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vendredi 8 janvier 2021

6 janvier : point culminant ou début d’éruption ? N°5074 15e année

 Donald Trump est défait électoralement mais victorieux psychologiquement : la brèche ouverte lors de la campagne de 2016 a considérablement grandi. Donald Trump est un Président populaire, plus que Barack Obama.

La journée du 6 janvier 2021 est trompeuse en ce sens que n’y voir qu’une horde d’extrême-droite est une faute ou un aveuglement. L’entrée dans le Capitole d’une fraction populaire contre laquelle la police a ouvert le feu, à tort ou à raison, doit-elle être blâmée quand en novembre 2016, les opposants à Trump enclenchaient des émeutes dans plusieurs villes américaines  et que l’administration Obama tentait de disposer des obstacles pour compromettre la prestation de serment? Dans les deux cas, vous avez une contestation électorale. En 2016, il s’agissait d’ôter toute légitimité au vainqueur contre Hillary Clinton, également soutenue par des Républicains quand en 2020, il est question de la légalité du vote et de son corollaire la ou les fraudes.

Comment l’Amérique en est arrivée là ? titre l’Opinion. Depuis la fin de l’Union soviétique et cette fameuse incomprise « Fin de l’histoire » de Fukuyama, les Etats-Unis ont accéléré l’envie de globalité sur fond d’un libéralisme économique et d’un néo-conservatisme très favorables à une politique étrangère possessive. L’intérieur américain connait depuis la fin de la Seconde guerre mondiale une série de revendications, de contestations et de questionnements autant politiques qu’économiques que sociétaux dont les universités furent les laboratoires et les rédactions intellectuelles : ségrégation, homosexualité, féminisme, minorités, environnement, nouvelles technologies, IA….etc . L’on peut écrire qu’actuellement, ce bouillonnement n’est pas du tout ralenti mais augmente en puissance. Les Etats-Unis n’ont pas arrêté d’enclencher une question ou une colère l’une après l’autre depuis 1945. Et pour les années à venir où le défi chinois sera omniprésent, les fulminations iront croissantes sur fond de déséquilibres économiques, sociaux, financiers, monétaires, de mises sous contrôle des masses humaines.

Tout cela pour dire que contrairement aux idées reçues, les Etats-Unis ne sont pas une terre apaisée. Les coups successifs depuis 1945 ont fait émerger des Etats plus séparés, les uns côtiers très urbanisés, progressistes (majorité démocrate, minorité républicaine), les autres plus centraux (majorité républicaine, minorité démocrate) sur lesquels le Tea party grandit avant d’être avalé par le trumpisme. La puissance des églises ou des confessions continuent à peser. Les Etats-Unis sont un pays où le Président et le Congrès placent la prière au début et à la fin. Il y a donc une réligiosité que l’Europe a quasiment réduit à la portion congrue, hormis l’islam qui y fait ses débuts, et que nous ne savons plus lire. Les dirigeants européens regardent les Etats-Unis comme leur référent naturel auxquels ils délèguent autant l’intellect que le militaire.

Les progressistes américains (majorité démocrate minorité républicaine) prônent le monde globaliste ou mondialiste et sont des acteurs majeurs et habiles de l’arme des minorités-victimes pour affaiblir des nations, des Etats qui feraient un obstacle à la prééminence et les conduit naturellement vers une radicalité que l’on remarque avec la « cancel culture » qui vise, non pas à éliminer le blanc mais à le placer au niveau d’une minorité comme les autres. A terme pas un groupe ne serait majeur, il n’y aurait plus que des tribus mineures.  A l’intérieur, la dégradation des conditions de vie, la médiocrité des services de santé, de prise en charge du chômage, la culture exacerbée de l’individu crispe des populations rurales et de petites villes.

Ces disparités entre les Etats éclairent aussi les limites politiques et donc constitutionnelles américaines : le deux sénateurs par Etat quel que soit sa surface ou sa démographie est, désormais, remis en cause par les Etats côtiers qui acceptent de plus en plus mal que la politique dépende de territoires à très faible densité humaine où la création et les innovations sont aussi faibles.

Décalage autant social que politique et technologique qu’Hillary Clinton a résumé d’un mot, les « deplorables » , un équivalent des « sans dents » de François Hollande pour qualifier les bouseux dont Trump est devenu le chef.

Le moment exceptionnel que connut l’Amérique avec l’invasion du Capitole en dépassant Trump et en effrayant Nancy Pelosi est le point haut d’un ras-le-bol d’un mépris de classe et de sentiment quasi ségrégationniste (mis à part, sur le côté, pas dans la même salle).

Lors de cette campagne présidentielle les électorats tant démocrates que républicains mobilisèrent comme jamais se servant au besoin de l’idée de fraude, de l’avérée à celle supposé : les démocrates pour l’emporter, les républicains pour excuser leur défaite.

Quoique Wall Street se rie du 6 janvier, se structurent des révoltes, des fureurs qui pourraient prendre un chemin révolutionnaire car d’un côté comme de l’autre le corpus intellectuel est avancé.

 

 

 

 

Source :

https://www.lopinion.fr/edition/international/comment-l-amerique-en-est-arrivee-233109

 

 

In Seriatim (quelques choix) :

 

Emmanuel Todd : crise de la société américaine 6 décembre 2016

http://www.seriatim.fr/2016/12/usa-crise-de-la-societe-americaine.html

 

Des anti-brexit aux anti-trump, 24 novembre 2016

http://www.seriatim.fr/2016/11/des-anti-brexit-aux-anti-trump-n4261.html

 

Effet Trump ou les bichons atterrés, 14 novembre 2016

http://www.seriatim.fr/2016/11/effet-trump-sciencos-po-ou-les-bichons.html

 

The Donald entre à la Maison blanche, 10 novembre 2016

http://www.seriatim.fr/2016/11/the-donald-entre-la-maison-blanche.html

 

L’axe du mal d’Hillary Clinton, 18 octobre 2016

http://www.seriatim.fr/2016/10/laxe-du-mal-de-hillary-clinton-par-pepe.html

 

Hidalgo : Trump is so stupid my god, 13 janvier 2017

http://www.seriatim.fr/2017/01/hidalgo-trump-is-so-strupid-my-god.html

 

Trump défie-t-il l’économie monde, 1er février 2017

http://www.seriatim.fr/2017/02/trump-defie-t-il-leconomie-monde-n4298.html

   

Jean Vinatier

Seriatim 2021

 

 

 

 

 

 

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