« LES SUCCES électoraux du parti Alternative
pour l’Allemagne (AfD) lors des élections régionales de l’automne 2019 en
Saxe, Brandebourg et Thuringe en Allemagne de l’est [1]
ont braqué les projecteurs sur la situation intérieure de l’Allemagne unifiée
trente ans après la chute du Mur de Berlin (1989). Ces succès intervenaient
alors que l’Allemagne connaissait une recrudescence d’attentats d’extrême droite,
à vrai dire pas seulement en Allemagne de l’est mais particulièrement en
Allemagne de l’est. Les manifestations de Chemnitz (Saxe) autour de la mort
d’un Allemand, victime de migrants, à l’automne 2018, avaient rassemblé des
militants des mouvements nationalistes, hostiles à l’islam Pegida, Pro
Chemnitz auxquels s’était jointe l’AfD. L’assassinat le 2 juin 2019 du
président administratif du district de Kassel (en Hesse à l’ouest), Walter
Lübcke, et la tentative d’un jeune néonazi de forcer la porte de la synagogue
de Halle (en Saxe-Anhalt à l’est), le 9 octobre 2019, dans l’intention avouée
de tuer autant de juifs que possible ont été des signaux d’alarme pour
l’opinion allemande et ont alerté l’opinion publique internationale toujours
sensible à la réapparition de phénomènes néonazis en Allemagne. Ces événements
posent la question de savoir dans quelle mesure l’émergence politique d’un
parti d’extrême droite tel que l’AfD favorise cette recrudescence d’un
terrorisme auquel on ne voulait pas croire ? Les succès électoraux de
l’AfD ont, en tous cas, confirmé que l’extrême droite politique en Allemagne
était, pour la première fois depuis 1945, parvenue à s’établir durablement dans
le pays. L’AfD est aujourd’hui représentée dans tous les parlements régionaux d’Allemagne
et a obtenu 12,6% des voix lors des élections fédérales du 17 septembre 2017.
Jusqu’alors on admettait que la Seconde Guerre mondiale, en raison de la
barbarie nazie et en particulier de la Shoah, avait largement immunisé les
Allemands contre les tentations néonazies et d’extrême droite qui n’était, en
effet, jamais parvenue jusqu’alors à s’établir dans le système fédéral des
partis, même si un pourcentage non négligeable de la population restait
sensible à ses arguments, de 10 à 20% selon les études. [2]
La rupture de ce tabou permet aujourd’hui à ce potentiel de s’exprimer et de se
structurer politiquement.
Cette mise en
perspective de L’AfD s’articule en trois parties : L’extrême droite :
un phénomène récurrent mais longtemps contenu (I) ; La fondation de l’AfD
comme parti eurosceptique et son évolution vers un parti islamophobe
(II) ; Et maintenant ? (III).
La suite
ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim 2020
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