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lundi 18 novembre 2019

Gilets jaunes : Un an déjà ! N°4721 13e année


Hier soir la diffusion sur France 5 du documentaire, La fabrique des gilets jaunes réalisé avec la rédaction du journal Le Monde n’a pas surpris dans son entreprise d’enfermement et de réduction d’un mouvement social inédit. L’heure serait à la fin de partie.
Il est vrai que la mobilisation pour les Un an des Gilets jaunes n’a pas été très puissante et qu’il est vraisemblable que le samedi prochain sera calme.
Les Gilets jaunes métropolitains viennent de la France des campagnes, des villes sous-préfectorales, très peu des banlieues (bien différent dans les DOM-TOM). Un mouvement nullement fabriqué mais éruptif en raison de la difficulté quotidienne à aller à son travail, à vivre en famille : essence, radars omniprésents, surveillance accrue des gendarmes, éloignement des lieux….etc. La voiture, si maudite dans les villes métropolitaines (Paris, Lyon, Bordeaux, Lille…etc) est ici centrale, elle est le rond-point de tout.
Tout a été dit et écrit sur les violences, les dérapages mais bien peu sur la répression : 10 000 arrestations, 5000 gardes à vue, 3000 condamnations, une dizaine de morts et une vingtaine de mutilés à vie, sans oublier toutes les fautes procédurales commises par les magistrats avec les encouragements de la Garde des Sceaux et bien sur le pardon accordé systématiquement aux policiers et gendarmes. Le quinquennat  macronien ne tient que par l’obéissance des forces de l’ordre, des juges et le calme de l’armée : les généraux se baladent beaucoup…..
Cette violence réactive, inédite, inouïe, voulue en totalité par le successeur de François Hollande a tétanisé des Gilets jaunes plutôt blancs et âgés de 40 ans et plus (les jeunes étaient une minorité presque invisible), pour la plupart ayant une activité professionnelle, payant leurs impôts, sans casier judiciaire, mariés, une bonne part ayant voté pour Emmanuel Macron. Le gouvernement a eu en face de lui une population en colère insérée socialement. Les Gilets jaunes sont, pour résumer, ce que la présidente de France-Télévision ne veut plus : des blancs de cinquante ans !
Les Gilets jaunes tout de suite traités de « beauf », de « plouc », caricaturés par les citadins « connectés » (les 1%, des cadres, des retraités, les bobos) ne pouvaient compter sur un relais social, les grandes villes dont Paris les honnissant d’entrée. Une France rurale tournant en rond autour d’un France mondialisée, mondialiste. L’éclairage d’une France fracturée et que l’on fracture encore en attisant, par exemple, l’affaire du voile et de l’islam est plus éblouissant aujourd’hui qu’hier. Tout est pire qu’en 2018, tout rentre dans le rang, les braises demeurent à la merci de la prochaine étincelle qui pourrait arriver de l’extérieur.
Chacun est dans son coin comme l’a illustré tragiquement l’immolation de l’étudiant lyonnais Anas K mais pas l’électorat minoritaire d’Emmanuel Macron qui fait bloc, vote massivement et montre mois après mois qu’on peut gouverner une démocratie sans la France d’en bas. Les conflits sociaux sont quotidiens sans que l’étendard Gilet jaune se dresse parce que chacun croit s’extirper de sa cause sans s’agréger à celle d’autrui. La solidarité brandie par Cédric Herrou, l’agriculteur passeur de migrants illégaux et avaliser par la justice, n’interviendrait-elle donc plus entre Français ? Succès absolu pour les mondialistes ? Succès pour les avocats de l’individu-roi ? Il y a bien au-delà des courroux des Gilets jaunes le tragique d’une France à la souveraineté détachée par morceau : celle militaire à l’OTAN, celle monétaire à la BCE, celle juridique à Bruxelles et à Strasbourg alors même que dans le monde se relèvent les souverainetés de grandes puissances.
Sans souveraineté entière qui sommes-nous ? Les Gilets jaunes comprennent-ils que leurs maux ont pour source l’Union européenne comme fabrique de l’ultra-libéralisme, du mondialisme ? Sans doute pas ou de manière parcellaire parce qu’il leur est répété que toute critique envers Bruxelles est un mélange de « fascisme et de racisme anti-migrant ».
Sans le vouloir, maladroitement parfois, ou en brandissant le RIC (référendum d’Initiative Citoyenne) symbole d’une démocratie locale, directe, les Gilets jaunes ont illustré pendant douze mois  les béances de la France actuelle de plus en plus  un simple territoire d’une aire géographique dite Union européenne.





Jean Vinatier
Seriatim 2019

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