Salma Hargal est maîtresse de
conférence à SciencesPo Lyon
« La Palestine est l’une des régions les plus étudiées de l’Empire ottoman,
mais cette histoire est parfois occultée par les conflits ultérieurs, qui
masquent les dynamiques diverses ayant nourri l’affirmation d’une identité
locale palestinienne entre la fin du XIXe et
le début du XXe siècle.
Le
début du conflit israélo-palestinien est en général un récit bien connu, car
pleinement ancré dans l’histoire de l’Europe. En 1917, le ministre des Affaires
étrangères britanniques, Lord Balfour, énonce « l’établissement en
Palestine d’un foyer national pour le peuple juif ». Cette déclaration est
prononcée en pleine Première Guerre mondiale, à un moment où les Britanniques
soutiennent également la révolte d’une partie des habitants des provinces
arabes de l’Empire ottoman contre la souveraineté d’Istanbul. Pour ces
derniers, et a fortiori les Palestiniens, la déclaration Balfour prévoit
donc l’amputation illégale d’une partie des territoires arabes. Pour le
mouvement sioniste qui agit depuis la fin du XIXe
siècle afin d’établir un État juif en Palestine, la position britannique
représente au contraire une reconnaissance ultime des droits historiques des
juifs en Terre sainte.
Mais qu’est-ce que la
Palestine en 1917 ? L’histoire de la Palestine est parmi les thèmes les
plus étudiés de l’historiographie de l’Empire ottoman. Et bien qu’elle soit
relativement peu abordée dans les débats publics sur le conflit
israélo-palestinien, les perspectives divergentes sur les dernières décennies
de cette province de l’Empire ottoman nourrissent autant les mythes fondateurs
du sionisme que ceux du nationalisme palestinien.
Cet essai propose de revenir
sur les acquis des travaux d’historiens spécialistes de l’Empire ottoman
concernant l’identité territoriale palestinienne telle qu’elle se construit de
la seconde moitié du XIXe siècle jusqu’à l’éclatement de la Première
Guerre mondiale. Il met en lumière le statut politique et administratif que la
Palestine a acquis à la fin de la période ottomane, au moment où la lutte
s’intensifie entre les Puissances chrétiennes pour l’influence en Terre sainte.
Une attention particulière est portée à la façon dont les réformes
centralisatrices menées par les Ottomans ont contribué au rebond économique et
à l’essor démographique très important de la Palestine dans ces décennies.
C’est dans ce contexte et dans ce jeu d’échelles entre l’impérial et
l’international qu’on peut comprendre l’émergence d’un nouvel espace politique
et les modalités complexes d’identification au local, façonnées par
l’intensification des flux humains, le début de la démocratisation de
l’éducation et la diffusion croissante de la culture écrite.
Le politique avec le
religieux : les formes de la présence occidentale »
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ci-dessous :
https://laviedesidees.fr/Les-dernieres-decennies-de-la-Palestine-ottomane-6525
Salma Hargal :
https://www.canal-u.tv/chaines/ehess/prix-de-these-islam-moyen-orient-et-mondes-musulmans-edition-2023/salma-hargal
Jean Vinatier
Seriatim2025