Pour la première fois dans l’histoire de l’Union européenne, une élection européenne provoque une crise politique dans un pays fondateur et pas n’importe lequel : la France ! Il y aura des impacts qui pourraient connaitre une amplification par les résultats des législatives des 30 juin et 7 juillet.
Un François Mitterrand ou un Jacques Chirac n’aurait pas précipité une dissolution le soir même d’une déroute électorale, il aurait donné du temps au temps. Mais de guerre lasse, ne cessant d’instrumentaliser les commémorations du D-Day, d’en exclure la Russie dans une France sincèrement russophile qui n’en condamne pas moins les événements du 22 février 2022, ne s’arrêtant pas de presser tout le monde, de garder en permanence un galop, de brutaliser les populations, il allume un probable incendie…En sept années de présidence, Emmanuel Macron n’a cessé de regarder la France comme un accordéon que l’on presse et que l’on déploie…Haï à l’intérieur, moqué à l’extérieur, il n’en croit pas moins à son génie, à ses « missions ». Le Paris d’Anne Hidalgo est à son image : des chantiers, des embouteillages, une pratique politique fanatique et méprisante…Emmanuel Macron est le problème, pas la solution.
En annonçant la mine renfrognée la dissolution, il compte sur un énième arc républicain, c’est—à-dire à moi ou Marine Le Pen. La classe politique se regarde elle-même et pense à ses ambitions personnelles avant d’avoir une vue panoramique sur la France de demain. Nous avons une gauche qui reconstituée en NUPES égaliserait avec le Rassemblement national et Reconquête : encore faudrait-il que cette union de la gauche se réalise sur fond de drapeaux palestiniens, de banlieues, de flux migratoires et de petits oiseaux avec en arrière-fond la musique anticapitaliste, anti-riche, ce qui ne manque pas de sel quand le parti socialiste a lui-même mis le pied à l’étrier à Bernard Arnault ! Il est fort à parier que Jean-Luc Mélenchon tenant compte du bon score de Manon Aubry pro-gaza n’entendra pas s’en remettre à une fédération dont il ne serait pas le cocher principal quand Olivier Faure/Raphaël Glucksmann , l’écologiste Marie Toussaint et le duo communiste Luc Deffontaines/Fabien Roussel accepteraient la position de postillon : chacun de ces acteurs pense à 2026 pour les municipales, à 2027 pour la présidentielle.
En face, le RN qui jouait depuis longtemps le rôle d’épouvantail né d’un « deal » entre Mitterrand et Le Pen père, se sent pousser des ailes ou plus exactement est poussé par des colères françaises qui le conduit à croire à une arrivée aux commandes. Depuis hier soir, Reconquête du duo Eric Zemmour/Marion Maréchal marque à la culotte le RN le forçant à prendre position, à sortir d’une critique générale pour exprimer des choix au risque de fracturer une communication « œcuménique » le conduisant ou bien à un durcissement de son programme ou bien à un flou forcément néfaste dans un moment général de radicalité. Les Républicains où excelle François-Xavier Bellamy, restent entre le marteau et l’enclume : ou bien ils se joignent à Renaissance et ils disparaissent ou bien ils conviennent avec le RN et ils feraient partir leurs cadres.
Entre la NUPES supposée reconstituée et une droite qui n’irait pas vers une plateforme, le parti Renaissance et ses ailes centristes à droite, à gauche catalysent le ressentiment français contre Emmanuel Macron. La dissolution les oblige à suivre le Président dans un hypothétique arc républicain « antifasciste » ou « anti-peste brune ».
Et les Français ? In fine, ils ont la clef de la dissolution. Si les européennes ont permis un défoulement, les législatives obéissent à d’autres attitudes plus locales où les nuances de gris comptent dans l’élection du député. Ou bien les Français comprennent qu’en désavouant massivement Emmanuel Macron, ils le contraindraient à la démission ou bien en ne se résolvant pas à un choix clair, ils opteraient pour pousser à la fois la « NUPES » et le « RN/Reconquête » sans donner aucune majorité au président qui ne pourrait pas combiner avec le seul centre rabougris de Renaissance et de ses ailes centristes. Emmanuel Macron serait alors, pat…au moment des Jeux Olympiques.
En renvoyant les députés devant les électeurs au soir d’une échéance européenne Emmanuel Macron montre involontairement que bien plus qu’une élection européenne, c’est l’élection législative qui prime donc que la nation est incontournable
Emmanuel Macron compterait distraire l’opinion publique de l’état désastreux de nos finances, des dégradations sociales, des insécurités croissantes, des flux migratoires d’un en même temps oppressant en la forçant à choisir entre la « liberté » ou la « nuit », il inflige aux Français un supplice de plus, peut-être celui de trop, de rendre évident qu’Emmanuel Macron est le problème et point du tout la solution.
Jean Vinatier
Seriatim2024
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