Info

Nouvelle adresse Seriatim
@seriatimfr
jeanvin22@gmail.com



samedi 17 septembre 2022

Samarcande : sans Poutine ? N°5894 16e année

 

L’Organisation économique de Shanghai est comme son nom l’indique une structure basée sur le développement des coopérations économiques entre des Etats asiatiques : elle n’est ni une Union européenne ni un OTAN. Cela n’empêche absolument pas les différents commentateurs de dirent d’une seule voix, que Vladimir Poutine en gênerait les membres et serait en manque de soutien.

La très active et redoutable campagne contre Vladimir Poutine monte en degré avec les déclarations de Mme Von der Leyen réclamant la livraison du Président russe et la mise en place d’un tribunal type Nuremberg…Il n’est donc guère surprenant de lire et de retrouver sur les plateaux des chaines d’information, un déballage continu allant dans ce sens. Ayant la maitrise du récit, de la narration et du séquençage, les États-Unis imposent un Netflix géopolitique. Ces lignes ne dédouanent pas Vladimir Poutine de l’invasion de l’Ukraine, j’observe, néanmoins, que lorsque Washington passa outre le vote onusien et après avoir affamé le peuple irakien pendant près de dix ans, cette capitale passa à l’offensive. Nul ne saisit les biens de particuliers américains, ni ne dénonçât presque pas les tortures et moins encore suggéra un quelconque tribunal : les États-Unis se déclarant unilatéralement hors de portée juridictionnelle…Mais voilà les États-Unis sont dans le camp vainqueur et c’est le vainqueur qui fait l’Histoire et sa présentation.

Dans le cas de la réunion à Samarcande, leurs dirigeants sont présentés comme des hommes non élus démocratiquement, le Premier ministre indien inclus : ls sont les tyrans. On dévoie sciemment un sommet décrit comme anti-occidental tout simplement parce que certains des gouvernements d’Asie chercheraient à se développer en dépendant le moins possible des euro-américains. On retrouve là quelques arguments qui motivaient au XIXe siècle les expéditions coloniales européennes (et américaines). Si l’Union européenne n’est plus motrice, les États-Unis ont pris son relais et sa population étant majoritairement européenne, est-il si extraordinaire que ressurgissent des anathèmes contre des Etats, des organisations qui estiment pouvoir tracer un chemin sans nous ?

Il est instructif de noter que pour essayer de réduire le développement de l’Organisation économique de Shanghai, Washington accepte de donner plus de voilure au Japon sur le plan militaire comme avec l’Allemagne en Europe.

Et Vladimir Poutine ? Le vote onusien a bien montré que l’unanimité n’y était pas. L’Asie commerce sans problème avec la Russie, Washington n’ayant pas réussi à fermer cette arrière-cour asiatique à la Russie, se met en place l’axe indopacifique en escomptant via une extension de l’Otan établir un containment autant chinois qu’asiatique.

Quoi qu’il en soit, chaque jour est démontré que l’invasion de l’Ukraine rempli d’aise ceux-là mêmes qui la dénoncent, que sur le terrain les forces ukrainiennes sont complétement entourées et guidées par des forces étrangères (des ukrainiens noirs !!!) qui ne se cachent presque plus. C’est de plus en plus une guerre entre la Russie et l’Otan, l’Ukraine n’étant qu’un terrain de match sanglant…Et Vladimir Poutine est poussé tant par l’Otan que par les plus extrêmes russes vers une confrontation totale. Jusqu’à présent, la Russie n’a pas décrété la mobilisation générale à l’inverse de l’Ukraine, si elle se faisait, serait franchie une ligne rouge…

A Samarcande, les dirigeants asiatiques ont conscience de ne pas pouvoir rivaliser économique, financièrement, militairement contre les USA. Ils ont en tête que s’ils n’acceptaient pas l’idée de coopération économique avancée par la Chine, ils deviendraient ou redeviendraient de simples succursales. A la différence des européens alignés sur les Américains, les pays-membres de « Shanghai » ne le sont pas ni vis-à-vis de la Chine, ni entre eux mais ils savent leur poids démographique et ils estiment que les flux économiques sont davantage en Asie que dans l’aire Atlantique.

Sur ce point-là si Vladimir Poutine n’est point isolé, il ne suscite pas  une alliance…. Mais peut-être qu’à l’instar des euro-américains qui entrent en guerre  contre la Russie sans la lui  déclarer, certains asiatiques soutiendront la Russie tout en le niant…A Samarcande, la route de la soie n’est pas à son terminus

Jean Vinatier

Seriatim 2022

 

Aucun commentaire: