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mercredi 15 février 2023

Retraite : parlement pour, la nation contre ? N°5632 17e année

Secret de polichinelle : les Républicains qui ont désormais une mentalité de macron-centriste, voteront massivement en faveur de la réforme des retraites. Dés lors l’exécutif assuré, grâce aux Républicains, d’une majorité à la Chambre et au Sénat, disposera d’une arme lourde face aux défilés prévus au mois de mars. Où sera la légitimité/légalité ? Le parlement face à la rue…Pascal Bruckner disait que les Français étaient plus moroses que révoltés.Ce n’est pas faux..

Les répressions contre les Gilets jaunes et les interdits terribles lors du Covid ont fait que pendant presque 4 années, les Français subirent les anathèmes du pouvoir et de ses obligés scientifiques et médiatiques. Pour une population vieillissante qui n’a plus connu la guerre ou les épreuves, le combat et la fermeté dans sa volonté ne sont plus les mêmes que pour leurs parents qui baignèrent dans un environnement politique très engagé et dans des événements historiques mondiaux. Certains attendaient une mobilisation des jeunes mais à 15 ou 20 ans la retraite est-elle un sujet ? Non et heureusement mais cette seule espérance est l’indication d’un dérèglement sociétal. Les jeunes savent pertinemment que leurs retraites seront plus imaginaires que réelles sauf à se constituer son propre capital et ne comprennent pas que leurs aînés qui firent mai 68 et jouirent de tous les avantages sociaux possibles favorisèrent par des votes successifs les politiques démolisseurs du modèle de protection sociale issu de la Résistance en viennent à les solliciter alors même que la jungle est devant eux !

Alain Minc, l’oiseau noir, s’est plu à dire simplement que cette réforme (je dirai contre-réforme) du fait même de l’endettement de la France obligeait l’État à obéir à ses créanciers (Black Rock et les autres) lesquels ne rêvent que de happer le marché de la protection sociale et de la retraite. L’Union européenne étant sur cette longueur d’onde, il faut donc au nom de l’Europe que la France sacrifie son modèle.

Tout le système anglo-américain repose sur la dette, c’est leur modèle. Toute sa vie un citoyen américain passera son temps à rembourser pour chacun de ses actes : de la nourriture à l’éducation en passant par la santé. Pas un seul secteur n’est épargné…. C’est une façon de tenir les gens. L’endettement étant un marché au même titre que la philanthropie, il est de l’intérêt du capitalisme actuel de le garder, de l’accroitre. L’endettement est une arme également politique, de politique étrangère. A la différence du Japon propriétaire de sa dette, la France ne l’est pas, elle est entre les mains qui ne sont pas les siennes. Emmanuel Macron a  endetté incroyablement la France à la suite des Gilets jaunes et du Covid : la paix sociale et la tranquillité sanitaire se firent via un endettement record. Et cette année la France veut emprunter aux marchés je crois 240 milliards ! Tout créancier demande une garantie, celle apportée par la France est la déconstruction de la santé et du régime des retraites. Bien des économistes ont démontré que les milliards étaient là pour pérenniser les retraites mais ce n’est pas là le point essentiel. Le point essentiel est que nous nous devons aux exigences des fonds de pension et autres qui grâces aux accommodements des banques centrales ont l’assurance du flux continu de l’argent et ont donc une puissance financière colossale. Être entre leurs mains, c’est signer et entrer en servitude.

Pour revenir au face à face parlement/rue, on peut se demander si les députés et les sénateurs sont à la hauteur des enjeux. Les débats parlementaires se limitent aux invectives et aux intimidations quand les vies des Français sont en jeu. On s’affole des progrès de l’inculture et des bas niveaux scolaires, il faudrait aussi pointer du doigt le quasi-évanouissement parlementaire. En ce sens, le parlement aide-t-il les français opposés à cette réforme ? Ne les abandonne-t-il pas à l’infamie à savoir de devenir des anti-légalités et donc être illégitimes ?  Pour Macron et Borne, tout dérapage dans les rues pourra être sanctionné le plus tranquillement du monde. Reste à savoir, ce que feront les syndicats : poursuivre le mouvement ou bien poser les armes…Reste à savoir également ce que feront les Français : avec ou sans les syndicats ?

Cette réforme des retraites montre aussi que le champ régalien de la santé et des retraites (les deux vont ensemble) ne l’est plus, il deviendra celui d’autres acteurs  presque pas nationaux. C’est donc une dépossession qui s’opère sous nos yeux. Le pouvoir est habile, les partis font du vent, les médias font la bonne musique et les Français sont les bras ballants. L’État n’est plus et ne veut plus être le père protecteur et nourricier et ne le redevient que quand il s’agit de donner des gages à d’autres « puissances », c’est en cela qu’il n’est plus qu’un Ordre.

 

 

Jean Vinatier

Seriatim 2023

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