Au sortir des élections du
land de Bavière et avant celles de Hesse le 28 octobre, la chancelière allemande
vit fondre les partis de la grosse coalition comme neige au soleil. Elle perd
sur sa droite( CSU), elle perd sur sa gauche( déroute du SPD) tandis qu’au
centre de ce panorama s’installe les Verts bordés par l’AFD qui entre au
parlement et les électeurs libres, parti rural très conservateur.
La défaite de la CSU
contrainte à la coalition pourrait voir sa répétition en Hesse le 28 octobre si
la CDU et le SPD mordent de la même manière. En Hesse, étrangement la CDU
gouverne avec les Verts quand ceux-ci sont repoussés par la CSU en Bavière et
qu’ils refusèrent d’entrer à Berlin dans la grosse coalition. La situation
allemande se complique donc à vue d’œil. A huit mois des élections européennes,
l’ordre germanique ou merkelien se fissure.
La montée en puissance des
Verts, pro-migrants, opposés aux frontières fermées, indique que des électeurs
du SPD, de la CDU/CSU ne font plus confiance au mondialisme dont la chancelière
fut un moment l’idole. Les Verts allemands sont-ils en passe d’opérer ce que
les soutiens d’Emmanuel Macron réalisèrent en France en 2017 ? A savoir un
siphonage des partis piliers traditionnels jugés exsangues ? L’Union
européenne telle qu’elle existe, globaliste ou mondialiste sauvera-t-elle les
meubles s’en s’habillant de Vert ?
Le très populaire Vert
Joschka Fischer issu de la petite noblesse allemande en Hongrie, qui eut un
long ministériat (1998-2005) dans les gouvernements SPD de Schröder rompit avec
le pacifisme cher aux soixante-huitards et normalisa l’Allemagne dans sa
politique étrangère : intervention au Kossovo, bombardement de Belgrade
(sauf erreur de ma part). Le soutien apporté à Chirac/Villepin contre
l’invasion de l’Irak par Georges Bush a donné ce lustre suffisant pour
continuer, en réalité, à demeurer sagement dans le camp Atlantique. Les Verts
en 2018 captent d’autant plus facilement les électorats les plus libéraux du
SPD et de la CDU/CSU que les gages donnés par Fischer à la fin du XXe siècle
les rangent dans l’ordre tel qu’il est, n’apportent pas la moindre contestation
anti-libérale. Les Verts s’insèrent donc clairement dans la vision hanséatique d’Angela
Merkel pour conforter la prospérité germanique, lui reprochant seulement de
reculer sur l’apport migratoire.
Si les élections hessoises
du 28 octobre confirment le résultat du 14 octobre, la chancelière devra ou se
démettre ou bien tenter une coalition avec les Verts, le SPD quittant peut-être
les rangs à moins que les Verts jugent plus favorables à leur ambition de
précipiter l’Allemagne dans des élections législatives anticipées au
risque de radicaliser le pays ?
Jean Vinatier
Seriatim 2018
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