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mercredi 21 septembre 2022

Poutine lance les referenda dans le Donbass N°5897 16e année

 Les referenda des 23/27 septembre annoncés dans les régions contrôlées par la Russie en Ukraine auront un résultat que nul n’ignore. Vladimir Poutine qui doit intervenir ce matin apprendra au peuple russe qu’une partie de l’Ukraine demande son rattachement à la Russie. Ainsi, après ces consultations, la Russie serait comme Etat et nation en première ligne en cas de nouvelle offensive ukrainienne. Indiscutablement, un échelon de plus est gravi vers le point rouge que serait la mobilisation générale en Russie. De plus en plus, nous nous rapprochons non plus d’un conflit mais vers une guerre au sens classique du terme. Cependant, il faut aussi regarder le choix des referenda par Vladimir Poutine comme une manœuvre intérieure pour calmer les plus extrémistes.

Certainement entrons-nous dans la phase la plus périlleuse de ce conflit jusqu’aux midterms dont le résultat pourrait sinon bouleverser à tout le moins faire bifurquer la politique américaine selon le degré, de défaite des démocrates, de victoire des républicains. Néanmoins, dans tous les cas de figure, les Etats-Unis, comme le souligne fort justement Gérard Chaliand, sont en état de « guerre civile froide », seront face à des ébullitions intérieures que l’Union européenne ne veut pas admettre bien à l’inverse, par exemple, des BRICS, de l’OCS.

Le Président Zélensky qui n’a pas fait bénéficier de ses lumières l’OCS à Samarcande, joue également gros dans cette affaire référendaire puisqu’il tient des Etats-Unis bien plus que de l’Union européenne, elle-même divisée sur d’autres points.

Ainsi Vladimir Poutine continue-t-il à avancer ses pions. Le retrait russe devant l’armée ukrainienne (OTAN) est assez tactique sachant qu’au contraire de Kiev, Moscou n’a pas du tout mobilisé l’ensemble de ses forces. Quoique que le répète nos médias, Vladimir Poutine n’est pas isolé, l’Asie lui offre un espace vaste. Cependant, il est juste que le refus des occidentaux à creuser l’idée de maison commune avec la Russie (l’Europe de l’Atlantique à l’Oural…Charles de Gaulle) précipite cette puissance dans les bras chinois qui agit comme un aimant. Et cet aimant, Vladimir Poutine aurait bien aimé le contrebalancer par une entente avec l’Ouest. Sur ce point, regardons que Berlin et Moscou sont sur une ligne concurrentielle. En effet, l’Allemagne estime être le partenaire inévitable de Pékin, de Moscou, de Londres de Washington…et bien sur de Bruxelles. Une ligne géopolitique sur laquelle la Russie voudrait être. Non sans habileté, les Etats-Unis flattent la chancellerie allemande qui fait mouche chez Olaf Scholz qui ne cesse plus dans ses discours d’en appeler à un nouvel ordre germanique alors même que son économie vacille, que sa démographie lui interdirait d’avoir ce genre de discours à moins de faire de l’armée allemande une armée un peu turquisée….Il est assez fascinant d’observer cette appétence pour la puissance quand lâche les sures amarres.

Comme je l’écris dans différents Seriatim, le conflit en Ukraine élargit son champ magnétique géopolitique avec des tests de résistance tel celui de l’Azerbaïdjan contre l’Arménie via la Turquie alors même qu’Ursula von der Leyen se flattait d’avoir le couloir énergétique à venir depuis Bakou !!! Cette Europe qui pérore sur sa liberté ne fait que changer de chaines et de boulets.

D’ici les mid-terms, les discours se feront de plus en plus fort avec le risque de dérapage avec cet élément de taille à savoir la vie intérieure américaine qui constitue à bien des égards des dangers (je le répète) que nous ne mesurons pas ici. Emmanuel Macron hier au Nations Unies disait qu’il ne se résout pas à la fragmentation du monde, avouant son acceptation d’une monde sous la férule d’une seule puissance. Les organisations et ententes intercontinentales, pour l’heure dans les seuls champs économiques et technologiques, rendent inévitable non pas la fragmentation mais l’installation de pôles inconnus jusqu’alors.

Ainsi s’inscrivent les referenda en Ukraine peut-être sur le chemin de la Pologne du XVIIIe siècle partagée entre la Russie, la Prusse et l’Autriche dont on sait ce qu’en a écrit Vergennes en 1774 dès son entrée au ministère.

Jean Vinatier

Seriatim 2022

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