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mardi 30 novembre 2021

Joséphine Baker : l’arc-en-ciel au Panthéon N °5759 15e année

Dans une période bien triste (masque et dose) l’entrée au Panthéon de Joséphine Baker (McDonald) est comme un arc-en-ciel dans le ciel français, pour reprendre sa propre expression quand avec son dernier époux Jo Bouillon, elle adopta une dizaine d’enfants venus de tous les continents…

C’est par cette revue nègre (1925-927) moqueuse du racisme américain, que Joséphine Baker1 alla vers la liberté humaine et artistique, un spectacle qu’aujourd’hui, il serait impossible à proposer : Alice Coffin s'y opposerait-elle ?

Née américaine dans un pays pratiquant la ségrégation raciale, elle devint libre en France dont elle prit la nationalité en 1936 et se joignit dès 1940 à la France libre, et soutiendra le Général de Gaulle en 1968. Femme fidèle, combattante pour la liberté : pensez qu’elle fera un grand discours aux États-Unis avec Martin Luther King, revêtu de son uniforme de l’armée française avec ses décorations : quelle allure !!!!!

Sa vie, relativement courte (1906-1975) mais intense pleine de rencontres amoureuses, de mariages nombreux, d’engagements politiques, d’une générosité qui la conduisit à vendre le château de Milandes malgré les aides conjuguées de Castro, d’Hassan II et de la princesse Grâce de Monaco qui lui permit de revivre à Roquebrune, aurait de quoi enthousiasmer les jeunes générations. Malheureusement, lesdites générations perdant toute conscience historique, ne regardant que de la seule manière émotionnelle les luttes en faveur des minorités, ne dessinant plus le monde que comme un cortège victimaire, se mettant la tête dans le sable, se soumettant sans rechigner au passe sanitaire, s’alignent pour la grande parade de la servitude volontaire. A leur décharge, les jeunes n’ont plus de soutiens intellectuels, de gens structurants, de corpus classiques, ils ont plutôt l’inverse face à des défis, par exemple, démographiques, climatiques et ceux technologiques qui avancent tout sourire (financier) le merveilleux du virtuel, du parallèle….

Ô ironie, c’est l’actuel pouvoir qui se chargera de l’entrée de Joséphine Baker au Panthéon laïc des gloires françaises. Quand Louis-Philippe Ier au règne sévère et saignant crut que pour effacer les répressions, le retour des Cendres le purifierait, il revigorait, en fait, la lave du volcan français. Ce quinquennat finissant cherche par le « en même temps » à conjuguer le bon grain et l’ivraie pour que la France ne voit plus qu’un épi doré et lumineux, se targuant même par une « Maison commune » de faire société quand il la défait consciencieusement par tous les artifices….

Dans la grisaille et la froidure de novembre, Joséphine Baker, est l’arc-en-ciel dans un pays calfeutré, apeuré, divisé, atomisé. Gageons que les joies, les amours et les combats de Joséphine Baker s’imprimeront en nous et qu’à travers son histoire, nous comprendrons que toute échine courbée n’est jamais une fatalité : il faut se dépasser !

 

Jean Vinatier

Seriatim 2021

 

 

 

Note :

1- Joséphine McDonald dite Baker née américaine dans le Missouri sera en France, « libérée » de sa peur d’être noire. La fameuse revue nègre (1925), aujourd’hui injouable, était, en réalité une satire du racisme américain du sud. Dans les années 20, la ségrégation maintenait les noirs américains dans des corridors et l’on rappellera également que le général Pershing s’opposa à la remise de décorations militaires par la France à des soldats noirs lesquels étaient sur des bateaux séparés de ceux des blancs (il en sera de même le 6 juin 44 !)

Joséphine Baker ne manqua pas de retrouver ses compatriotes qui fuirent l’armée après l’armistice pour vivre libre dans Paris. Souvenons-nous qu’au XVIIIe siècle, plusieurs édits royaux rappelèrent l’interdiction de séjourner en France avec des esclaves donnant lieu à bien des rebondissements et causa du souci à Thomas Jefferson lors de son ambassade auprès de Louis XVI…..

 


 

 

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