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jeudi 20 avril 2023

Macron et après ? N°5670 17e année

Le déplacement en Alsace donna lieu à un concert de casseroles et à une coupure de courant pendant le discours présidentiel sans omettre les échanges directs avec les Français présents. Bref au lendemain d’une intervention présidentielle qui ne dit rien hormis le fait qu’il fallait tourner la page et passer à d’autres sujets (travail, immigration…etc), les manifestations sauvages continuent sur le territoire, les forces de l’Ordre (FDO) courent d’un point à un autre. Ultimes soubresauts qui culmineront le 1er mai ou bien l’engrenage d’une colère dépassant la contre-réforme des retraites ?

Emmanuel Macron a gagné la bataille des retraites en restant dans la légalité des institutions de la Ve République et obtenu la validation par le Conseil Constitutionnel qui, au passage, fit sauter les dispositions particulières pour les policiers…Pour son électorat dont le socle le plus âgé lui reste dévoué, il tient à montrer sa fermeté dans un contexte économique français qui n’est pas si mauvais. Sur le papier, en raisonnant de façon cartésienne, il a la maitrise du jeu. Tout repose sur l’idée que les mois de mai et de juin verraient l’essoufflement de la colère, l’exécutif mettant en chantier d’autres propositions de lois qui occuperaient le champ médiatique, que le front syndical se fissurerait avec l’arrivée de dirigeantes à la CGT, à la CFDT.

Sociologiquement, pourquoi les jeunes se mobiliseraient contre cette réforme alors même que leur horizon retraite est bien éloigné, que l’idée progresse selon laquelle la retraite de « papa » a fait son temps, que plus les années passeront, plus il faudra établir soi-même son capital : cela impliquerait également que les salaires croitraient avec l’inflation. Or le discours général est plutôt à serrer la vis salariale….

Sur le plan politique, la NUPES et les Verts occupent le champ contestataire tout en veillant à ne pas aller trop loin, redoutant une dissolution qui ne leur serait pas favorable. C’est donc à droite que se joue la partie. Le RN ne bouge pas, il se meut à la marge guignant une partie des Républicains, ces même Républicains divisés voulant à la fois être l’opposition et le participant. Reste donc le Centre/Renaissance quelque peu tourneboulé par les menaces venus du terrain mais qui ont aussi intérêt à bien soutenir le Président, une dissolution pouvant les affaiblir un peu. Cet axe Républicains/Renaissance voit déjà pointer la personne d’Édouard Philippe (Républicain et marconiste), issu du sérail, maire du Havre et déjà Premier ministre en 2017. Il incarne l’ordre et le convenable qui sied à son électorat. Se dégage politiquement un axe centre-droit capable de séduire une partie du côté gauche de Renaissance où l’on retrouve le même souci pour l’ordre et la préservation du capital. C’est l’axe des honnêtes gens….

Reste évidement la grande interrogation des Français abstentionnistes, le parti majoritaire, qui est en attente ou pas d’un fédérateur. Ces Français sont nombreux à être dans les rues mais sans être décidés politiquement à casser le système en favorisant Marine Le Pen, la très vraisemblable candidate de 2027.

Prédomine largement, une envie de balayer une classe politique dont une bonne partie (socialistes, républicains, centristes) disposent encore de réseaux locaux considérables tenant encore les plus remontés.

Emmanuel Macron est d’autant plus tenté à aller de l’avant qu’il sait que l’élection se fait autour d’une minorité de votants, que ces votants là sont majoritairement pour l’ordre, le capital, l’Union, l’OTAN…etc. Que faute d’alternatives idéologiques véritables, ce qu’il symbolise est la seule voie dans un pays vieillissant (moyenne d’âge 47 ans, 30 000 centenaires).

L’alternative politique et aussi institutionnelle qui découlerait naturellement d’un nouveau programme forment un bouillon à l’instar des colères sociales : les envies de VIe République se limitent à vouloir un parlement mieux doté qui peut-être, ne s’accommoderait pas d’une démocratie participative.

Cela étant, rien n’indique que le fait pour le pouvoir de veiller à imposer d’autres sujets (immigration, travail, écologie…etc) pour oublier l’épisode retraite ne rallumerait pas l’incendie. Les Français voient bien que le Président ne change en rien sa manière de procéder depuis les Gilets Jaunes, qu’il assène sa vérité, qu’il méprise les corps intermédiaires, soupapes importantes. Emmanuel Macron est vu comme un absolutiste dans sa conception de la Ve République.

Aujourd’hui, la France se crispe, les Français se raidissent mais devant le Rubicon, tout le monde s’arrête. Qu’en sera-t-il demain ?

 

Jean Vinatier

Seriatim 2023

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