Avec une participation de 74,86%, le premier tour de cette présidentielle n’a pas été ce désintérêt qu’on ne lui prédisait ni davantage l’enthousiasme. Elle se situe dans la moyenne et dans le calcul présidentiel de recommencer en 2022 le second tour de 2017.
Comme au soir du premier tour de 2017, toute la gauche appelle à voter Emmanuel Macron ou à faire barrage à l’extrême droite : Jean-Luc Mélenchon qui vient pourtant de réaliser un très beau score (21,95%) s’est montré hier soir décevant en ne laissant pas à son électorat le soin de choisir. Lui qui vient de siphonner toute la gauche en sus de Macron, il a perdu l’occasion de se distinguer.
Comme au soir du premier tour de 2017, la droite Républicaine appelle à voter Macron à la suite d’une défaite cuisante : 4,79% pour Valérie Pécresse.
Comme au soir du premier tour de 2017, nous aurons la « peur de l’extrême-droite », les marchés qui s’écrouleraient si l’amie des chatons et de Vladimir Poutine arrivait à l’Élysée….Rien de bien neuf !
Quel est le point principal de cette présidentielle liquide ? Le poids du vote utile. Tant à gauche qu’à droite, il a joué pleinement.
A gauche, c’est Jean-Luc Mélenchon qui a su habilement équilibrer son patriotisme chevénementiste et son globalisme wokiste matinée de créolisation qui lui donna une belle victoire dans les DOM/TOM.
A droite, c’est Marine Le Pen qui a force de se lisser et de peu s’exprimer a empêché le décollage de la fusée Zemmour et empêtré Pécresse. Au-dessus, sans surprise, Emmanuel Macron a regroupé autour de lui toutes les opulences françaises lesquelles sans s’enthousiasmer pour lui ont trouvé suffisamment d’assurance, elles déchanteront rapidement……
Le vote utile se substitue aux idéologies d’autrefois et même supplante le en même temps qui regroupait celles et ceux en accord tant à gauche qu’à droite sur des fondamentaux européens et économiques.
Si ce vote utile sert Emmanuel Macron, il pourrait se retourner contre son sa personne. Dans une France qui n’est plus souveraine et dont les atouts ne trouvent plus les voies romaines d’antan, le vote utile est quelque peu un canard sans tête qui court et ne s’arrête qu’au premier choc, ce choc c’est aujourd’hui Emmanuel Macron, mais demain ?
Le vote utile est-il une fragilité supplémentaire dans notre démocratie, enfin, de la presque post-démocratie ou bien le prélude à d’autres structures intellectuelles ou bien encore le stade terminal d’un modèle démocratique ?
Que dire sur les échecs d’Eric Zemmour, de Valérie Pécresse, d’Anne Hidalgo, de Yannick Jadot (qui faisait la manche !!!) -Jean Lassalle, Nicolas Dupont-Aignan et Fabrice Roussel faisant bonne figure générale- ?
Eric Zemmour a lancé les bonnes thématiques mais à la différence de Jean-Luc Mélenchon qui a réuni deux vues opposées, il n’a pas su opérer une synthèse entre « le grand remplacement » (en fait le constat d’une évolution démographique accélérée par les flux migratoires) et son patriotisme pour proposer une nouvelle histoire nationale. Eric Zemmour a pâti de prétendre discourir sur la France unie alors même qu’il en diabolisait une partie.
Valérie Pécresse et Anne Hidalgo s’effondrent, la première parce qu’elle n’a pas su être le vote utile de sa classe, la seconde parce qu’elle paie au prix fort son #saccageParis qu’elle s’entêtera à ne pas assumer, Yannick Jadot est celui qui aurait dû s’échapper et générer un vote utile au vu des enjeux climatiques, environnementaux colossaux mais en plaçant sur un même pied défi climatique et LGBTQ+, son programme était foutraque…
A mon avis, un second tour Mélenchon/Zemmour aurait été très intéressant…du point de vue de la difficulté à imbriquer patriotisme et globalisme au lieu de quoi nous aurons un face-à-face, Macron/Le Pen quasiment pipé, le premier globaliste et « territorialiste », la seconde rassemblement national réduit aux acquêts.
Jean Vinatier
Seriatim 2022
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