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mercredi 22 février 2023

Ukraine : la Chine parle urbi et orbi N°5637 17e année

 

Le discours de Vladimir Poutine, la visite de Joe Biden à Kiev, avec la garantie sécuritaire de la Russie, et les propos ici et là qui avertissent les opinions publiques de la longueur du conflit précipitent la Chine sur le devant de la scène. Appelée à être une actrice pacifique, le gouvernement chinois répond en rappelant la solidité « en béton » de ses rapports avec la Russie !

Jusqu’alors, la discrétion chinoise apparaissait comme une période analytique des mouvements géopolitiques nés ou rendus apparents par le conflit russo-ukrainien. Les difficultés américaines à faire appliquer les sanctions par le Japon, la Corée illustrant sans doute que l’équipe Biden néo-conservatrice et russophobe au-delà de la raison n’avait pas du tout mesuré, en montant le piège ukrainien, l’étendue des ondes de choc.

Je me souviens que dans l’un des premiers Seriatim de l’après février 2022, j’écrivais que ce conflit modifierait en profondeur les rapports de force, précipiterait aussi l’Union européenne vers un véritable désastre, qu’il y avait, également, un côté « ancien régime » dans ce qui avait conduit via des acteurs étrangers à ce que Russes et Ukrainiens, si proches, s’entretuassent sauvagement.

Une grande question aujourd’hui turlupine justement l’Otan : la Chine livre-t-elle des armes ou en livrera-t-elle ? Il existe tellement de façons de faire parvenir des armes par des intermédiaires qu’il est bien difficile de se montrer affirmatif et puis au-delà de la caisse d’armes, il y a aussi les aides logistiques, technologiques qui l’équivalent.  Le fait même que la Chine dise et répète la qualité de ses rapports avec la Russie est en soi un propos armé.

Pourquoi la Chine choisit-elle ce moment pour se placer sur la ligne qu’épouse en réalité les 2/3 du monde ? Sans doute parce que les dirigeants de l’aire Atlantique (Union européenne/USA) évoquent le conflit long. Or dans le temps, qui de l’Asie ou de « l’Occident » tiendra le plus, qui a le plus besoin de l’autre ? Les interdépendances accélérées par les doctrines mondialistes ou globalistes font que chacun est plus ou moins en dépendance de l’autre. On peut même écrire que cette interdépendance a permis à l’Asie devenue l’atelier du monde de saisir tous les tenants de ce savoir « Occidental » dont leurs dirigeants ne voyaient dans ce continent qu’un bas coût horaire et des profits colossaux. Aujourd’hui, cette même Asie a ses propres outils, ses propres savoirs et surtout sa conscience de ce qu’elle est et de la dépendance dans laquelle se placerait l’aire Atlantique. Cela ne veut pas dire une entrée en guerre. Non, cela signifie que les Etats asiatiques depuis l’Orient jusqu’au Pacifique sauront être des routes puissantes à eux qui articuleront les rapports Atlantique Pacifique via l’Asie. L’axe Indopacifique voulu par les États-Unis verra sa construction parsemée d’autant d’embûches que de sourires trompeurs. Quoique que veuillent les États-Unis et derrière les États européens qui se verraient bien dans un nouveau néo-colonialisme, le monde est réticent à la prépotence d’un seul lui préférant les diversités, les axes multipolaires.

Face au conflit russo-ukrainien, nous retrouvons les illusions tragiques « de la guerre fraiche et joyeuse », la Russie en voulant opérer un contre-Maidan, l’aire Atlantique en pensant effondrer l’adversaire en quinze jours. C’est sans doute ce qu’observe l’Asie qui s’agace d’un bellicisme des anciens empires coloniaux, d’États-Unis persuadés que leur messianisme est la vrai monde. En cela, le nouveau monde se lèverait davantage au sud et à l’est tandis que l’ancien se coucherait lentement à l’ouest

Jean Vinatier

Seriatim 2023

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