En 1696, le vice-roi de l’Inde portugaise, le comte de Vila Verde, envoie un ambassadeur à la cour perse de Châh Soltan-Hossayn pour préparer une alliance entre les deux pays.
La prise de Mascate par les Omanis, en 1650, menaçait l’hégémonie portugaise dans la mer d’Arabie et dans leurs communications dans l’Océan Indien occidental. Le Châh de Perse se préoccupait de la montée en puissance des Arabes jusque dans les territoires relevant de son autorité. Portugal et Perse avaient donc un ennemi commun. Le roi Pedro II de Portugal comptait regagner une position forte dans le golfe persique, la mer d’Oman. Lisbonne pensait aussi avec l’accord des Perses expulser les Anglais d’Ormuz.
L’alliance pour diverses raisons n’aboutit pas.
L’ambassadeur Gregório Pereira Fidalgo da Silveira tint la relation de sa mission diplomatique depuis Ispahan où il vécut d’octobre 1696 à mars 1697. Ambiance.
La prise de Mascate par les Omanis, en 1650, menaçait l’hégémonie portugaise dans la mer d’Arabie et dans leurs communications dans l’Océan Indien occidental. Le Châh de Perse se préoccupait de la montée en puissance des Arabes jusque dans les territoires relevant de son autorité. Portugal et Perse avaient donc un ennemi commun. Le roi Pedro II de Portugal comptait regagner une position forte dans le golfe persique, la mer d’Oman. Lisbonne pensait aussi avec l’accord des Perses expulser les Anglais d’Ormuz.
L’alliance pour diverses raisons n’aboutit pas.
L’ambassadeur Gregório Pereira Fidalgo da Silveira tint la relation de sa mission diplomatique depuis Ispahan où il vécut d’octobre 1696 à mars 1697. Ambiance.
« Le dimanche 23 (décembre) sur les deux heures le mehmândâr vint me dire que sur les quatre heures de ce même après-midi il fallait être au palais car le roi me donnait audience. La nouvelle se répandant, vinrent m’accompagner tous les religieux qui vivent à cette cour, les Français et les Anglais me faisant la même politesse, à laquelle seuls manquèrent les Hollandais. De la demeure où je résidais jusqu’au palais du roi il y avait environ une demi-lieue de distance ; toutes les rues où je passai étaient tellement peuplées de monde qu’il était nécessaire au mehmândâr de faire ouvrir la route à coups de bâton.
A la porte du palais je trouvai le grand-maître des cérémonies, qui se nommait Mohammad Mo’men Khan. Lui et le mehmândâr me menèrent à un édifice intérieur que je trouvai garni de tapis et où j’attendis jusqu’à la venue d’un message m’invitant à entrer dans le madjless où se tenait le roi. Sitôt que j’y arrivai, le Qollar-âqâssi était à la limite des tapis, et il fit office de maître des cérémonies. Apercevant le roi je lui fis un salut à notre manière, en tirant mon chapeau. Cela fut très difficile à obtenir, car on a introduit à cette cour l’usage que les ambassadeurs frappent trois fois le sol de leur tête ; avant l’audience j’avais fait dire au premier ministre comment je ferais les saluts au roi, et bien qu’il ait eu là-dessus beaucoup de scrupules, je les vainquis tous, le roi m’ayant fait dire de saluer comme il était d’usage entre les Portugais.
A la porte du palais je trouvai le grand-maître des cérémonies, qui se nommait Mohammad Mo’men Khan. Lui et le mehmândâr me menèrent à un édifice intérieur que je trouvai garni de tapis et où j’attendis jusqu’à la venue d’un message m’invitant à entrer dans le madjless où se tenait le roi. Sitôt que j’y arrivai, le Qollar-âqâssi était à la limite des tapis, et il fit office de maître des cérémonies. Apercevant le roi je lui fis un salut à notre manière, en tirant mon chapeau. Cela fut très difficile à obtenir, car on a introduit à cette cour l’usage que les ambassadeurs frappent trois fois le sol de leur tête ; avant l’audience j’avais fait dire au premier ministre comment je ferais les saluts au roi, et bien qu’il ait eu là-dessus beaucoup de scrupules, je les vainquis tous, le roi m’ayant fait dire de saluer comme il était d’usage entre les Portugais.
Lorsque j’arrivai prés de lui je lui fis un troisième salut, et mettant mon chapeau sur la tête je lui donnai les deux lettres, car la coutume à cette cour est de donner ensemble la lettre de créance et celle qui concerne la négociation. Mon interprète parlait au premier ministre en persan, et celui-ci au roi en turc, langue dans laquelle le roi répondait, car la langue persane est peu suée parmi les grands, qui tiennent celle des Turcs pour plus féconde et plus élégante que la leur propre […]
Lundi 24 décembre le capitaine des Hollandais, Mr. Casteleijn, me fit demander la permission de me visiter, ce qu’il fit sur les trois heures après-midi. Il s’excusa de ne pas l’avoir fait plus tôt en disant que c’était à cette cour un grand crime de parler aux ambassadeurs avant le jour de leur audience. A quoi, je répondis que j’agréais toujours sa politesse, mais que cette prohibition s’entendait seulement pour les Persans et les Arméniens et non pour les nations de l’Europe, puisque toutes celles qui se trouvaient là, excepté la sienne, m’avaient accompagné lors de mon entrée et m’avaient depuis visité maintes fois. Il me répondit que s’il avait commis une faute il m’en demandait pardon. Il me traita comme l’avait fait son résident quand je l’avais rencontré en cours de route.
Le lendemain le premier ministre me fit dire que le roi l’avait nommé pour être mon interlocuteur et qu’il fallait aller à la maison pour que nous traitions des affaires. Je répondis que la conférence devait se tenir dans la mienne, et que s’il avait à cela quelque scrupule il pouvait désigner un tiers lieu, à la secrétairerie ou au palais, qu’il verrait mes instructions, lesquelles je devais observer. Je m’ouvris de cette affaire à nos religieux qui vivent à cette cour. Ils me dirent qu’il était inutile que je prétende à ce que la conférence se tienne ailleurs, car il était d’usage qu’elle se fasse toujours dans la maison de l’E’temâdoddowleh soit allé à la maison de quelque ambassadeur, non seulement pour une conférence, mais même pour une visite. Le mehmândâr revint le lendemain et me dit que l’E’temâdoddowleh ayant fait part au roi de mon scrupule, le roi l’avait appelé et lui avait ordonné de venir me dire que j’aille à, la maison du ministre car il étai temps de me donner la réponse, et que je ne fasse pas difficulté à y aller car ainsi avaient fait les autres ambassadeurs. De sorte que je me résolus à y aller le lendemain. »
Lundi 24 décembre le capitaine des Hollandais, Mr. Casteleijn, me fit demander la permission de me visiter, ce qu’il fit sur les trois heures après-midi. Il s’excusa de ne pas l’avoir fait plus tôt en disant que c’était à cette cour un grand crime de parler aux ambassadeurs avant le jour de leur audience. A quoi, je répondis que j’agréais toujours sa politesse, mais que cette prohibition s’entendait seulement pour les Persans et les Arméniens et non pour les nations de l’Europe, puisque toutes celles qui se trouvaient là, excepté la sienne, m’avaient accompagné lors de mon entrée et m’avaient depuis visité maintes fois. Il me répondit que s’il avait commis une faute il m’en demandait pardon. Il me traita comme l’avait fait son résident quand je l’avais rencontré en cours de route.
Le lendemain le premier ministre me fit dire que le roi l’avait nommé pour être mon interlocuteur et qu’il fallait aller à la maison pour que nous traitions des affaires. Je répondis que la conférence devait se tenir dans la mienne, et que s’il avait à cela quelque scrupule il pouvait désigner un tiers lieu, à la secrétairerie ou au palais, qu’il verrait mes instructions, lesquelles je devais observer. Je m’ouvris de cette affaire à nos religieux qui vivent à cette cour. Ils me dirent qu’il était inutile que je prétende à ce que la conférence se tienne ailleurs, car il était d’usage qu’elle se fasse toujours dans la maison de l’E’temâdoddowleh soit allé à la maison de quelque ambassadeur, non seulement pour une conférence, mais même pour une visite. Le mehmândâr revint le lendemain et me dit que l’E’temâdoddowleh ayant fait part au roi de mon scrupule, le roi l’avait appelé et lui avait ordonné de venir me dire que j’aille à, la maison du ministre car il étai temps de me donner la réponse, et que je ne fasse pas difficulté à y aller car ainsi avaient fait les autres ambassadeurs. De sorte que je me résolus à y aller le lendemain. »
Lexique :
Mehmândâr : homme chargé d’escorter un ambassadeur
Madjless : parlement ou palais urbain
E’temâdoddowleh : grand-vizir
Source : Jean Aubin, L’ambassade de Grégório Pereira Fidalgo à la cour de Châh Soltân-Hosseyn, 1696-1697, Comité national pour la célébration du 2500e anniversaire de la fondation de la monarchie en Iran, Lisbonne, 1971.
Traduction Jean Aubin
©copyright Jean Vinatier 2007
Mehmândâr : homme chargé d’escorter un ambassadeur
Madjless : parlement ou palais urbain
E’temâdoddowleh : grand-vizir
Source : Jean Aubin, L’ambassade de Grégório Pereira Fidalgo à la cour de Châh Soltân-Hosseyn, 1696-1697, Comité national pour la célébration du 2500e anniversaire de la fondation de la monarchie en Iran, Lisbonne, 1971.
Traduction Jean Aubin
©copyright Jean Vinatier 2007
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