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lundi 15 juillet 2013

« Les sifflets du 14 juillet » par Jacques Sapir N°1413 6e année

Je reprends le brillant article de Jacques Sapir paru ce jour sur son blog  en citant un extrait qui correspond à la fin de son propos:

« Mais, si François Hollande n’a pas violé un « droit naturel » dans l’exercice de ses fonctions, d’où peut provenir sa perte de légitimité qui justifierait les sifflets dont il fut l’objet en ce 14 juillet ?

Si nous admettons l’inanité de tout « droit naturel », il nous faut penser à quel ordre nous devons rattacher la République et son droit. L’ordre démocratique apparaît comme le seul capable de fonder dans les principes du droit le régime républicain. L’ordre démocratique oppose ainsi la notion de construction de l’égalité à celle de l’égalité originelle. Il se refuse à d’homogénéiser de force une réalité hétérogène. La grande erreur du libéralisme politique fut d’avoir confondu le couple construction formelle/état de nature et le couple construction formelle/état réel de la société. Les individus sont divers et hétérogènes; pour autant s’ils ne peuvent également participer à l’élaboration des diverses formes de coordination, locales et globales, c’est la communauté dans sa totalité qui sera lésée. Reconnaître les différences ce n’est pas éterniser ces différences mais au contraire se donner les moyens de penser la construction des convergences et des règles communes qui doivent permettre la participation de tous aux activités concernant tous. L’hétérogénéité sociale ex-ante fixe donc comme objectif à l’ordre démocratique la construction d’une homogénéité politique ex-post, et ce dans des sociétés traversées d’intérêts contraires.

Dès lors, l’intérêt public n’est plus la condition permissive de la démocratie, mais au contraire l’ordre démocratique est la procédure qui permet la constitution d’une représentation de l’intérêt public. Il n’y a donc pas, comme le croyaient les pères fondateurs des régimes démocratiques au XVIIIème siècle un intérêt public “évident” et donc naturellement partagé par tous. Mais, parce que nous sommes dans des sociétés dominées à la fois par la décentralisation et par l’interdépendance, nous avons besoin d’un intérêt public comme norme de référence pour combattre les tendances spontanées à l’anomie et à la défection. L’ordre démocratique est donc aux antipodes de la vision idéaliste de la démocratie qui croit voir dans cet intérêt public le produit d’un ordre naturel; il ne peut, en réalité, qu’être une construction sociale.

Or, cet ordre démocratique se construit à l’intérieur de principes fondateurs. L’un d’entre eux est que nul ne peut prétendre au contrôle sans endosser une responsabilité des actes issus de son contrôle. Dès lors nulle société régie par l’ordre démocratique ne peut dévolure ses pouvoirs à un cadre supérieur qui serait moins démocratique. C’est là que se trouve le « crime » de François Hollande. En acceptant le « pacte budgétaire européen » que l’on appelle traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) et qui confère un droit de regard sur les décisions prises par le Parlement français, il a – à l’évidence – violé l’un des principes de l’ordre démocratique dans l’exercice de ses fonctions.

Telle est la seule raison qui peut justifier les sifflets dont il fut l’objet en ce 14 juillet. Toutes les autres explications tombent soit dans la puérilité soit dans le sectarisme religieux. Mais, si l’on veut affirmer par cette manifestation bruyante que ce président est illégitime, il faut savoir ce que cela implique. Un président illégitime est un tyran, soit un être avec lequel aucun compromis n’est possible. Sans vouloir réécrire le Vindiciae contra tyrannos (ou Revendications contre les tyrans), pamphlet fameux qui fut publié à Bâle en 1579, il est clair que nous entrons dans une logique de guerre civile. Il n’est pas sûr que les quelques centaines de personnes qui ont sifflé le chef de l’État aient bien mesuré la portée de leur acte. Mais il est clair que quelque chose de fondamental s’est publiquement rompu ce 14 juillet. Par ce geste en ce moment hautement symbolique ils ont témoigné que nous avons pénétré dans une nouvelle phase de la crise de régime aujourd’hui manifeste et dont nul ne peut savoir quel sera le dénouement. »

La suite ci-dessous :
http://www.marianne.net/russe-europe/Les-sifflets-du-14-juillet_a191.html

 
Jean Vinatier
SERIATIM 2013

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