« Pour
l’heure, ce qui advient avec les gilets-jaunes ressemble à s’y méprendre aux
prémices d’une révolution. L’histoire de la Révolution française, mais aussi
celle des autres révolutions, intéresse le libertaire que je suis parce qu’on
peut y pointer le moment où la générosité qui préside à un mouvement pour plus
de dignité et d’humanité se trouve récupéré par quelques autoritaires qui
détournent l’impulsion originelle afin d’assurer leur pouvoir personnel. Ils
évincent alors les auteurs ayant initié la dynamique: les gens modestes, les
pauvres, les petits, les sans-grade, les “sans-dents”, comme il fut dit un
temps par un qui se disait “socialiste” et -hélas!- suivant la jurisprudence
1983, l’était bel et bien!
Prenons 1789. La Révolution française ne s’effectue
pas tout de suite, contrairement aux résumés distribués par le catéchisme laïc,
avec une revendication républicaine d’abolition de la monarchie dans l’objectif
avoué de réaliser la Liberté, l’Égalité et la Fraternité! Pour la vulgate, il y
aurait eu un “avant 14 juillet”, avec les ténèbres, un roi faible, une reine
frivole et vendue à l’étranger, un régime esclavagiste, puis, après la
Révolution, un moment de lumière avec des dirigeants républicains ayant offert
la dignité à tous! Lors de la prise de la Bastille, rappelons-le, Robespierre,
Marat et Danton sont monarchistes et ils vont le rester deux bonnes années!
L’insurrection de 1789 ne s’effectue pas pour les idées de Liberté, d’Égalité
et de Fraternité, mais pour des revendications concrètes portées par ceux qu’on
appelle “les Enragés” -les gilets-jaunes de l’époque… Ils veulent du pain pour
leur famille, du lait pour leurs enfants et du savon pour se laver. Les prix
sont trop élevés, les accapareurs et les agioteurs profitent du désordre pour
les augmenter, les Enragés veulent les plafonner. Ils n’ont aucun souci de
faire chuter la monarchie ou d’en penser les modalités constitutionnelles, ni
même de proposer un changement de régime! La démocratie directe avec le
contrôle des représentants proposés par les Enragés ne datent pas de juillet
1789.
La
suite ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim 2018
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