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vendredi 6 février 2009

Sarkozy : Moi et vos émois N°394 - 2eme année

Le Président de la République devait être pédagogique, c’est-à-dire expliquer à des Français qui la voient bien, une crise dont nul ne connaît ni l’ampleur, ni la durée, ni les métastases.
Nicolas Sarkozy n’a pas changé d’un iota ! Les réformes continueront comme si le ciel était clair. L’emploi du « je » était incessant. A l’écouter, il gérait le monde entouré et encouragé par Barack Obama, Angela Merkel et Gordon Brown. Pour l’Union européenne, juste un mot furtif.
Aucune annonce fondamentale n’était prévue hormis quelques décisions envers les jeunes, le bas de la classe moyenne et une révision à la hausse des allocations familiales. Au-delà, au vu de la faiblesse des questions posées par les journalistes ( le journalisme n’en sort pas grandi), le chef de l’Etat s’est donné le beau rôle. Je m’occupe de tout, je travaille beaucoup…etc. Bref, les téléspectateurs ont regardé un homme qui s’époumone : est-ce rassurant ? Est-on sûr que la suppression de la taxe professionnelle en 2010, parle aux Français ? Pour l’heure, elle satisfait le patronat et elle s’inscrira, au lendemain des européennes de juin prochain, dans la réforme administrative qui prévoit la fin du département. Présenté de façon anodine, elle induit, pourtant, la création d’un impôt ou d’une autre taxe locale !
Le Président a-t-il répondu aux citoyens qui estiment que l’Elysée a fait des cadeaux par milliards aux banques ? Rappelons tout d’abord, que les caisses étant vides, l’Etat a emprunté –à quel taux?- pour prêter, ensuite, aux banques, avec une exception pour Dexia. Son argument est que les banques rembourseront en temps et en heure parce que la crise mondiale trouvera son terme d’ici un an ou deux. C’est pour le moins hypothétique.
A-t-il convaincu que la relance par l’investissement était meilleure que celle par la relance de la consommation ? Si l’échec de Gordon Brown lui apporte un argument positif, le plan adopté par l’Allemagne qui conjugue investissement et consommation apporte, au contraire, un bémol.
A-t-il convaincu sur le partage des profits dans l’entreprise : 1/3 société, 1/3 salarié, 1/3 actionnaire ? En tout cas, il rappelait sans le dire le bien-fondé de la participation défendue en son temps par Charles de Gaulle, honni par le CNPF (MEDEF) !
Quant à la question sociale, sur laquelle tout le monde l’attendait, il botte en touche en proposant aux syndicats une réunion le 18 février. Si ce sommet devait de toute manière se tenir, le Président y voit d’abord, un moyen d’éviter toute coalition des mécontents ; puis d’affaiblir les protestations et de décourager les manifestations désormais visibles par l’Elysée ! Nicolas Sarkozy propose donc aux syndicats et au patronat un deal : déminer la grogne. Mais certains représentants syndicaux en signant la nouvelle convention d’assurance chômage auront-ils demain, une marge de manœuvre ?
Au terme de l’intervention présidentielle, est-on certain que Nicolas Sarkozy comprenne bien ce qui se déroule dans le pays ? Le rappel régulier du, avant moi c’était les rois fainéants, n’a guère de sens et sa croisade contre les paradis fiscaux quoique sympathique, se heurte de plein fouet à des intérêts colossaux. Il devrait lire les déclarations d’Antonio Mario Costa, directeur général du Bureau des Nations unies sur les drogues et la criminalité (UNODC)
: « en de nombreux cas, l’argent de la drogue est actuellement la seule source de liquidité disponible. [….] Pendant la deuxième moitié de 2008, le manque de liquidité étant le principal problème du système bancaire, ces capitaux liquides sont devenus un facteur important [….] [il a été] trouvé les preuves que les prêts interbancaires ont été financés par des capitaux provenant du trafic de drogue et d’autres activités illégales. Certaines pistes indiquent que des banques ont été sauvées de cette manière »¹.
Le décalage entre le Président et les Français grandit. Si l’homme n’est ni aussi négatif, ni aussi inculte qu’on le répète, il veut bien faire et surtout se persuader qu’il peut tout faire et qu’il réalise, chaque matin, un défi ! Pourtant, Hercule lui-même peina à accomplir les douze travaux ! Son ego l’aveugle. Son incapacité à écouter, à déléguer est indéniable. Sa tentative, vaine, de s’accrocher aux basques du Général de Gaulle pour justifier sa manière de présider, oublie précisément que l’Homme du 18 juin ne fut jamais un « omniprésident ».
Nicolas Sarkozy, l’homme du modèle anglo-saxon et admiratif de la puissance américaine, qui se proposait d’opérer une rupture totale en France s’embourbe ou piétine jusqu’à se contredire ! Barack Obama est plus « socialiste » que lui ! Le modèle social français tant vilipendé lui a évité jusqu’à ce jour, d’avoir non pas des émeutes mais de pacifiques manifestations. Et les Français lui envoient une foule de signaux pour lui rappeler qu’ils tiennent à leur modèle si imparfait fut-il !



Jean Vinatier

©SERIATIM 2009

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Source :

1-
http://www.solidariteetprogres.org/article5066.html
http://www.solidariteetprogres.org/article5113.html

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