne rendrait pas hommage aux généraux futurs maréchaux de France acteurs de la Grande guerre.
Quel sens donner au centenaire de la victoire alliée en 1918  qui aboutit à la seule signature de l’armistice à Rethondes et où, apparaîtrait, rapidement, que la France et l’Allemagne se placeraient « entre deux guerres » ? La difficulté à célébrer le centenaire de l’armistice tient justement au fait qu’il ne s’agissait pas d’une reddition mais d’un arrêt. Il faudra attendre le traité de Versailles pour que l’Allemagne assume aux yeux des vainqueurs sa responsabilité dans le conflit mondial. L’armistice de 1918 est un acte militaire qui doit être approché et considéré comme tel et si le gouvernement français opte pour le commémorer cent ans après, il est logique que l’armée y occupe toute la place et par conséquent que les souvenirs des poilus et les généraux/maréchaux y tiennent le devant. On ne peut gommer toutes les souffrances endurées, les générations actuelles doivent s’en souvenir dans le cadre de cérémonies de concert avec, notamment l’Allemagne, afin de rappeler qu’enclencher une guerre n’est en aucun cas un acte anodin. Louis XIV ne fit-il pas inscrire sur les canons : Ultime argument des rois ?
S’agissant de ne pas honorer les généraux français sous le prétexte que le général Pétain, plus tard maréchal, assumera le régime de Vichy avec toutes les conséquences que l’on sait, ne semble pas heureux. Outre le fait qu’on exclut les généraux et amiraux britanniques et allemands présents dans le fameux wagon, l’aura du général Pétain à Verdun date de cette époque, du rôle qu’il y tint et même si ce prestige acquis lui permit d’accéder au maréchalat puis à des postes politiques avant de prendre la tête d’un régime soumis à l’Occupant, il est nécessaire de tenir compte de ce que nous choisissons de commémorer : l’armistice de 1918. Et le général Pétain, parmi d’autres officiers généraux y a toute sa place. On ne voit pas en quoi respecter une chronologie historique dans le premier conflit mondial du XXe siècle soulèverait une polémique parce que Philippe Pétain serait parmi ses pairs d’alors ? Il ne serait pas exonérer de l’Etat français.  
Un chef de l’Etat n’est pas un particulier, il doit savoir être au-dessus et ne pas s’embourber dans les émotions et les confusions pour complaire aux uns et aux autres.
S’abstenir de toute parade militaire pour ne pas froisser la chancelière allemande obéit à une incapacité à assumer ce que l’on commémore à savoir un armistice dans un conflit armé. S’il est logique de préparer cette cérémonie anniversaire de concert avec tous les belligérants, y renoncer, est une manière de nier ce que l’on prétend célébrer, d’apprendre, également, qu’Emmanuel Macron, chef des armées ne sera pas présent aux Invalides parmi les soldats ajoute au doute.  Le gouvernement perd l’occasion de rappeler aux générations actuelles ce que représente l’outil militaire, de toute sa place dans l’exercice et la maîtrise de la souveraineté nationale. Le gouvernement français pense-t-il les Allemands oublieux de leur gloire militaire ? De même que les Britanniques ?
Le centenaire de l’armistice devrait être celui du souvenir à l’ombre des drapeaux, dans le respect des uns et des autres cent ans après, de ne pas biffer ce qu’a été la responsabilité commune des puissances européennes d’alors entrées dans le conflit en aout 1914 telles des somnambules. Les puissances de l’Histoire,  les  mémoires reçues, transmises sont parmi nous mais le sont-elles actuellement dans l’Union européenne ?

Sources :




Jean Vinatier
Seriatim 2018

lundi 22 octobre 2018

« Macron : j’anéantirai mes opposants judiciairement » N°4559 12e année


Cyrille Lachèvre de L’Opinion dans son édito de ce matin parle de « Jean-Luc  Mélenchon et de ses sicaires »1, ignorant que ce mot signifie tueur à gages. Jean-Luc Mélenchon est un lambertiste qui a agi comme tel lors de la double perquisition la semaine dernière. Tout dans le vocabulaire et la gestuelle oratoire désignent cette origine. Le chef de La France insoumise est ce qu’il est mais de là à le réduire à employer des sicaires, il y a là une frontière franchie inadmissible.
Rien n’obligeait la justice à déployer une telle force pour perquisitionner : un magistrat qui décide cet acte doit savoir distinguer une perquisition chez un serial killer ou un trafiquant de drogue avec le domicile d’un citoyen, élu ou pas auquel on reproche des faits qui ne relèvent pas de la cour d’assise, du terrorisme. Ce déploiement est donc voulu par un procureur totalement dépendant statutairement de l’exécutif. C’est donc le gouvernement qui a voulu marquer les esprits et l’opinion publique en jouant de cette violence judiciaire. Quelques temps plus tôt, Marine Le Pen l’éprouva en se soumettant à un examen psychiatrique. Là-aussi, violence d’Etat, de gouvernement. Quant à l’affaire Fillon qui revient, ô hasard, sur le devant de la scène, elle a été terrible dans la destruction d’un candidat qui n’était, certes, pas blanc-bleu et qu’un Marc Ladreit de La Charrière vient de lâcher en rase campagne. On comprend bien que l’affaire Fillon ricochera sur les Républicains au moment des européennes.
Nous sommes à quelques mois de ces élections que conduira un Président de la République déconsidéré, d’un parti La République en marche sans racine, ni corpus, qui voit les piliers gouvernementaux prendre la poudre d’escampette : Nicoclas Hulot, Gérard Collomb et demain ou après-demain Jean-Luc Le Drian.
Emmanuel Macron sait bien qu’il ne peut pas perdre cette élection européenne quand bien même l’environnement politique ne lui serait guère favorable : une Angela Merkel affaiblie d’élection en élection hier en Bavière, demain en Hesse, une Italie apparemment décidée à tenir front à la Commission européenne sur le plan budgétaire, une grande partie de l’Europe de l’Est et orientale qui regimbe sur le dossier migratoire, le risque négatif pour Bruxelles d’un non-accord sur le BREXIT en mars 2019. En fait il n’y a plus d’axe franco-allemand ni même de colonne vertébrale dans l’Union européenne. Le progressisme que cherche à inscrire Emmanuel Macron pour pourfendre les nationalistes est pour l’heure une bulle de savon. A ce climat s’ajoute le résultat à venir des élections américaines. Une victoire de Donald Trump aura des conséquences en Europe sachant l’appui qu’il accorde à certaines formations populistes.
La seule arme dont dispose Emmanuel Macron est double celle de la police et de la justice. Il croit habile d’asséner aux différents opposants jusqu’aux élections de mai 2019 une kyrielle d’actions judiciaires devant  les décrédibiliser. L’exécutif sait bien qu’il n’amènera pas vers lui les électeurs de Mélenchon, de Le Penn pas même ceux des Républicains, il escompte ainsi jouer de l’arme abstentionniste : dégoûtant des pans entiers de citoyens qui resteraient abattus et écœurés chez eux, n’iraient voter que les partisans de La République en Marche. Peu importerait le degré d’abstention, serait mise en avant la seule première place d’Emmanuel Macron.
Reste à savoir si les seules actions judiciaires suffiront à taire les débats lors des élections européennes ?  En tout cas, la présidence macron joue la violence et feint de s’indigner de celle qu’elle provoque au risque d’allumer le baril de poudre…..A suivre.

Source :


Jean Vinatier
Seriatim 2018

jeudi 18 octobre 2018

« Moralisation de la vie publique: une justice couchée…par Jean Daspry » N°4558 12e année



Ce gouvernement, non issu d’un remaniement selon Valéry Giscard d’Estaing et au-delà des mœurs qui semblent le conduire, une publication laissant entendre que le tout jeune secrétaire d’Etat Gabriel Attal devrait son maroquin à son compagnon, Stéphane Séjourné, conseiller politique du Président , est étonnant : le ministre de l’Intérieur Castaner et sa jeunesse sous la férule d’un caïd abattu en 2008, le nouveau ministre de l’Agriculture est pour le glyphosate et la neuve secrétaire d’Etat à l’Ecologie, fille du ministre Lionel Stoléru, vantait voilà peu de temps l’huile de palme !!!! Est-ce un gouvernement ? Non, c’est : lobbies, interlope et canapé !
Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon vont les victimes d’une opération politique déguisée en une action judiciaire. Aujourd’hui, ce sont des signaux de tétanisation envoyés à des hommes politiques, demain ce sont les Français qui l’éprouveront.

Jean Daspry :

« La Justice est la sanction des injustices établies » nous rappelle Anatole France dans L’affaire Crainquebille. La France est malade de sa Justice depuis toujours, pourrait-on dire. Sous la Ve République, les choses n’ont pas été en s’améliorant. Au mieux, les relations entre le pouvoir exécutif et l’autorité judiciaire (sa dénomination exacte dans la Constitution du 4 octobre 1958, Titre VIII, De l’autorité judiciaire)1 sont complexes, pour employer une litote. Au pire, elles sont incestueuses, pou remployer un langage « cash ». Le sujet revient de manière récurrente sur le devant de la scène révélé par quelques graves incongruités sur le plan juridique. C’est le cas aujourd’hui avec la question de la nomination du procureur de Paris qui agite le Landerneau politico-juridico-médiatique. Or, à y regarder de plus près, le problème est plus grave qu’il n’y parait en apparence. Nous devons l’examiner sous sa dimension structurelle et sous dimension conjoncturelle. Comme une excellente nouvelle n’arrive jamais seule, nous porterons à la connaissance de nos fidèles lecteurs quelques récentes informations qui confinent à la démoralisation de la vie publique dans notre pays. Là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir nous rappelle fort à propos le fameux dicton ! Nous conclurons par quelques remarques iconoclastes.

DIMENSION STRUCTURELLE : LA JUSTICE DÉPENDANTE ET PARTIALE

Quelques rappels s’imposent pour mesurer la situation de l’autorité judiciaire dans notre pays. Le moins que l’on puisse dire est qu’elle n’est pas brillante.
Justice administrative : l’État est son propre juge
En France, il existe une asymétrie entre l’État – concept pris au sens large – et le citoyen. L’État bénéficie d’un double privilège : de droit (on lui applique un droit inégalitaire qui porte le nom de droit administratif) et de juridiction (il est jugé par les juridictions administratives : tribunal administratif, cour administrative d’appel et Conseil d’État en cassation des secondes et en première et dernière instance des affaires sensibles). Les textes les régissant parlent des « membres du Conseil d’État » et non des magistrats. En un mot, l’État est jugé par ses propres fonctionnaires qui ne sont ni indépendants, ni impartiaux. De plus, le Conseil d’État cumule, de manière ubuesque, les fonctions de conseil et de juge de l’État. En matière de confusion des genres et de séparation des pouvoirs, on ne saurait faire mieux. À titre d’exemple, le Conseil d’État va devoir se prononcer sur la légalité d’un texte (décret du ministre des Affaires étrangères ouvrant 22 postes de consuls généraux à des non diplomates) sur lequel il a donné un avis positif grâce à la voix prépondérante de son éminent vice-président, Bruno Lasserre (Cf. affaire Philippe Besson nommé consul général à Los Angeles et dont la nomination est contestée par le syndicat CFDT du MAE). Si l’État (pour être plus précis, le pouvoir politique en place) voulait se protéger contre les actions intempestives des citoyens et de ses fonctionnaires, il ne s’y prendrait pas autrement. Ne parlons pas des tous ces brillants et intègres conseillers d’État qui évoluent en permanence entre le Palais Royal et quelques postes de hauts fonctionnaires dans les différents ministères (cabinets ministériels ou directeurs d’administration) ou dans les entreprises publiques (Cf. le cas emblématique de Guillaume Pépy, l’inoxydable PDG de la SNCF, ex-conjoint de feu le directeur de Sciences Po, Richard Descoings, lui-même conseiller d’État, remplacé à ce poste par un autre conseiller d’État, Frédéric Mion2). Nous sommes au cœur de ce que le journaliste de mediapart, Laurent Mauduit (responsable durant 30 ans de la rubrique économique au quotidien Le Monde) qualifie à très juste titre de « Caste »3, pour ne pas dire de mafia. Emmanuel en est le pur produit (corps de l’inspection des Finances). On manque de d’étouffer en apprenant que son vice-président, Bruno Lasserre organise, le 1er octobre 2018 au Palais-Royal, un débat sur le thème de la citoyenneté. Le programme tel qu’il nous est présenté laisse rêveur :
« Début des échanges à 9 h 30, avec l’intervention du vice-président du Conseil d’État, Bruno Lasserre. À 10 heures, les intervenants débattront de la manière d’associer les citoyens aux décisions alors que la culture de la verticalité dans l’administration reste prégnante. Puis les experts s’intéresseront aux services publics à l’heure de la coconstruction. Ces rencontres seront aussi l’occasion de s’interroger sur l’évaluation mais également sur le rôle de l’éducation nationale en matière de formation à la citoyenneté. Autant d’enjeux mis en perspective et en prospective toute la journée »4.
De quoi se mêle le Conseil d’État ? C’est là que l’on s’aperçoit que le Conseil d’État est un État dans l’État… Qui de plus méconnaît un principe cardinal du droit, celui de l’impartialité qui va lui valoir des poursuites devant la Cour européenne des droits de l’homme à l’initiative de Greenpeace5. Pas moins !
Justice judiciaire : le parquet est aux ordres du pouvoir
On nous vante les immenses mérites de la justice judiciaire française que l’on présente en modèle à toute la planète. Tout va très bien madame la marquise mais à part cela un tout petit rien. Si tant est que les magistrats du siège soient entièrement indépendants – ce dont nous doutons fortement hormis quelques exemples de magistrats intègres bien connus dont la carrière a été freinée -, ceux du parquet ne le sont certainement pas. En effet, ils sont dans une relation de dépendance telle vis-à-vis du pouvoir exécutif qu’ils ne remplissent pas les deux critères d’indépendance et d’impartialité posés par l’article 6 (« Droit à un procès équitable ») de la convention européenne des droits de l’homme du Conseil de l’Europe de 1950 que la France n’a ratifiée qu’en 1974 en raison de l’obstruction du Conseil d’État qui se lit ainsi :
« Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable, par un tribunal indépendant et impartial, établi par la loi, qui décidera, soit des contestations sur ses droits et obligations de caractère civil, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle…. »6
Or, la cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a été conduite à sanctionner la France à deux reprises en 2010 en raison de la non-conformité du statut du parquet aux dispositions de l’article 6. Il s’agit de l’arrêt Moulin et de l’arrêt Medvedyev.
« Le procureur, en France, n’est pas une autorité judiciaire indépendante, a estimé, le 23 novembre 2010, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). La France a ainsi été condamnée dans l’affaire France Moulin, une avocate poursuivie dans une affaire de stupéfiants, mais la décision de la cour a une portée historique. C’est l’architecture du système pénal français qui est remise en cause »7
Toutes choses que se plaisent à rappeler deux sénateurs PS, Patrick Kanner et Jean-Pierre Sueur en appelant le président de la République à réformer la Constitution pour changer le statut du parquet :
« En un mot, ces immixtions introduisent le poison de la suspicion. Ajoutons que nos procédures à cet égard ont, à maintes reprises, conduit la Cour européenne des droits de l’homme à condamner la France au motif que son parquet ne présente pas les garanties d’indépendance requises… Et en appliquant scrupuleusement la séparation des pouvoirs, nous deviendrons enfin le pays de Montesquieu »8.
A la lueur des récentes décisions strasbourgeoises concernant la France, on ne peut qu’être tenté de rappeler les mots du commissaire du gouvernement Guyomar qui, dans un autre contexte, appelait sagement à ne pas « accepter de fermer les yeux en attendant qu’on les ouvre pour vous à Strasbourg ». Or, depuis cette date, ni Nicolas Sarkozy, ni François Hollande pas plus qu’Emmanuel Macron n’ont procédé à l’incontournable réforme constitutionnelle permettant de modifier les règles concernant le statut du parquet à la française comme si nos présidents de la République n’avaient cure des décisions de la CEDH. La France est donc en délicatesse avec la Cour de Strasbourg depuis huit ans. On comprend aisément qu’il est tellement commode de disposer de personnes qualifiées pompeusement de magistrats mais qui ne sont que de vulgaires fonctionnaires dépendants pour freiner, stopper ou accélérer des procédures selon le bon vouloir du Prince. Or, c’est cette fâcheuse tendance qu’Emmanuel Macron est en train de conforter par ses récentes et inacceptables ingérences dans la procédure de nomination du procureur de Paris9.

DIMENSION CONJONCTURELLE : LES OUKASES DE JUPITER
La suite ci-dessous :


Jean Vinatier
Seriatim 2018