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mardi 17 juin 2014

Mardi 17 : Aux sources du capitalisme indien par Jules Naudet N°1837 8e année

Entretien conduit Jules Naudet  pour La vie des idées avec l’historien Claude Markovits  sur les sources du capitalisme indien
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Un capitalisme encastré dans des réseaux familiaux et communautaires
La Vie des Idées : Comment s’organisent les réseaux marchands indiens transnationaux ? Ont-ils été affectés par les transformations de l’économie après l’indépendance ?
Claude Markovits  : L’Inde a été depuis la période médiévale le berceau de réseaux marchands opérant bien au-delà du sous-continent. Formés essentiellement d’originaires d’Inde de l’Ouest, avant tout Gujarati mais aussi Sindhi, mais comprenant aussi des Tamouls ainsi que des Punjabi et des Marwari du Rajasthan, ces réseaux ont connu une importante expansion pendant la période coloniale, surtout en direction de l’Afrique orientale et de l’Asie du sud-est (Birmanie). Ils reposaient sur la circulation d’individus, en grande majorité des hommes, entre des localités situées en Inde, où se trouvaient les sièges des firmes, et des localités à l’étranger, où elles avaient des filiales. Ces firmes avaient en général une structure familiale, mais, si elles atteignaient une certaine dimension, étaient obligées de recruter des employés en dehors du cercle de la famille. Le recrutement se faisait cependant en général localement, souvent dans le cadre d’une caste ou d’une communauté particulière. Ce n’est que rarement que les propriétaires des firmes s’installaient pour de bon à l’étranger, surtout quand des mesures de restriction de l’immigration rendaient plus difficile une circulation régulière entre l’Inde et l’étranger.
Ces réseaux, souvent peu visibles, car leurs membres adoptaient généralement un profil bas, jouaient un certain rôle dans les échanges extérieurs de l’Inde avec l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Asie orientale et l’Asie du sud-est, bien que leur part soit difficile à quantifier avec précision. Mais ils avaient souvent aussi une position forte, voire quasi-dominante, dans la vie économique interne de certains territoires coloniaux de l’empire britannique (Ouganda, Kenya, Birmanie). Enfin certains s’étaient taillé une place dans des circuits internationaux sans liens directs avec l’Inde. Ainsi des commerçants sindhi d’Hyderabad (Sind) vendaient-ils des tissus japonais en Afrique occidentale britannique dans les années 1930. Leurs liens avec les capitalistes installés en Inde étaient variables : certains commerçants gujarati d’Ouganda approvisionnaient les usines textiles de Bombay en coton ougandais, et des commerçants tamouls en Asie du Sud-Est achetaient des produits textiles auprès des producteurs artisanaux d’Inde du Sud. Mais, plus généralement, les réseaux transnationaux d’origine indienne étaient relativement indépendants du grand capitalisme indien travaillant avant tout pour le marché domestique. La plupart opéraient dans le cadre impérial britannique et jouaient sur le fait que les Indiens, après 1858, étaient en droit sujets britanniques, même si dans les faits ils se heurtaient, dans de nombreux territoires de l’empire, à des discriminations.
L’indépendance de l’Inde créa pour ces réseaux, formés en partie de musulmans, de sérieux problèmes. Certains de ces musulmans de l’extérieur optèrent pour la nationalité pakistanaise, et ceux, musulmans comme Hindous, qui choisirent la nationalité indienne, ne bénéficièrent guère de ce choix, car l’Inde, sous l’impulsion de Nehru, leur fit savoir très rapidement qu’elle n’entendait pas leur accorder une protection particulière. Ainsi quand la junte militaire birmane prit en 1962 des mesures de nationalisation qui aboutirent à un départ massif de commerçants indiens, New Delhi ne prit aucune mesure pour les aider. Avec la vague des indépendances africaines le gouvernement indien conseilla à ses ressortissants en Afrique d’adopter la nationalité du pays de résidence, un choix qui n’était pas toujours possible, comme en témoigne l’expulsion des « Asians » d’Ouganda par Idi Amin Dada en 1972. L’Inde de Nehru, concentrée sur un développement économique largement auto-centré, ne considérait pas sa diaspora comme une chance, mais plutôt comme un fardeau. C’est seulement avec la libéralisation d’après 1991 que l’Inde a tenté de renouer avec sa diaspora dans l’espoir de renforcer ses liens avec l’économie mondiale.
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La suite ci-dessous :
http://www.laviedesidees.fr/Aux-sources-du-capitalisme-indien.html

 

Jean Vinatier
SERIATIM 2014

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