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mercredi 15 juin 2022

Ngũgĩ wa Thiong’o : « Ne plus écrire en anglais, une décision qui a changé ma vie » N°5872 16e année

« Adrien Vial entretien pour Afrique XXI:  Alors qu’il croupissait dans une geôle kényane en 1978, Ngũgĩ wa Thiong’o s’est juré de ne plus jamais écrire en anglais, la « langue du pouvoir » imposée par la colonisation britannique, mais en gikuyu, sa langue natale. Un choix rare, qu’il ne regrette pas, et qui a fait de lui un auteur majeur dans l’histoire de la littérature africaine. La traduction en français du premier tome de ses mémoires, Rêver en temps de guerre, est l’occasion de revenir avec lui sur une vie de combats.

Né une première fois sous le nom de James Ngugi le 5 janvier 1938 à Kamiriithu au Kenya, l’auteur aujourd’hui célébré de Decolonising the mind (Décoloniser l’esprit, traduit en 2011 chez La Fabrique) est né une seconde fois en 1967 lors de la parution de son roman A grain of Wheat (Et le blé jaillira, traduit en 1967 chez Julliard), en choisissant de signer ses livres sous le nom de Ngũgĩ wa Thiong’o et en commençant à écrire dans sa langue maternelle, le gikuyu.

Découvert et encouragé par le célèbre romancier nigérian Chinua Achebe (1930-2013) dès ses débuts en 1962, Ngũgĩ wa Thiong’o est l’auteur d’une œuvre puissante composée de romans (Weep not child, Petals of blood, Devil on the cross…), de pièces de théâtre (The black Hermeit, The Trial of Dedan Kimathi…) et d’essais (Decolonising the mind : the politics of language in African literature).

Au début des années 2010, il a commencé à rédiger ses mémoires, dont le premier tome, Dreams in a time of war. A childhood Memoir, vient d’être traduit en français par Jean-Pierre Orban et Annaëlle Rochard pour les éditions Vents d’ailleurs, sous le titre Rêver en temps de guerre. Mémoires d’enfance. Sans pathos, l’écrivain kényan y raconte son enfance et son désir d’éducation tout en laissant entrevoir la violence de la domination britannique. Avec une grande précision près de quelque quatre-vingt années après les faits, il y décrit sa vie quotidienne, son goût pour les histoires et sa fascination pour l’écrit qui finiront par faire de lui un auteur particulièrement attentif aux autres.

Emprisonné sous le règne de Daniel Arap Moi en 1978 pour une pièce coécrite avec Ngũgĩ wa Mirii, Ngaahika Ndeenda, Ngũgĩ Wa Thiong’o a alors cessé de rédiger ses romans en anglais et s’est tenu à cette décision depuis lors. Et ils sont bien rares, les auteurs africains qui ont abandonné la « langue du pouvoir » pour mettre en valeur leur langue maternelle ! Installé aux États-Unis, Ngũgĩ wa Thiong’o a répondu à nos questions par visioconférence. »

 

« Adrien Vial : Comment allez-vous après ces années de pandémie ?

Ngũgĩ wa Thiong’o : Je vais bien ! Évidemment, nous avons tous dû affronter l’isolement durant cette période, mais nous avons essayé d’en tirer quelque chose. Pour ma part, j’ai écrit, j’ai fait des traductions de mes anciens textes depuis l’anglais vers le gikuyu.

Adrien Vial : Vos mémoires sont aujourd’hui traduites en français. Comment vous est venue l’idée de les écrire ?

Ngũgĩ wa Thiong’o : Pendant longtemps, j’ai résisté à l’idée de l’autobiographie. En tant qu’écrivain et romancier, vous avez l’impression d’avoir tout donné dans vos fictions, parce qu’elles s’appuient sur vos propres expériences. Mais ma femme m’a convaincu de m’y atteler. Nous avons deux jeunes enfants qui sont nés ici, aux États-Unis, et ils avaient envie de savoir ce que j’avais vécu. C’est pour eux que je me suis lancé dans le premier tome de mes mémoires, Dreams in a time of war, qui raconte mon enfance. J’ai ensuite écrit In the House of the interpreter et Birth of a dream Weaver.”

La suite ci-dessous :

https://afriquexxi.info/article4978.html

 

Jean Vinatier

Seriatim 2022

 

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