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mardi 9 février 2021

Salvini : un clown ? N°5098 15e année

 Les compliments adressés par Matteo Salvini à Mario Draghi ont soulevé les ricanements sur la qualité politique du chef de La Ligue.

Le ralliement quasi général autour de Mario Draghi, banquier de Goldman Sachs puis patron de la BCE a de quoi étonner les non-italiens. Cependant l’histoire de l’Italie depuis l’unification (1860-1870), hormis la période mussolinienne (1922-1943), est riche de combinaisons politiciennes pour former un gouvernement. Les Italiens ont gardé de leurs histoires d’Etats en Italie un gout prononcé pour les assemblages gouvernementaux bien montrés dans le film Il divo de Paolo Sorrentino qui relate dans les années 70 les ultimes habiletés de Gulio Andreotti, chef emblématique de la démocratie chrétienne.

Depuis 2018, l’Italie vit dans une situation politique singulière : l’arrivée au pouvoir à la fois de La ligue europhobe et anti-migrant de Matteo Salvini et du M5S de Beppe Grillo, pro-européen et vitupérateur contre l’élite corrompue du pays était dès le départ une ambiguïté qui explosa quand le premier voulut en aout 2019 précipiter de nouvelles élections. A Matteo Salvini, hors-jeu, succéda une coalition M5S et Matteo Renzi, pro-européen mais fâché avec son ancien parti démocrate, que ce dernier fit tomber avec plus de succès puisque c’est l’europhile Mario Draghi, le symbole de la finance qui tripatouille les comptes de la Grèce pour la faire adhérer à l’euro, qui concocte une coalition technico-compatible avec la doxa dominante. La parenthèse populiste bancale de 2018 serait en bonne voie de se clore, le M5S continuant sans trop barguigner  à passer sous les fourches caudines.

Quand, au début de l’année 2020, la pandémie faisait rage dans la péninsule italienne, l’Union européenne a été aux abonnés absents : ce sont des aides, cubaines, chinoises qui vinrent à la rescousse d’un pays quand tous les autres de l’Union se crêpait le chignon pour avoir les masques, les aspirateurs. Un an plus tard, l’Italie étant le pays le plus bénéficiaire du fameux plan de relance européen, une crise politique possède naturellement tous les ingrédients explosifs en Italie et au-delà, que l’ensemble des acteurs politiques valident puisqu’ils accepteraient un moment Draghi jusqu’aux prochaines élections législatives de 2022.

Les propos de Matteo Salvini sont ceux d’un politique qui prend acte d’une situation et sait, également, que son propre électorat même sans sympathie aucune pour Mario Draghi, ne le blâmera pas outre-mesure. Rien n’indique, d’ailleurs que la Ligue entre dans le gouvernement : elle fait ses propositions, libre à Draghi de les accepter ou pas. En réalité, Matteo Salvini, à l’inverse d’un Matteo Renzi ou d’un Beppe Gillo, se taille une marge de manœuvre qui validerait ce pourquoi il a tenté son opération d’aout 2019. Ainsi donc, ce serait plus une manœuvre de Salvini qu’un retournement de veste.

L’Italie donne des gages à l’Union européenne mais pour un an : quelle sera la situation italienne, européenne, mondiale d’ici un an ? Bien malin celui qui est certain.

La position de Matteo Salvini pourrait également être observée en France, principalement pour la droite qui se prépare à une élection présidentielle en avril-mai 2022 où tout l’édifice d’Emmanuel Macron tient à un second tour face à Marine Le Pen, une cheffe politique d’un parti qui donc semble être plus une assurance que rien ne changerait plutôt que l’inverse.

 

 

Jean Vinatier

Seriatim 2021

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